*genium* a écrit:Bref, un service d’échange illimité des œuvres sur les réseaux Peer to Peer [s]à prix forfaitaire par l’instauration d’une licence globale[/s] va les aider aussi à vendre leurs autres services payants… Les sommes qui vont circuler sont tout bonnement ASTRONOMIQUES !!
Juste une petite interrogation : si on enlève « à prix forfaitaire par l’instauration d’une licence globale », ça ne change rien à la logique te ta première phrase, et à peine des broutilles aux sommes astronomiques. Non ?
Je suis tout à fait d'accord avec ton propos (amputé de ...) et absolument pas convaincu de la légitimité du forfait en question.
J'ai le sentiment que la licence globale est surtout un alibi, une justification comme tu disais un peu plus haut.
La taxe pour copie privée qui s'applique à tous les supports enregistrables est déjà un alibi ou une justification de la même espèce et j'ai déjà eu l'occasion de dire à quel point je la trouve indécente - je ne télécharge, pour ainsi dire, pratiquement pas de musique ou de films mais j'utilise beaucoup de CD pour y graver mes programme et mes donnés, pire : j'utilise beaucoup (des dizaines) de CD pour graver des distributions et live-CD Linux et autres trucs libres, des "trucs" qui nous sont gracieusement offerts par des bénévoles et sur lesquels nous payons la dîme pour copie privée, je trouve ça absolument indécent, je ne trouve pas d'autre mot -
La licence globale, à mes yeux, y ressemble à s'y méprendre.
Je m'intéresse donc à ce que ces taxes permettent de justifier, mais surtout à leur propre justification et légitimité, ainsi qu'aux autres options / vois possibles (d'où mon intérêt pour ce fil et la voie énoncée par Dana).
Wolfen a écrit:En fait, je pense que ce qui choque, c'est surtout le terme "pirate", non ?
Non, le terme lui même n'est pas le plus important à mes yeux, c'est plutôt la démarche délibérée de diabolisation de l'adversaire (le fan ou le client, étrangement) que le choix de ce mot montre clairement. C'est pour ça que je disais « les pirates, ça se pend haut et court ».
Si on fait d'aussi massives campagnes de bourrage de cranes destinées à faire admettre aux gens que « copier c'est du piratage » et que « ceux qui copient sont des pirates », c'est bien que l'on veut en arriver à « pendre ces pirates haut et court », et non à faire des choix de société équilibrés et raisonnables.
« On ne négocie pas, on ne discute pas avec des pirates, on les empêche de nuire ! ».
C'est bien le fil conducteur et le but de la rhétorique ses majors sur la copie privée et le téléchargement.
Il y a un autre truc qui me chiffonne, c'est que, tous les deux (wolfen et *genium*), vous prenez argument du changement de nature de la copie (coût, échelle, facilité, qualité, ...) induit par l'aire du numérique pour justifier un changement de légitimité du choix de société qu'est le droit de copie pour usage privé.
Bien sur que le numérique change radicalement la donne et incite à repenser les choix de société, mais il faut aussi prendre un peu de distance, ne pas s'emballer et croire que c'est la première fois qu'il se produit un changement d'une telle ampleur, qui change aussi radicalement la donne.
Il n'est pas inintéressant de regarder un peu en arrière et de voir ce que l'histoire a fait dans des cas comparables.
L'invention de l'imprimerie est un bon exemple.
A cette époque l'église catholique avait le quasi-monopole de la copie et distribution des livres manuscrits, copiés par des moines au sein des couvents, c'était souvent l'essentiel de leurs activités et ça leur donnait le monopole sur la diffusion de la culture.
L'imprimerie a permis de réduire à presque rien (en comparaison) le coût de copie d'un livre et de diffuser en quantité des livres de qualité irréprochable.
L'église n'a pas du tout apprécié de perdre le monopole de l'édition, ni la valeur des livres que leur conférait leur rareté, ni le travail de tant de moines.
Elle n'a pas apprécié ... dans un premier temps, ensuite elle s'est aperçue que le livre le plus diffusé (surtout au début de l'imprimerie, donc tout de suite) de tous les temps n'est autre que le bible.
L'église à compris son intérêt et a cessé de qualifier l'imprimerie d'instrument du diable.
Plus proche de nous, il y a un exemple plus semblable à la révolution du numérique, c'est ... la révolution du numérique !
Le piano mécanique avec ses bandes perforées (du binaire donc).
Cet engin introduisait lui aussi un changement à la nature même de la musique, de sa reproduction et de sa diffusion.
Il n'était plus besoin de musiciens ou d'orchestre pour faire un concert ou un bal, il suffisait d'une de ces machines et d'un peu de carton perforé pour faire des représentations publiques (même pas de la copie privée).
Ce changement était tout à fait du même ordre que la copie numérique ou l'échange en P2P.
Il fut violemment dénoncé et combattu pour l'incontestable danger qu'il représentait pour les musiciens et la création musicale.
Comment tout ça a été réglé ? par lalégalisation pure et simple du procédé en échange d'une sorte de licence globale de deux cents (l'histoire que j'ai lu se déroulant aux USA).
Et les artistes, y ont-ils perdu ?
Pas le moins du monde, ils y ont surtout gagné en notoriété et recettes induites.
Au bout du compte, cette taxe de deux cents n'avait d'autre justifiquation que celle d'être un alibi.
Voilà, c'était juste pour montrer que, historiquement, les pirates n'avaient pas tous des jambes en bois, des crochets au bout d'un bras et un sabre entre les dents.
Toujours pour l'histoire, je me suis laissé dire que les pirates de l'île de la tortue avaient inventé un système de sécurité sociale, d'assurance invalidité, de retraite, ... fort enviable et humain.
Comme quoi, la flibuste, ça peut conduire à tout et son contraire !
PS : je ne voudrais surtout pas que mon message vienne interrompre votre dialogue en cours qui me paraît très intéressant.