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Page 1 sur 31, 2, 3 SuivantDe la nocivité de la clause NC des Creative Commons

Quand l'esprit du libre pénètre le domaine culturel...

Mer 14 Sep, 2005 00:15

Au risque d'exaspérer (et de ne pas se faire comprendre du novice qui débarque), on n'en finit plus d'évoquer les Creative Commons et les questions/problèmes qu'elles soulèvent.
Je pense que globalement on arrive sur ce forum à confronter les points de vue sans (trop) se taper dessus. Et que les nombreux témoignages aident tout un chacun à se positionner sur un sujet qui ne fait pas l'unanimité (mais peut-être que d'autres moins optimistes y voient surtout de la confusion ?).

En ce qui me concerne je n'ai pas (encore) d'avis tranché sur la question et je constate que la manière dont j'en parle diffère sensiblement selon le contexte et mon interlocuteur (le discours ne sera pas le même devant un développeur Debian et devant ma belle-mère, sans que j'ai l'impression que mon intégrité soit en jeu).
Je constate également qu'il est difficile a priori d'évaluer ce qui se cache réellement derrière un projet, une oeuvre ou un artiste qui opte pour les Creative Commons avec NC et/ou ND. Il faut avoir plus d'informations, dialoguer avec le créateur pour comprendre plus précisément son état d'esprit. Ainsi par exemple je n'ai pas l'impression que Jamendo et musique-libre soient de la même famille et aient le même "business plan" quand bien même la musique que l'on trouve sur leur site soit sous les mêmes licences (et quand bien même ils soient tous les deux d'accord pour favoriser la libre circulation de la musique).
Ce qui est sûr c'est que Framasoft est un site centré avant tout sur le logiciel libre et à ce titre il est normal que l'on interroge les Creative Commons à l'aune de la culture et de l'écosystème du logiciel libre.

Dans un récent article que nous avons reproduit dans notre Tribune Libre, Dana Hilliot fesait l'éloge des licences Creative Commons avec clauses NC ND.

Voici un article en anglais qui n'a pas le même point de vue sur la question.
-> Creative Commons -NC Licenses Considered Harmful

Il y explique avec exemples à l'appui, dont l'emblématique Wikipédia, pourquoi la clause NC peut poser problème allant même jusqu'à dire qu'il est préférable d'utiliser un copyright classique.

J'ai relevé deux paragraphes dans la conclusion.

If you see work online which is licensed under an -NC license, please kindly thank the creator for making their work available for free, and ask them to change the license (feel free to include a copy of this text, or a link to the network location where you found it).

Attitude pour le moins péremptoire.

As a project with the goal to make licensing choices simple, Creative Commons has a responsibility to inform its users about the drawbacks of licenses which forbid commercial uses. Many individuals who choose an -NC license are unaware of the implications of such a decision. Hopefully, the license selection screen will include a brief summary of the arguments against licenses which forbid commercial use soon.

Une information majeure (si elle est vraie) que celle d'une future mention sur les implications de la clause NC dans le sélecteur du site des Creative Commons.

On lira aussi avec intérêt les commentaires où la musique est souvent donnée en contre-exemple sur la même longueur d'onde que de Dana Hilliot.

PS1 : Si quelqu'un a le temps et la motivation pour en proposer une traduction, merci de me contacter par MP (message privé).

PS2 : Voir également ma proposition de news LinuxFr qui a été réfusée par les modérateurs.
aKa

Messages : 7721
Géo : Roma

Mer 14 Sep, 2005 10:47

N'oublions pas non plus l'article de Raphaël Rousseau :
Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?.
AntoineP

Messages : 1038

Sam 17 Sep, 2005 22:22

Au risque d'exaspérer (et de ne pas se faire comprendre du novice qui débarque), on n'en finit plus d'évoquer les Creative Commons et les questions/problèmes qu'elles soulèvent.


Je confirme que ça commence à m' "éxaspérer" :wink:

En ce qui me concerne je n'ai pas (encore) d'avis tranché sur la question


:shock: No comment ...

Ce qui est sûr c'est que Framasoft est un site centré avant tout sur le logiciel libre et à ce titre il est normal que l'on interroge les Creative Commons à l'aune de la culture et de l'écosystème du logiciel libre.


Oui mais si on regarde la page d'accueil de Framasoft on constate que l'annuaire des logiciels libres ne l'aisse paraître plus que son titre pour laisser la place à une succession d'aticles de débats (souvent "polémiques") sur la spécialité de la maison: LAL vs CC.
Framasoft me semble ainsi devenir le champ de bataille privilégié de cette sorte de "bataille" (même linuxfr semble fatigué de ce débat à répétition).

Il y explique avec exemples à l'appui, dont l'emblématique Wikipédia, ...

Oui j'avais aussi aimé le méchant Wikipedia "pas libre":
http://forum.framasoft.org/viewtopic.ph ... =wikipedia

Vu l'évolution de la page d'accueil de Framasoft je me demande parfois si l'avenir de l'annuaire des logicieils libres ne se trouve pas dans la wikipedia ...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Logiciels_libres

Je suis pour le débat démocratique et il faut qu'il s'exprime. Mintenant si le débat devient une fin en sois j'avoue que je trouve cela plutôt freinant pour "le libre".
J'ai peur qu'à trop planifier le bien éthique on avance pas très loin même si on croit qu'on fait mille fois mieux:
http://www.homo-numericus.net/blog/1000-fois-mieux.html

Il est possible qu'il ne faudrait promouvoir que l'art "libre" définit par Antoine Moreau (pour éviter les confusions causées par les CC):
http://www.framasoft.net/article4168.html
Malheureusement à mon niveau j'ai du mal à distinguer le contenu de cet article de la rhétorique de l'expert tout puissant (donc je ne pourrais commenter le fond).
Cependant si "un" Stallman avait utilisé ce style-forme de discours (je parle pas du contenu que je suis trop bête pour comprendre) où en seraient les logiciels libres aujourd'hui?
L'une des choses que j'ai compris dans l'article d' Antoine Moreau c'est que la LAL s'inspire des 4 libertés du LL. Malheureusement la LAL ne semble même pas comprendre la concept d'Open Source puisqu'elle n'incite pas sur son site les artites à fournir les sources:

- Quel potentiel de modification pour une chanson sans avoir les sources (les pistes) : très faible
- Quel potentiel de modification pour un photo sous LAL en miniature mais en bonne résolution sous copyright: très faible
- Quel potentiel de modification pour une illustration publiée sans ses calques: très faible

Personnellement j'ai la même position que Richard Stallman et la Free Software Fondation:

M. Stallman, pouvez-vous préciser la position de la FSF sur l'art libre & la musique libre ; la FSF déclare en effet maintenant : "Nous ne pensons pas que les oeuvres artistiques ou de divertissement doivent être libres" ("doivent" au sens d'obligation , cf. http://www.gnu.org/licenses/licenses.fr.html#OtherWorks )

"RMS :
La Fondation pour le Logiciel Libre se consacre aux logiciels et à leur documentation. Elle n'entend pas déborder le champ du logiciel et prendre position sur d'autres types d'oeuvres.

A titre personnel, je prends position pour la liberté d'utilisation des oeuvres non logicielles. Cependant, il faut nuancer les choses. Je crois qu'il y a une liberté essentielle qui s'applique à toute oeuvre publiée, et qui est la liberté d'en redistribuer des copies et des versions modifiées pour un usage non commercial."

Source:
http://www.musique-libre.org/article.php?sid=266


J'aime bien aussi le livre la "le bazaar et la cathédrale" de Eric Raymond, il donne un conseil que je trouve intéressant pour ceux qui souhaitent contribuer au libre:

Don't get in flame wars on Usenet (or anywhere else).


Je vais essayer de me retenir et suivre ce conseil :D
frenchy

Messages : 529

Dim 18 Sep, 2005 08:02

Pour moi l'art et les logiciels, ce n'est pas la même chose...

Si j'écris des programmes, franchement, je veux bien que la terre entière les utilise et les améliore, même sans me verser un centime...

Par contre, si j'écris des poèmes, je veux toujours bien que la terre entière le lise (toujours sans me verser un centime), mais franchement, personnellement, jene veux pas qu'ils puissent être modifiés ou utilisés d'une façon qui me déplaît. Mes poèmes sont l'expression de mon moi intérieur, et je ne veux pas que n'importe qui fasse mumuse avec mon moi intérieur....

Dit autrement, pour moi l'art est la propriété de l'artiste, et c'est à lui de décider ce qu'il est possible de faire avec (modifié ou non, vendu ou non ...), alors que les logiciels devraient être considérés comme bien commun de l'humanité.
korova08

Messages : 1114
Géo : Ardennes (08)

Dim 18 Sep, 2005 11:03

korova08 a écrit:Mes poèmes sont l'expression de mon moi intérieur, et je ne veux pas que n'importe qui fasse mumuse avec mon moi intérieur....

Dit autrement, pour moi l'art est la propriété de l'artiste, et c'est à lui de décider ce qu'il est possible de faire avec (modifié ou non, vendu ou non ...), alors que les logiciels devraient être considérés comme bien commun de l'humanité.


Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? :shock: :shock:
AntoineP

Messages : 1038

Dim 18 Sep, 2005 14:02

Tu as le droit de ne pas être d'accord avec moi, mais SVP, y'a d'autres façons pour le dire que le mot "conneries".
Merci.
korova08

Messages : 1114
Géo : Ardennes (08)

Sam 08 Oct, 2005 19:40

mon cher antoine, plutôt que de dire que le moi intérieur de korova08 c'est une connerie, tu aurais une autre expression à proposer pour parler de cette relation à son oeuvre (j'ai l'impression de dire des gros mots là)
dana

Messages : 251
Géo : uzbekistan

Sam 08 Oct, 2005 20:53

Désolé pour le mot "conneries", qui m'est sorti un peu vite de la bouche (ou du clavier).

Ceci dit, non, je n'ai pas d'autre expression pour parler d'une relation aussi, comment dire, possessive de l'auteur à son oeuvre.
Le principe d'une oeuvre (*), c'est qu'elle est donnée au monde, donc qu'elle nous échappe (et que c'est précisément notre souhait en la donnant au monde). Sinon, on la garde pour soi (comme voulait faire Kafka à la fin), mais alors cela sort du cadre de cette discussion.

(*) c'est même pas limité aux oeuvres d'art, hein

La personne qui reçoit l'oeuvre (le lecteur, l'auditeur, etc.) lui fera des tas de saloperies en l'interprétant, la réécrivant pour soi, l'amputant, en encensant ou maudissant tel aspect, etc. Ce n'est pas une simple hypothèse de travail ni un cas extrême, c'est ce que nous faisons quand nous recevons une oeuvre. Il n'y a pas deux lectures, deux contemplations identiques de la même oeuvre : on s'arrête sur un passage, une ligne, on passe rapidement une autre, on doute de la pertinence de telle note et on recompose tel argument alors qu'on néglige tel autre qui nous semble trop banal...

(sans compter, bien sûr, qu'on parle ensuite sous un angle tout à fait partial de l'oeuvre et de son auteur à nos amis, connaissances... et en public)

Donc vouloir que les gens n'y touchent pas avec leurs gros doigts bien gras, c'est perdu d'avance. Ca me fait penser aux cinéastes qui avaient lancé une pétition contre les critiques qui, selon eux, n'avaient pas le bon goût de mieux considérer leurs films...
AntoineP

Messages : 1038

Dim 09 Oct, 2005 03:48

tout à fait d'accord
même si je ne crois pas que ce soit affaire de "possession" comme tu dis. Mais que l'oeuvre est tout de même l'émanation de quelque chose de soi (ce qui n'est pas bien clair là aussi je l'admets aisément)
l'oeuvre au fond n'est que le symbole d'une relation toujours immanquablement ratée entre un sujet créateur et un spectateur.
Il y a une très belle phrase de mario pernola au sujet du projet raté de dada dans un bouquin (que personne ne lit plus) :
« Tout artiste est partagé en lui-même, est déchiré par une contradiction essentielle : d'un côté ses œuvres sont l'unique manifestation licite de sa créativité, de l'autre elles lui apparaissent, précisément par leur statut d' œuvres d'art (de paroles, actions ou objets séparés), risiblement inadéquates à son engagement vital et aux résultats qu'il attend d'elle. »

L'Aliénation artistique, trad. A. Harstein, Bourgois 1977, p. 227.
(cf mon commentaire : http://www.another-record.com/textes/di ... ation2.pdf p.65 ss)

Parce que l'oeuvre, on n'a que ça, c'est tout ce qui reste du processus créateur, et l'autre vous rate forcément dans l'histoire :)

merci en tous cas de ta réponse sur une chose si compliquée..
dana

Messages : 251
Géo : uzbekistan

Dim 09 Oct, 2005 05:43

AntoineP a écrit:La personne qui reçoit l'oeuvre (le lecteur, l'auditeur, etc.) lui fera des tas de saloperies en l'interprétant, la réécrivant pour soi, l'amputant, en encensant ou maudissant tel aspect, etc. Ce n'est pas une simple hypothèse de travail ni un cas extrême, c'est ce que nous faisons quand nous recevons une oeuvre. Il n'y a pas deux lectures, deux contemplations identiques de la même oeuvre : on s'arrête sur un passage, une ligne, on passe rapidement une autre, on doute de la pertinence de telle note et on recompose tel argument alors qu'on néglige tel autre qui nous semble trop banal...


Là aussi, c'est un peu vite sorti du clavier. Car même si tout ce que tu dis là est vrai, il n'en reste pas moins que, pendant ce temps là, l'œuvre n'est aucunement modifiée : tout ce qui sera dit ou pensé de l'œuvre n'en fera pas plus partie que le numéro ISBN par exemple, qui y sera collé sur chaque livre. Autrement dit, l'œuvre littéraire c'est « le texte, tout le texte, mais rien d'autre que le texte », et toute modification dénature cette œuvre, ou en crée une autre. Le critique littéraire ne modifie pas le texte (et l'analyse du texte permettra de juger de la pertinence de ce qu'il en dit), tout comme le critique de cinéma ne refait pas le montage du film qu'il critique (et là encore, l'analyse de film permettra de dire s'il a mal compris le montage pas exemple et de pointer les contresens).
Sebastien

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