Sythuzuma-Ka a écrit:Enfin bon... en partant du "fonctionnel comme valeur", l'adéquation exacte est forcément le plus haut rang de cette valeur..; l'extrait est peut-etre un peu court pour représenter l'idée complète, parce que c'est un peu vite fait comme raccourci :/
Le titre est de moi, effectivement "adéquation exacte" est un peu grossier. Par ailleurs ce n'est pas l'adéquation elle-même qui crée la beauté dans la technique, c'est la visibilité de la démarche de l'auteur (zut, du technicien) dans la forme de l'objet créé.
A coté de ça, il y aurait à discuter le fait que le fonctionnel fasse art (une voie qui a été suivie un temps seulement, choisir le corbusier comme référence sur le plan artistique, c'est justement très fonctionnaliste mais un peu court),
Hum, le propos n'est pas aussi maximaliste, l'auteur cherche plutôt à retrouver les passerelles qui selon lui existent entre art et technique, mais sans prétendre que l'art doive être (ou soit) fonctionnel ni la technique artistique. Et une de ces passerelles passe par l'esthétique.
et le fait aussi qu'il existe des codeurs, artistes, dont le jeu est de travailler -aussi- avec les bugs produits, qui rendent la machine partiellement "autonome" (c'est pas exactement le mot, mais je me lève juste, pas taper). Je vois déjà plus d'art ici, que chez les codeurs décrits plus haut...
Mais justement ce genre d'expérimentations est ignorer la beauté de la technique quand elle fonctionne (parce qu'elle fonctionne).
Dans le même ordre d'idées, je déteste les concours de "code obfusqué" ou "code artistique", car c'est aller chercher la beauté là où elle n'est pas (présenter du code comme artistique parce qu'il est indenté de façon originale, c'est un peu présenter une peinture comme musicale parce que l'artiste a peint des notes de musique... (ou penser qu'un film pictural est un film qui montre des peintures dans un musée)), et l'ignorer là où elle est.
J'ai l'impression qu'on retombe sur le dilemme artiste/artisan en fait

Non c'est pas du tout ça. D'ailleurs Séris n'est pas très tendre avec l'artisanat, qu'il assimile aux métiers désuets qui survivent aux crochets de l'industrie touristique : «
l'artisanat, le fait main, si maladroit et rustique qu'il soit (les abominations qu'on essaie de nous vendre sur la route de nos vacances). La maladresse devient ainsi valeur, par la garantie qu'elle procure de n'avoir pas affaire à un produit manufacturé. »
Et plus loin : «
Le fonctionnel procure une valorisation bien plus authentique. L'adéquation fonctionnelle des parties au tout, et du tout à la finalité utilitaire, clairement avouée, sobrement réalisée, par l'industrie moderne met celle-ci en relation avec le polisseur d'os de renne, ou l'artisan africain, sans faire appel à un travail manuel improvisé, par commun refus de l'hypocrisie et de la surcharge simulatrice. »
(le fait qu'il mentionne dans un rôle positif l'artisan africain peut surprendre après ce qu'on a lu plus haut, mais c'est justement parce que l'artisan africain est (ou était encore récemment) acteur à part entière du système technique de son pays, donc que sa tâche est techniquement justifiée, ce qui n'est pas le cas de l'artisan-fabricateur occidental dont l'existence relève du kitsch et de la nostalgie)