Bonjour,
Introduction préalable :
1) Je pratique également la parodie à titre de loisir. Je m'intéresse donc à ces aspects depuis plusieurs années, mais je dois reconnaître que je n'ai pas été au bout des investigations qui auraient été nécessaires.
2) Je n'ai pas de formation de juriste, mais je suis bien informé sur les aspects PI du fait de mon implication dans le Libre.
On peut donc considérer mon avis comme éclairé, mais pas comme fiable à 100%.
Pour ce qui est de la parodie d'une chanson :
+) Le texte de la parodie, qui est donc dictinct du texte de la chanson originale, est soumis au droit d'auteur, l'auteur étant bien l'auteur de la parodie (et non l'auteur de l'oeuvre originale). Même s'il y a une inspiration, le texte de la parodie reste original. Vous pouvez donc choisir la licence que vous souhaitez pour cette partie de l'oeuvre, vous pouvez protéger votre texte comme tout autre texte.
+) Si on conserve la musique originale (c'est a priori le cas, sinon ce n'est plus une parodie), celle-ci reste "propriété" de son auteur original.
+) L'auteur (ou les auteurs) original ne peut s'opposer à votre parodie (le droit à la parodie est une exception spécifique du droit d'auteur, cf art 122-5, comme rappelé par aKa). Là où c'est moins clair pour moi, c'est que l'oeuvre originale est en fait composée d'un texte et d'une musique(oeuvre de collaboration, cf art L 113-2 et L 113-3 du CPI), avec des droits de PI attachés à chaque partie. Je ne sais pas exactement comment sont gérées chacune des parties, ni si le droit à la parodie s'impose à la fois à l'auteur du texte et à l'auteur de la musique. Mais, intuitivement, ce droit me parait s'imposer à l'oeuvre dans sa globalité (texte + musique).
+) De ce fait, concernant une nécessaire cession des droits de représentation ou reproduction , je ne sais pas vraiment. L'auteur de l'oeuvre originale, on l'a vu, ne peut s'opposer à votre parodie. Mais est-il pour autant fondé (cf art L 122-7 : Le droit de représentation et le droit de reproduction sont cessibles à titre gratuit ou à titre onéreux) à exiger une rémunération pour la représentation d'une parodie de son oeuvre, je pense que non (mais je ne suis pas sûr). L''argument qu'il suffirait "de réclamer des millions pour bloquer toute forme de parodie" va bien dans ce sens. Mais peut-être aussi qu'il est prévu que cette rémunération reste dans des limites cohérentes avec les pratiques de la profession, je n'en sais rien. De mon point de vue, du fait de l'art 122-5, la parodie n'est pas une oeuvre dérivée comme les autres, et jouit d'un statut particulier.
Ce que je sais, en revanche, c'est que si on dépose la parodie à la SACEM, c'est alors le règlement de la SACEM qui s'applique, et celui-ci prévoit des modes de répartition des droits très précis, dans le cadre de ce qui est considéré alors comme une 'adaptation' de l'oeuvre originale, entre l'auteur original et l'auteur de la parodie. Si la parodie est libre (et donc non déposée à la SACEM), je ne sais pas ce qu'il en est.
Pour ce qui est d'une parodie d'une émission de TV connue (dans votre cas, le maillon faible), une attaque possible qu'on pourrait craindre porterait non pas sur les droit d'auteur, mais sur le droit des marques (contrefaçon). Areva avait ainsi intenté un procès à Greenpeace pour des parodies des pubs Arvea sur le site de Greenpeace, mais Areva avait perdu). Cela semble donc plutôt OK de ce point de vue.
J'espère que ceci ne vous découragera pas de continuer votre travail de parodie, exercice que j'apprécie tant.
NB : Le CPI est consultable par exemple à
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/Un ... ROINTL.rcv
Eric