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Page 1 sur 21, 2 Suivant[Jurisprudence] Le droit positif

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Ven 03 Fév, 2006 16:58

Le TGI de Paris vient de relaxerun internaute qui avait téléchargé et partagé de la musique en P2P ! :) :) Ajoutée à la dernière jurisprudenceassimilant les DRM à des vices cachés, le droit positif s'est désormais exprimé en faveur de la légalisation totale du P2P (download et upload) :) La force d'une démocratie provient aussi de l'indépendance des pouvoirs executfs, législatifs et judiciaires... Les juges confirment non seulement l'expression du législateur, mais vont plus loin! Le gouvernement, qui représente l'exécutif, va t'il une nouvelle fois bafouer les principes de notre démocratie en s'opposant à l'expression des deux autres pouvoirs?
*genium*

Messages : 382

Ven 03 Fév, 2006 17:09

Y'a des chances...

Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, sera auditionné sur le projet de loi sur les droits d'auteur, mercredi 8 février, conjointement par les commissions des Affaires sociales et économiques.
L'audition ne sera pas ouverte à la presse.


et donc, non retransmise sur le site de l'AN non plus...

Le Premier ministre Dominique de Villepin a indiqué que l'examen du texte à l'Assemblée nationale devrait reprendre "à partir de mars" mais le président du groupe UMP Bernard Accoyer a exigé un accord de son groupe sur un texte écrit avant la reprise des débats, pour éviter une nouvelle fronde de députés de la majorité.


Ah, la démocratie ! c'était l'bon temps !
Mind is like a Parachute ; it works much better when it's open.
cestunange

Messages : 62

Ven 03 Fév, 2006 22:30

*genium* a écrit:Le gouvernement, qui représente l'exécutif, va t'il une nouvelle fois bafouer les principes de notre démocratie en s'opposant à l'expression des deux autres pouvoirs?


Les juges appliquent le droit. Rien de plus.
En disant que le téléchargement descendant est de la copie privée, ils n'ont rien fait d'autre que de lire le droit comme il leur semblait qu'il devait l'être. Mais si la loi avait été différement formulée, ils l'auraient fait dans un autre sens.

Il n'y a absolument rien de choquant à ce que le Législateur modifie la loi pour changer une solution jurisprudentielle.

Le législateur fait la loi. Le juge l'applique. Si le législateur modifie la loi, le juge applique la nouvelle loi. C'est parfaitement conforme au processus démocratique.
desesperatly

Messages : 625

Sam 04 Fév, 2006 00:50

desesperatly a écrit:Les juges appliquent le droit. Rien de plus.

Lorsque le code juridique est lacunaire ou n’est pas adapté à la spécificité d’une situation, comme cela semble le cas aujourd’hui concernant le P2P ou les DRM, rendre la justice exige d’interpréter la loi. Et en cas de vide juridique, la jurisprudence a pour particularité d’établir un précédent, qui engagera les décisions ultérieures et inspire le législateur. Monsieur Bloche l’a confirmé, et on a pu vérifier que nos députés s’appuyaient souvent sur des jurisprudences dans leurs démonstrations. L’indépendance du pouvoir judicaire permet donc de « faire la loi » dans les cas de vide juridique ; c’est un fait reconnu…

desesperatly a écrit:Le législateur fait la loi. Le juge l'applique. Si le législateur modifie la loi, le juge applique la nouvelle loi. C'est parfaitement conforme au processus démocratique.

Le processus démocratique provient du principe fondamental de la séparation des pouvoirs. la théorie de la séparation des pouvoirs vise à séparer les différentes fonctions de l'Etat afin de limiter l'arbitraire et d'empêcher les abus liés à l'exercice de missions souveraines. Or, nous assistons à certaines dérives lorsque le Parlement se transforme en chambre d’enregistrement de décisions gouvernementales. Ce principe est bafoué par la dépendance excessive des députés vis-à-vis de l’exécutif. Mais ce que nous tolérions hier est difficilement acceptable aujourd’hui en raison de l’obligation de transposer dans le droit français les directives européennes. Pire lorsque cette directive provient d’un traité international initié par les USA pour justifier le vote d’une loi américaine, le tout orchestré par les majors ensuite reconnaissant au candidat Clinton… Franchement, Monstequieu peut se retouner dans sa tombe!

Ah, la démocratie ! C’était l'bon temps ! Tu as raison cestunange :(
*genium*

Messages : 382

Sam 04 Fév, 2006 01:12

desesperatly a écrit:Les juges appliquent le droit. Rien de plus.
En disant que le téléchargement descendant est de la copie privée, ils n'ont rien fait d'autre que de lire le droit comme il leur semblait qu'il devait l'être. Mais si la loi avait été différement formulée, ils l'auraient fait dans un autre sens.

Il n'y a absolument rien de choquant à ce que le Législateur modifie la loi pour changer une solution jurisprudentielle.

Le législateur fait la loi. Le juge l'applique. Si le législateur modifie la loi, le juge applique la nouvelle loi. C'est parfaitement conforme au processus démocratique.


bonsoir,

Je m'étonne qu'un juriste puisse affirmer cela.
En effet c'est un poncif traditionnaliste (qui fleure bon "le juge est la bouche de la loi", de Montesquieu) mais qui n'a jamais rendu compte de la réalité, qui est bien plus nuancée.
Notre droit est émaillé d'exemples célèbres qui viennent contredire la généralité de tes affirmations.

Les juges font bien plus qu'appliquer le droit, ils en créent (avec l'invitation même de l'article 4 du Code civil). Qu'on s'en réjouisse ou qu'on s'en offusque, c'est un fait qui n'est pas contestable (vois par exemple le détaillé Rapport Molfessis commandé par le Premier Président Canivet sur la modulation des effets dans le temps des revirements de jurisusprudence).

Quand la loi est jugée mauvaise (à tort ou à raison), il arrive qu'ils s'en écartent ouvertement (ex : extension du droit des clauses abusives en dehors des seuls contrats de vente, pour suppléer à la carence du pouvoir législatif et réglementaire) ou prendre une jurisprudence de provocation, consistant à pousser l'application d'une loi jusqu'à l'absurde afin de susciter une réforme : ex : jurisprudence Desmares (Cass. Civ. 2ème, 21 juillet 1982) qui a provoqué la tant attendue loi Badinter du 5 juillet 1985 sur les accidents de la circulation.

La loi n'est pas toujours appliquée par le juge, pour diverses raisons (loi inapplicable car non normative... vois la censure de la Loi Fillon par le Conseil constitutionnel qui rappelle que la loi n'est pas une tribune politique et doit contenir de véritables dispositions juridiques ; loi inapplicable car trop vague, il y en a des wagons ; loi inappliquée car jugée comme excessive... par exemple celle prévoyant sous Vichy la peine de mort pour le fait d'abattre une vache gravide, etc).

Il faut se méfier du positivisme juridique qui consiste à dire par principe qu'il n'y a rien de choquant à ce que le législateur intervienne pour modifier une jurisprudence.
Prend les lois de validation, qui viennent valider rétroactivement des actes potentiellements annulables par les juges, empiétant délibéremment sur la fonction juridictionnelle.
Ces interventions législatives sont justement regardées comme inopportunes, porteuses d'injustice et déloyauté, et traitées comme telles.

Ainsi, elles sont très largement neutralisées par la jurisprudence conjointe du Conseil constitutionnel et de la Cour européenne des droits de l'homme.
Pour le premier, "il n'appartient ni au législateur, ni au Gouvernement de censurer les décisions des juridictions, d'adresser à celles-ci des injonctions et de se substituer à elles dans le jugement des litiges relevant de leur compétence" (CC 22 juillet 1980).
Pour la seconde, "si, en principe, le pouvoir législatif n'est pas empêché de réglementer en matière civile, par de nouvelles dispositions à portée rétroactive, des droits découlant de lois en vigueur, le principe de la prééminence du droit et la notion de procès équitable consacrés par l'article 6 s'opposent, sauf pour d'impérieux motifs d'intérêt général, à l'ingérence du pouvoir législatif dans l'administration de la justice dans le but d'influer sur le dénouement judiciaire du litige" (célèbre arrêt CEDH 28 octobre 1999, Zielinski, Pradal et Gonzalez c/ France).

Tout ça pour dire qu'il ne faut pas caricaturer l'autorité de la loi sur le juge.
Tu l'as probablement formulé ainsi par commodité de présentation, mais attention aux présentations qui peuvent induire les lecteurs non juristes en erreur, car je te sais attaché à éviter la désinformation.
edit : quoiqu'après ce message, je me pose des questions sur cet attachement...
leto_2

Messages : 2305

Sam 18 Mars, 2006 19:14

Comme je remets la main sur ce fil, je rajoute un autre exemple symptomatique et récent.
La Cour de cassation a rendu 3 arrêts récents en date du 24 janvier 2006, qui écartent l'article 1er de la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002... loi qui était justement prise afin de contrer l'arrêt Perruche de la Cour de cassation !
leto_2

Messages : 2305

Dim 19 Mars, 2006 09:34

Bonjour à tous!

J'aimerais évoquer un petit problème concernant le Peer to Peer, peut-être que je vais être à côté de la plaque!

J'entends beaucoup d'artistes répéter toujours le même discours sur le fait que le téléchargement c'est du vol ("Quand on va dans une boulangerie et qu'on repart avec une baguette, il faut payer la boulangère" dixit Yves Duteil et d'autres).

Mais jusqu'à preuve du contraire, le CD, DVD est un objet physique et ce que je télécharge sur le net en est une IMAGE, une COPIE... Moi, j'ai toujours vu le P2P comme un magasin de photo-reproduction (photocopie) alors que la législation permet à ces magasins d'exister!! :idea:

Qu'en pensez-vous? D'un point de vue juridique s'entend. Est-ce une idée farfelue que j'ai ou est-ce que ça se tient mon parallèle? :|
Dernière édition par zerodarkstar le Dim 19 Mars, 2006 09:55, édité 1 fois au total.
zerodarkstar

Messages : 43

Dim 19 Mars, 2006 09:37

zerodarkstar a écrit:J'entends beaucoup d'artistes répéter toujours le même discours sur le fait que le téléchargement c'est du vol ("Quand on va dans une boulangerie et qu'on repart avec une baguette, il faut payer la boulangère" dixit Pierre Bachelet et d'autres).


Pierre Bachelet ne dit plus grand chose.
desesperatly

Messages : 625

Dim 19 Mars, 2006 09:42

desesperatly a écrit:
zerodarkstar a écrit:J'entends beaucoup d'artistes répéter toujours le même discours sur le fait que le téléchargement c'est du vol ("Quand on va dans une boulangerie et qu'on repart avec une baguette, il faut payer la boulangère" dixit Pierre Bachelet et d'autres).


Pierre Bachelet ne dit plus grand chose.


OK autant pour mon rippage de doigt malencontreux!!! :( C'était Yves Duteil!!!
zerodarkstar

Messages : 43

Dim 19 Mars, 2006 12:44

zerodarkstar a écrit:Bonjour à tous!

J'aimerais évoquer un petit problème concernant le Peer to Peer, peut-être que je vais être à côté de la plaque!

J'entends beaucoup d'artistes répéter toujours le même discours sur le fait que le téléchargement c'est du vol ("Quand on va dans une boulangerie et qu'on repart avec une baguette, il faut payer la boulangère" dixit Yves Duteil et d'autres).

Mais jusqu'à preuve du contraire, le CD, DVD est un objet physique et ce que je télécharge sur le net en est une IMAGE, une COPIE... Moi, j'ai toujours vu le P2P comme un magasin de photo-reproduction (photocopie) alors que la législation permet à ces magasins d'exister!! :idea:

Qu'en pensez-vous? D'un point de vue juridique s'entend. Est-ce une idée farfelue que j'ai ou est-ce que ça se tient mon parallèle? :|


Bonjour,

1- l'infraction constituée par le téléchargement d'oeuvres protégées n'est pas qualifiée par le Code de la propriété intellectuelle de vol mais de contrefaçon. Donc d'emblée, dire que "le téléchargement c'est du vol" est juridiquement faux, c'est un abus de langage.

2- le vol est défini par le Code pénal comme la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui.
En effet comme tu le soulignes, dans le cas du téléchargement, l'oeuvre n'est pas soustraite à son propriétaire, mais dupliquée.

3- pour autant, la copie des oeuvres par reprographie est réglementée, et c'est dans ce cadre là que la loi permet leur existence.
Les magasins de photo-reproduction dont tu parles paient des taxes parafiscales sur les photocopieurs fabriqués ou importés en France pour compenser le préjudice subi par les éditeurs et les auteurs (la redevance sur les supports vierges n'a rien inventé).

On retrouve des arguments connus : la taxe n'est pas suffisante selon les éditeurs, et elle ne peut légitimer un droit à la copie de l'oeuvre.

Ainsi, une loi du 3 janvier 1995 est venue ajouter au Code de la propriété intellectuelle un système d'accord entre les auteurs et les sociétés de reprographie agrées, moyennant une rémunération forfaitaire collectée par le Centre Français d'exploitation du droit de Copie (CFC).

Enfin pour terminer sur l'analogie de la baguette, un message intéressant qui démonte le parallèle : ici.
leto_2

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