Nous sommes le Jeu 26 Juin, 2025 20:19
Supprimer les cookies

Page 2 sur 10Précédent 1, 2, 3, 4, 5 ... 10 SuivantRennes - Jugement d'Anne-Sophie

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Ven 01 Déc, 2006 12:37

Comment choisir le lieux ou ils réaliseront leur plainte. Contrefaçons de toutes façon, ça ne doit passer qu'en peinal.

Les règles du peinal pour les indemnisations sont plus strictes. Il ne peut y avoir indemnisation sans une faute prouvée.

Au civil, L'indemnisation ne découle pas exclusivement de la notion de faute prouvée. Il y a une moins bonne protection du prévenus alors.
Bourgpat

Messages : 392

Ven 01 Déc, 2006 13:28

Bourgpat a écrit:Comment choisir le lieux ou ils réaliseront leur plainte. Contrefaçons de toutes façon, ça ne doit passer qu'en peinal.


Non c'est inexact.


Mais, paresseux de nature, plutôt que de me lancer dans des explications juridiques, je vais me contenter de citer les defs trouvées dans wikipedia :

wikipedia a écrit:
En droit français, la contrefaçon s'applique dans deux domaines différents : le droit commercial et la propriété intellectuelle

Propriété intellectuelle
Aux termes du Code de la propriété intellectuelle français, constitue une contrefaçon toute atteinte à un droit exclusif de propriété intellectuelle, qu'il s'agisse de droit d'auteur, de brevet, de marque, de dessin ou de modèle.

Ainsi, l'échange de fichiers protégés par le droit d'auteur (musiques, films non tombés dans le domaine public) est assimilé au délit de contrefaçon.

La contrefaçon peut engager non seulement la responsabilité civile de son auteur, ce qui peut le mener à verser des dommages-intérêts, mais aussi sa responsabilité pénale, les peines encourues allant jusqu'à 3 ans de prison et 300000€ d'amende.(*)



(*) Responsabilité civile et pénale

Civile
Le but de la responsabilité civile est d'indemniser un dommage.

Les tribunaux compétents sont les juridictions civiles et l'action en responsabilité appartient à la personne qui a subi le dommage.

Pour obtenir réparation de son dommage, il faut apporter la preuve d'une faute , d'un préjudice ou dommage et d'un lien de causalité entre les deux précédentes conditions. Une personne peut toutefois s'exonérer de sa responsabilité en démontrant que le dommage provient d'un cas de force majeure ou du fait même de la victime ou d'un tiers.

Pénale
La responsabilité pénale renvoie à la punition ou l'amendement du coupable. Les principes stricts du droit pénal s'appliquent et peuvent aboutir à la condamnation du prévenu à une peine (amende, privation de liberté par exemple). Cette peine se distingue de l'indemnité pour dommages et intérêts de la responsabilité civile.

Seul les tribunaux pénaux sont compétents et l'action appartient au Ministère public, représentant des intérêts de la société.

Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Ven 01 Déc, 2006 14:28

Bourgpat a écrit:Comment choisir le lieux ou ils réaliseront leur plainte. Contrefaçons de toutes façon, ça ne doit passer qu'en peinal.

Les règles du peinal pour les indemnisations sont plus strictes. Il ne peut y avoir indemnisation sans une faute prouvée.

Au civil, L'indemnisation ne découle pas exclusivement de la notion de faute prouvée. Il y a une moins bonne protection du prévenus alors.


pour démêler les notions mélangées :

- l'instance pénale ne sert pas à indemniser mais à punir
- l'instance civile sert à indemniser le préjudice
- lorsqu'à l'occasion d'un procès pénal, il y a indemnisation, c'est parce que le Tribunal statue concomitamment sur l'action civile, tout comme il pourrait renvoyer cette question à une autre audience.
- en droit civil, il peut y avoir indemnisation sans faute du responsable (c'est extrêmement fréquent)
leto_2

Messages : 2305

Ven 01 Déc, 2006 15:06

birin a écrit:
antistress (dans l'autre blog) a écrit:"qui plaidait l'ignorance et le manque d'informations relatives aux échanges illégaux de fichiers sur Internet" : elle ferait mieux de faire un procès à son avocat
Dernièrement , un méchant pirate a recus 1000 € d'amende par titre, il est vrai que lui disait savoir ce qu'il faisait ....

Plaider coupable ne semble pas ètre la bonne solution devant les avocats des majors ...



Quand à:
C'est combien le temps passé en amont à envoyer des lettres? C'est combien le temps passé à préparer le procès? c'est combien le tarif d'un avocat? C'est combien le temps perdu dans les tribunaux?
Heu ... tu te fous de qui .... je prend le meilleur avocat de Paris (dans le sens le plus cher) , si je gagne j'aurais droit à plus de dommage et intéret que si j'avais gardé celui commis d'office ?
Cela n'a pas à intervenir dans le calcul des dommages et intérets ....
Shnoulle

Avatar de l’utilisateur
Messages : 731
Géo : Roubaix

Ven 01 Déc, 2006 15:48

leviathan a écrit:
shyboy a écrit:Une condamnation pénale pour une institutrice mélomane, un peu choquant comme méthode.

ah! les personnes ne respectant pas la loi en téléchargeant plus de 1000 titres illégalement devraient être remerciées?

Il n'empêche que l'industrie du disque continue à creuser sa propre tombe...
Ils confondent l'art et les denrées alimentaires.
L'alimentaire, j'en ai besoin pour vivre, et si les prix augmentent, je suis obligé de suivre.
L'art par contre, c'est une histoire d'amour, ce n'est pas un achat rationnel. Si l'amour se change en mépris, basta, on peut très bien s'en passer.


Il y a de la musique libre à ne plus savoir qu'en faire sur Internet, allez les découvrir au lieu de râler.

L'argument porte bien pour un logiciel, mais pas pour une oeuvre d'art... pour la raison évoquée plus haut.
(C'est un peu comme dire : "tu trouves ce CD de Brassens trop cher ? Regarde, il y a un CD de Chantal Goya en promo")
Après, c'est sûr, si on y tient vraiment, c'est normal d'y mettre le prix... y a souvent une bonne part de radinerie dans le téléchargement illégal.
Sauf que savoir que le prix finira dans la poche de certains révulse un peu, aussi.

L'excès ne sert aucunement tes opinions.

+1

Ils ont choisi librement de mettre leur musique sous licence propriétaire interdisant la redistribution pourquoi ne pas accepter leur choix?

Personnellement, l'idée de propriété intellectuelle me parait moralement injustifiée, et pratiquement anti-productive dans son implémentation actuelle. J'estime que sa seule justification est :
1) de remplir la poche des pays riches en leur permettant de conserver artificiellement leur suprématie (mais ça pourrait un jour se retourner contre nous...)
2) de conforter le monopole de quelques grands groupes plus très innovants mais qui ont suffisamment de cash pour faire du lobbying à outrance
Ceci n'étant évidemment que mon opinion...
(je préfère préciser, à cause de la petite étiquette collée sous mon pseudo ;))

Cela dit, quoi qu'on pense de la loi, il est normal que les tribunaux fassent leur travail et veillent à son application.



Toutes mes excuses Leviathan, j'ai cliqué sur [éditer] au lieu de [citer] pour ton post. Ca se voit que c'est la fin de semaine, tiens ! ;-)
Nico

Messages : 841
Géo : Paris

Ven 01 Déc, 2006 16:05

Bonjour,

birin a écrit:Leviathan, pens-tu que ce soit par pure hypocrisie que je rappelle que l'article 122-5 du CPI fait partie intégrante de la "licence commerciale" librement choisie par les artistes ?

L'article 122-5 du CPI dit explicitement que « ... l'auteur ne peut interdire la copie pour un usage privé ».
Cet article n'interdit aucun moyen de copie, ni même aucune source de la copie (l'oeuvre ayant été diffusée, toutes les sources se valent ?).

Il faut arrêter un peu là. L'article date de 1992, les problématiques n'était absolument pas les même qu'aujourd'hui, l'échange existait mais pas à si grande échelle. De plus, les auteurs ne choisissent pas d'appliquer la loi, ils sont obligés, c'est une nuance de taille, ils n'ont donc absolument pas choisi librement d'appliquer cette article.

birin a écrit:Si cet article autorisant la copie privée (interdisant d'interdire !) fait partie du CPI (encadrant les licences commerciales dont tu parles), ce n'est pas par accident, il a un sens bien précis, et en particulier celui de permettre aux gens de se cultiver au delà de leurs moyens financiers.

Le CPI n'encadre pas que les licences [s]commerciales[/s] propriétaires mais toutes les licences étant donnée qu'une loi passe au dessus des contrats. Je ne m'intéressais pas aux problématiques du droit d'auteur à cette époque, je ne sais pas dans quel contexte a été voté cet article mais j'ai tout de même un doute sérieux sur le fait qu'il puisse permettre à un plus grand nombre de se cultiver. Il ne faudrait peut-être pas oublier que nous vivons en groupe social, avec une mesure de ce genre, on privilégie encore les plus aisés qui ont plus de chance de connaître quelqu'un ayant les moyen d'acheter un CD ou cassette à l'époque alors que les plus pauvres restant principalement entre eux auront moins de chance de pouvoir partager (vu qu'il en possède forcément moins). Le soutien de médiathèques ou autres bibliothèques me semble plus efficace.

birin a écrit:Je sais par expérience personnelle qu'il est par contre extrêmement difficile d'ignorer la pub et son bourrage de crane.

Je trouve pourtant cela assez simple: ne pas regarder les chaînes de TV généraliste, ne pas écouter les chaînes de radio généraliste. Je ne suis pas encore mort pour avoir fait ça lorsque je ne souhaite pas recevoir tout ce que je rejette. Et il me semble qu'il y en a quelques un sur ce forum qui vive très bien sans TV par exemple.

birin a écrit:La connaissance et la familiarisation de certaines musiques commerciales sont imposées par le bourrage de crane médiatique et publicitaire, n'est-il pas légitime, quand on est mélomane, de vouloir disposer de ces musiques là, même si l'on n'en a plus les moyens parce que, payer deux CD originaux par mois, c'est déjà une substantielle contribution au train de vie du showbiz promotionné ?

Légitime? non pas pour moi. Il est légitime que l'on puisse se nourrir, avoir un toit mais une légitimité sur l'accès aux loisirs, il ne faut pas pousser mémé dans les orties non plus.

birin a écrit:Là, franchement (vraiment franchement) tu me fais un peu peur.
Dis moi, il faudrait aussi prendre en compte le temps passé à rédiger et préparer DADVSI ? C'est combien le tarif des lobbyistes ? C'est combien la "compréension" ou sympathie des législateurs ? [...]

Les maisons de disques et les auteurs sont dans leur droit, il perdent du temps avec des contrevenants, je confirme ce que je pense, il est normal que le temps perdu soit indemnisé

Saint-Chinian a écrit:L'excès ne servant pas non plus l'opinion de Société des producteurs de phonogrammes en France (SPPF) et à la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP), qui poursuivaient Anne-Sophie.

C'est certain, je pense également qu'il n'aurait pas dû faire cette action (au vu de ce que l'on sait), mais ils ont le droit avec eux ;-)

Saint-Chinian a écrit:Sous le régime des Talibans en Afghanistan je te rappelle :
- que théâtre, le cinéma et la télévision étaient interdits ; la possession d'appareils photographiques et de magnétoscopes devint illégale.
- que les Talibans brûlaient les instruments de musique et les cassettes, frappaient et emprisonnaient les musiciens,
- qu'ils organisaient des expéditions punitives pour casser les téléviseurs, magnétoscopes,
- que les autorités faisaient aussi vérifier que l'on n'écoutait pas de musique dans les maisons ou au cours des mariages.

Là tu tombes dans l'excès également. Comparer l'incomparable n'a jamais fait avancer les choses

Shnoulle a écrit:Heu ... tu te fous de qui .... je prend le meilleur avocat de Paris (dans le sens le plus cher) , si je gagne j'aurais droit à plus de dommage et intéret que si j'avais gardé celui commis d'office ?
Cela n'a pas à intervenir dans le calcul des dommages et intérets ....

Je n'ai jamais dit que les dommages et intérêt devait être fixé en fonction du montant de l'avocat, j'exposais simplement le fait qu'il faut la plupart du temps un avocat et que pour cela: tu dois le rencontrer, passer du temps avec, monter un dossier. Tout ce temps passer pour faire respecter tes droits est du temps perdu et il est donc normal qu'il soit dédommagé.
A titre d'exemple, je me suis inscrit il y a deux ans sur la liste detaxe afin de commencer à me renseigner correctement sur la loi, j'ai acheté un portable que je veux faire detaxé, je suis obligé pour prouver ma bonne foi d'envoyer plusieurs lettres avant et après l'achat en recommandé (ce n'est pas encore gratuit), je dois passé du temps pour rédiger ces lettres, je devrait peut-être poser une journée de congé pour aller au tribunal, n'est il pas normal si je gagne, que tout ce temps perdu, soit indemnisé?

Cordialement,
Léviathan

[edit]correction d'une petite faute d'orthographe[/edit]
Tous les propos n'appartiennent qu'à leur auteur et n'engagent personne d'autre.
La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté. (Max Stirner), donc 4 CC sur 6 ne sont pas libres :-)
leviathan

Avatar de l’utilisateur
Messages : 1415

Ven 01 Déc, 2006 17:35

leviathan a écrit:Bonjour,

birin a écrit:Leviathan, pens-tu que ce soit par pure hypocrisie que je rappelle que l'article 122-5 du CPI fait partie intégrante de la "licence commerciale" librement choisie par les artistes ?

L'article 122-5 du CPI dit explicitement que « ... l'auteur ne peut interdire la copie pour un usage privé ».
Cet article n'interdit aucun moyen de copie, ni même aucune source de la copie (l'oeuvre ayant été diffusée, toutes les sources se valent ?).

Il faut arrêter un peu là. L'article date de 1992, les problématiques n'était absolument pas les même qu'aujourd'hui, l'échange existait mais pas à si grande échelle. De plus, les auteurs ne choisissent pas d'appliquer la loi, ils sont obligés, c'est une nuance de taille, ils n'ont donc absolument pas choisi librement d'appliquer cette article.


Nuance de taille ? La loi est la même pour tous, à ce que je sache ! Les consommateurs, de leur côté, ont-ils la possibilité de choisir de ne pas appliquer la loi, ou y sont-ils obligés ?

L'article 122-5 du CPI n'a pas à ma connaissance été abrogé, (même si son champ d'application a été restreint) ?



leviathan a écrit:
shyboy a écrit:les gens qui l'ont fait condamner sont de véritables talibans!

on ne doit pas avoir la même vision des talibans -> destruction d'oeuvres culturelles majeures, négation des droits de l'homme et de la femme, dictature, j'en passe et des meilleures.
L'excès ne sert aucunement tes opinions.


leviathan a écrit:
Saint-Chinian a écrit:Sous le régime des Talibans en Afghanistan je te rappelle :
- que théâtre, le cinéma et la télévision étaient interdits ; la possession d'appareils photographiques et de magnétoscopes devint illégale.
- que les Talibans brûlaient les instruments de musique et les cassettes, frappaient et emprisonnaient les musiciens,
- qu'ils organisaient des expéditions punitives pour casser les téléviseurs, magnétoscopes,
- que les autorités faisaient aussi vérifier que l'on n'écoutait pas de musique dans les maisons ou au cours des mariages.

Là tu tombes dans l'excès également. Comparer l'incomparable n'a jamais fait avancer les choses



Nous ne faisions, que parler de notre interprétation et vision respective, de ce que représente, pour certains d'entre nous, le monde des "Talibans", non ?
Et elle me semble très différente ...
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Sam 02 Déc, 2006 00:28

Bonsoir leviathan,

leviathan a écrit:Il faut arrêter un peu là. L'article date de 1992, les problématiques n'était absolument pas les même qu'aujourd'hui, l'échange existait mais pas à si grande échelle.

Leviathan, le piano mécanique et sa possibilité de reproduire la musique avec une simple bande de carton, en se passant des musiciens, a déjà plusieurs siècles (mais quelques uns de moins que l'imprimerie). La requête de leur interdiction formulée par les musiciens américains au près du sénat, et la polémique puis la médiation qui s'en est suivie, a aussi plusieurs siècles.
La diffusion aux quatre vents des oeuvres culturelles et/ou de loisir, via la radio puis la télé, date déjà de près d'un siècle pour l'une et un demi siècle pour l'autre.
Personne n'ignorait, en 1992, que tout cela pouvait être enregistré et copié sur bande magnétique ou sur papier de photocopieuse, par n'importe qui et à peu de frais.
La polémique sur la copie à usage privé sur bande ou papier faisait déjà rage bien avant 1992. Les législateurs ne pouvaient en aucune manière l'ignorer.
Or l'article 122-5 a été rédigé de façon précise et explicite :
- Pour que la copie privée soit autorisé l'oeuvre doit avoir été diffusée (jetée dans la nature via la radio, la télé ou l'édition d'un livre, par exemple)
- La représentation doit être restreinte à un cadre familial.
- La copie doit être destinée à l'usage privé du copieur.
– Aucune restriction n'est posée sur le support, le moyen de copie ou même la provenance de la source copiée, alors que les législateurs savaient que la facilité de la copie posait problème, par principe et de longue date, et faisait déjàpolémique, et que la technologie évoluait à vitesse exponentielle.

La problématique était déjà exactement la même qu'aujourd'hui : l'échange et la copie à grande échelle étant possible et ses enjeux bien connus, fallait-il l'interdire ou l'autoriser ? Et, dans ce dernier cas, sous quelles conditions ?

Ce n'est absolument pas cette facette du problème qui a changé de nature aujourd'hui, et l'ordre de grandeur ne change pas la nature du problème non plus, pas depuis l'avènement de la diffusion hertzienne (et donc de la disponibilité "universelle" de l'objet de convoitise) ; ce sont juste les rapports de force qui sont en train d'exploser : l'industrie du divertissement a pris un poids monstrueux dans notre société (grâce notamment à sa diffusion généralisée et à son libre accès), un pourcentage important du PIB, et elle impose depuis plus d'une décennie des modifications successives du droit lui assurant un contrôle de plus en plus fort sur cet énorme gâteau.

L'article 122-5 a toujours exactement la même signification : faut-il oui ou non autoriser la copie à usage privé dans ce monde marchand ?

Ce tout petit article se permet d'agacer, telle une épine dans le pied, les mastodontes du divertissement.
Il se permet d'affirmer crânement « l'auteur ne peut interdire ».
C'est une hérésie !
Il sera donc "rééduqué" par DADVSI et chuchotera désormais « l'auteur ne peut interdire ... sauf, bien sur, s'il interdit (par l'apposition de DRM) ».

leviathan a écrit:De plus, les auteurs ne choisissent pas d'appliquer la loi, ils sont obligés, c'est une nuance de taille, ils n'ont donc absolument pas choisi librement d'appliquer cette article.

C'est bien vrai, les auteurs ne choisissent ni la loi ni son application, ils ne choisissent pas plus la société dans laquelle ils vivent, ni le niveau de culture de leurs concitoyens, celui là même qui en fait leurs "clients" potentiels.
Moi (nous tous) non plus je ne choisis pas les lois ni leur application, ni la taxe pour copie privée (même pas celle appliquée à des supports utilisés pour tout autre chose, comme graver un CD de Linux ou mes propres données et programmes), ni de subventionner ou financer la culture.

Bien sur que l'on ne choisit pas la société est ses règles.
Ou plutôt si, on la choisit et modèle tous un peu (certains plus que d'autres), on s'y choisit et/ou construit sa vie, les artistes comme les autres.
On accepte les règles et contraintes sociales parce que l'on a besoin de la société, elle nous procure un cadre, des moyens et infrastructures, voir même une clientèle ou un public.

Mais une société, c'est un groupe de gens qui vivent ensemble, en partageant des règles et une culture commune.
La culture est un élément constituant de la société (même la culture des paillettes et du divertissement), ça explique que la société soutienne la culture mais se permette aussi d'avoir des exigences vis à vis d'elle, comme le fait qu'elle soit accessible à tous ses membres, quels que soient leurs moyens financiers.

C'est cette société, avec ses règles, exception pour copie privée comprise, qui a procuré aux artistes et à l'industrie de la culture un écosystème culturel et économique qui leur a permis d'atteindre un tel chiffre d'affaires et un tel poids économique et social.

leviathan a écrit:Il faut arrêter un peu là.
(Je sais bien que ce n'est qu'une expression que je prends exprès au pied de la lettre).
Je ne peux ni ne veux arrêter leviathan. Que j'ai tord ou raison, c'est mon opinion que je défends, pas une opinion de circonstance ou une simple position polémique.
J'avais déjà écrit, dans ce post, que pour moi, la légitimité du droit d'auteur lui vient précisément de son exception pour copie privée.
A mon avis, sans l'exception pour copie privée, le droit d'auteur est totalement illégitime.

C'est mon opinion, j'ai mis du temps à me la construire, et je ne suis pas près d'arrêter de la défendre.

leviathan a écrit:Le CPI n'encadre pas que les licences commerciales propriétaires mais toutes les licences étant donnée qu'une loi passe au dessus des contrats. Je ne m'intéressais pas aux problématiques du droit d'auteur à cette époque, je ne sais pas dans quel contexte a été voté cet article mais j'ai tout de même un doute sérieux sur le fait qu'il puisse permettre à un plus grand nombre de se cultiver. Il ne faudrait peut-être pas oublier que nous vivons en groupe social, avec une mesure de ce genre, on privilégie encore les plus aisés qui ont plus de chance de connaître quelqu'un ayant les moyen d'acheter un CD ou cassette à l'époque alors que les plus pauvres restant principalement entre eux auront moins de chance de pouvoir partager (vu qu'il en possède forcément moins). Le soutien de médiathèques ou autres bibliothèques me semble plus efficace.

Là j'ai du mal à te suive.
L'article 122-5 du CPI permet (ou du moins permettait au départ) à n'importe qui de réaliser une copie pour son usage privé, sans l'obliger à acheter l'oeuvre copiée ni même à connaître quelqu'un qui ait les moyens de l'acheter.
Alors oui, tout est toujours plus facile pour ceux qui sont aisés et plus dur pour ceux qui sont démunis, mais cet article, tel qu'il était écrit, autorisait effectivement tout le monde à se procurer des produits culturels (tous ceux protégés par droit d'auteur en fait, à quelques exceptions près).
Tout le monde, sans poser de discriminations, en éliminant la discrimination financière justement (qui n'est pas non plus exactement la même chose que le niveau de vie ou niveau social, j'en suis bien conscient).

leviathan a écrit:Je trouve pourtant cela assez simple: ne pas regarder les chaînes de TV généraliste, ne pas écouter les chaînes de radio généraliste. Je ne suis pas encore mort pour avoir fait ça lorsque je ne souhaite pas recevoir tout ce que je rejette. Et il me semble qu'il y en a quelques un sur ce forum qui vive très bien sans TV par exemple.

Je ne vis pas sans télé, je ne vis pas seul, et je suis loin d'être le seul dans ce cas.
Ce n'est pas aussi simple, télé ou pas, la pub est omniprésente et l'éviter (autant que faire se peut) est un véritable choix militant.
On ne peut pas s'attendre à ce que tout le monde milite sur tout, ni même simplement contre la pub.
En tout cas on ne bâtit pas une stratégie de changement de la société sur une telle espérance.
Enfin, c'est juste mon avis là dessus, ce n'est pas très important.

leviathan a écrit:Légitime? non pas pour moi. Il est légitime que l'on puisse se nourrir, avoir un toit mais une légitimité sur l'accès aux loisirs, il ne faut pas pousser mémé dans les orties non plus.

D'accord là dessus, c'est la moindre des légitimités que d'avoir le droit de vivre.
Mais, dans une société, n'est-il pas légitime d'en faire pleinement partie ?
La culture est un constituant essentiel d'une société, n'est-il pas légitime d'y avoir accès ?
Je pense que même la starac et jhonny font partie de notre culture, même si elle ne me plaît pas.


Il ne faudrait pas non plus perdre de vue que le cas qui nous occupe, celui du procès d'Anne-Sophie, est assez caricatural au niveau de la légitimité.
Elle possédait 300 CD (ce qui fait 25 ans à 1 CD par mois, et non 10 comme je l'écrivais précédemment) ce qui représente grosso modo 3000 morceaux.
Elle avait sur son disque moins de 1500 morceaux téléchargés (sur Kazaa je crois).
Combien de ces morceaux téléchargés se trouvaient aussi sur l'un de ses 300 CD ? Un CD qu'elle aurait justement acheté parce qu'un de ses morceaux téléchargés lui avait plu ?
Anne-Sophie a téléchargé 1500 morceaux pour des motivations probablement diverses (découverte, copie privée, plaisir d'échanger, ...) mais certainement pas pour voler quoi que ce soit à qui que ce soit.
De toute évidence, quand Anne-Sophie aime un CD et souhaite le posséder, elle l'achète.
Elle a acheté deux fois plus de musique qu'elle n'en a téléchargé.
Qui peur honnêtement croire qu'elle soit une voleuse ou une pirate ?
Qui peut croire une seconde qu'elle ait fait du tort à l'industrie du disque ?

Ce sont les inconscients qui lui ont fait ce procès, et qui en font ainsi une icône, qui font du tort à l'industrie du disque, et même aux artistes, en saccageant leur image (dont on connaît le prix exorbitant en promotion).
Qui devrait payer des dommages et intérêts à Anne-Sophie, à l'industrie (pas seulement du disque) et aux artistes, sinon les Marc Huez de tout poil ?
birin

Messages : 600
Géo : Gironde

Sam 02 Déc, 2006 14:02

Whaou.... cette intervention est magnifique. Non non, je suis serieux...
Si ce n'est pas déja fait, je pense que tu apporterai beaucoup en écrivant une page web avec ta vision de la problématique
sur la copie privée, sur cette idée tres intéressante que le droit d'auteur ne trouve sa légitimité qu'accompagné du droit à la copie privée etc.

J'ai tenté de me libérer de ma colere sur cette page : http://hoper78.free.fr mais j'aimerai beaucoup
pouvoir y rajouter un lien vers ta vision des choses, vison qui, me semble très juste.
Un blog ? un edito quelque part ? :?:
Hoper

Messages : 151

Sam 02 Déc, 2006 19:45

birin a écrit:
antistress (dans l'autre blog) a écrit:"C'est à ça que ressemble un méchant pirate ?" pourquoi devrait on relaxer les jeunes instit et les mémés et poursuivre les autres ? Et l'égalité devant la justice ?

Antistress, dans mon esprit (et celui de beaucoup de monde je pense) Anne-Sophie n'est pas une non-pirate parce qu'elle est une jeune (et même mignonne) instit ou une mémé, comme tu veux t'en convaincre (ou nous en convaincre, je ne sais pas), mais parce qu'elle est quelqu'un de pacifique, de cultivé, attachant une grande valeur à la culture (comme le majorité (tous ?) des instits que je connais d'ailleurs), et surtout, Anne-Sophie est une excellente cliente de ceux qui l'ont traînée en justice !
Je rappelle que Anne-Sophie possédait plus de 300 CD originaux.
Alors, à moins qu'elle se les soit procurés sabre au poing et cri de guerre aux babines, je pense qu'on peut raisonnablement la considérer comme une bonne cliente de l'industrie du disque et non comme une pirate

300 CD, ça fait 5 à 10 ans d'achats réguliers d'un à deux CD par mois.

C'est moi qui suis angélique ou c'est l'industrie du disque qui est parfaitement stupide et suicidaire de fabriquer un tel symbole ?



birin, je réaffirme mon propos, haut et fort.
L'égalité devant la justice ne souffre pas d'exception. Le reste est de la démagogie.
Ce n'est pas parceque je ne soutiens pas les majors que je vais me mettre à soutenir n'importe quoi qui va à leur encontre.

Elle a commis un acte illicite, un point c'est tout.
Le fait qu'elle ne fasse pas commerce du produit de ses actes délictueux ou qu'elle ne commette pas que des actes délicteux est pris en compte dans l'application de la peine.
Ca n'efface pas le caractère illicite de l'acte.

Si j'achète dix bijoux et vole un collier, je ne m'attends pas à ce qu'on passe l'éponge.

birin a écrit:
antistress (dans l'autre blog) a écrit:"qui plaidait l'ignorance et le manque d'informations relatives aux échanges illégaux de fichiers sur Internet" : elle ferait mieux de faire un procès à son avocat

Dis moi Antistress, tu ne connais vraiment personne qui ait du mal à savoir, encore de nos jours, si le téléchargement sur des "sites" aussi simples et rependus que Kazaa est légal ou non ?
Nous ne devons pas fréquenter la même frange de la population toi et moi alors.
Moi je suis toujours aussi surpris de constater à quel point les gens que je rencontre ignorent que, non, ce n'est pas parce qu'on peut en quelques clics installer Kazaa ou autres eMule et échanger tranquilement de la musique avec des millions "d'amis", tout comme l'on fait un CD de compilation pour sa copine ou son cousin ; que c'est légal.
(...)


Tu ne m'as pas compris. Je n'ai pas dit qu'elle comprenait tout, je dis que ce n'est pas une excuse.
Nul n'est censé ignorer la loi.
Admettre l'excuse de l'ignorance une fois, c'est refuser de condamner tout le monde.

Pour te répondre, sur le fond, s'agissant d'une instit, donc avec un certain niveau d'éducation et d'intelligence supposé, j'ai du mal à imaginer qu'elle ne se soit pas étonné qu'elle puisse se procurer gratuitement par des moyens non officiels des choses qui étaient vendues par ailleurs.

Ca me rappelle le lycée, quand on me proposait des baskets nike ou des polos lacoste pas chers...
QUi peut croire que tout cela est légal ?
Soyons sérieux et discutons objectivement.
antistress

Messages : 3854
Géo : Ile de France

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant actuellement ce forum : Aucun utilisateur inscrit