albanc a écrit:1. Pour créer le "EuroDRM", il faudrait d'abord que la France arrive à convaincre ses partenaires européens et c'est loin d'être gagné...
C'est pas facile ok, mais encore une fois pourquoi s'interdirait-on d'essayer ? Ca me semble être un sujet plus facile que la TVA a 5% pour la restauration ou la réforme de la PAC...
En fait, cela me semble moins facile car la mise en place des DRM et de tout ce qui va avec coûtent davantage que l'harmonisation d'un taux de TVA avec des implications qui dépassent largement les Etats. Encore une fois, l'Europe n'arrive pas à faire respecter ses décisions par Microsoft. Là, il s'agit de l'ensemble des entreprises du secteur dans le monde qui devront apporter des modifications techniques dans leurs procédés et leurs politiques (s'il existe un DRM unifié, qui voudra du DRM non unifié qui rapporte davantage pourtant ?). Franchement, ce ne sera pas du coton vu les intérêts en jeu.
Ok, c'est techniquement possible mais le rêve de SUN est loin d'être partagé par Apple, Microsoft et Sony qui ont tablé l'ensemble de leur stratégie sur
leurs DRM...
albanc a écrit:(en plus, honnêtement, le format libre du DRM le rendra d'autant plus simple à cracker...)
:
Linux est ouvert et est plus sur que windows. Une clef de cryptage de 1024 bits est de l'avis de tous incrackable.
Le problème dans ton utilisation des clés, c'est qu'il faut encoder en direct le fichier avec la clé de codage pour que le fichier soit spécifique à l'utilisateur qui télécharge et sa clé de décodage. C'est sûrement techniquement faisable mais un brin plus compliqué et les sites de téléchargement vont le facturer, ça... Par ailleurs, quid des "petits" qui vont vouloir aussi DRMiser leurs oeuvres sans passer par les majors ?
albanc a écrit:3. Le marché français, ce ne sont pas des "milliards d'euros", il ne faut pas exagérer. Les plateformes sont mondiales, le plus souvent et, si la France reste seule avec son EuroDRM, il n'est pas évident que les plateformes prennent la peine de convertir tous les fichiers musicaux dans l'"EuroDRM" : elles ne retiendront que les plus rentables, Star Ac, Madonna et compagnie...
Le montant du marché du disque est le suivant :
2004 : 953 millions d'euros
2003 : 1,12 milliard d'euros
2002 : 1,30 milliard d'euros
2001 : 1,24 milliard d'euros
2000 : 1,12 milliard d'euros
source : snep/insee ->
http://www.disqueenfrance.com/france_2005.pdfIl faut 10 minutes pour encoder un cd audio en MP3, après il n'y a qu'a distribuer. Tu crois vraiment que ça va arreter les majors ?
Sur les chiffres, ce ne sont pas
des milliards mais
un milliard pour le disque. Comme beaucoup d'internautes, je préfère encore acheter des CD plutôt que de télécharger de la musique "volatile". Donc, le marché du téléchargement reste bien inférieur au milliard en France (à comparer au passage à ce que rapporterait la licence globale) et bien inférieur à ce que rapporte par ailleurs le téléchargement dans le monde pour les multinationales qui gèrent ça.
Je crois que la transformation en mp3 n'est pas aussi simple puisque les catalogues en ligne restent bien maigres et, par ailleurs, pourquoi les commerciaux s'attacheraient à numériser une chanson qui ne plaira qu'à une douzaine d'internautes dans le monde ? Les logiques qui régissent les sites commerciaux et les réseaux p2p sont différentes et le resteront pour longtemps...
Je n'ai rien contre la licence globale, et je suis plutôt heureux qu'on opte pour cette solution plutôt que celle qui nous attendait à l'origine, que je trouve innaceptable.
Le problème est, qu'à part la licence globale, il n'y a pas beaucoup d'alternatives crédibles à la situation initiale...
Mais la licence globale pose de nombreux problèmes :
- Comment va-t-on identifier et rétribuer l'artiste vénezuelien qui a été téléchargé en france ?
De la même manière que le font actuellement les sociétés d'artistes. Elles reverseront la somme collectée pour l'artiste vénézuelien directement à l'artiste ou à sa société de gestion s'il est affilié.
- Comment les autres pays vont-ils accepter le fait que les français balancent massivement de la musique a télécharger gratuitement sur le réseau mondial ?
Ils réagiront comme ils veulent : les USA ne vont pas envahir la France pour l'absence de DRM (ok, ils l'ont fait en l'absence d'ADM en Irak...). Pour info, en Espagne, le p2p est actuellement toléré pour des usages non lucratifs (donc en plus, ils ne paient rien de rien) et la France n'a jamais protesté contre Juanito qui télécharge du Sardou sans rien verser à la SACEM.
- Comment controler, dans le cas d'une licence optionelle, le fait qu'un gars paye la licence, télécharge mettons 10 albums, et grave ensuite des cds pour tous ses copains qui eux ont choisi de ne pas payer la licence dans le cadre de leur abonnement internet?
Comme aujourd'hui, on ne le contrôlera pas : les CD et avant les K7, les vinyles, ... ont toujours fait l'objet de copies. De toute manière, ces non-licenciés pourront toujours raquetter leurs potes mais, il faut en convenir, il sera toujours plus pratique de le faire chez soi.
- Comment justifier, dans le cas d'une licence obligatoire, le fait qu'on oblige mon père, qui ne fait pas de peer to peer et qui se sert surtout d'internet pour envoyer des emails, qu'on l'oblige a payer une licence globale de 6-7 Euros par mois, alors que lui il préfère acheter ses CDs à la FNAC ?
- Comment justifier, dans le cas d'une licence obligatoire, pour une personne qui n'écoute pas ou peu de musique qu'on l'oblige a payer 6-7 euros par mois pour les téléchargements des autres, alors qu'il achetait auparavant juste un cd pour noël ?
Je suis pour une licence
optionnelle. Mais, dans le cas d'une licence obligatoire, je pense que les abonnements baisseront : les FAI seront peut-être obligés de mettre un peu la main à la pâte vu qu'ils vont tirer un bénéfice formidable de la licence globale (surtout sur les connexions très hauts débits). Pour les différences entre les gros téléchargeurs et les petits, et bien que dire ? Tant pis : c'est un accès que l'on paie et dommage pour ceux qui n'en profite pas "à fond". Ceci dit, pour les bibliothèques, c'est souvent le cas aussi : certains lisent plus vite que d'autres. On paye bien l'accès à la culture, pas une quantité de musique déterminée (c'est tout la différence que présente la culture avec les autres biens de consommations...).
Je n'aime pas les majors, mais je pense qu'elles ont raison de se faire du soucis, et je pense objectivement que la licence globale est loin d'être une solution juste, pour les majors, les artistes et pour le consommateur.
Je pense au contraire que c'est la solution la plus juste même si le système de redistribution reste à définir et mettre en place. Pour les majors, si elles s'inquiètent, c'est parce qu'elles tablent sur les hypothétiques bénéfices qu'elles réaliseraient en l'absence du réseau p2p, dans des situations où elles auraient le monopole de la culture, avec des DRM qui limitent l'usage.
Elles avaient déjà, il y a dix ans, essayé de fermer les bibliothèques et interdire les prêts gratuits. Elles ont échoué grâce à la mobilisation que cela avait alors généré. Elles réessayent avec la musique. Va t'on leur donner raison cette fois-ci ? Crois-moi, elles ont largement de quoi - y compris dans la situation d'une licence globale - maintenir leurs bénéfices et je pense même qu'elles arriveront à les augmenter grâce à la meilleure connaissance culturelle de la population...