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Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Jeu 15 Déc, 2005 18:15

Martin_D a écrit:Moi ce qui me choque le plus en tant que juriste, c'est l'instauration d'un collège de médiateurs prétendument impartiaux pour juger de litiges; en vertu de quel principe créé-t-on une juridiction exceptionnelle pour les MTP ?


En vertu de la technicité de la matière, c'est pas mal comme réponse, non ? La création d'une juridiction exceptionnelle (en fait, plutôt une AAI) n'a rien de choquant. Si c'est pour qu'on se retrouve avec une juxtaposition de décisions de tribunaux incohérentes comme c'est le cas en matière de p2p...
jesuiscontre

Messages : 51

Jeu 15 Déc, 2005 18:43

Martin_D a écrit:Le 2° fait référence aux logiciels destinés à contourner les MTP. Il est, selon moi, prématuré de penser que chaque logiciel coutourant une MTP tombera sous le coup de cet article, en effet seuls les lociciels destinés à contourner les MTP sont incriminés, or les programmes comme VLC ont pour but de visionner un DVD et pas de cracker la sécurité. Le contournement de la MTP n'est qu'un moyen et non une fin.

En conséquence il est évident que les logiciels tombent sous le coup de la loi s'ils ont pour but essentiel de détourner les mesures techniques...


VLC permet de visionner des DVD mais également de transformer un flux vidéo comme un DVD vers un autre format (sans MTP). Un exemple d'utilisation consciente et légale (aujourd'hui) serait de copier de cette façon des DVD sur un disque dur pour les regarder sur un ordinateur portable en voyage.
François Battail

Messages : 337

Ven 16 Déc, 2005 03:45

VLC permet de visionner des DVD mais également de transformer un flux vidéo comme un DVD vers un autre format (sans MTP). Un exemple d'utilisation consciente et légale (aujourd'hui) serait de copier de cette façon des DVD sur un disque dur pour les regarder sur un ordinateur portable en voyage.


En tout cas un amendement prévoit que la copie privée ne peut être inférieure à 1. Faible consolation, me direz vous, mais d'autre amendements concernant l'interopérabilité sont aussi au rendez-vous. De plus dans votre cas VLC n'aurait pas pour but direct de contourner la MTP mais de "copier de cette façon des DVD sur un disque dur pour les regarder sur un ordinateur portable en voyage", donc d'utiliser VLC aux fins de copie privée comme dans le cadre actuel... M'est avis que cela se plaide, d'autant que, s'agissant de contrefaçon et donc de loi pénale, l'interprétation de la loi est stricte, donc favorable à ce genre d'interprétation...

En vertu de la technicité de la matière, c'est pas mal comme réponse, non ? La création d'une juridiction exceptionnelle (en fait, plutôt une AAI) n'a rien de choquant. Si c'est pour qu'on se retrouve avec une juxtaposition de décisions de tribunaux incohérentes comme c'est le cas en matière de p2p...


Bof... La technicité de la matière n'a pas empècher la loi de définir une liste certain nombre de tribunaux compétents en matière de brevets, pourquoi ne pas créer de même une liste de tribunaux compétents en cette matière ? Le problème du collège est que d'une part il ne sera pas impartial et que d'autre part il risque d'être fortement engorgé (ce qui peut être un moyen d'action des tenants de la loi -par exemple- pour empècher la résolution rapide des litiges relatifs aux MTPs).
Je reste persuadé que la seule personne compétente pour appliquer et interpréter la loi reste le juge et que créer une juridiction de médiateurs reviendrait à constituer un bloc juridique distinct du droit commun s'agissant des MTPs, ce qui n'a pas lieu d'être (ou alors on crée un collège de médiateurs pour chaque branche du droit, mais bon...)
Quant aux téléhargement illégal P2P, ce n'est pas le sujet, mais il semble à présent établi que la jurisprudence s'unifie, du moins sur le fond, en condamnant l'upload et non le download (pour résumer).

Au sujet de la technique, n'étant pas informaticien, j'ai du mal à voir la différence entre un logiciel libre permettant de libre un DVD protégé par une MTP et un logiciel propriétaire permettant de lire ce même DVD. Finalement Microsoft (cause Media Player) ou cyberlink (cause PowerDVD) n'auraient-ils pas eux aussi leur mot à dire puisque finalement eux aussi contournent une MTP (DeCss si je ne m'abuse) ? Pour le cas où ce ne serait pas la lecture de DVD/CD qui serait incriminée, merci d'éclairer ma lanterne, merci d'avance ! ^^
Martin_D

Messages : 20

Ven 16 Déc, 2005 07:26

Martin_D a écrit:Le 2° fait référence aux logiciels destinés à contourner les MTP. Il est, selon moi, prématuré de penser que chaque logiciel coutourant une MTP tombera sous le coup de cet article, en effet seuls les lociciels destinés à contourner les MTP sont incriminés, or les programmes comme VLC ont pour but de visionner un DVD et pas de cracker la sécurité. Le contournement de la MTP n'est qu'un moyen et non une fin.

En conséquence il est évident que les logiciels tombent sous le coup de la loi s'ils ont pour but essentiel de détourner les mesures techniques...


Oui. Mais il faudrait être encore plus clair sur les termes et utiliser directement ceux du texte. On lit bien au L335-3-1. 1° du DADVSI les mots « altérer la protection ». Un logiciel de lecture n'altère pas la protection car il ne crée pas de version alterne de l'œuvre avec d'autres DRM, voire sans DRM. Il permet le visionnage de l'œuvre. Ce qui est délictueux c'est d'altérer la protection. Du coup DeCSS intégré dans un simple lecteur de DVD, sans permettre de diffuser l'œuvre, ne serait pas délictueux ? Par contre ce même DeCSS intégré dans un logiciel visant à ripper un DVD serait délictueux, car il altèrerait la protection. Mais je me trompe dans mon emploi du langage: ce n'est pas DeCSS qui serait ou non délictueux, mais le logiciel qui en fait usage. Mais peut-être y a-t-il un amendement à cet article dont je n'aurais pas connaissance qui reformulerait le terme « altérer » ?

Reste le problème de la diffusion de ce contournement, non autorisée par le DADVSI.

C'est là qu'il faut se tourner vers l'amendement n°195 qui place différentes exceptions à la recherche et à la diffusion de contournement des DRM, et notamment celui-ci : « l'interopérabilité d'un logiciel créé de façon indépendante ». Cette fois il me semble manifeste qu'un logiciel permettant la lecture, dans le cadre de l'interopérabilité d'un logiciel avec un format définit n'est pas délictueux.

Cela ne résoud cependant pas le problème de VLC. Il sera non autorisé à utiliser DeCSS car il permet une diffusion de l'œuvre sur un réseau. Diffusion qui altère la protection des DVD, ce qui du même coup entraîne une contrefaçon (d'après la reformulation de la contrefaçon). Le problème reste entier. Une solution pourrait peut-être consister à avoir VLC nu, c'est-à-dire sans contournements de DRM, mais pouvant utiliser - via un système de plugins par ex - des extentions qui pourraient être propriétaires et donc utiliser les DRM - à charge des personnes les utilisant de s'acquitter de la licence. Le logiciel pourrait alors rester libre et légal, mais cela risque de devoir demander un changement de licence, la GPL étant incompatible avec un tel comportement. Je ne sais même pas si la LGPL le permet.

Cela ne résoud pas non plus le pbm des limitations de lecture dans le temps ou dans le nombre d'une œuvre, ce qui s'apparente beaucoup plus à un droit de location. S'il est possible de contourner le DRM pour lire l'œuvre, alors on peut passer outre cette limitation. Est-ce altérer la protection ? Stricto senso: non. Ce n'est pas un usage autorisé pour autant... En même temps il suffit de voir l'insuccès des DVD auto destructibles pour douter du succès futur de tels comportements. À moins de le forcer. Mais bon : dérive totalitaire. Je ne suis pas sûr que cela passe.

Martin_D a écrit:beaucoup d'amendements en cours ont pour but d'améliorer la loi en élargissant les cercle des établissements recevant des autorisations de copie privée aux bibliothèques, centre de formation des fonctionnaires, recherche scientifique, associer l'auteur et l'interprète aux MTP, les webradios, l'interopérabilité...?


Je plussoie. Je viens de lire nombre d'amendements positifs dans les derniers amendements mis en ligne. Notamment les exceptions pour l'enseignement supérieur et la recherche [172], les bibliothèques dans le cadre normal de leurs activités. Mais aussi les amendements concernant la sécurité informatique - déclaration à la CNIL et au DCSSI des DRM afin de vérifier qu'il ne contiennent pas de spyware [190/191]. Ainsi que l'imposition de formats ouverts pour le dépot légal d'œuvres numériques ! L'argument des bibliothèques du dossier d'EUCD.info semble tomber à l'eau.

[hr]
Il reste cependant un point important: les logiciels permettant de diffuser, échanger ou partager des œuvres protégées. De ce que j'ai pu lire dans ce post, il serait possible d'attaquer des logiciels type Apache, FTP ou IIS. Or ces logiciels sont manifestements utilisés de manière parfaitement licites. Et imaginez donc un peu qu'un juge déclare illicite Apache par ex. Imaginez-vous l'impact économique rien que sur la France d'un tel jugement ? D'autant plus que cela ferait jurisprudence, et tous les logiciels alternes seraient eux aussi touchés, un par un. Le protocol lui-même ne gère pas les DRM, et encore moins les standards du W3C. Pourtant une page HTML peut contenir un livre !

Si on va dans cette voie là, il faut revenir à une époque antérieure à l'informatique. Ce n'est pas possible. Même déclarer un logiciel de FTP (eg: proftpd ou pureftpd) illégal c'est compromettre nombre de société d'hébergements.

Non ce qui est visé par l'amendement VU/SACEM/BSA ce sont les logiciels dits sociaux, les réseaux de partage [Aparté: pour eux il est inconcevable de partager la culture, car celle-ci - et cela inclut les idées - n'est pas l'apanage de tous, mais d'un groupe restreints de propriétaires qui se réservent tous droits dessus. Conception bien entendu radicalement incompatible avec l'idée d'une culture libre, partageable et commune]. Je pense que c'est cette notion de partage qui est indirectement attaquée par cet amendement. Si cela est réel, alors c'est très grave, car cela viserait directement toute économie alterne. Cependant si cela venait à être montré alors il serait « facile » d'attaquer les industries de la culture pour abus de position dominante visant à écraser toute concurrence émergente. Pour le moment elles se cachent derrière la concurrence déloyable en brandissant le garde fou du piratage. Pour le moment.

C'est là qu'interviennent les amendements [notamment les n°184 à 188] visant à une redevance sur l'abonnement Internet permettant de légaliser l'usage actuellement ilicite des réseaux de partage pour y partager des œuvres protégées. Les industries de la culture n'en veulent pas, et brandissent la concurrence déloyable face à leurs offres légales (actuelles et à venir). Ce à quoi l'amendement répond:

Les internautes qui ne téléchargent jamais de fichiers protégés, ou qui ne le font qu'en ayant recours aux services de plateformes payantes, et qui ne procèdent à aucun acte d'échange de fichiers, ne sont pas obligé de verser une rémunération forfaitaire ; N'étant pas imposée aux internautes, elle ne nuit pas au développement des offres commerciales nouvelles (iTunes, Yahoo, Playloud...)

D'autant plus qu'il ne s'agit pas de concurrence déloyale - car il ne s'agit pas d'une société particulière - mais plutôt de fournir un cadre légal en protégeant le consommateur tout en permettant une rétribution des ayants droits. Mais aussi et c'est le plus important: de respecter l'exception à la copie privée. Et c'est en ça qu'il ne s'agit pas de concurrence déloyale. Sans compter qu'elle déresponsabilise le logiciel, les éditeurs de logiciels et replace la responsabilité sur le seul acteur qui réalise un usage illicite: celui qui partage des œuvres protégées sans s'acquitter de la redevance. Soit sur l'utilisateur qui ne respecte pas le cadre légal.

Il y reste cependant une imprécision qu'il faudrait faire remonter rapidement à M. Suguenot, car il est écrit « et qui ne procèdent à aucun acte d'échange de fichiers ». Il n'est pas précisé le mot « protégés », alors qu'il l'est la ligne précédente. Il pourrait alors devenir illicite de partager des œuvres et logiciels libres, voire des œuvres du domaine public (!) sans s'acquiter de la dîme.

L'exposé sommaire finit sur ces mots, que je ne résiste pas à vous faire partager:

la légitimité à télécharger et à échanger de bonne foi des œuvres sur Internet ne pourra plus être contestée.

Du coup que devient l'amendement VU/SACEM/BSA dans ce cadre ? Pas grand chose à mon avis, car ils rendraient illégaux des logiciels dont l'utilisation est légale sous certaines conditions indépendantes au logiciel et à son éditeur. Hum. Question de bon sens: irrecevable.

Maintenant qu'en dit un juriste ? Ces interprétations sont-elles valables ? Elles sont de toutes façon sujettes à l'adoption des amendements sus-cités.

Note: afin de me présenter car cela se fait: je suis Julien PORTALIER, étudiant en Master de Philosophie. J'ai notamment travaillé l'an dernier sur un mémoire intitulé l'œuvre d'art à l'ère du numérique, dans lequel je réfléchissais au pbm de la transposition des œuvres d'art du monde analogique au monde numérique (de façon plus ou moins intéressante ou convaincante). Actuellement je travaille sur la culture et Internet pour un second mémoire. Bien entendu je suis amené à m'intéresser au futur de notre culture. J'ai donc attaqué il y a quelques heures la lecture des textes du projet de loi DADVSI et à ses amendements. Je tente donc d'afuter mes connaissances, tout en faisant avancer le débat en participant de manière active à ce forum. Même s'il est, et je le reconnais, un peu tard. Il n'est cependant jamais trop tard.
JMG

Messages : 7

Ven 16 Déc, 2005 07:30

Martin_D a écrit:Au sujet de la technique, n'étant pas informaticien, j'ai du mal à voir la différence entre un logiciel libre permettant de libre un DVD protégé par une MTP et un logiciel propriétaire permettant de lire ce même DVD. Finalement Microsoft (cause Media Player) ou cyberlink (cause PowerDVD) n'auraient-ils pas eux aussi leur mot à dire puisque finalement eux aussi contournent une MTP (DeCss si je ne m'abuse) ? Pour le cas où ce ne serait pas la lecture de DVD/CD qui serait incriminée, merci d'éclairer ma lanterne, merci d'avance ! ^^


D'un point de vue théorique les MTP ne peuvent pas être efficaces car c'est une utilisation détournée des principes fondamentaux de sécurité. En effet il s'agit au final d'acheminer un contenu en clair (non crypté) au consommateur, dès lors tous les éléments dont certains censés être secrets se retrouvent au même endroit au même moment ce qui implique que le décryptage est possible (possible ne voulant pas forcément dire facile). À partir de ce constat, la seule « solution » possible est de se réfugier dans l'obscurantisme c'est-à-dire de cacher les méthodes utilisées et de rendre illégal toute communication ou information sur les « techniques » utilisées. Le logiciel propriétaire étant par essence fermé (pas d'accès public au code source) cela complique sensiblement le travail de mise au point d'un mécanisme compatible de décryptage, en revanche dans le logiciel libre, le code source étant disponible, il est très facile pour quelqu'un du métier de modifier le logiciel de telle sorte qu'il ignore les verrous empêchant la copie.
En sortant du cadre des DVD, en informatique tout contenu est un fichier ou un flux. Les couches élémentaires d'un système manipulent ces flux et ces fichiers sans interprétation (couche transport), par exemple le rôle du protocole http est d'acheminer d'un point à un autre un fichier quel qu'il soit, y compris un contenu « soumis à une MTP » ou un contenu dont la MTP aurait été supprimée. Dès lors la logique de l'obscurantisme voudrait qu'en tout point il y ait des tests pour s'assurer qu'à aucun moment un contenu soumis à des MTP ne puisse entrer sans passer par un circuit « officiel » ce qui appliqué à un réseau mondial de quelques centaines de millions de machines est... délirant et utopique.
J'espère que mes propos ne sont pas trop obscurs ;-)

edit : typo
François Battail

Messages : 337

Sam 17 Déc, 2005 02:02

JMG, j'ai lu avec intérêt votre réaction et me suis replongé dans la loi et dan son article 13. En "quotant" la loi dans son 2°, j'ai volontairement laissé tombé le 1° car il est -selon mon avis de petit juriste de 5em année- extrèmement mal fichu au regard du droit pénal.

Dans son intégralité, cela donne :
[quote=]« 1° Le fait pour une personne de porter atteinte, en connaissance de cause, à une mesure technique mentionnée à l'article L. 331-5 afin d'altérer la protection, assurée par cette mesure, portant sur une œuvre ;[/quote]

Déjà l'expression "porter atteinte" est floue : entend-on par là modification ? Décompilation ? Révélation au public ? Cela me semble beaucoup trop imprécis (c'est peut-être volontaire, mais cela est donc sujet à appréciation du juge...).
Ensuite l'expression "en connaissance de cause" et "afin d'" prouvent nettement la volonté d'inclure un élément intentionnel particulier de "la personne". Il s'agierait d'un dol spécial (c'est à dire une volonté particulière de commettre un fait particulier). Ce délit de contrefaçon suppose donc la volonté de "cracker" le système de protection. Une webradio diffuse-t-elle ses chansons pour porter atteinte à une MTP ? Je ne le pense pas.
Pour ma part, selon le principe d'interprétation stricte de la loi pénale, il faut réduire le champ de l'expression "porter atteinte" au maximum.

J'ai du mal à être clair sur ce point (vu l'heure tardive ce n'est pas très étonnant ^^) mais j'espère que vous saisirez les nuances que je tente de montrer.

François Battail, il va falloir que je dorme un peu afin de comprendre l'intégralité de vos propos, je me suis quelque peu noyé dans vos paroles ^^. Ceci est d'ailleurs tout à fait révélateur : sur ce sujet il faut à la fois être politicien, informaticien et juriste pour comprendre l'intégralité du problème...
Martin_D

Messages : 20

Sam 17 Déc, 2005 11:16

La traduction de la conférence de Cory Doctorow n'est pas trop technique et illustre bien le ridicule de la situation engendrée par l'introduction des DRM.
François Battail

Messages : 337

Sam 17 Déc, 2005 17:19

JMG, j'ai lu avec intérêt votre réaction et me suis replongé dans la loi et dan son article 13. En "quotant" la loi dans son 2°, j'ai volontairement laissé tombé le 1° car il est -selon mon avis de petit juriste de 5em année- extrèmement mal fichu au regard du droit pénal.

Oui,mais à mon avis c'est la loi complète avec ses amendements qui sera totalement mal fichue. Il suffit de voir les incompatibilités entres amendements, les zones de flous et le bon sens des juges face à l'économie de la France pour se dire que ce sera un joyeux bordel de jurisprudence.

Il est vrai que ce 1° est mal fichu. Bon, reprenons :

* Il interdit de « porter atteinte » à la MTP. Donc interdiction d'un acte. Pbm: quel acte et quelle portée ?
* Il précise « en connaissance de cause ». Donc interdiction d'une recherche active, donc un motif intentionnel de l'acte.
* Il conditionne l'acte : « afin d'altérer ». Donc re-motif intentionnel (afin de), mais aussi précision : « porter atteinte » revient à « altérer » la MTP.

Ceci exclue donc les actes autres qu'une altération de la MTP. Il n'interdit pas l'acte de rechercher comment le faire, tant qu'on ne le fait pas effectivement ? C'est flou.

Prenons la définition d'un dictionnaire, et pas n'importe lequel mais celui de l'académie, tant qu'à faire :

Altérer : 1- Rendre autre, changer, modifier. 2- Modifier en mal, détériorer, dénaturer, dégrader. Changer la vraie nature d'une chose, falsifier. Se modifier en mal, se gâter.

Un logiciel de lecture intégrant une mesure de contournement d'une MTP (eg: DeCSS qui contourne le CSS des DVD) altère-t-il le DVD ou même le CSS ? Selon le dictionnaire de l'académie: non. Car lire un DVD via DeCSS n'altère pas la MTP. ou alors lire un DVD serait considéré comme altérant la MTP mise en place et alors 1- la notion d'altération changerait de sens et 2- tout logiciel de lecture serait interdit de fait, même ceux autorisés ! Car l'un comme l'autre fonctionnent exactement de la même manière: transformation d'un flux chiffré en un flux déchiffré permettant la lecture et le visionnage du DVD. Tous deux altéreraient la MTP.

Par contre créer un DIVX à partir d'un DVD altère la MTP dans le sens où elle permettrait la création d'une copie qui ne contiendrait pas la MTP. Quoiqu'on puisse pousser l'interprétation du mot « altérer ». En créant une copie d'un DVD je n'altère en rien le DVD ni la MTP, je crée une autre instance de ce fichier. Certes cette instance n'a pas de MTP, mais l'original n'a pas été modifié, ni changé, ni rien. Ce qui serait alors illégal ce serait de faire sauter la MTP du fichier original en modifiant directement ce fichier. Mais en créant une copie ?

Bon c'est une interprétation limite - n'empêche que pour un projet de loi visant à clarifier les choses, c'est limite de les complexifier. L'interprétation ci-dessus est limite car altérer veut aussi dire « changer en mal » Ce qui implique un changement. Mais un changement de quoi ? De la MTP ? Mais elle n'est pas changée car le DVD, par exemple, reste tel qu'il est !

Il reste cependant le terme de « falsification », dont l'interprétation est assez floue elle aussi. Regardons encore une fois le dictionnaire de l'académie :

Falsifier: Action de donner une fausse apparence à, de dénaturer, de modifier.

En copiant un DVD vers un fichier DVIX, je ne donne aucune fausse apparence: le MTP a disparu, je ne trompe personne. Reste toujours le même flou: la zone de dénaturation, de modification...

On pourrait aussi discuter le terme « d'altérer » qui implique un changement « en mal ». Or je peux en faire un usage non mauvais (cf. l'exemple de Cory Doctorow où quelqu'un copie un DVD sur VHS pour éviter que ses enfants ne confiturent le DVD, elle préfère jeter des VHS que devoir racheter x fois le DVD). Est-ce changer en mal ? Non, c'est passer autre une non-autorisation. Ce n'est pas pareil. Ou alors ça revient à diaboliser le consommateur lambda. Et c'est toujours mauvais de diaboliser son consommateur, il risque d'en avoir marre assez rapidement et de ne plus consommer (cf. l'exemple personnel de Cory Doctorow qui ne peut plus lire légalement ses fichiers itunes sur ses portables Apple).

Pour que le 1° soit clair, il faudrait dire : « coutourner sans autorisation afin de créer des œuvres dérivées ou copiées ne comprenant pas la mesure technique. » Que je sâche, ce n'est pas le cas de ce 1°. Résultat la seule chose qu'il interdit c'est de modifier un fichier pour y faire la sauter la protection. Donc il est explicitement interdit de tracer un coup de feutre sur son CD pour faire sauter la MTP empêchant de le lire sur certains ordinateurs (et certains autoradios). Par contre le copier... Si on passe dans le monde purement numérique avec des fichiers, c'est beaucoup plus simple et facile: il suffit de lire le fichier original avec une mesure de contournement et de créer un autre fichier, sans la MTP.

Résultat: que vaut la suite qui s'appuie sur ce premier point ? Pas grand chose, car les cas d'applications sont extrèmement limités.

Et encore, c'est sans parler des amendements suivants: déclaration des MTP à la CNIL et à la DCSSI ; ainsi que celui sur l'intéropérabilité et la recherche en inforamtique ; ou encore celui de l'exception pour la recherche et les bibliothèques ainsi que le dépot légal. Ils viennent tous clarifier des points, posent des exceptions, etc. et finalement limitent de plus en plus les applications des MTP aux seuls concommateurs lambdas qui dans quelques temps se rendront compte qu'on se fout activement de leur tronche, et alors là ils iront acheter autre chose.

Battail: cette conférence est tout bonnement excellente et résume bien les 3 livres de Lawrence Lessig sur le sujet. Un must-read bien entendu :)
JMG

Messages : 7

Dim 18 Déc, 2005 18:41

JMG, je suis tout à fait d'accord avec votre interprétation, il faudrait toutefois s'appuyer sur des définitions plus juridiques qu'académiciennes (notamment sur la falsification).
En second lieu, sur les amendements se contredisant, cela n'est pas très étonnant vu l'absence d'unité au sein de l'hémicycle de nos chers députés.

Enfin, j'aurais aimé savoir quelle était la différence entre un programme open source (VLC), un programme propriétaire (Windose média player) et un programme inclus dans un lecteur dvd puisque dans tous les cas quand je met mon dvd dans le mange disque, un film apparaît à l'écran. Tous les appareils n'utilisent pas de DeCss, si ?
Martin_D

Messages : 20

Dim 18 Déc, 2005 20:48

Martin_D a écrit:Enfin, j'aurais aimé savoir quelle était la différence entre un programme open source (VLC), un programme propriétaire (Windose média player) et un programme inclus dans un lecteur dvd puisque dans tous les cas quand je met mon dvd dans le mange disque, un film apparaît à l'écran. Tous les appareils n'utilisent pas de DeCss, si ?


VLC et Windows Media Player pour lire le DVD doivent le déchiffrer donc utiliser l'algorithme DECSS. Un algorithme étant une idée mathématique il n'est donc pas brevetable (en Europe), la réalisation de la couche DECSS qu'exploite VLC (et d'autres) a été obtenue par rétro-ingénierie sans violer aucune loi. La « protection » des DRM réside dans le fait que l'algorithme n'est pas public.

Les logiciels open source sont en open source ! Donc le code source du DRM est exposé au public et l'algorithme n'est plus secret.
François Battail

Messages : 337

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