Salut dejepe,
je t'avoue que je m'étais permis de lire plus que distraitement ton commentaire sur les divers niveaux, et la nature même, de la démocratie :
dejepe a écrit:La démocratie n'est pas un absolue elle est un système, un cadre juridique encadrant les relations entre les hommes. Elle est un système d'exercice politique du pouvoir. La démocratie directe étant dans les faits inapplicable, le système utilisé est celui de la démocratie représentative. Bref distinguer afin de les hierarchiser démocratie populaire et démocratie représentative est un non sens.
C'était pour moi du déjà lu à maintes reprises, et me semblait ne même pas répondre à mon commentaire précédent : la consistance des textes juridiques n'impliquant pas leur légitimité (j'ai vécu en dictature, le système juridique était consistant mais légitimé uniquement par les armes), ce à quoi tu réponds par par l'opposition entre démocratie directe et démocratie représentative.
J'ai préféré laisser tomber.
Je n'ai réalisé que plus tard l'importance de ce débat, dans ce fil de discussion justement. Il nous ramène, en fait, à l'interrogation de PingouinPdt à l'origine de ce fil.
Je m'explique :
J'ai déjà dit
un peu plus haut mon interprétation de ces conjectures :
dejepe a écrit:La jurisprudence constante, de la cour de Justice des Communautés européennes, reconnaît la primauté du droit communautaire sur les droits nationaux y compris constitutionnels.
En France la Cour de Cassation c'est rendu à cette position depuis 1975 et son arrêt "Jacques Vabres". Le Conseil d'Etat a quant lui une position plus ambiguë, si elle a reconnu la supériorité du droit européen sur la loi (arrêt Nicolo 89), elle affirmes dans l'arrêt Saran la supériorité absolue de la Constitution dans "L'ordre juridique interne" (une partie de la doctrine y a vue l'affirmation de la supériorité de la constitution sur le droit communautaire une autre a fait valoir que le droit communautaire étant d'essence propre l'ordre juridique communautaire existe indépendamment de l'ordre juridique interne, l'arrêt du CE ne pourrait donc s'appliquer qu'au droit international classique mais pas au droit communautaire ).
Est-ce que tu réalises les implications de la juxtaposition de tes deux citations ?
- « La démocratie directe étant dans les faits inapplicable » (paix à son âme !) donc, "forcément", c'est la « démocratie représentative » qui est appliquée.
- La Constitution définit les institutions sensées nous représenter ainsi que leurs rôles.
- Ces institutions s'autorisent à conjecturer sur la valeur et la portée réelles de la Constitution, celle là même qui fait d'elles des institutions légitimes.
- Ces institutions décident (de droit techno-divin, sans doute) qu'un autre droit est supérieur à la Constitution.
En s'accordant le droit de prendre une telle décision, ces institutions se placent elles mêmes au dessus de la Constitution, la privant par là même de toute sa substance, puisque le but fondamental d'une Constitution est de définir les institutions, leurs pouvoirs représentatifs et leurs limites.
Après ça, la constitutionnalité ou non d'une nouvelle loi n'a plus grande importance et tu peux effectivement te permettre d'affirmer que l'inconstitutionnalité de cette loi (avéré ou non, là n'est pas le problème) est "anachronique", tant qu'elle est la transposition en droit français d'une directive européenne.
Tu viens de nous expliquer par le détail comment les « gardiens de la Constitution » se sont arrangés pour contourner les entraves inutiles (et probablement rétrogrades) que la Constitution oppose à la bonne marche de la « démocratie représentative ».
Je rappelle que
70% à 80% des lois actuellement instaurées en France ne sont que des transpositions de directives européennes, et (sans préjuger de leurs qualités)
n'ont donc plus besoin de respecter la Constitution française, le seul garde-fou de notre démocratie.
Que le peuple français ait désavoué la légitimité du droit communautaire la dernière fois qu'il a été consulté à ce sujet n'a, bien sur, aucune importance puisque les institutions qui nous représentent ont décidé exactement l'inverse à notre place et à notre encontre, et que les prérogatives du peuple français ne sont définies que par notre Constitution, désormais à 80% obsolète.
Je comprends mieux la réponse amusée de jesuiscontre à l'interrogation de PingouinPdt : le candide s'était poétiquement référé à la Constitution française et même à la déclaration universelle des droits de l'homme, il n'avait pas compris que notre « démocratie représentative » avait vidé ces textes poussiéreux de leur substance.
Je ne l'avais pas réalisé non plus, pauvre naïf que je suis
J'aimerais des commentaires avisés sur mon analyse de prophane, car j'avoue qu'elle ne m'amuse pas.