Bonjour Alix et merci de ta longue réponse,
Alix Cazenave a écrit:J'ai l'impression qu'en réalité ce n'est pas une licence libre que tu cherches, mais une licence propriétaire.
C'est peut-être et sûrement ce qui sera le résultat au bout du compte.
Je cherche bien une licence libre, mais il semble qu'aucune ne corresponde à mon modèle économique (le mot est laché, et il va falloir l'intégrer pour la suite).
Alix Cazenave a écrit:1/ Tu ne souhaites donner que 3 libertés sur 4 aux utilisateurs ;
Je sens que le sens de ton "que" sonne mal, je me trompe ?
En disant cela, tu fais passer le modèle des 4 libertés comme le modèle idéal et le modèle de référence, et je restreins les libertés en en enlevant une, et devient donc du mauvais côté.
Arrête moi si je me trompe, mais tu ne cherches pas à répondre à ma demande mais à me pointer d'un (mauvais) côté de l'idéologie.
Alix Cazenave a écrit:2/ Tu ne veux les donner que s'ils payent pour cela.
Comme pour beaucoup de choses dans notre monde, malheureusement.
Alix Cazenave a écrit:Pour compléter la réponse de joan - et pour que tu comprennes bien de quoi nous parlons - je vais te donner quelques éléments de base sur les licences libres.
Lorsqu'on parle de logiciel libre, on parle d'un logiciel dont la licence permet à _tous_ les utilisateurs :
0- d'exécuter le logiciel, de l'utiliser
1- d'en étudier le fonctionnement grâce à ses sources publiques
2- de le modifier pour l'améliorer ou l'adapter à un usage particulier
3- de le redistribuer et de publier les modifications (les licences telles que la GPL obligent d'ailleurs à publier les modifications).
Ce sont les fameuses
4 libertés définies par la Free Software Foundation.
Les licences libres donnent (à quelques rares exceptions près) un droit de paternité constant sur le logiciel. En revanche, elles ne te permettent pas de soumettre l'exercice des 4 libertés à un acte d'achat ou à une quelconque contrepartie. Les seules obligations qui peuvent être imposées par les licences libres sont relatives
- à la mention ou non de la paternité,
- et aux conditions dans lesquelles le logiciel pourra être redistribué, sachant qu'une licence libre
peut autoriser à redistribuer sous licence propriétaire, mais
n'interdit jamais de redistribuer le logiciel avec les 4 libertés.
La question qui me vient alors, c'est que veux-tu dire quand tu te dis partisan du logiciel libre ?
Je sais un minimum ce qu'est le logiciel libre, même si c'est sympa de le rappeler et d'en faire profiter d'autres lecteurs.
Je sais notamment faire la nuance entre le prosélytisme et le radicalisme (agressif) de Stallman et un modèle plus pragmatique de l'Open Source.
(
http://www.gnu.org/philosophy/open-sour ... point.html )
Mais je ne pense pas que le débat se situe à ce niveau où je devrais me justifier.

Alix Cazenave a écrit:De plus, qu'entends-tu par open source ? Ce terme est souvent mal défini, et donne lieu à des interprétations diverses vu qu'il ne renvoie en tant que tel qu'à l'ouverture des sources, alors que
la définition de l'Open Source Initiative est très différente. C'est pourquoi je parle de "logiciel libre", qui renvoie aux 4 libertés.
L'intérêt du logiciel libre est multiple (économique, sociétal, étatique), et il repose nécessairement sur ces libertés. Elles sont la condition du partage des savoirs, mais aussi de la création d'une communauté de développeurs et d'utilisateurs - avec ou sans commercialisation.
Les licences libres existent pour éviter l'appropriation exclusive de l'information par des acteurs privés, et laisser les utilisateurs maîtres de leurs machines plutôt que l'inverse (cf DRM, "trusted computing" et autres technologies de contrôle d'usage privé).
Je ne souhaite pas que ma question initiale, qui est de savoir en fait "Est-ce qu'une licence libre serait adaptée à mon modèle économique ?" se transforme en débat du pour ou du contre, voir en troll, quoique ce forum me semble très modéré à en voir la patience de ses membres et le temps qu'ils consacrent aux questions de chacun.
J'ai beaucoup de mal avec le modèle de Stallman.
Peut-être que si je ne devais pas vivre de mes réalisations, ce modèle serait alors l'idéal.
Mais soyons réalistes une seconde.
Un développeur (entendez indépendant) conçoit un logiciel. Il le place en licence libre, ou open source, peu importe, car cela suppose que quiconque fera la demande des sources devra la recevoir.
Comment ce développeur peut développer son activité dès lors ?
Je serais vraiment très heureux qu'on m'explique cela, sans se référer aux idées humanistes de Stallman.
Alix Cazenave a écrit:Du coup, comme tu es nouveau et que tu as de vraies question, pour mieux te répondre j'aimerais savoir :
Qu'avais-tu compris du logiciel libre ?
Les 4 libertés que tu énonces précedemment, avec cette close qui ne peut me convenir que les sources doivent être remises à quiconque en fait la demande.
Remetre gratuitement les sources, c'est se suicider économiquement pour un indépendant !
Alix Cazenave a écrit:Pourquoi tiens-tu à soumettre l'obtention des sources à un acte d'achat ?
J'ai du mal à comprendre que tu ne comprennes pas mon modèle économique ?
De quoi je vis si les sources sont publiques avant même d'avoir vendu le logiciel ?
On a souvent l'impression (ce n'est pas méchant ce que je dis, c'est une constatation), que tout ce qui n'est pas libre est le diable et qu'il est interdit de penser autrement.
Prenons un exemple pour y voir mieux :
Avant d'acquérir une voiture, vous pouvez la tester, la décortiquer (pour les experts mécano), la désosser. Si vous la voulez, vous devrez alors l'acheter.
Mais cet acte d'achat repose juste sur vote bonne volonté, et rien d'autre.
Car dans l'absolu, rien ne vous emp^che de partir avec cette voiture sans l'acheter.
Ramené au logiciel libre, je souhaite vivre de la réalisation de mes logiciels.
Ils sont en licence libre (c'est l'hypothèse), donc le code source est accessible gratuitement à tous.
Un quidam (qui est quidam car il n'a pas à justifier sa raison sociale) en demande les sources.
Ce quidam est en fait un développeur concurrent, ou une agence.
Il voit les sources, les trouvent interressantes, les dupliquent, change le nom des méthodes, des objets, et en fait un logiciel propriétaire qui lui appartient, sans avoir eu besoin de débourser le moindre euro.
En quoi ce schéma ne correspond t-il pas à une réalité très probable ?
Alix Cazenave a écrit:Pourquoi souhaites-tu interdire la redistribution et la publication des modifications ?
Pour les raisons évoquées ci-dessus.
Je vous en prie, ne répondez pas à mon modèle avec agressivité, j'ai vu qu'il existe toujours des Ayatollahs du logiciel libre prêt à cracher (et plus encore) sur tous ceux qui ne pensent pas comme eux.
Je veux juste
comprendre comment ce modèle du libre peut être un modèle économique également, et ce à un niveau très bas, celui d'un indépendant ?
L'AFUL a publié un document intitulé "Modèles économiques liés aux logiciels libres", dans lequel il est dit :
[...]la création de logiciels libres optimise la création de valeur
mais interdit la captation de cette valeur par l'éditeur du logiciel. Aussi cette singularité, confronte les
éditeurs de logiciels libres à devoir utiliser d'autres mécanismes de production de richesses[...]
Pour conclure en fin de document que les 4 modèles économiques qu'ils proposent ne peuvent pas (ça c'est mon interprétation) être adaptable à mon cas :
1 ) publicité et/ou produits dérivés (ex.: tee-shirts)
2 ) mécénat
3 ) dons des utilisateurs
4 ) bénévolat (???!!)
J'ai envie de terminer sur les principes de ma licence.
Ils sont "proches" de la GNU, aux exceptions suivantes :
- code source disponible uniquement après achat,
- publications publiques des modifications pas possible sauf aux licienciés.
Pour le reste :
- La liberté d'exécuter le logiciel, pour n'importe quel usage,
- La liberté d'étudier le fonctionnement d'un programme et de l'adapter à ses besoins, ce qui passe par l'accès aux codes sources,
- La liberté d'améliorer le programme,
- La libeté de revendre le programme (tiens, moi aussi j'ai 4 libertés !

),
- La liberté de bénéficier des mises à jour gratuitement ( et une 5ième ).
Alors oui, dans l'absolu, si je vois de plus près le modèle économique de certains, je pourrais mettre en avant le fait que je fais du logiciel libre, dans la mesure ou le noyau appllicatif est sous licence libre (MIT), donc disponible à tous, mais que j'y apporte des briques propriétaires et services (logicielles, support, installation, ...).
Mon ame serait ainsi "sauvée" de cet estampillage licence propriétaire, mais ce ne srait que jouer sur les mots au bout du compte.
Merci encore à vous de vos réponses très détaillées.