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Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Ven 06 Jan, 2006 20:00

@ *genium* :

Ha mais je ne remets pas en cause l'impact du piratage sur les ventes ou la légalité des logiciels peer-to-peer d'ailleurs. Je veux juste ne plus entendre que partager une oeuvre entre 1000 personnes n'est pas du piratage (ou tout autre terme décrivant une action malhonnête). C'en est, c'est tout.

Après, chacun peut avoir sa solution ou son avis sur le sujet, être pour ou contre la licence globale, être pour ou contre le projet DADVSI ... L'essentiel est d'en débattre et surtout de diffuser un maximum l'information pour ouvrir le débat à tout le monde. Mais partons au moins avec de bonnes bases : échanger des fichiers d'oeuvres artistiques qui ne sont pas libres de droit, c'est malhonnête.
Dernière édition par wolfen le Ven 06 Jan, 2006 20:03, édité 1 fois au total.
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Wolfen,
http://damien.mauran.free.fr
wolfen

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Ven 06 Jan, 2006 20:02

+1 avec wolfen (dans sa réponse à simplenux).

@simplenux

En fait tu confonds le plan moral et le plan légal. On peut soutenir que tout doit être à tout le monde, tout comme on peut soutenir qu'une oeuvre appartient à son créateur. C'est une question de morale mais c'est insuffisant pour définir ce qui est légal.

La Loi n'est pas synonyme du Bien (heureusement ou malheureusement, c'est question de point de vue). Autrement dit, le jour où la Loi posera que l'humanité à tous les droits elle ne sera pas moins arbitraire qu'aujourd'hui. Par conséquent que tu penses aujourd'hui qu'il n'est pas bien d'avoir des droits d'auteur sur une oeuvre n'en fait pas quelque chose de légal.

Quant à la FSF, mauvaise pioche :
FSF a écrit:Nous ne sommes pas convaincus que les œuvres artistiques ou de divertissement doivent être libres

Et pour finir, le Libre s'appuie sur le droit d'auteur (cf. essai de Dana) -- la Loi -- et n'a jamais consisté à laisser faire n'importe quoi avec les oeuvres.
Wazo

Messages : 37

Ven 06 Jan, 2006 22:23

Wolfen, la conviction avec laquelle tu affirmes que, pour toi, la copie, c'est de la malhonnêteté et de la piraterie, m'incite à m'interroger, et à t'interroger aussi
Tu affirmes haut et fort le droit de chaque artiste à choisir d'être rémunéré pour ses oeuvres (ce qui, en soi, ne me pose pas de problème), au point de t'autoriser à qualifier de pirates les personnes qui copient ou téléchargent ces oeuvres sans les payer, alors même que la loi les y autorise.
Mon interrogation vient du constat que le fait que la copie pour un usage privé soit explicitement autorisée par la loi, ne te dissuade pas de condamner très fermement ces pratiques. Pas plus que le fait que ces copies ou téléchargements aient notoirement une multitude de raisons et justifications, comme, par exemple, la simple écoute d'artistes ou morceaux inconnus avant d'acheter ou non les CDs, ou qu'il ne soit nullement évident qu'ils nuisent aux intérêts économiques des artistes, et encore moins de l'industrie.

Tu argumentes ta position, ne va pas croire que je ne reconnaisisse pas tes arguments.
Mais, quels sont-ils ces arguments justement ? Ou, plutôt, quel est-il cet argument ?
En fait, ton argument, la justification de ta position, c'est l'étique, le « droit moral » à exiger une rémunération pour toute chose, les produits culturels comme le reste.
J'aime bien l'étique et le droit moral, il m'est arrivé d'en parler de ci de sur ce forum, dans le même cadre justement (copie privée et rémunération), mais pas tout à fait dans le même sens comme tu peux le constater en lisant mes avis.
Alors, en quoi ton appel au droit moral ou étique me pose problème dans ce cas précis ?

En premier lieu, parce que tu le poses comme supérieur à tous les autres droits étiques concernés par la question de la copie privée, au point de les réfuter tous par une affirmation aussi péremptoire que « c'est du piratage ! ».
Peux-tu nous dire clairement en quoi le droit à demander une rémunération pour toute chose est, à tes yeux, plus légitime ou supérieur au droit d'accès universel à la culture ?
Faut-il que les pauvres ne puissent lire ou voir Germinal ? Que les bidasses (leur solde laissait à désirer) n'aient pas pu écouter Le déserteur (de Boris Vian ou de Renaud) ? Que les afro-américains ne puissent connaître l'histoire de leurs mouvements ?
Peux-tu nous dire clairement en quoi le droit à demander une rémunération pour toute chose est, à tes yeux, plus légitime ou supérieur au droit de jouir, sans préjudice de la même jouissance pour autrui, de tout ce qui est librement disponible ?
On peut librement utiliser la photo d'un paysage dans un diaporama, mais pas la reproduction de la photo du même paysage réalisée par un marchand d'images. (l'exemple fonctionne aussi avec la photo de Sarcozy).
En substance, es-tu capable de t'expliquer pourquoi tu accordes cette primauté de valeur au droit moral à être rémunéré pour tout ce que l'on fait, si on le désire, et quelles que soient les conditions d'utilisation ou de jouissance de ce bien ?
Tu places ce droit moral au dessus de toutes les autres morales citées, au point d'injurier tes concitoyens par millions en les traitant de pirates et de malhonnêtes parce qu'ils accomplissent des actes qui sont pourtant légaux.
Je ne renie pas la valeur étique ou morale au droit d'être rémunérés pour nos oeuvres, je me dis juste que, l'étique et la morale, c'est pluriel et relatif, c'est métissé et équilibré, c'est débattu, c'est partagé et diffusé ou c'est faux ou inutile (voire dangereux). C'est culturel en somme.
Si je devais placer une valeur au dessus de toutes les autres, je crois que j'aurais bien du mal, ou alors, elle serait du genre « nous avons tous le droit de vivre ». Mais je crois que je l'ai déjà dit.

Ton appel au droit moral, dans ce contexte, me pose problème pour une autre raison.
T'es-tu demandé quelle est la relation entre cette étique, ce droit moral, et le projet DADVSI ?
Ce rapport est très simple à mon avis : cette étique est la seule justification de cette loi.
Le projet de loi DADVSI est, à mes yeux, très semblable à l'inquisition, sur tous ses aspects essentiels, et sa seule justification est de défendre une valeur ou morale suprême contre tous les hérétiques/pirates.
Une valeur, une étique, une morale, hissées au rang de premières, justifiant la répression contre tous les résistants (ou simplement indépendants) à un ordre établi.

Non Wolfen, nous ne sommes pas tous des pirates car, les pirates, ça se pend haut et court.
birin

Messages : 600
Géo : Gironde

Sam 07 Jan, 2006 02:46

birin a écrit:[...cette étique est la seule justification de cette loi.
Le projet de loi DADVSI est, à mes yeux, très semblable à l'inquisition, sur tous ses aspects essentiels, et sa seule justification est de défendre une valeur ou morale suprême contre tous les hérétiques/pirates...


dana a écrit:[...la question n'est pas qu'on veuille ou pas être rémunéré
la question est que soundainement
tout le monde voudrait nous rémunérer
c'est bizarre non ? ...


Je crois que birin vient de répondre sans le vouloir à la question posée initialement pas dana! Il suffit de lire les blogs P2P du monde entier, surtout aux USA, pour prendre conscience du caractère Historique de la légalisation amorcée en France des réseaux Peer to Peer. Cela témoigne d’une attente universelle, une soif d'acceder à la connaissance universelle. La particularité de l'époque provient de l'absence de cout de production de la numérisation d'une oeuvre. Il est donc facile d'acceder à la culture, d'échanger, partager...
Mais sans le vouloir, ces pratiques légitimes s'attaquent aux plus puissants de ce monde. Il met à mal des modèles économiques dépassés en raison de la chaine de production d'une oeuvre aujourd'hui inutile... Nos pratiques P2P mettent en péril une économie, il faut le reconnaitre. C'est la raison pour laquelle nous recherchons "des justifications économiques" à nos pratiques. Nous sommes obligés dona de justifier économiquement nos pratiques P2P, et c'est pas facile, pour qu'on nous foute la paix, et qu'on arrete de nous insulter de pirates.

Le licence globale peut satsfaire tout le monde...
*genium*

Messages : 382

Sam 07 Jan, 2006 09:53

birin a écrit:qualifier de pirates les personnes qui copient ou téléchargent ces oeuvres sans les payer, alors même que la loi les y autorise.


Je le redis, ce n'est pas parce que quelque chose n'est pas répréhensible aux yeux de la loi qu'il est honnête ou malhonnête. Je ne sais plus qui dans ces forums a constaté, à juste titre je trouve, que la loi n'était pas universelle et n'était pas non plus irréprochable (ce ne sont pas les termes mais cela résume l'idée).

birin a écrit:Mon interrogation vient du constat que le fait que la copie pour un usage privé soit explicitement autorisée par la loi, ne te dissuade pas de condamner très fermement ces pratiques. Pas plus que le fait que ces copies ou téléchargements aient notoirement une multitude de raisons et justifications, comme, par exemple, la simple écoute d'artistes ou morceaux inconnus avant d'acheter ou non les CDs, ou qu'il ne soit nullement évident qu'ils nuisent aux intérêts économiques des artistes, et encore moins de l'industrie.


Tu as tout dit : "copie pour un usage privé". Le fait de partager une oeuvre entre 1000 personnes ne relève plus de l'usage privé à mes yeux. Et en aucun cas je ne remets en cause le droit à la copie privée, qui est essentielle. Mais copier un album, de quelques manières que ce soit avec ta famille ou tes amis proches n'a rien à voir avec une diffusion massive, admets-le. Et je suis aussi tout à fait d'accord avec le fait que l'échange d'oeuvres peut aussi inciter à l'achat de l'original mais dans ce cas-là, admets aussi que ce n'est plus réellement du piratage, c'est une forme "d'échantillon". Mais soyons sérieux : si au moins la moitié des personnes qui s'échangent de la musique sur Internet gratuitement (je retire le terme "piratage" puisque c'est celui qui à l'air de piquer tout le monde) achetaient ensuite les originaux, est-ce qu'on en parlerait autant ? Le problème vient de la nature humaine, comme disait quelqu'un d'autre sur ce forum (je n'ai pas le temps de faire des recherches à l'instant) : on donne à quelqu'un la facilité d'obtenir de la musique gratuitement avant achat, il continuera à l'utiliser, même s'il n'achète finalement plus les originaux.

birin a écrit:En fait, ton argument, la justification de ta position, c'est l'étique, le « droit moral » à exiger une rémunération pour toute chose, les produits culturels comme le reste.

Exact, tu as trouvé la bonne qualification de ma vision sur le sujet.

birin a écrit:Peux-tu nous dire clairement en quoi le droit à demander une rémunération pour toute chose est, à tes yeux, plus légitime ou supérieur au droit d'accès universel à la culture ?
Faut-il que les pauvres ne puissent lire ou voir Germinal ? Que les bidasses (leur solde laissait à désirer) n'aient pas pu écouter Le déserteur (de Boris Vian ou de Renaud) ? Que les afro-américains ne puissent connaître l'histoire de leurs mouvements ?
Peux-tu nous dire clairement en quoi le droit à demander une rémunération pour toute chose est, à tes yeux, plus légitime ou supérieur au droit de jouir, sans préjudice de la même jouissance pour autrui, de tout ce qui est librement disponible ?

Attention, je ne suis pas contre l'accès à la culture pour tous. Je trouve qu'un livre, un disque ou même la presse écrite sont trop chères à l'achat et de plus en plus, il faut être financièrement "à l'aise" pour pouvoir accéder à la culture régulièrement. De même, j'ai utilisé des copies de musiques ou de films. Si ça ne tenait qu'à moi, je baisserai le prix des albums, des livres et autres éléments cultures pour que tout le monde puisse y accéder pour un prix vraiment modique (voir gratuit mais cela reste à l'artiste de trouver alors un autre moyen pour vivre s'il a fait le choix de vivre de son art), en sucrant les marges inacceptables que ce font les majors (dans le milieu du disque, du cinéma ou de l'édition).

Ce que j'ai du mal à accepter, c'est qu'on fasse ici l'apologie de l'échange de fichiers non libres de droit. Si on veut que le texte du projet DADVSI soit retiré ou tout du moins profondément modifier pour qu'il n'entrave plus nos libertés d'artistes et de "consommateurs" (je n'aime pas ce terme), il faut commencer par montrer aussi notre bonne volonté et ne pas faire l'apologie de ce que le texte combat.

birin a écrit:En substance, es-tu capable de t'expliquer pourquoi tu accordes cette primauté de valeur au droit moral à être rémunéré pour tout ce que l'on fait, si on le désire, et quelles que soient les conditions d'utilisation ou de jouissance de ce bien ?

L'échange de matériel culturel, tout le monde en a fait et ce depuis très longtemps. Si depuis si longtemps, cela a été toléré, c'est que ça ne dépassait pas une certaine limite. Le progrès des technologies numériques a en quelques sortes décuplé cet échange et il est effectivement devenu dangereux aux yeux de certains. Au point justement de faire confondre le droit à la copie privé et ... de la copie publique ! Au fond, je pense juste que nous avons un peu dérapé et que cet échange a pris trop d'ampleur.


birin a écrit:Ton appel au droit moral, dans ce contexte, me pose problème pour une autre raison.
T'es-tu demandé quelle est la relation entre cette étique, ce droit moral, et le projet DADVSI ?
Ce rapport est très simple à mon avis : cette étique est la seule justification de cette loi.


Tu as raison sur ce point. Par contre, je ne défends pas le projet DADVSI. Je suis farouchement contre tant qu'il aura cette forme, ces implications et ces retombées. Je pense que le débat doit être ouvert à tout le monde, artistes, citoyens, politiques, majors, et que de ce débat doit découler un texte qui sera réellement un juste équilibre, où chacun aura fait des concessions. Cela ne doit pas être un texte écrit pour favoriser uniquement un milieu (celui des majors), rédiger par un groupe de personnes sans consultation des utilisateurs de nouvelles technologies et des artistes.

birin a écrit:Non Wolfen, nous ne sommes pas tous des pirates car, les pirates, ça se pend haut et court.


Et heureusement qu'on en est plus là ! Je te dis pas les places publiques dans un tel cas ! :D
En fait, je pense que ce qui choque, c'est surtout le terme "pirate", non ?
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Wolfen,
http://damien.mauran.free.fr
wolfen

Messages : 115

Sam 07 Jan, 2006 17:52

wolfen a écrit:...Tu as tout dit : "copie pour un usage privé". Le fait de partager une oeuvre entre 1000 personnes ne relève plus de l'usage privé à mes yeux...


Je pense que l'on touche là un point crucial. La loi n'est pas adaptée à notre société actuelle. Comme l'a écrit Sébastien Canevet, maître de conférences en droit privé, "C'est pas difficile de faire du droit. Ce qui est difficile, c'est de faire de la justice"

Sébastien Canevet a écrit:...Moi, par exemple, je peux vous improviser, un projet de directive européenne interdisant de vider la mer à la petite cuillère. Très facile. Article 1er : il est interdit de vider la mer à la petite cuillère. Article 2 : le commerce des petites cuillères demeure libre sur le territoire européen. Article 3 : Est créé un Conseil supérieur des petites cuillères., etc, etc. C’est pas difficile de faire du droit, ce qui est difficile, c’est de faire de la justice.
..


Pour la première fois de l'humanité, la production d'un bien (une oeuvre) peut être multiplié à l'infini sans engendrer de coût. Sa tarification unitaire est injustifiée. Dans le monde entier, la pratique des réseaux Peer to Peer témoigne d'une attente universelle. Les réseaux P2P sont une réalité technologique! Interdire et sanctionner une réalité est injuste. De plus, facturer à l'unité un bien dont le coût de production est nul est un contresens historique du capitalisme; ça accroit les privilèges au détriment du mérite...

L'artiste doit il donc perdre son droit d'auteur sa création à peine achevée? NON! Cela serait injuste.

On voit donc le véritable enjeu: ce n'est pas à la réalité technologique et ses pratiques qu'elles engendrent de s'adapter au droit et à la réalité économique. C'est la loi et les modèles économiques qui doivent être en phase avec les avancées de l'Humanité.

L'enjeu est donc de favoriser l'émergence de nouveaux modèles économiques permettant à la fois une JUSTE (oui dana) rémunération des artistes et la légalisation des avancées technologiques!

On sent bien que c'est l'accès à un service qui a un coût, et qui doit être facturé! Je ne suis pas expert en économie, mais la licence globale est la première approche qui tient compte de cette dimension historique...
Dernière édition par *genium* le Sam 07 Jan, 2006 23:09, édité 2 fois au total.
*genium*

Messages : 382

Sam 07 Jan, 2006 23:04

Tu vois, genium, je n'étais pas spécialement pour la licence globale, tout du moins dans la mesure où sa répartition me parait difficile à mettre en oeuvre pour que les artistes profitent réellement de sa mise en place. Mais ton discours me réconcilie avec l'idée.

Maintenant, reste à savoir ce qui pourra permettre aux artistes d'en profiter réellement et surtout ce qui pourra empêcher les majors de s'en mettre une fois de plus plein les poches ...
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Wolfen,
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wolfen

Messages : 115

Dim 08 Jan, 2006 06:37

wolfen a écrit:Tu vois, genium, je n'étais pas spécialement pour la licence globale, tout du moins dans la mesure où sa répartition me parait difficile à mettre en oeuvre pour que les artistes profitent réellement de sa mise en place. Mais ton discours me réconcilie avec l'idée.

Maintenant, reste à savoir ce qui pourra permettre aux artistes d'en profiter réellement et surtout ce qui pourra empêcher les majors de s'en mettre une fois de plus plein les poches ...


Si tu le veux bien wolfen, j’aimerai que l’on avance, progressivement, ensemble, et avec les autres, à partir de notre base de travail du post précédent, OK? :-)

Bon, l’objectif, pour commencer, sera de montrer que notre service de licence globale ne va pas appauvrir nos artistes, mais au contraire les enrichir. Quand tu valideras cette étape, nous passerons à l’étape suivante pour montrer qu’il en sera de même pour nos grands disquaires de type FNAC, comme des grands groupes de télévisions comme Canal+ !

Mais avant d’aborder la toute 1ère étape, j’aimerai que l’on évite de s’encombrer des mesures applicatives du service. Commençons donc par nos artistes :

Comme bon nombres d’artistes, Joey Starr s’est inquiété à juste titre du caractère à première vue injuste du service de licence globale. En effet, le service est accessible pour un montant forfaitaire de 7 euros mais permet l’échange illimité des œuvres sur les réseaux Peer to Peer ! Ce modèle semble bel et bien bancal et, à première vue, ne semble pas profiter à nos artistes comme ils sont en droit de l’attendre! Il semble que le gâteau soit bien pâlichon, et nos artistes craignent de devoir se partager quatre cacahouètes.

Qu’en est-il en réalité ? Il n’y a pas de réseaux Peer to Peer qui tiennent sans accès Internet. Or il n’y a pas actuellement de « Business Models » plus performants que l’industrie des nouvelles technologies, Télécoms comprises. Cette industrie se porte à merveille, elle génère des chiffres d’affaires considérables, toujours en progression. Et les prévisions font pâlir ! Leur modèle économique n’est viable que par l’augmentation du nombre de leurs abonnés, et la vente de nouveaux services, j’y reviendrai. Il est clair qu’une offre de service de type « licence globale » légalisant l’échange illimité des œuvres sur les réseaux Peer to Peer va drainer un nombre impressionnant de personnes. Tout d’abord plusieurs millions à l’échelle nationale, demain plusieurs milliards dans le monde entier lorsque nos voisins seront séduits par notre modèle. Ils vont devoir très très rapidement relever le défi de la convergence « voix-données-TV ». Déjà, France Telecom et Microsoft viennent de signer cette été un partenariat stratégique pour le développement commun de nouveaux services multimédias (il se murmure des offres de services combinant TV, voix sur IP, de vidéos surveillance, et j’en passe… http://www.orangepartner.com/site/frfr/ ... rosoft.jsp ). Bref, un service d’échange illimité des œuvres sur les réseaux Peer to Peer à prix forfaitaire par l’instauration d’une licence globale va les aider aussi à vendre leurs autres services payants… Les sommes qui vont circuler sont tout bonnement ASTRONOMIQUES !!

Et bien, si cette industrie n’est rien sans abonnés, elle n’est rien sans artistes. Elle vit et s’enrichit du talent de nos artistes. Il sera normal qu’une part importante de ce gâteau revienne à nos artistes. Dans ce modèle, nos artistes ne vont pas s’appauvrir mais s’enrichir, et cela sera tout à fait normal.

Je m’excuse wolfen d’être si bavard, mais je voulais m’attarder sur ce point pour rassurer les artistes qui vendent le plus disques actuellement.

Qu’en est-il des autres ? De ces artistes talentueux qui ne sont pas sous les feux des projecteurs ? La diffusion de leurs œuvres sur les réseaux Peer to Peer va leur offrir un public énorme qui n’attend que ça ! Il ne faut pas prendre le public pour des billes ! Il est également en quête de ces artistes aujourd’hui trop souvent inaccessibles. C’est en tout cas mon cas. Jusqu’à présent, c’est un peu l’histoire d’un rendez-vous manqué. On vit chacun nos histoires, mais sans se rencontrer ! Les artistes les moins connus seront surpris de découvrir leur public ! Et le public sera comme fou de découvrir SON idole. Dans ce système, il sera de plus en plus difficile de nous fabriquer des artistes. Ils s’imposeront par leur talent !

Voilà wolfen, et les autres, je ne voudrai pas pour l’instant que l’on s’encombre des mesures applicatives du service. J’ai hâte que tu me validies ce système, pour conserver je l’espère un semblant de crédibilité me permettant de présenter l’étape suivante :
(les grands disquaires de type FNAC, les grands groupes de télévisions comme Canal+… tous en profiteront…) :-) Comme Quoi, faire la méga fête, ça m’a drôlement inspiré :-)
*genium*

Messages : 382

Dim 08 Jan, 2006 09:45

Admettons ... Pourquoi pas ...

Le seul truc sur lequel je tique toujours, c'est quand tu dis :
Et bien, si cette industrie n’est rien sans abonnés, elle n’est rien sans artistes. Elle vit et s’enrichit du talent de nos artistes. Il sera normal qu’une part importante de ce gâteau revienne à nos artistes. Dans ce modèle, nos artistes ne vont pas s’appauvrir mais s’enrichir, et cela sera tout à fait normal.

Les maisons de disque actuellement ne sont rien sans artistes ... mais ça ne les empêche pas de profiter d'eux et se garder la plus belle part du gateau alors qu'il ne font rien d'autre que d'aligner des CD dans des rayons.

Dans ton modèle, il faut encore que tout le monde s'accorde à dire que les artistes produisent des oeuvres et que donc ils devraient être rémunérés en conséquence, grands comme petits, alors que les maisons de disque produisent des galettes en plastique et devraient être rémunérées en conséquence.

Mais bon, admettons que ça marche ... On retombe dans une variante l'univers forfaitaire décrit par vslash qui me donne froid dans le dos. Peut-être est-ce la solution équitable ... mais elle n'est pas bien reluisante ...
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Wolfen,
http://damien.mauran.free.fr
wolfen

Messages : 115

Dim 08 Jan, 2006 16:29

*genium* a écrit:Bref, un service d’échange illimité des œuvres sur les réseaux Peer to Peer [s]à prix forfaitaire par l’instauration d’une licence globale[/s] va les aider aussi à vendre leurs autres services payants… Les sommes qui vont circuler sont tout bonnement ASTRONOMIQUES !!
Juste une petite interrogation : si on enlève « à prix forfaitaire par l’instauration d’une licence globale », ça ne change rien à la logique te ta première phrase, et à peine des broutilles aux sommes astronomiques. Non ?
Je suis tout à fait d'accord avec ton propos (amputé de ...) et absolument pas convaincu de la légitimité du forfait en question.
J'ai le sentiment que la licence globale est surtout un alibi, une justification comme tu disais un peu plus haut.
La taxe pour copie privée qui s'applique à tous les supports enregistrables est déjà un alibi ou une justification de la même espèce et j'ai déjà eu l'occasion de dire à quel point je la trouve indécente - je ne télécharge, pour ainsi dire, pratiquement pas de musique ou de films mais j'utilise beaucoup de CD pour y graver mes programme et mes donnés, pire : j'utilise beaucoup (des dizaines) de CD pour graver des distributions et live-CD Linux et autres trucs libres, des "trucs" qui nous sont gracieusement offerts par des bénévoles et sur lesquels nous payons la dîme pour copie privée, je trouve ça absolument indécent, je ne trouve pas d'autre mot -
La licence globale, à mes yeux, y ressemble à s'y méprendre.
Je m'intéresse donc à ce que ces taxes permettent de justifier, mais surtout à leur propre justification et légitimité, ainsi qu'aux autres options / vois possibles (d'où mon intérêt pour ce fil et la voie énoncée par Dana).

Wolfen a écrit:En fait, je pense que ce qui choque, c'est surtout le terme "pirate", non ?
Non, le terme lui même n'est pas le plus important à mes yeux, c'est plutôt la démarche délibérée de diabolisation de l'adversaire (le fan ou le client, étrangement) que le choix de ce mot montre clairement. C'est pour ça que je disais « les pirates, ça se pend haut et court ».
Si on fait d'aussi massives campagnes de bourrage de cranes destinées à faire admettre aux gens que « copier c'est du piratage » et que « ceux qui copient sont des pirates », c'est bien que l'on veut en arriver à « pendre ces pirates haut et court », et non à faire des choix de société équilibrés et raisonnables.
« On ne négocie pas, on ne discute pas avec des pirates, on les empêche de nuire ! ».
C'est bien le fil conducteur et le but de la rhétorique ses majors sur la copie privée et le téléchargement.

Il y a un autre truc qui me chiffonne, c'est que, tous les deux (wolfen et *genium*), vous prenez argument du changement de nature de la copie (coût, échelle, facilité, qualité, ...) induit par l'aire du numérique pour justifier un changement de légitimité du choix de société qu'est le droit de copie pour usage privé.
Bien sur que le numérique change radicalement la donne et incite à repenser les choix de société, mais il faut aussi prendre un peu de distance, ne pas s'emballer et croire que c'est la première fois qu'il se produit un changement d'une telle ampleur, qui change aussi radicalement la donne.
Il n'est pas inintéressant de regarder un peu en arrière et de voir ce que l'histoire a fait dans des cas comparables.

L'invention de l'imprimerie est un bon exemple.
A cette époque l'église catholique avait le quasi-monopole de la copie et distribution des livres manuscrits, copiés par des moines au sein des couvents, c'était souvent l'essentiel de leurs activités et ça leur donnait le monopole sur la diffusion de la culture.
L'imprimerie a permis de réduire à presque rien (en comparaison) le coût de copie d'un livre et de diffuser en quantité des livres de qualité irréprochable.
L'église n'a pas du tout apprécié de perdre le monopole de l'édition, ni la valeur des livres que leur conférait leur rareté, ni le travail de tant de moines.
Elle n'a pas apprécié ... dans un premier temps, ensuite elle s'est aperçue que le livre le plus diffusé (surtout au début de l'imprimerie, donc tout de suite) de tous les temps n'est autre que le bible.
L'église à compris son intérêt et a cessé de qualifier l'imprimerie d'instrument du diable.

Plus proche de nous, il y a un exemple plus semblable à la révolution du numérique, c'est ... la révolution du numérique !
Le piano mécanique avec ses bandes perforées (du binaire donc).
Cet engin introduisait lui aussi un changement à la nature même de la musique, de sa reproduction et de sa diffusion.
Il n'était plus besoin de musiciens ou d'orchestre pour faire un concert ou un bal, il suffisait d'une de ces machines et d'un peu de carton perforé pour faire des représentations publiques (même pas de la copie privée).
Ce changement était tout à fait du même ordre que la copie numérique ou l'échange en P2P.
Il fut violemment dénoncé et combattu pour l'incontestable danger qu'il représentait pour les musiciens et la création musicale.
Comment tout ça a été réglé ? par lalégalisation pure et simple du procédé en échange d'une sorte de licence globale de deux cents (l'histoire que j'ai lu se déroulant aux USA).
Et les artistes, y ont-ils perdu ?
Pas le moins du monde, ils y ont surtout gagné en notoriété et recettes induites.
Au bout du compte, cette taxe de deux cents n'avait d'autre justifiquation que celle d'être un alibi.

Voilà, c'était juste pour montrer que, historiquement, les pirates n'avaient pas tous des jambes en bois, des crochets au bout d'un bras et un sabre entre les dents.

Toujours pour l'histoire, je me suis laissé dire que les pirates de l'île de la tortue avaient inventé un système de sécurité sociale, d'assurance invalidité, de retraite, ... fort enviable et humain.
Comme quoi, la flibuste, ça peut conduire à tout et son contraire !

PS : je ne voudrais surtout pas que mon message vienne interrompre votre dialogue en cours qui me paraît très intéressant.
birin

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