AntoineP a écrit:Mais il y a d'autre personne qui réalise aussi un travail non négligeable, ce sont les codeurs du libre ! Eux aussi mériteraient une rémunération pour tout le travail qu’ils fournissent, mais ils ne demandent rien. Le libre et une démarche purement altruiste.
Les motivations des développeurs du libre ont été étudiées à plusieurs reprises, et elles sont loin d'être "purement altruistes" (*).
(*) pas de références en tête là tout de suite, désolé.
(Pas de /vraies/ références non plus)
Là dessus (c'est loin d'être systématique

) je suis d'accord avec AntoineP.
En tant que petit développeur libre dans mon coin, les gens (à commencer par ma femme) ont souvent du mal à comprendre pourquoi je passe du temps à développer des logiciels qui ne me rapportent rien (c'est pas encore maintenant qu'on va changer de machine à laver...).
Suis-je altruiste pour autant ? Objectivement, je ne crois pas. Je développe "libre" parce que :
1-
j'adhère au point de vue qu'un logiciel /devrait/ être accessible et ouvert pour permettre son amélioration et sa pérennité. On va dire que c'est l'argument philosophique, mais ça ne fait pas de moi un altruiste pour autant.
2-
je n'ai pas vraiment le choix : dans le cadre de mon travail on utilise beaucoup de logiciels libres (OpenOffice, LinuxApacheMySQLPhp, Gimp, rsync et j'en passe des centaines), non pas par philosophie, mais parce qu'ils sont gratuits et maléables/modifiables/adaptables.
Ca, c'est l'argument financier de mon patron. Du coup, je l'ai prévenu au départ : "si on fait des modifs, il faudra les publier, elles ne nous appartiendront pas." Je peux te dire que ce côté copyleft l'a fait réfléchir un moment. Finalement, c'est l'argument financier à court terme qui l'a emporté : ça faisait quand même qq milliers d'euros d'économies immédiats, contre une éventuelle publication des modifications de sources. C'est loin d'être altruiste, comme démarche (et on a failli rester sous MS, quand j'ai eu la mauvaise idée de prononcer le mot "philosophie" devant mon boss).
3-
j'ai besoin d'aide. Ben oui, quand je développe un logiciel, script ou autre, ça ne marche _jamais_ du premier coup (je n'ai jamais prétendu être un /bon/ développeur). Du coup, j'ai souvent besoin d'aide pour trouver des solutions à mes problemes. Problemes ayant déjà (dans 99,99% des cas) été résolus par d'autres développeurs s'étant heurtés aux mêmes soucis que moi.
Pourquoi m'aiderait-on ? Si le probleme est simpliste, je peux toujours demander de l'aide sur un forum, mais si ça devient un peu compliqué ? (ex: "j'ai un probleme pour interfacer un annuaire LDAP avec le soft X que je développe, qui peut m'aider ?")
Dans ce cas là, soit il faut une carotte (financière), c'est le principe de
http://www.experts-exchange.com/, par exemple. Soit parce que la personne qui va m'aider pourra alors retirer une portion de code utilisable de mon développement, et il faut alors se placer dans une optique de partage : "tu m'aide sur ce coup là et tu auras accès à l'ensemble de l'appli".
C'est l'argument du partage. Et c'est de loin celui qui à mon avis est le plus efficace en informatique, car il est quasiment impossible pour le commun des développeurs de systématiquement réinventer la roue pour chaque probleme.
Là encore, je suis loin d'être altruiste.
Le développeur GPL (ou autre) est-il alors un être égoïste ?
Non, car finalement, il est souvent prêt à aider (par altruisme, par fierté, ou par volonté de montrer qu'il en sait plus que les autres) sans forcément avoir de retour financier (mais la part d'ego entrant en jeu doit alors être évaluée

).
Dans mon cas (celui que je connais le mieux, hein, pas le plus représentatif), j'ai fait /beaucoup/ de support pour un soft GPL, simplement parce que je le connaissait bien et que j'avais du temps. Ca m'a permis d'améliorer encore la connaissance de ce soft et me permets aujourd'hui d'arrondir mes fins de mois avec de petits développements dessus (ce qui n'etait pas prévu au départ).
Bref, certains développeurs sont peut être altruistes, mais je n'en n'ai jamais rencontré. Le plus souvent, il s'agit d'une démarche personnelle ("j'ai besoin d'un soft pour faire ça. Il n'existe pas ? Je le fais moi-même. Et pour gagner du temps ou de la stabilité, je vais partager mon code. Soit pour pouvoir y intégrer du code sous copyleft (pas le choix) soit pour pousser d'autres à me corriger (open-source)").
Evidemment, si j'ai l'idée du logiciel du siecle de la vie de la mort qui tue sa mère, je vais être honnête, je crois que ça sera un soft propriétaire.
Mais ce genre de soft, il y en a peut être 1 par an qui voit le jour (à la limite, j'ai plus de chances de gagner au loto que d'avoir l'illumination

).
[je sors du débat]
C'est d'ailleurs pour ces raisons que je me pose la question de savoir à quel point le mouvement /artistique/ (enfin, le code est une forme d'art mineure, amha) peut se racrocher au mouvement du logiciel libre.
Aujourd'hui, dans ma réflexion, jen suis à me dire que
ce n'est pas un probleme d'altruisme, mais une question d'ego.
Il est parfaitement admis dans le domaine logiciel que 98% des logiciels créés sur la planètes sont (passez moi l'expression) "des grosses bouses qui ne méritent pas d'être vendues/mis en vente".
Ah oui, mais dans le domaine de l'Art (musique, photos, videos, peintures, littérature, etc.) quand on dit ça, on se fait limite traiter de fasciste parce que ça revient à porter un jugement de valeur sur la créativité d'une autre personne.
Pour moi, c'est au créateur de se poser la question : s'il est sûr que son oeuvre peut lui rapporter des $$, qu'il la place sous copyright et qu'il vive de la vente de ses oeuvres (je trouve ça parfaitement normal).
Par contre, si c'est une "experimentation", placer l'oeuvre sous licence libre permet de la diffuser beaucoup plus vite, et surtout de faire connaître son auteur. Les oeuvres dérivées /peuvent/ être crées, créant un effet "boule de neige" à partir de l'oeuvre originale. Mais dans ces cas là, il ne faut pas non plus rêver trop fort, il y a peu de chances que votre oeuvre sous licence libre vous finance un voyage au Bahamas.
Une étape intermédiaire pour les artistes qui veulent produire du "libre" sans prendre de risque peut être une solution mixte : vous créez un 10 chansons par exemple, vous vous donnez 6 mois pour les placer aupres d'une maison de disque. En cas d'echec, changez leur licence et placez les sous une licence libre. Ainsi, vous vous êtes donné une chance de vivre directement/rapidement de votre oeuvre, mais au moins elle ne part pas aussi rapidement à la poubelle.
[fin de la digression qui avait plutôt à voir avec un autre post, mais comme j'étais lancé

]