Il est ma foi normal que ces monsieurs dames défendent leur
gagne-pain.
Mais voir un article aussi engagé faire croire qu'il appelle au bon-sens et au simple respect de la loi... j'ai un peu l'impression d'être pris pour un imbécile.
D'un autre côté, l'espoir est aussi bien réel de voir les juges forcer la notion d'exception de copie privée afin de recouvrir du voile de la légalité les pratiques de contrefacteurs que l'on se plaît à qualifier de «non professionnels».
Voilà qui me laisse doucement sourire...
Si j'en crois la subtile ironie de l'article, il serait évident que les gamins de 16 ans de ma classe qui "piratent" sont de dangereux "contrefacteurs", qu'on qualifie à tord de "non professionnels".
Et bien non, la plupart téléchargent pour leur usage personnel, et les mp3 et divX ne font que remplacer les VHS et les cassettes audios de leur parents. Alors certes, Internet offre des facilités de diffusion plus grande, mais la nature du "crime" n'en est pas changé (on parle bien de "piratage" après tout, le même terme qu'aux Philipines pour l'enlèvement ou l'assassinat de journalistes et touristes).
(Et au passage, à ce que je sache, la facilité de duplication n'est pas une circonstance agravante !).
Ce qui me paraît en tout bon-sens malhonnête, c'est justement de voir tout d'un coup comme de la contrefaçon quelque chose qui était jusque là vu comme de la copie privée, simplement parce que ça se généralise, et que ça remet en question un certain équilibre économique.
Si l'interprétation de la loi évolue, ce serait au contraire dans l'autre sens, il me semble : ce qu'on autorisait, on ne le tolère plus (quitte à punir pour l'exemple), depuis que ça remet trop en cause certains intérêts économiques.
Et puis, je vais me permettre un autre remarque.
Dans un post précédent du forum, Bill Gates traitait la communauté Open-Source de dangereux utopistes, de méchants communistes (faisant ainsi volontairement référence à une idéologie typiquement pernicieuse pour l'américain type , mais aussi à un modèle économique qui a partout avoué son échec - sauf peut-être dans les kiboutz des années 30-50).
Finalement, si on se replonge simplement quelques années en arrière, on peut voir que le mouvement Open-Source n'était pas considéré comme viable... simplement l'apanage de quelques illuminés.
En 2005, n'en déplaise à M.Gates, une bonne partie des leaders mondiaux de l'informatique s'intéressent de plus en plus près à ce nouveau modèle économique.
Aujourd'hui, on nous dit que la culture librement accessible, c'est du consumérisme, et une idéologie dangereuse. Ca ne vous rappelle rien ?
Le modèle de l'informatique libre s'est imposé assez vite, parce que l'informatique propriétaire est assez récente (fin 70, début 80).
La musique propriétaire, par exemple, est plus ancienne, donc les modèles récents de création semi-libres (CC...) ou libres (Art-Libre...) s'imposeront sans doute plus difficilement.
(Au passage, Jurisjazz, tu te demandes toujours pourquoi tu peux faire des Maths de haut niveau sous Linux depuis longtemps, alors que tu es obligé de passer par WinXP Pro pour tes logiciels de MAO ?)
Contrairement à ce que déclarent assez malhonnêtement les auteurs, ce n'est pas une histoire de bon-sens, mais un choix de civilisation.
Les mathématiques ne ce sont pas imposées comme libres "naturellement".
De Pythagore à Tartaglia, il y a eu une tentation de mathématiques "propriétaires" ou ésotériques.
Je termine en citant les auteurs.
L'avenir de cette dangereuse illusion semble prometteur
Comme la dangereuse illusion du logiciel libre l'était ?
Et sur ce, je vais me coucher -->[Zzzzz]