Il m'interpelle ce sujet car je travaille pour une micro boite d'informatique (trois personne dont un seul informaticien) qui développe et vend un logiciel de gestion très spécifique, et le service qui va avec (installation, formation, assistance, maintenance, ...).
C'est un système de billetterie informatisée pour théâtres, centres culturels ou évènements sportifs ou autres. La grande majorité de nos clients sont des établissements publics, structures d'économie ou des associations.
L'ennui c'est que mon logiciel n'est pas libre du tout ce qui, dans mon esprit embrumé d'informaticien perverti par les insidieuses idées de libertaires et "breveticides", me paraît fort peu logique. Je m'explique.
Il me paraîtrait logique que les investissements de ces établissements publics profitent, de préférence, à une informatique libre contribuant à l'enrichissement d'une culture (informatique) accessible à tous.
Mon logiciel est entièrement développé en Delphi, outil propriétaire, et est lui même pire que propriétaire, il repose sur mes propres développements de la quinzaine (ou vingtaine) d'années écoulées et ignore ainsi beaucoup de protocoles et formats standards qui m'étaient inconnus au moment où j'aurais du les implémenter, ou qui étaient simplement trop complexes pour que je puisse, à moi tout seul, les intégrer à mon capharnaüm.
L'exemple le plus significatif est que sa base de données, sur laquelle s'appuie tout le reste, ne connaît même pas le langage SQL !
L'outil est performant et bien adapté à son marché, les évidents problèmes d'échange et communication retombent sur moi et non sur mes clients (il est l'un des plus ouverts dans son domaine), mais il ne me paraît pas logique (ou normal) que tout cela repose sur une personne ou même un petite équipe (quelles que puissent être sa compétence, bonne volonté, honnêteté, ...).
Je ne suis pas sur du tout que le secret et la propriété intellectuelle servent à grand chose dans un marché comme le mien, partagé par de petites structures (à peine plus grandes que la mienne), où le service est au moins aussi important que la vente du logiciel et où beaucoup de développements sont spécifiques.
Je ne vois pas bien les problèmes que l'ouverture de leur code pourraient poser aux développements spécifiques et il me semble, au contraire, que ça inciterait à un plus grand souci de qualité et de rigueur.
Les logiciel destinés à un marché de niche (comme le mien) me paraissent assez proches (au niveau de ces contraintes) des développements spécifiques. Je ne suis pas sur que l'un de mes concurrents pourrait prendre une partie de mon code, ou même le système complet, et le vendre à la place de mon commercial puis en assurer le suivi et l'évolution.
Mon problème à moi, c'est que j'ai certaines compétences en informatique, mais aucune pour ce qui est de gagner ma croûte, et qu'il est hors de question que j'impose mes idées et souhaits un peu vagues à celui qui sait convertir mes compétences et celles de mes collègues en moyens de subsistance d'une petite structure.
L'exigence d'un choix open-source pour les marchés publics, et même la préférence pour ceux ci, me paraît plus que justifiée pour toutes ces raisons (enrichissement de la culture informatique, incitation à l'amélioration de la qualité et souci de pérennité) et bien d'autres que j'ai oublié.
Une politique volontariste des organismes publics, régions, villes et communes (Paris en tête) dans le sens des solutions libres serait, pour tout ce microcosme de petites (et grandes) SSII et artisans de l'informatique, une forte incitation à se rapprocher de (ou basculer dans ?) la logique du développement libre ou communautaire, qui pourrait leur apporter tant d'avantages (la plus grande autonomie vis à vis des géants monopolistiques ne serait pas le moindre) et ne me parait pas impliquer d'inconvénients rédhibitoires, sauf bien sur, si l'on rêve de déposer des tonnes de brevets, croquer Microsoft et vivre de ses rentes sous les cocotiers.
En tout cas, ce serait pour moi un argument pour rapprocher mes idées et souhaits de mes contraintes (mon modèle ? Mon carcan ?) économiques.
D'ailleurs, si vous en avez d'autres (des arguments), prière de les libérer et "communautariser" que je les récupère (sans les confisquer ni brevetter, promis

).
A+