Nous sommes le Sam 28 Juin, 2025 15:00
Supprimer les cookies

Page 1 sur 21, 2 SuivantPOINT DE DETAIL JURIDIQUE : BESOIN DE PRECISIONS

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Lun 27 Mars, 2006 11:37

Bonjour,

n'étant pas juriste de formation je me suis posé une question toute bête qui aurait besoin des lumières d'une personne compétente en la matière. Par avance je tiens à préciser que je me suis posé cette question avant le passage de la loi DADVSI trés recemment, aussi, il se peut, il est même trés probable que je sois hors sujet.

Avant le passage de la loi il y avait (il y a toujours) une distinction entre le fait de télécharger un fichier (download) et le fait de le mettre à disposition (upload). L'un peut être assimilé à de la copie privé (je pense que c'est sur ce point que se situe mon hors sujet dans la mesure ou aujourd'hui même le download ne rentre plus dans le cadre de la copie privée) et l'autre à la diffusion pure et simple d'un contenu protégé par les droits d'auteurs. La deuxième activité est plus sévèrement sanctionné que la première.

Admettons maintenant que je procède de la manière suivante lorsque je télécharge un fichier protégé par les droits d'auteurs. Les parties du fichier déjà présentes sur la machine sont mises à disposition pendant toute la durée du transfert et une fois le fichier totalement téléchargé je le supprime du dossier de download annulant, de fait, sa mise à disposition sur l'Internet. Je pense que ce mode de fonctionnement est le plus pratiqué parmis ceux qui, comme moi, téléchargent de temps à autre par le biais d'un logiciel P2P (je tiens à préciser ici que je continue à aller au cinéma, que je paye ma redevance télévisuelle, je vais à des concerts et ne suis pas un stakanoviste du téléchargement).

La question que je me pose donc est la suivante : Peut-on considérer que j'ai mis une oeuvre à disposition sur le net alors qu'a un instant T je ne possède pas cette oeuvre en entier mais seulement des parties de cette dernière. Quel est le statut juridique de ces tronçons d'oeuvres ? Sont ils considérés comme l'oeuvre elle même ? Ce que j'ai pu mettre à disposition sur le net ne sont que des parties et non l'oeuvre dans sa totalité. Une fois l'oeuvre totalement sur mon pc je la supprime du partage l'empéchant d'être uploadée. (Oui je sais je suis un sale leecher, mais au moins pendant le DL mon UP est à fond.). Concretement je n'ai pas mis l'oeuvre dans sa totalité à disposition mais juste des parties de cette dernière. Tout le monde sait qu'on peut créer des substances hautement explosives en mélangant un engrais et du sucre, on pourrait donc considérer ces éléments comme étant des "parties" d'une bombe pourtant je n'ai jamais vu de descente de policier chez les botanistes ou les supermarchés. Pourtant, un individu peu scrupuleu qui vendrait un pack "Home made bomb" contenant, dans les doses voulues, un sachet d'engrais et un sachet de sucre (le tout à mélanger sois même) serait immédiatement inquiété. N'étant pas juriste (je le rappelle) je nage un peu parmis tous ces concepts et connaissant l'importance que peuvent avoir certains concepts dans le rendu d'une décision de justice je me suis demandé si le distingo entre "partie d'une oeuvre" et "l'oeuvre en elle même" pouvait être fait.

Bien à vous.

Arnaud.
glubok

Messages : 24

Lun 27 Mars, 2006 11:47

Salut,

Aucune différence selon moi.
Les juges n'ont pas a faire la différence entre: je posséde le fichier complet et je ne posséde pas le fichier complet (en tout ca il ne l'on jamais fait)

Comme pour les système pour ne pas envoyer de données (Mod no-upload pour eMule): les juges ne peuvent pas faire la différence entre un Mod no-upload et un eMule officiel.

Sinon: sympa pour les autres .... :|
Shnoulle

Avatar de l’utilisateur
Messages : 731
Géo : Roubaix

Lun 27 Mars, 2006 12:33

Pourtant il existe une différence entre un "fichier complet" et un "extrait" d'un point de vue juridique.

Corrigez moi si je me trompe, mais il me semble que j'ai le droit de mettre des extraits musicaux sur un site web dés lors que ces derniers n'excèdent pas une certaine durée. Dans ce cas il existe une distinction juridique entre l'oeuvre complète et une partie de cette dernière. Pourquoi cette distinction ne peut pas être utilisée dans les jugements ?


Sinon : Lorsque j'ai un fichier à télécharger je le mets en partage le temps du chargement, ensuite, je n'ai pas de raison particulière de laisser tourner la mule ou bittorent mon pc étant éteint lorsque je ne m'en sert pas (500 W c'est pas grand chose mais à la longue ça fait des dépenses d'énergie pour rien). C'est pour ça que je laisse l'up à fond lors du chargement parce que ça me semble de bonne guerre mais je considère que je n'ai pas à en faire plus. Ceci étant dit, je ne veux pas lancer un troll de plus, je préfèrerai qu'on reste focalisé sur la vraie question de ce thread.

Cordialement,

Arnaud.
glubok

Messages : 24

Lun 27 Mars, 2006 14:42

glubok a écrit:Corrigez moi si je me trompe, mais il me semble que j'ai le droit de mettre des extraits musicaux sur un site web dés lors que ces derniers n'excèdent pas une certaine durée.

Je te corrige, parce que tu te trompes :P
L'exception de courte citation demande, pour commencer, qu'elle soit courte. Et courte, c'est court. Genre pour du texte trois paragraphes c'est déjà très limite.
Pour ce qui est des œuvres non textuelles, la jurisprudence (et peut-être certaines dispositions de la loi, mais il me semble que non) dit en gros que la courte citation ne s'applique pas aux extraits sonores, aux extraits d'œuvres audiovisuelles, ou aux détails d'œuvres picturales. Bref, juste le texte, et juste un petit peu.
Diffuse dix secondes d'une chanson du répertoire de la SACEM sans autorisation, et la SACEM te tombe dessus.

Pour ce qui est du logiciel, Guillermito a été condamné à 15000 euros d'amende pour avoir diffusé 65 octets du code (obtenu par décompilation) d'un antivirus d'une société que je ne citerai pas (histoire de ne pas dire tout le mal que je pense d'eux... à titre personnel bien sûr, je ne voudrais pas me rendre coupable de diffamation). Le but était de démontrer une faille de sécurité (dans un anti-virus, la sécurité ça peut être utile), et 65 octets ça représente 65 lettres de l'alphabet. Genre 1 millionième du code source du logiciel.

Autant pour la courte citation, qui en gros n'est autorisée que pour la critique littéraire ou scientifique.
mpop

Messages : 777
Géo : Lyon

Lun 27 Mars, 2006 14:46

mpop a écrit:L'exception de courte citation demande, pour commencer, qu'elle soit courte. Et courte, c'est court. Genre pour du texte trois paragraphes c'est déjà très limite. Pour ce qui est des œuvres non textuelles, la jurisprudence (et peut-être certaines dispositions de la loi, mais il me semble que non) dit en gros que la courte citation ne s'applique pas aux extraits sonores, aux extraits d'œuvres audiovisuelles, ou aux détails d'œuvres picturales. Bref, juste le texte, et juste un petit peu.


La directive de 2001 ne restreint pas les citations aux oeuvres littéraires. La citation d'oeuvres audiovisuelles pourrait être admise.
Mais de toute façon, la citation n'est admise que si elle sert une analyse ou une critique. On ne peut pas mettre un extrait de musique sur un site web pour faire beau. A la limite, un musicologue qui analyserait sur son site web une oeuvre musicale et proposerait un extrait de quelques secondes, ça pourrait passer.
desesperatly

Messages : 625

Lun 27 Mars, 2006 15:17

Merci pour toutes ces explications, j'y vois plus clair.

Si j'ai bien compris, si je ne télécharge que 50% des fichiers protégés par les droits d'auteurs sur emule je serais aussi emmerdé que si je les télécharge complètement. C'est ça ?
Je pourrais, par exemple, me retrouver avec des Gigas de fichiers inexploitables (dont je ne peux tirer aucune jouissance (au sens juridique du terme hein :wink: ! )) et me retrouver à payer une amende comme mon égal qui aurait le même volume de fichiers mais cette fois-ci exploitables. J'ai du mal à trouver la logique.

Merci tout de même pour avoir éclairé ma lanterne.

Bien à vous,

Arnaud.
glubok

Messages : 24

Lun 27 Mars, 2006 15:20

glubok a écrit:Merci pour toutes ces explications, j'y vois plus clair.

Si j'ai bien compris, si je ne télécharge que 50% des fichiers protégés par les droits d'auteurs sur emule je serais aussi emmerdé que si je les télécharge complètement. C'est ça ?
Je pourrais, par exemple, me retrouver avec des Gigas de fichiers inexploitables (dont je ne peux tirer aucune jouissance (au sens juridique du terme hein :wink: ! )) et me retrouver à payer une amende comme mon égal qui aurait le même volume de fichiers mais cette fois-ci exploitables. J'ai du mal à trouver la logique.

Merci tout de même pour avoir éclairé ma lanterne.

Bien à vous,

Arnaud.


La copie privée, c'est autre chose que la citation (qui permet des actes qui sortent de la sphère privée).
La copie privée autorise la reproduction de l'intégralité de l'oeuvre, sans autre contrainte. Il faut juste que la copie soit utilisée par celui qui l'a réalisée.

Ensuite, pour ce qui est du téléchargement, dont le statut au regard de la copie privée n'était pour l'instant pas clair, il semble qu'il devienne clairement étranger à la copie privée. L'exception ne s'applique pas.
desesperatly

Messages : 625

Lun 27 Mars, 2006 18:51

Sur le principe, cela ne devrait effectivement pas faire de différence. Dans la pratique, cela dépendra des modalités de constat de l'infraction, qui ne sont pas décrites par la loi, et seront probablement précisées par décret. Il y a tellement d'incertitudes sur ce sujet qu'il est impossible de pronostiquer.

Pendant le débat, les opposants ont posé surtout les questions suivantes qui n'ont reçu aucune réponse :
- qu'est ce qu'un "acte de téléchargement" valant 38 euros ? (un fichier, une durée, un constat, etc ...)
- comment les PV seront-ils contestables ? (ie. en quoi consistera vraiment la preuve du délit et surtout de l'identité du délinquant ?)

Mais il y a aussi un tas de questions techniques. Comment l'Etat peut-il constater que telle IP transfère tel fichier, sachant qu'il n'a pas le droit de surveiller préventivement les communications privées de manière non nominative ? etc ...

Un article pas mal du "monde" là-dessus aujourd'hui.
Forest Ent

Messages : 391

Lun 27 Mars, 2006 19:20

desesperatly a écrit:
La copie privée, c'est autre chose que la citation (qui permet des actes qui sortent de la sphère privée).
La copie privée autorise la reproduction de l'intégralité de l'oeuvre, sans autre contrainte. Il faut juste que la copie soit utilisée par celui qui l'a réalisée.

Ensuite, pour ce qui est du téléchargement, dont le statut au regard de la copie privée n'était pour l'instant pas clair, il semble qu'il devienne clairement étranger à la copie privée. L'exception ne s'applique pas.


Attendons... Le vote de cette loi n'est pas encore définitf, à ce que nous sachions...


:twisted:
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Lun 27 Mars, 2006 19:59

glubok a écrit:Merci pour toutes ces explications, j'y vois plus clair.

Si j'ai bien compris, si je ne télécharge que 50% des fichiers protégés par les droits d'auteurs sur emule je serais aussi emmerdé que si je les télécharge complètement. C'est ça ?
.../...
Arnaud.


pourtant, en lisant dans les amendements adoptés :
L'article L. 211-3 du code de la propriété intellectuelle est complété par les alinéas suivants :

« 5° La reproduction provisoire présentant un caractère transitoire ou accessoire, lorsqu'elle est une partie intégrante et essentielle d'un procédé technique et qu'elle a pour unique objet de permettre l'utilisation licite de l'œuvre ou sa transmission entre tiers par la voie d'un réseau faisant appel à un intermédiaire ; toutefois, cette reproduction provisoire ne doit pas avoir de valeur économique propre ;

je me pose aussi des questions :

Les morceaux de fichiers que les logiciels de P2P donnent en upload ont-ils une "valeur économique propre" ?

L'upload par un logiciel de P2P ne peut il pas etre considéré comme "transitoire et faisant partie intégrante et essentielle d'un procédé technique et que cet upload a pour unique objet de permettre la transmission entre tiers ... blablabla... " ?

Plus je lis ce texte, plus je me dis que c'est une vraie usine à gaz qui ne peut pas etre appliquée...
rencopter

Messages : 10

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant actuellement ce forum : Aucun utilisateur inscrit