Je m'intéresse au libre depuis longtemps mais sans être informaticien et avec une certaine distance (qui devrait se réduire maintenant). Je suis par ailleurs
rôliste et la même question se pose également.
Ma constatation est que dès qu'une "nouvelle pratique" émerge, les hommes sont généralement ceux qui la font émerger et se l'approprient. C'est vrai dans le jeu de rôle qui était très massivement masculin il y a 20 ans et qui est beaucoup plus équilibré maintenant, notamment chez les jeunes où j'ai même vu des groupes de copines débarquer lors de scéances d'initiation.
Même topo dans le jeu vidéo. Les joueuses, sont aujourd'hui monnaie courante alors que le jeu vidéo dans les années 80 était un truc de mec et rien d'autre. On peut remonter plus loin avec par exemple l'explosion de la musique rock à partir de 67 ou même du rap plus tard, beaucoup d'homme, quelques rares femmes, toujours chanteuses. Aujourd'hui encore une musicienne sera souvent tournée vers le classique plus que vers le rock. Même topo dans la bd par exemple qui n'était quasiement que masculine à l'époque où elle est passée du statut de divertissement pour les débiles à celui de 8ème art. Je pourrais parler cinéma, science fiction... Des domaines qui se sont féminisés avec le temps.
Qu'est ce qui a pu bloquer l'arrivée des femmes dans ces domaines émergents. Pourquoi si peu de filles se sont payé une guitare électrique, une planche à dessin, une caméra, un set de dé, un pc pour se l'approprier et en faire quelque chose qui leur ressemble ?
Pour le jeu de rôle et après moult discussion sur un forum entre joueurs et joueuses, un point de vue commun a émergé (une discussion sur forum qui trouve une issue, j'ai eu peine à le croire à l'époque). Une amie joueuse de longue date (qui aime la SF et les films de guerre) et d'autres joueuses expliquaient que toutes les copines qu'elles avaient pu tenter de ramener au jdr, n'y portaient aucun intérêt par défaut. Notamment parce que les rôlistes étaient stigmatisés, parce que le jdr ne s'inscrivait pas dans une normalité. Le statut, la norme pesaient particulièrement lourd dans l'intérêt que les demoiselles pouvaient porter aux choses. Ces joueuses admettaient que les filles pour une raison ou pour une autre avaient de plus forts penchants pour l'institutionnalisé, le reconnu. Elles excluaient également les arguments du type, les filles sont des êtres fragiles et sensibles... Elles pensent différemment des hommes mais savent parfaitement jouer des coudes dans un contexte où il faut faire sa place (pour avoir bossé dans des contextes totalement féminins, ça peut-être très féroce).
C'est un phénomène que je crois avoir vu dans le département d'informatique où ma soeur faisait ses études il y a quelques années. Au début elles étaient ultra minoritaires, avec 2 ou 3 filles pour tout un département. Puis la période bénie du boom de l'informatique avec les étudiants en cours de licence débauchés à 15 000 F net est apparu et là, soudainement, la proportion de fille a immédiatement grimpé.
Le libre demeure un domaine de pointe, minoritaire, incertain à la reconnaissance partielle. C'est je crois la raison pour laquelle il y a si peu de filles à s'y impliquer. Non pas qu'elles ne soient pas sensibles à sa philosophie mais que pour une raison qui reste à déterminer , elles investissent leur énergie sur du "solide".