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Les téléchargements : .com et les autres
22 février 2006 : Renaud Donnedieu de Vabres invite "artistes et internautes à s'entendre sur le téléchargement", quinze jours avant la reprise de l'examen du projet de loi sur le droit d'auteur à l'Assemblée nationale - qui avait été interrompu fin décembre 2005.
Pour s'entendre, il faut dialoguer. Et pour dialoguer, le ministre de la Culture et de la Communication a créé un site Internet. Intitulé lestéléchargements.com, il se veut "lieu de débat entre tous les acteurs du téléchargement".
L'interactivité sera-t-elle vraiment au rendez-vous ? Dès le lancement du site, les internautes en doutent et s'emportent, sur la blogosphère, contre le système de modération a priori de leurs messages. Malgré tout, ils réussissent à faire entendre leur voix, en réponse aux messages des artistes venus répéter en ligne que la musique ne peut être gratuite.
Marc Lavoine s'est même risqué à quelques extrapolations chiffrées. Selon le chanteur, 300 000 emplois seraient menacés dans les six ans qui viennent à cause du téléchargement illégal sur Internet. Une intervention qui a valu à l'artiste une levée de cyber-boucliers : 500 messages, pour la plupart indignés, lui ont répondu.
Celui-ci résume assez bien la teneur des missives : "Quelle est la légitimité de Marc Lavoine pour évoquer des statistiques sur l'économie du secteur ? Dirige-t-il désormais un organisme de sondage ? Si ce site est encore une grosse opération de communication faisant appel aux people pour dire que 'le piratage, c'est pas bien', j'ai comme l'impression qu'il y a bug".
Pas sûr que le dialogue soit constructif dans ces conditions. En prime, les internautes sont mis de méchante humeur dès la page d'accueil. Ils y sont représentés, dans un petit clip en noir et blanc, comme une nuée de sauterelles dévastant les champs de la culture : "Un internaute qui pirate un morceau, c'est rien... mais des millions ?".
Ce qui a surtout choqué les adeptes du téléchargement, c'est le coût de l'opération : 180 000 euros réglés par les ministères de la Culture et des Finances à Publicis. Relayée par de nombreux messages dans la blogosphère, la facture fait scandale. D'autant plus que le site utilise un logiciel libre.
Dans un billet intitulé "Le blog le plus cher du monde", un internaute s'est amusé à refaire le calcul. D'après lui, le site aurait pu être mis en place pour environ... 7 000 euros ! Ce calcul est publié sur le site lestéléchargements.fr. S'agirait-il d'un piratage du site officiel ?
Pas vraiment, puisque l'équipe de lestéléchargements.com, malgré son budget confortable, n'a pas sécurisé tous les noms de domaines. Quelques malicieux internautes en ont profité pour créer des sites sur le même thème, avec des extensions différentes !
Sur la version.fr, on prévient aimablement : "Ce site n'est pas téléchargements.com ; ici, on partage, et c'est ce qui nous enrichit". Objectif des blogueurs : "Analyser la (dés)information dans le débat parlementaire sur la loi DADVSI". Forums, chats, podcasts... la panoplie est complète pour prendre le contre-pied du site officiel.
Extrait d'un podcast : "Le projet de loi DADVSI est issu d'une vision rétrograde du Net. Il considère les internautes comme des délinquants qui s'ignorent, et les systèmes d'échange comme des espaces de pillage." La citation est de Christophe Espern, cofondateur du collectif citoyen EUCD, qui lutte contre le projet de loi. Même combat pour la ligue d'internautes ODEBI, qui publie également ses communiqués sur lestéléchargements.fr.
On retrouve ce ton revendicatif sur la version .net, créée par le fondateur du site Générationmp3. Le message est clair : "Le discours qui consiste à dire qu'en dehors des marchands de mp3 en ligne, il n'y a que des pirates ne nous satisfait pas, surtout quand on ne trouve pas ce qu'on cherche en tête de gondole de son hypaire-supairemarché préféré...". Sous cet édito : une longue liste de liens vers des sites où les internautes peuvent télécharger de la musique.
La version .info fait quant à elle dans la parodie acide et déjantée. En reprenant, par exemple, le petit film des sauterelles pour le transformer en un clip survolté de deux minutes. Le message : "Un CD vierge taxé au profit des industries culturelles, c'est rien... Mais des millions ?".
Lise Martin
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