Joël de Rosnay (intro de son bouquin) a écrit: Les citoyens du monde sont en train d'inventer une nouvelle démocratie. Non pas une "e-démocratie", caractérisée par le vote à distance via Internet, mais une vraie démocratie de la communication. Cette nouvelle démocratie, qui s'appuie sur "les médias des masses", émerge spontanément, dynamisée par les dernières technologies de l'information et de la communication auxquelles sont associés de nouveaux modèles économiques. Ni les médias traditionnels, ni les hommes politiques n'en comprennent véritablement les enjeux. Les média de masses, seuls véritables média démocratiques, vont radicalement modifier la relation entre le poilitique et le citoyen, et, par voie de conséquence, avoir des impacts considérables dans les champs culturels, social et politique. Les internautes commnecent seulement à realiser à quel point le Net du futur va leur permettre d'excercer leur pouvoir, si tant est qu'ils parviennent à se montrer solidaires et organisés.
Le modèle industriel traditionnel a placé le pouvoir entre les mains d'élites ou de grandes familles propriétaires du capital fnancier et de production. Ces classes de capitalistes riches et puissantes ont par la suite cherché à transposer ce modèle à la société de l'information. Or les règles du jeu ont changé. L'accumulation du "capital informationnel" - représenté notamment par les savoirs, les connaissances, les contenus, les informations stratégiques accumulés dans les bases de données, des bibliothèques, des archives - se fait aujourd'hui de manière exponentielles. La création collaborative ou la distribution d'informations de personne à personne, contribuant à l'accroissement de cette nouvelle forme de capital, confèrent donc de nouvelles prérogatives aux utilisateurs jadis relégués au rang de simpels "consommateurs". De nouveaux outils "professionnels" leur permettent de produire des contenus numériques à haute valeur ajoutée dans les domaines de l'image, de la vidéo, du son, de texte, jusque-là traditionnellement réservés aux seuls producteurs de masse, détenteurs des "mass media".
Dans la société de l'énergie, essentiellement fondée sur la production, la distribution, et la consommation de biens matériels - grâce principalement à l'exploitation des énergies fossiles non renouvelables ou nucléaires-, les capitalistes détiennent les moyens de production et de distribution. Ils peuvent investir en capital (financier, matériel, humain) et contrôler l'usage et les bénéfices de leurs investissements. Ils réalisent des "économies d'échelle" en créant des usines et des réseaux de distribution pour produire à des coûts toujours plus bas et vendre au plus grand nombre, en dégageant des marges et profits assurant la croissance économique et la rémunération des actionnaires. Le prolétariat est, selon Karl Marx, la force de travail utilisée par les propriétaires du capital de production...
Dans la société de l'information, l'économie d'échelle ne s'applique plus selon les mêmes normes. La reproduciton des contenus numériques se fait à un coût marginal et la diffusion peut être mondiale et instantanée. La création collaborative, ou intercréative, fait appel à des réseaux d'intelligence collective et non plus à des organisations humaines pyramidales. On voit donc apparaître une nouvelle forme de luttes des classes entre ceux qui détiennent les moyens de production et de diffusion des informations et ceux qui, jusqu'àlors considérés comme spectateurs, lecteurs ou usagers passifs, prennent une part croissante aux processus planétaire de création et de distribution d'informations.
J'appelle "infocapitalistes" les détenteurs des moyens de création, de production et de diffusion de contenus informationnels dits "propriétaires" (sous copyright, droit de licence...), généralement sous forme numérique. Ils forcent les utilisateurs et les acheteurs à passer par les vecteurs de diffusion ou de distribution qu'ils contrôlent en organisant intentionnellement la rareté autour de ces vecteurs. En ce sens, on peut également les considérer comme des "vectorialistes". Ce sont les grandes chaines de télévision, les grands éditeurs, les majors de la musique...Il font partie de ce qu'on appelle généralement des mass media.
J'appelle "pronétaires" ou "pronétariat"...une nouvelle classe d'usagers des réseaux numériques capables de produire, diffuser, vendre des contenus numériques non propriétaires, en s'appuyant sur les principes de la "nouvelle nouvelle économie". C'est à dire capables de créer des flux importants de visiteurs sur des sites, de permettre des accès gratuits, de faire payer à des bas prix des services personnalisés, de jouer sur les effets d'amplification... "Professionnels amateurs" (ou "pro-ams") ils utilisent pour cela des outils analogues à ceux des professionnels et facilement accessibles sur Internet. Il s'agit d'usagers, d'internautes, de "blogueurs", de citoyens comme les autres, mais qui entrent de plus en plus en compétition avec les infocapitalistes traditionneles, auxquels ils ne font plus confiance, pour s'informer, écouter de la musique, voir des vidéos, lire des livres ou communiquer par téléphone. Cela en raison des coûts trop élevés des produits et services proposés et de leur accès difficile pour les moins favorisés.
Enfin j'appelle "media de masses" les nouveux modes, massifs et distribués, d'expression pronétaire. Les media de masses utilisent des techniques numériques de création collaborative, de connexion et d'échange qui supplantent progressivement certains des vecteurs traditionnels des mass media (télévision, radio, édition, télécommunications, publicité...).
La production massive et collaborative d'informations numériques par le pronétariat représente une révolution aussi importante que celle du début de l'ère industrielle, symbolisée par la machine à vapeur puis par la mécanisation et l'automatisation intensive. Pour permettre la production de masse de produits standardisés, il fallait réaliser des économies d'échelle dans des usines centralisés, grande consommatrices d'énergie, de matériaux et de capital. Aujourd'hui, avec les nouveaux outils d'empowerment qui confèrent du pouvoir aux pronétaires et qui s'appuie sur le numérique (logiciels et outils de production sur PC et Web), la révolution est encore plus marquée et rapide. Il devient facile de rassembler les moyens de production et de distrubution à un coût très bas....
Quelles sont les raisons de l'émergence du pronétariat et du rassemblement de perrsonnes et de talents aussi différents? Certainemeent l'arrivée de nouvelles technologies typiques de la culture Internet venant à la rencontre de l'aspiration profonde d'une partie de la société à des formes d'organisation plus participatives. Un besoin de participation lié à des facteurs positifs (comme l'augmentation du niveau culturel global), mais aussi négatifs (comme la crise de la démocratie représentative). Des applications d'abords isolées et seulement utilisées par des "fanas" et des spécialistes vont ensuite "interagir" pour s'étendre à des secteurs incontournables. A la manière de petite gouttes de mercure sur une surface plane: elles roulent et s'interpénètrent jusqu'à ne plus former qu'une seule bille. C'est à ce phénomène palnétaire que nous assistons aujourd'hui, à un rythme accéléré, et il nécessite une analyse ainsi qu'une prise de conscience de la part des responsables industriels et universitaires.
En effet la nouvelle nouvelle économie née du pronétariat pose des problèmes culturels, politiques, sociologiques et économiques inédits. Les gouvernants doivent revoir leurs priorité en matière d'allocation des ressources pour le développement des réseaux....Les industriels, enfin, doivent remettre en question les techniques qu'ils utisent pour toucher les consommateurs selon un mode pyramidal, car les pronétaires, par l'utilisation des blogs, vlogs, wikis, journaux citoyens, IM, téléphone mondial gratuit tel que Skype, etc, comme outils stratégiques de production et de distribution, créant un univers commercial parallèle à celui des firmes classiques. Mais la révolution pronétarienne est d'abord sociétale avant d'être économique. D'où les défis et les enjeux auxquels sont aujourd'hui confrontés entreprises et gouvernants. D'où l'importance aussi de l'information et de la formation permettant à chaque acteur de la vie économique et sociale de mieux comprendre ces évolutions pour construire son avenir