Je n'ai tout simplement pas pu m'empêcher de dire pourquoi je trouve le premier message de Nico pour le moins cocasse, en France, aujourd'hui.
Je ne m'attendais pas à avoir de réponse, et encore moins à déclencher un débat parallèle au sujet initial.
biniou a écrit:Sur le fond, je suis d'accord avec toi, ma position est juste un peu moins tranchée
Je reprends cette phrase pour résumer, parce que je crois que tu te trompes.
Nous ne sommes pas d'accord sur le fond, et je pense que c'est toi qui est trop tranché dans tes affirmations.
Sur le fond, tu sembles considérer que la majorité des français n'avaient pas de légitimité pour voter pour ou contre ce traité (ou tout autre chose), parce qu'ils n'étaient pas informés de son contenu. Ce avec quoi je suis en total désaccord.
Tu peux déplorer que des personnes votent sans être suffisamment informées sur le sujet mis au vote. Je le déplore aussi.
Mais tu ne peux pas, comme tu le fais ici, remettre en question la légitimité (le "sens") du choix des électeurs, sous prétexte qu'ils sont ignorants du sujet "trop technique" qui est mis au vote. Car là c'est le principe même de la démocratie que tu remets en cause.
La démocratie ne prétend pas que le peuple est grand savant et qu'il prend toujours les bonnes décisions, elle affirme simplement que c'est au peuple de choisir le monde qu'il veut construire (à tort ou à raison), celui où il va vivre ; et non à de prétendus experts ou à une caste de politiciens.
En démocratie, les experts et politiciens doivent conseiller le peuple, pas choisir à sa place, et encore moins contre son choix et son intérêt. Sinon ce n'est tout simplement pas une démocratie.
Je pense donc que tu es trop tranché quand tu affirmes « Il n'y a pas eu de vrai débat de fond et c'est pour moi une condition pour qu'un référendum ait du sens ». A cause du "sens", comme je l'ai dit, mais aussi à cause du "vrai débat de fond" (et, bien sur, le « seul 5% des Français l'avait lu »).
Il se trouve que, en France, il y a eu un vrai débat de fond sur le Traité Constitutionnel.
Pas mal de monde a lu ce texte (je ne sais pas quel pourcentage, mais ce n'est pas significatif) et la majorité des français en a discuté ou débattu (pas simplement parlé).
Beaucoup de français pouvaient citer des articles qui leur étaient inacceptables, et qui justifiaient à eux seuls le refus de ratifier ce traité (et il y avait une quantité invraisemblable de de tels articles, lis le texte ou fais une petite recherche, tu verras), et beaucoup de français savaient aussi que ce texte était globalement inacceptable.
Le texte a été analysé et décortiqué, en particulier sur internet, et la majorité des français ont pris connaissance d'éléments essentiels, et vérifiables, qui ont fondé leur choix.
Mais j'aimerais que tu te poses une autre question : à ton avis, quel pourcentage des députés et sénateurs Français (comme des autres états) ont lu ce texte, 5%, 50%, ... 1% ?
Combien de députés et sénateurs français ou helvétiques comprennent quoi que ce soit aux enjeux de DADVSI ? (pour les français, on l'a tous constaté à la télé du parlement ou du sénat, en direct !).
Quel "sens" peut donc avoir, dans ces conditions, et selon tes propres critères, l'adoption de DADVSI par ces "ignorants" ?
Et celle du TCE par 97% des députés allemands par exemple (comme ce fut le cas) ?
Ou par 98% des députés français, comme le disaient les sondages au moment où le peuple français à rejeté ce traité à 55% ?
Qui est légitime, qui est modéré (et qui est inconséquent), le peuple avec ses 55% ou les politiques avec leur 98% ?
Shimegi,
le "véritable débat" serait donc de savoir si les hommes politiques doivent, ou non, être de simples exécutants ?
Le débat, sur les deux sujets traités en parallèle sur ce fil (et bien sur plus généralement), c'est de savoir si, en démocratie, les hommes politiques peuvent agir contre l'intérêt de leur peuple, et même contre la décision souveraine de leur peuple, exprimée par les urnes sur une question précise.
Et ces actions contraires à l'intérêt et au choix des peuples concernent ici des sujets de première importance : l'accès à la culture / son appropriation par une caste de marchands ; et des choix majeurs (de niveau constitutionnel) sur l'Europe, et donc ses états membres.
PS :
Pour ce qui est du sempiternel exemple de la peine de mort, j'ai la faiblesse de penser que si en 1981 Mitterrand avait organisé un référendum sur l'abolition de la peine de mort, dans l'euphorie de l'arrivée de la "gauche" au pouvoir, et qu'il avait défendu ce choix, au lieu de l'imposer "contre les sondages", il l'aurait très probablement gagné.
La France y aurait gagné le prestige et satisfaction d'avoir aboli la peine de mort ... ou pas.
Au lieu de cela, Mitterrand y a gagné le prestige et la satisfaction d'avoir aboli la peine de mort malgré l'avis de son peuple (des sondages en fait) qui "n'était pas prêt" (ce grand enfant !)
Il me semble que ce sont là deux approches différentes de la représentation et du rôle des élus.
Mais l'une est démocratique, tandis que l'autre est "grand seigneur".
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birin
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