Sam 30 Sep, 2006 00:15
Personnellement, je ne dirais pas que ça ne me fait rien de mon côté.
Pendant des années, j'ai téléchargé des dessins animés japonais, parce que c'est un de mes passe-temps. Au Canada, ce n'était pas illégal (à l'époque du moins) de télécharger des oeuvres avec des droits. La loi laissait cependant un flou pour ceux qui donnent accés aux oeuvres protégées. Prendre une copie de ce qui se trouve devant nos yeux n'est pas la même chose, au niveau de la loi, que de mettre délibérément accès aux oeuvres dans le but que les autres les téléchargent. Cependant, même si dans le cas qui nous intéresse, il s'agit d'un individu qui a donné accès à des oeuvres protégées, ça me dérange quand même.
À l'époque que je téléchargeais, j'étais étudiant. Je n'avais pas beaucoup d'argent de poche. Mes parents n'en ont jamais eu beaucoup. Les cassettes de dessins animés japonais se vendaient à 30$ pour deux épisodes de vingt minutes, pour des séries qui dépassaient souvent les 26 épisodes. Au Québec, nous étions totalement coupés du dessin animé japonais sur nos chaînes télévisées, et c'est encore le cas aujourd'hui. J'ai donc profité du téléchargement gratuit pour vivre ma passion, comme l'enfant de parents riches (qui a autant de droits, en théorie, que moi) aurait profité de son argent de poche pour acheter ces mêmes dessins animés japonais. Quand je téléchargeais, je ne me posais même pas la question : j'y avait droit, j'étais égal en droit que n'importe qui, mais je n'avais pas les moyens financiers pour avoir accès aux objets de ma passion.
Maintenant, j'ai un emploi. Quand je veux une série, je l'achète. Mes choix sont donc très réfléchis, car ce n'est pas gratuit. L'industrie de la bande dessinés japonaise a fait beaucoup d'argent avec moi aussi. Sans accès gratuit préalable sur Internet, elle n'aurait jamais fait le moindre sous avec moi, et avec des milliers de consommateurs Québécois où l'animation japonaise n'existe presque pas sur les écran. Les prix des dessins animés japonais, du moins les packs qui contiennent des séries au complet, sont beaucoup plus abordables qu'avant, même s'il y aurait matière à amélioration. Je ne consomme pas en quantité exagérée. J'achète, puis je me contente. Mais ça, je ne pouvais même pas le faire avant. Nous vivons dans un régime pas si pire. Nous sommes égaux en droits. Nous sommes dans une démocratie, bien qu'imparfaite. Mais nous ne sommes pas égaux, sur le plan économique.
Je n'aime donc pas quand on donne des leçons sans connaître... qui connaît ce gars, personnellement, ici? Qui est en mesure de juger sans parler à travers son chapeau? Maintenant que je peux me permettre d'acheter, j'achète. Avant, je ne pouvais pas me le permettre. Et je ne savais même pas ce que j'aimais et ce que je n'aimais pas dans les dessins animés japonais. Pouvoir le savoir, en essayant plusieurs genres, j'aurais même pas pu me le permettre, car je devais payer ma scolarité. Alors pour les jugements ''Je m'en fous de ce qu'il lui arrive, je repasserai¨
Aujourd'hui, je me retire du monde du téléchagement, mais je n'ai aucun trouble de conscience d'avoir téléchargé dans le passé. Aussi, j'ai eu accès à des séries qui n'ont jamais été traduites dans ma langue ou en anglais, alors que je ne connais pas le Japonais. Je suis très heureux d'avoir découvert ces oeuvres et je suis infiniment reconnaissant des gens qui les ont traduites et partagées. Je considére que j'avais le droit de télécharger ces oeuvres, indépendament des lois, et que les gens avaient droits de les partager. Je ne me suis jamais considéré comme un voleur et je n'ai aucun remords d'avoir fait partie des gens ayant eu accés á ces oeuvres. Aujourd'hui, j'achète les séries qui me plaisent. J'en ai les moyens. Et tout comme avant, quand je les téléchargeais, j'ai le droit - moralement - de les voir. Et c'est avec un grand plaisir que je prêterai à mes proches dans ma vie réelle mes DVD, pour qu'ils puissent aussi en profiter, car ils y ont tout aussi droit.