Au lieu de débattre sur un article de zdnet, pourquoi ne pas débattre directement sur les amendements proposés ? Je vous enjoints à lire les amendements n°184 à 188 - notamment les 186 et 187 - ainsi que divers amendements de M. Suguenot. Ils visent pour la plupart à renforcer l'exception à la copie privée - sur Internet - et le droit des utilisateurs, tout en permettant une rémunération des ayants droits, finalement lésés par les échanges illicites. Le but étant de créer un cadre juridique permettant de défendre les ayants droits tout comme le public - afin d'éviter de longs et nombreux procès coûteux.
Bien entendu cette redevance est volontaire et non obligatoire pour ne pas entraver la création et l'extension de plateformes légales (eg: itunes, fnac, etc). Les majors s'y opposent déjà vivement, alors elles s'y opposeraient de manière encore plus violentes. Il y est aussi précisé qu'il s'agit des œuvres protégées et non de l'utilisation des réseaux d'échanges (ie: P2P) en tant que tels pour diffuser des fichiers non protégées. Donc pas de diabolisation à outrance de ces réseaux via cette série d'amendements - ça c'est le lot de l'amendement n°150. Par contre l'échange des œuvres protégées par le droit d'auteur sans payer la redevance sera assimilé à de la contrefaçon.
Le problème viendrait plutôt de l'incompatibilité avec l'amendement dit VU/SACEM/BSA (eg: n°150). Si de tels logiciels d'échanges sont déclarés hors la loi, alors à quoi sert cette redevance ? Mauvaise question. Procédons à un inversement plus intelligent: si je peux légalement partager des œuvres protégées via des réseaux permettant ces échanges, en quoi ces réseaux seraient-ils considérés comme illégaux ? L'usage que j'en fais quelque soit le type de fichiers - libres, tout comme non-libres si m'acquitte de la dîme - est légal. La redevance permet donc de replacer la responsabilité là où elle doit être: sur l'usage des réseaux ou moyens d'échanges, et donc sur l'utilisateur final.
Le gros problème qui se pose par contre est celui du Fair Use. Copier l'album acheté par un pote sera-t-il considéré comme un acte de contrefaçon si je ne m'acquitte pas de la dîme ? Il peut ici y avoir dérive de la notion de copie privée à trop vouloir ne pas léser l'auteur. C'est d'ailleurs déjà le problème sus-cité de la taxe sur les supports numériques, injuste à de nombreux égards envers le consommateur. Enfin, pour certains «
le consommateur rechigne à acquérir plusieurs exemplaires d'une même œuvre (...) Il est donc légitime de compenser équitablement le titulaire des droits d'une œuvre copiée pour le préjudice subi en raison de l'acte de copie [privée]. » [M. Hamelin, amendement n°172]. Ben tiens.
http://recherche.assemblee-nationale.fr ... tStart=184
Argh, j'ai fourché: il y reste une imprécision qu'il faudrait faire remonter rapidement à M. Suguenot, car il est écrit « et qui ne procèdent à aucun acte d'échange de fichiers ». Il n'est pas précisé le mot « protégés », alors qu'il l'est la ligne précédente. Il pourrait alors devenir illicite de partager des œuvres et logiciels libres, voire des œuvres du domaine public (!) sans s'acquiter de la dîme.