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Page 14 sur 23Précédent 1 ... 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17 ... 23 SuivantReporters Sans Frontières critique la loi Sarkozy

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Lun 12 Mars, 2007 18:59

il y a beaucoup trop de textes ces derniers temps qui voudraient réserver l'information aux professionnels, c'est un mouvement inquiétant (même s'ils n'y parviennent pas tous comme leto_2 vient de le démontrer)

Les raisons ?
- cadeaux aux médias pour être bien traité en retour en période électorale
- volonté + ou -consciente du politique de ne pas laisser l'information sans contrôle (avec toutes les dérives possibles et imaginables)
Linux : il y a moins bien, mais c'est plus cher
http://libre-ouvert.toile-libre.org/
antistress

Messages : 3854
Géo : Ile de France

Lun 12 Mars, 2007 21:27

Forest Ent a écrit:Très brillante démonstration, duc Leto.


tu te trompes d'interlocuteur. ;-)

Forest Ent a écrit:Mais je suis un peu perplexe et gêné, parce que ce n'était pas la question posée :


comme tu l'auras constaté, ma réponse dépasse le cadre de ta seule question, pour essayer de répondre également à d'autres. Les clés de ta question sont donc dedans (cf. la suite)

Il n'est pas dit du tout que le juge devra chercher à savoir si l'accusé est effectivement complice du délit originel. La question ne se pose plus, puisque tranchée par la loi qui dit que filmer est une complicité.


non, filmer est une condition nécessaire, mais elle n'est pas une conditions suffisante (et là je te renvoie à ma réponse).

Forest Ent a écrit:j'ai filmé sciemment un délit visé sans être journaliste ni sans intention de ... donc je suis coupable, même s'il n'y avait en pratique aucune complicité avec le délit. Donc on vient de créer un "délit de cinéma". Vrai ou faux ?


Voilà, là tu te rapproches de ce que dit la loi (avec une réserve sur le terme journaliste, cf. la suite).
Délit de cinéma, je te laisse l'opportunité de l'appellation, mais délit : vrai, c'est ce que prévoit cet article.
Mais n'oublie pas un point essentiel : qui doit prouver l'existence du délit.

Forest Ent a écrit:Pour revenir à la bavure, tu démontres (clairement) qu'il est possible de s'exonérer en transmettant la cassette à la justice.


non, je n'ai pas dit ça (d'autant que je répondais à l'hypothèse que tu soumettais où précisément il n'y avait plus de cassette !).
Même pas besoin de la transmettre, j'ai proposé plus simple que cela.

Forest Ent a écrit: Je n'en doutais pas. Cela revient à faire de tout filmeur non agréé un coupable ou un auxiliaire de justice. Imagine que la même obligation s'applique aux journalistes : il n'y aurait plus beaucoup de journaux. Mais qui est journaliste ?


plutôt que demander qui est journaliste, alors que ce n'est pas l'appellation utilisée par la loi, il est préférable de t'interroger sur la formulation qu'elle utilise.
leto_2

Messages : 2305

Lun 12 Mars, 2007 21:57

leto_2 a écrit:
Forest Ent a écrit:Très brillante démonstration, duc Leto.
tu te trompes d'interlocuteur.
J'avais imaginé que tu te référais à Herbert comme moi à Tolkien. :?:

Délit de cinéma, je te laisse l'opportunité de l'appellation, mais délit : vrai, c'est ce que prévoit cet article.
Mais n'oublie pas un point essentiel : qui doit prouver l'existence du délit.

C'est contingent. Admettons pour la beauté de l'exercice que la police retrouve une cassette dans mon caméscope, puis un témoin attestant m'avoir vu filmer. En tout cas, il y a bien "délit de filmer", intrinsèquement, et il me semble que sur ce point nous soyons enfin d'accord. :)

plutôt que demander qui est journaliste, alors que ce n'est pas l'appellation utilisée par la loi, il est préférable de t'interroger sur la formulation qu'elle utilise.

C'est le point que nous avons le plus débattu. Je ne vois pas du tout comment je pourrais m'abriter derrière cette définition s'il me prenait l'envie de faire un petit reportage live.

En tout cas, ton exégèse montre bien comment une justice sereine pourrait ne pas trop tirer parti de ce texte, mais tu as pu constater à nombre d'interventions pas toutes insincères que c'est un point sur lequel il n'y a pas consensus. D'autant que cela s'inscrit dans une tendance générale qui éclaire le contexte d'une coloration plutôt glauque.

Laisse moi te poser la question directement : ce texte est-il à ton avis idiot ou malhonnête, et pourquoi ?
Forest Ent

Messages : 391

Lun 12 Mars, 2007 22:08

Salut,

C'est en suivant ce débat que j'ai voulu m'inscrire sur votre forum. Plusieurs questions me viennent à l'esprit, et je veux donc vous les poser.

Pour commencer, je tenais à remercier leto_2 d'avoir composé son post rempli de droit. Souvent, lorsqu'une loi liberticide passe, beaucoup de juristes s'empressent de nous expliquer ce que nous pouvons encore faire, et comment.
Ainsi, la tentative de leto_2 s'inscrit pour moi clairement dans la même optique que ces juges qui soutiennent des mouvements comme resf en leur expliquant comment détourner les applications strictes de textes de loi. La principale différence serait alors que ces juges ont mieux l'habitude de parler généralement sans trop donner l'impression de ne répondre qu'aux cas particuliers qu'on leur présente. Ce n'est pas une critique, mais ça expliquera ce qui suit.

Sur quoi je suis d'accord avec leto_2 ?
Ca va aller tres vite. Des amis à moi se font tabasser par des policiers, je filme, suis-je complice de la bavure policière ? Quelque soient ses cas de figures, grosso-modo, sa réponse est négative. Et là, je vous assure que je souffle un bon coup, puisque pour rien au monde je n'aurai voulu me rendre complice d'une bavure policière. :D

Qu'on me permette de compliquer un peu le cas, parce que je n'ai vraiment pas besoin d'aller imaginer des policiers qui font disparaitre des preuves... Je n'y reviendrai plus par la suite, parce que je me sens moins concerné qu'odebi, et je trouve qu'on tourne en rond en ne restant que sur le cas des violences policières.
On imagine ici facilement de gentils manifestants impuissants devant les violences policières qu'ils subissent. Mais j'ai aussi des amis qui n'aiment pas du tout se laisser faire. Imaginons que je veuille filmer les actions d'un black block puisque j'habite une ville qui reçoit une grande réunion de l'OMC. Si je filme des moments où ils affrontent la police, suis-je complice ? Ben oui, me semble t-il. Leto_2, tu m'indiqueras où je me trompe sinon.
Sorti de prisons 3 ans après, j'ai ouvert un blog d'information. Dans la rue, je croise une personne qui reconnait ma photo et qui me propose la vidéo d'une bavure policière lors d'un controle qui a mal tourné. La personne se débattant, elle envoie aussi un policier à terre. ITT d'1 jour pour le brave fonctionnaire. Si je souhaite diffuser la vidéo, j'en prend pour un max de 5 ans. Si j'en fais prendre connaissance par la justice, on me demandera probablement comment je me la suis procurée. Si tu as une réponse toute faite à me souffler leto_2, je suis prenneur.
J'en finis donc avec l'exemple des bavures policières. Parce qu'on tourne en rond, je l'ai dit. Parce que ces affaires sont parfois conjointes avec une résistance aux forces de l'ordre qui, dès lors qu'elle serait violente est un délit prévu par le nouvel article Sarkozy, que cette nouvelle loi dans son ensemble présente quantité d'autres dispositions non moins inquiétantes pour nos libertés, qu'elle rente dans une volonté délibérée de jeter encore plus de suspission générale sur les jeunes des quartiers ( c'était déjà des potentiels terroristes, des antisémistes, des sexistes, des voleurs, des dealers, des violeurs en bande, des sauvageons à karcheriser, etc... maintenant, t'as vu ? En plus, ils filment... ).
Ceci dit, je tiens quand même à en rester au problème général soulevé ici. La question du journaliste citoyen appelé DONC à rentrer dans la logique de la délation dès que les infractions nommées par leto_2 sont en jeu.

Le cas que je vous propose m'a été tres sérieusement soumis par un intégriste religieux :D
Nan, j'rigole. En fait, j'me ballade beaucoup sur les forums au hasard des sujets qui m'interesse. Et j'ai ainsi connu un forum d'athées, lemanlake. Vous connaissez ? bref... J'ai ainsi pris connaissance d'un lien redirigeant vers une pétition contre l'excision et qui, peut-être pour mieux convaincre de signer (?), diffuse la vidéo d'une excision. Le plus grand des hasards veut que le site en question vient juste d'être "suspended". C'est vraiment tout récent puisqu'on pouvait encore se rendre sur le site avant hier...
http://www.rationalisme.org/forum_athei ... ght=#15751
J'ai eu quelques petits problèmes de compréhension avec le Père Dralnar, mais je doute vraiment qu'il aurait fait de la pub à un vulguaire site raciste. A part la vidéo que je n'ai même pas voulu regarder plus de 5 secondes, rien ne m'avait vraiment choqué dans les informations diffusées par ce site. A noter que la vidéo était signée d'un certain comité Inter-Africain dont j'ai cru comprendre qu'ils étaient mobilisés pour faire reculer cette pratique. Voilà, je crois avoir bien poser le décor.
Imaginons maintenant que je possède cette vidéo sur mon disque dur. Et que je veuille la diffuser sur un blog, dans le cadre d'un article informant sur cette pratique.
On est donc bien d'accord : je n'ai pas fillmé, je n'ai pas assisté, je suis seulement dans la situation de vouloir diffuser.
Suis-je dans les cas prévus par la loi ?
Je crois me souvenir que oui. Ca m'est d'ailleurs confirmé par un article wikipedia sur le sujet.

En France, l’excision constitue une atteinte à la personne. Elle entre dans le cadre des violences ayant entraînées une mutilation permanente, crime passible en cours d'assise de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende dans le cas général. Lorsque la victime est mineure de 15 ans la peine est portée à 15 ans d'emprisonnement, 20 ans si le coupable est un ascendant légitime (Art 222-9 et 222-10 du Code pénal).


Donc, maintenant, je peux reprendre ton argumentation juridique leto_2

leto_2 a écrit:c'est parti... je préviens les allergiques, ce message contient de vrais morceaux de droits. :wink:

[hr]

I - Rappel : le texte applicable

Le nouvel article 222-33-3 du Code pénal (par commodité, l'article anti happy slapping) comporte 3 alinéas :

le premier vise l'enregistrement,
le deuxième vise la diffusion,
le troisième délimite le champ d'application de l'article, en excluant expressément 2 situations, à raison de la finalité de l'enregistrement.

A - Sur le premier alinéa :

« Est constitutif d'un acte de complicité des atteintes volontaires à l'intégrité de la personne prévues par les articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31 et est puni des peines prévues par ces articles le fait d'enregistrer sciemment, par quelque moyen que ce soit, sur tout support que ce soit, des images relatives à la commission de ces infractions. »

plusieurs conditions sont requises pour que l'infraction soit constituée :
1- le fait d'enregistrer des images
2- sciemment
3- relatives à la commission de ces infractions, c'est-à-dire les « atteintes volontaires à l'intégrité de la personne prévues par les articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31»
  • le fait d'enregistrer des images : tous les enregistrements (« par quelque moyen que ce soit, sur tout support que ce soit »), mais rien que les images (les enregistrements sonores ne sont pas concernés)
  • sciemment : c'est l'élément moral (au sens d'intentionnel) de l'infraction : il faut avoir voulu filmer l'agression, et non l'avoir enregistrée de façon fortuite. S'agissant d'un élément intentionnel, sa preuve peut être difficile à rapporter. En tout état de cause, la charge de la preuve pèse sur l'accusation et le doute profite au prévenu.
  • relatives à la commission de ces infractions, c'est-à-dire les « atteintes volontaires à l'intégrité de la personne prévues par les articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31 »

c'est là que ça devient intéressant :
L'article précise clairement qu'il s'agit d'un « acte de complicité ».
Or, la complicité suppose par définition de se rattacher à une autre infraction principale, que l'on appelle aussi le fait principal punissable.

Ici, pour que l'article 222-33-3 puisse s'appliquer, il faut nécessairement que les actes enregistrés constituent des infractions visées par les articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31, soit :

1. des tortures ou des actes de barbarie (article 222-1)
2. des violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner (article 222-7)
3. des violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente (article 222-9)
4. des violences ayant entraîné une incapacité totale de travail pendant plus de huit jours (article 222-11)
5. des violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n'ayant entraîné aucune incapacité de travail, mais qui rentrent dans l'un des 13 cas énumérés par article 222-13
6. des viols (article 222-23)
7. des agressions sexuelles (article 222-27)
(qui seront donc appelées les 7 agressions de l'article anti happy slapping)

Les conséquences juridiques de ce rattachement :

- S'il est jugé que celui qui est poursuivi comme auteur n'a en réalité commis aucune infraction, celui qui est poursuivi comme complice ne peut être que relaxé.

- Si le fait principal a bien été commis mais n'est pas punissable (car il a été commis en état de légitime défense ; sous l'ordre de la loi et le commandement de l'autorité légitime ; en état de nécessité, etc.) ou plus punissable (prescription par 3 ans pour les délits), alors il ne peut y avoir complicité

- D'un point de vue procédural, la complicité suppose d'abord l'existence d'un fait principal punissable et les juridictions de jugement sont tenues d'en constater la présence et de la caractériser sous peine de voir leurs décisions cassées
(jurisprudence abondante sur ce point : Cass. crim., 1er mars 1886 : Bull. crim. 1886, n° 56. - Cass. crim., 31 juill. 1895 : Bull. crim. 1895, n° 41. - Cass. crim., 12 févr. 1898 : Bull. crim. 1898, n° 63. - Cass. crim., 2 août 1912 : Bull. crim. 1912, n° 442. - Cass. crim., 28 juin 1917 : Bull. crim. 1917, n° 151. - Cass. crim., 1er mars 1945 : Bull. crim. 1945, n° 17 ; D. 1945, p. 265. - Cass. crim., 21 juin 1945 : JCP G 1945, IV, p. 90. - Cass. crim., 20 nov. 1945 : JCP G 1946, IV, p. 14. - Cass. crim., 28 nov. 1957 : Bull. crim.1957, n° 785. - Cass. crim., 2 juill. 1958 : Bull. crim. 1958, n° 513. - Cass. crim., 17 déc. 1959 : Bull. crim. 1959, n° 567. - Cass. crim., 27 déc. 1967 : Bull. crim. 1967, n° 190. - Cass. crim., 13 nov. 1973 : Bull. crim. 1973, n° 414 ; JCP G 1973, IV, p. 420. - Cass. crim., 7 mai 1979. - Cass. crim., 3 déc. 1980 : Bull. crim. 1980, n° 332. - Cass. crim., 1er déc. 1987 : Juris-Data n° 1987-002187 ; Bull. crim. 1987, n° 438. - Cass. crim., 28 mai 1990 : Juris-Data n° 1990-702296 ; Bull. crim. 1990, n° 124 ; Rev. sc. crim. 1991, p. 346, obs. G. Levasseur. - Cass. crim., 4 mars 1998 : Juris-Data n° 1998-001847 ; Bull. crim. 1998, n° 83. - Cass. crim., 14 avr. 1999 : Bull. crim. 1999, n° 81 ; Rev. sc. crim. 1999, p. 809, obs. B. Bouloc).

B - Sur le deuxième alinéa :

« Le fait de diffuser l'enregistrement de telles images est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 EUR d'amende. »

La diffusion (sans précision quant à son mode) est sanctionnée indépendamment de l'enregistrement, mais ne concerne que "de telles images", c'est-à-dire "des images relatives à la commission de ces infractions", c'est-à-dire "des atteintes volontaires à l'intégrité de la personne prévues par les articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31" (les 7 cas précités).

Donc même si la diffusion est érigée en infraction autonome, elle reste cependant étroitement liée au sort de l'enregistrement :
si l'enregistrement n'est pas punissable, la diffusion ne l'est pas non plus.
On raccroche donc son sort à tout ce que l'on vient de voir sur la notion de complicité et ses conséquences juridiques.


Tu es d'accord jusqu'ici leto_2 que tout ce que tu as écris fait de moi un délinquant imaginaire si je veux diffuser cette vidéo dont la censure m'étonne ?
L'excision entre bien dans les 7 articles. Pour posséder cette vidéo, je l'ai bien enregistrée sur mon disque dur. Et je compte en plus la diffuser.
Donc, je suis dans la merde... :D
Le joker du troisième alinéa ? Ben... qu'est-ce que la justice pourraient faire de ces images ? Elles sont manifestement tournées à l'étranger. Me reste plus qu'à constater que cette vidéo est censurable et la faire immédiatement disparaitre de mon disque dur ??
Mais c'est là que revient la liberté d'information leto_2, celle qui est en danger, celle qu'on ne veut réserver qu'aux seuls professionnels de l'info. C'est grave je trouve. Car un journal aurait bel et bien le droit de diffuser cette vidéo. Mais le citoyen, non.
Autre exemple : je veux diffuser des images de skinheads russes s'en prenant violement à un étranger; une fois mis en ligne, un groupe de fafe français porte plainte au nom de l'article de Sarkozy, je fais quoi moi ? Je les diffuserai sciemment ces images si je les avais, au nom de quoi devrais-je m'en priver ? mais surtout, pourquoi devrais-je être obligé d'en répondre devant un juge ? J'peux toujours espérer sa clarvoyance. Elle sera peut-être au rdv. Mais cette volonté de criminaliser l'information alternative en a encore remis une louche avec cet article. Même si je peux filmer une bavure policière. :wink:

Merci de m'avoir écouté.
Vladi

Messages : 55

Lun 12 Mars, 2007 22:17

merci d'avoir parlé

... et bienvenue à toi sur Framagora, tu as eu raison de t'inscrire :wink:
Linux : il y a moins bien, mais c'est plus cher
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antistress

Messages : 3854
Géo : Ile de France

Lun 12 Mars, 2007 22:42

Forest Ent a écrit:
leto_2 a écrit:
Forest Ent a écrit:Très brillante démonstration, duc Leto.
tu te trompes d'interlocuteur.
J'avais imaginé que tu te référais à Herbert comme moi à Tolkien. :?:


pour ça comme pour le reste, il faut le lire exactement, sans quoi on commet des confusions. ;-)

Forest Ent a écrit:
Délit de cinéma, je te laisse l'opportunité de l'appellation, mais délit : vrai, c'est ce que prévoit cet article.
Mais n'oublie pas un point essentiel : qui doit prouver l'existence du délit.

C'est contingent.


qu'est-ce qui l'est ?

Forest Ent a écrit:Admettons pour la beauté de l'exercice que la police retrouve une cassette dans mon caméscope, puis un témoin attestant m'avoir vu filmer. En tout cas, il y a bien "délit de filmer", intrinsèquement, et il me semble que sur ce point nous soyons enfin d'accord. :)


non, tu t'avances trop là et du coup tu rechutes.

Je t'explique :
je disais vrai pour l'existence de l'infraction, dès lors que tous ses éléments constitutifs étaient réunis.
Et j'enchainais alors sur la preuve :
leto_2 a écrit:Mais n'oublie pas un point essentiel : qui doit prouver l'existence du délit.


Toi, tu mélanges les 2 : preuve ("cassette dans mon caméscope, puis un témoin attestant m'avoir vu filmer"), pour conclure à l'existence ("En tout cas, il y a bien "délit de filmer"").
Ce sont deux choses différentes. Exemple : oui, tu tiens ma cassette, tu as autant de témoins que tu veux. Mais tu oublies mon joker de l'alinéa 3 : la finalité de l'enregistrement (la plus accessible : servir de preuve en justice).

Donc la preuve de la cassette, du témoignage, ne suffisent pas. Il y a aussi la finalité. Et je t'ai dit ce que j'en pensais sur sa preuve, je te renvoie à ma longue réponse.

Forest Ent a écrit:
plutôt que demander qui est journaliste, alors que ce n'est pas l'appellation utilisée par la loi, il est préférable de t'interroger sur la formulation qu'elle utilise.

C'est le point que nous avons le plus débattu.


le plus ? oh non, pas eu ce sentiment.

Forest Ent a écrit:Je ne vois pas du tout comment je pourrais m'abriter derrière cette définition s'il me prenait l'envie de faire un petit reportage live.


mais pourquoi tu ramènes tout toujours à toi ? ;-)
J'ai pas dit que tout le monde pourrait en profiter, j'ai demandé si seuls les journalistes pouvaient en profiter, nuance.

Forest Ent a écrit:En tout cas, ton exégèse montre bien comment une justice sereine pourrait ne pas trop tirer parti de ce texte,


l'exégèse, mais aussi la ratio legis et les autres normes hiérarchiquement supérieures qui guident l'interprétation de ce texte

Forest Ent a écrit:mais tu as pu constater à nombre d'interventions pas toutes insincères que c'est un point sur lequel il n'y a pas consensus. D'autant que cela s'inscrit dans une tendance générale qui éclaire le contexte d'une coloration plutôt glauque.


?

Forest Ent a écrit:Laisse moi te poser la question directement : ce texte est-il à ton avis idiot ou malhonnête, et pourquoi ?


mais bien sûr que je te laisse, depuis le début. Ce sujet n'en est-il pas l'éclatante illustration ? :-)
(on discute sans invectives, c'est cela que je demandais)

Et comme d'hab, il me semble y avoir déjà répondu :

leto_2 a écrit:Donc ok, c'est une mauvaise disposition,
inutile car il existait déjà un arsenal juridique présent dans le Code pénal,
dangereuse car rédigée de telle façon qu'elle peut avoir des effets pervers.
Mais poster des messages scandalisés ne suffit pas pour changer la donne.

Pour la neutraliser :
- soit en amont, en modifiant cet article,
et comme nous sommes dans un Etat démocratique, ça se fait par les Parlementaires (élections prochainement)

- soit en aval, par une application neutralisante de la loi,
d'où les discussions sur une interprétation neutralisante de la loi par la jurisprudence
leto_2

Messages : 2305

Lun 12 Mars, 2007 23:04

leto_2 a écrit:il faut le lire exactement, sans quoi on commet des confusions.
Ah d'accord : leto, c'était en fait le pluriel de "léthal" ? :wink:

tu oublies mon joker de l'alinéa 3 : la finalité de l'enregistrement
Si tu veux. Ajoutons encore une hypothèse d'école irréaliste, just for fun : l'accusation a lieu 3 semaines avant prescription, et la cassette n'a jamais été transmise à la justice. On va écrire un roman, bientôt. Disons que le filmeur est collectionneur. ^^

mais pourquoi tu ramènes tout toujours à toi ?
Parce que je suis collectionneur. :D

cela s'inscrit dans une tendance générale qui éclaire le contexte d'une coloration plutôt glauque.
?
LCEN, DADVSI, rapport sur les médias et la labellisation, pressions sur les médias, ...

http://forestent.free.fr/sarko.html

Laisse moi te poser la question directement : ce texte est-il à ton avis idiot ou malhonnête, et pourquoi ?
Et comme d'hab, il me semble y avoir déjà répondu :

leto_2 a écrit:Donc ok, c'est une mauvaise disposition,
inutile car il existait déjà un arsenal juridique présent dans le Code pénal,
dangereuse car rédigée de telle façon qu'elle peut avoir des effets pervers.
Mais poster des messages scandalisés ne suffit pas pour changer la donne.Pour la neutraliser : ...

Et comme d'hab, il me semble que tu ne réponds pas à la question. :D
Relis, tu vas voir. Tu n'es pas jésuite, des fois ?
Forest Ent

Messages : 391

Lun 12 Mars, 2007 23:08

Vladi a écrit:Salut,

C'est en suivant ce débat que j'ai voulu m'inscrire sur votre forum. Plusieurs questions me viennent à l'esprit, et je veux donc vous les poser.

Pour commencer, je tenais à remercier leto_2 d'avoir composé son post rempli de droit.


merci, et bienvenue sur Framagora !

Vladi a écrit:Souvent, lorsqu'une loi liberticide passe, beaucoup de juristes s'empressent de nous expliquer ce que nous pouvons encore faire, et comment.
Ainsi, la tentative de leto_2 s'inscrit pour moi clairement dans la même optique que ces juges qui soutiennent des mouvements comme resf en leur expliquant comment détourner les applications strictes de textes de loi. La principale différence serait alors que ces juges ont mieux l'habitude de parler généralement sans trop donner l'impression de ne répondre qu'aux cas particuliers qu'on leur présente. Ce n'est pas une critique, mais ça expliquera ce qui suit.


que veux-tu dire par cette phrase que j'ai mise en italique ?

(pour le reste, je pense avoir compris, je te réponds pour démystifier cette loi, après une bonne et méritée nuit de sommeil ! :-)
leto_2

Messages : 2305

Lun 12 Mars, 2007 23:24

Forest Ent a écrit:
leto_2 a écrit:il faut le lire exactement, sans quoi on commet des confusions.
Ah d'accord : leto, c'était en fait le pluriel de "léthal" ? :wink:


quand tu auras pris la peine de lire, tu sauras. ;-)

Forest Ent a écrit:
tu oublies mon joker de l'alinéa 3 : la finalité de l'enregistrement
Si tu veux.

C'est pas si je veux, c'est le texte de la loi.

Forest Ent a écrit:Ajoutons encore une hypothèse d'école irréaliste, just for fun


ahlala, tu me rappelles ces étudiants de première année qui découvrent tout émoustillés l'exercice du cas pratique.

Forest Ent a écrit:l'accusation a lieu 3 semaines avant prescription, et la cassette n'a jamais été transmise à la justice.

je ne l'ai pas transmise, mais j'ai déjà envoyé ma lettre-joker en suivant mes conseils... ça t'apprendra à reparler de transmission de la cassette à la justice, bourricot. ;-)

Forest Ent a écrit:On va écrire un roman, bientôt. Disons que le filmeur est collectionneur. ^^


oui, car c'est exactement une fiction. Ca montre à quoi se réduisent les fantasmes sur cet article, c'est très instructif.

Forest Ent a écrit:
mais pourquoi tu ramènes tout toujours à toi ?
Parce que je suis collectionneur. :D

ce n'est pas le mot que j'avais en tête... ;)

Forest Ent a écrit:Tu n'es pas jésuite, des fois ?

vu les sens peu obligeants que je connais de cet adjectif, il serait bon que tu me précises ce que tu entends par là.
leto_2

Messages : 2305

Mar 13 Mars, 2007 00:20

leto_2 a écrit:
Vladi a écrit:Salut,

C'est en suivant ce débat que j'ai voulu m'inscrire sur votre forum. Plusieurs questions me viennent à l'esprit, et je veux donc vous les poser.

Pour commencer, je tenais à remercier leto_2 d'avoir composé son post rempli de droit.


merci, et bienvenue sur Framagora !

Vladi a écrit:Souvent, lorsqu'une loi liberticide passe, beaucoup de juristes s'empressent de nous expliquer ce que nous pouvons encore faire, et comment.
Ainsi, la tentative de leto_2 s'inscrit pour moi clairement dans la même optique que ces juges qui soutiennent des mouvements comme resf en leur expliquant comment détourner les applications strictes de textes de loi. La principale différence serait alors que ces juges ont mieux l'habitude de parler généralement sans trop donner l'impression de ne répondre qu'aux cas particuliers qu'on leur présente. Ce n'est pas une critique, mais ça expliquera ce qui suit.


que veux-tu dire par cette phrase que j'ai mise en italique ?

(pour le reste, je pense avoir compris, je te réponds pour démystifier cette loi, après une bonne et méritée nuit de sommeil ! :-)

Comme je le disais, ce n'est pas une critique. Mais pour avoir l'habitude d'écouter ces juges qui accompagnent les démarches anti-expulsions de resf, j'ai trouvé que tu généralisais trop ta réponse sur le cas de filmer des bavures policières. Plutot certaines d'entres elles en fait. C'est quelque part logique puisque ce sont les exemples qui t'ont été donnés. Et l'argument "choc" d'odebi.
J'ai donc tenu à diversifier les exemples, à insister sur la diffusion de telles images ( j'met une vidéo sur mon blog : comment l'expliquer à un juge que c'est à lui que la charge revient de prouver qu'elle est sur mon blog ? ). Pour te renvoyer l'occasion de mieux généraliser l'esprit et les applications concrètes de cet article de loi. Quelqu'un dans ce topic a dit que tu avais des connaissances juridiques, mais je n'ai lu nulle part que tu étais magistrat, avocat, et comme pour moi, un forum c'est virtuel, je n'manquerai pas de proposer mes reflexions à des juges de métier. Notre discussion virtuelle m'aura alors permis de moins me méprendre si c'est le cas, comme tu laisses supposer.

Mais ne te méprends pas leto_2. Tu ne vas pas démystifier une loi. Au mieux, un article de cette loi. Dont tu as toi-même reconnu qu'il comportait une formulation malheureuse. Ainsi que des effets pervers possibles.

Qu'est-ce qu'une profession ayant pour but d'informer le public ? Une organisation médicale par exemple, un syndicat de magistrature, un syndicat de policiers, les professionnels d'une ong... y'en a plein des métiers dont le role est également d'informer le public. Oui, pas seulement journaliste. Mais bon, on est bel et bien nombreux à ne pas être concernés.
Quant à cette volonté d'épargner -à coup sur- le citoyen filmant ou diffusant des images telles que celles qui sont interdites, si et uniquement s'il apportait ces images à la justice : c'est vraiment mettre le citoyen dans une position inique. Ce que je comprends moins, c'est que déjà tu "juges" ceux qui ne veulent pas recourir à la délation. Pour toi, ils sont "coupables" de dénoncer uniquement pour dénoncer, ce qui manquerait totalement d'efficacité, si j'ai bien compris. Je mets des guillemets oui, pour qu'on ne se comprenne pas mal, j'ai seulement la flemme de chercher des mots moins forts, dac ? Même avec des mots moins forts, j'trouve ça abusé c'est tout. M'enfin bon, comme tu dis, c'est le texte de loi... Et tu me vois ptet encore pire, moi qui voudrait rediffuser une vidéo censurée, des blacks blocks en pleine action, des skins qui n'en commettent pas moins.

Non, leto_2, cet article particulier n'est pas l'article "happy-slapping" comme tu le nommes par commodité. Tout comme la condamnation des agressions sexuelles sur mineures n'est pas la condamnation de la pédophilie.
Certes, on peut faire valoir que c'est "l'esprit de la loi" tel que les parlementaires ont souhaiter l'adopter, certes absolument rien ne dit que cet article servira pour d'autres cas que le happy-slapping. Mais rien ne dit qu'il ne peut pas servir. A cause d'une formulation malheureuse, à cause d'une volonté de nous entrainer de plus en plus vers la délation. Comment pourrais tu affirmer le contraire ? Y' a t-il marqué dans cet article qu'il ne doit concerner que le happy-slapping ? Nulle part. Donc, pourquoi sous-estimer les volontés gouvernementales de controler ce qui lui échappe. Et si ce n'est pas l'Etat, pourquoi les intégrismes religieux ne tenteraient pas l'aubaine, et si ce n'est pas eux pourquoi pas les groupes d'extrême droite... De la ténacité juridique, ils en ont eux aussi, jusqu'à ce qu'ils obtiennent leurs "précédents" bel et bien permis par la formulation générale de cet article de loi. Donc, pour moi, oui, ça ne relève pas du hasard. Ni d'une idiotie des parlementaires.
On tient à nous faire répondre devant la justice de certaines diffusions d'images uniquement en metant en avant la notion de profession d'informer le public. Alors que nos intentions pourraient être strictement les mêmes. Logique de trouver cette mesure dangereuse.

Oui, oui, pardon, allez j'arrête ! J'te souhaite une bonne nuit de sommeil leto_2. :wink:
Dernière édition par Vladi le Mar 13 Mars, 2007 01:28, édité 1 fois au total.
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