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Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Sam 02 Déc, 2006 20:42

antistress a écrit:Soyons sérieux et discutons objectivement.


D'accord, soyons effectivement objectifs !

Alors,

- Où en est-on du droit de la copie privée aujourd'hui ?

- Que peux-on encore copier, et qu'est il interdit de copier ?

Merci de nous l'expliquer objectivement, sérieusement et clairement avec références aux articles de loi s'y rapportant.

Bon courage. Merci.


;)
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Sam 02 Déc, 2006 20:53

je m'étonne que ceux qui sont les premiers à crier à la république bananière soient aussi les premiers à s'offusquer de l'application de la loi par le juge.

Que la loi soit mauvaise, je le pense, et j'ai milité contre, comme d'autres ici.

Que les majors aient tort de trainer leurs clients en justice, je le pense aussi.

Mais on ne peut pas reprocher aux juges d'appliquer la loi. Et notamment d'en faire une application égale pour tous (en tout cas pour ceux qui sont dans des situation comparables)
antistress

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Géo : Ile de France

Sam 02 Déc, 2006 21:22

antistress a écrit:Mais on ne peut pas reprocher aux juges d'appliquer la loi. Et notamment d'en faire une application égale pour tous (en tout cas pour ceux qui sont dans des situation comparables)


Moi non plus, je ne le reprocherai pas aux juges.

Mais ce qui m'a fait bondir:

- C'est que cette notion de droit à la copie privée me paraît toujours aussi mal définie, y compris par toi...
- Et que d'autre part, tu sembles dans ton précèdent commentaire, totalement faire abstraction, de ce que "le bénéfice du doûte", doive toujours profiter à l'accusé.

Je te cite :
antistress a écrit:Tu ne m'as pas compris. Je n'ai pas dit qu'elle comprenait tout, je dis que ce n'est pas une excuse.
Nul n'est censé ignorer la loi.
Admettre l'excuse de l'ignorance une fois, c'est refuser de condamner tout le monde.

Pour te répondre, sur le fond, s'agissant d'une instit, donc avec un certain niveau d'éducation et d'intelligence supposé, j'ai du mal à imaginer qu'elle ne se soit pas étonné qu'elle puisse se procurer gratuitement par des moyens non officiels des choses qui étaient vendues par ailleurs.


Ce genre d'affirmation de ta part me paraît un peu excessif, et aller trop à l'encontre de la clémence dont les magistrats, me semble, très justement, avoir fait preuve à son égard, en prenant, sans doute, en considération, son manque d'expérience quant à l'usage de logiciels de P2P (qu'elle soit ou non enseignante, tout le monde étant égal devant la loi).

Désolé, mais je ne te suivrai pas dans cette voie, qui me semble dégager beaucoup trop d'intolérance et d'à priori, qui me paraissent être injustifiés.
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Dim 03 Déc, 2006 01:13

Bonsoir,

bon je ne suis pas juriste, alors ce n'est que mon interprétation personnelle.
Saint-Chinian a écrit:- Où en est-on du droit de la copie privée aujourd'hui ?

Il existe toujours.

Saint-Chinian a écrit:- Que peux-on encore copier, et qu'est il interdit de copier ?

Sur Internet, la copie privé ne peut pas être invoqué lorsque l'oeuvre est mise illégalement à disposition, pour deux raisons:
- c'est le principe "fraus omnia corrumpit" qui contamine de fait le fichier téléchargé s'il le fichier source est illégal. Or le fichier source est illégal car l'article L335-4 interdit la mise à disposition d'une oeuvre sans l'autorisation de l'artiste.
- La mise a disposition constitue un acte de contrefaction, le téléchargement est donc un acte de recel

Le téléchargement d'une oeuvre sous copyright classique sur les réseaux P2P, bittorent ou sur les sites Internet autres que les plate-formes légales est donc illégal.
Mais l'enregistrement de musique sur des radios, des télés est légal au titre de la copie privée du fait de la légalité de l'oeuvre source.
Donc notre enseignante est donc bien coupable du délit qu'il lui est reproché, il est donc normal qu'elle soit condamné à ce titre.

Maintenant je crois que nous sommes tous à peu près d'accord:
- que l'industrie du disque s'attaque à ses clients est stupide, elle ferait mieux de trouver de vraies solutions
- Ils n'ont vraiment pas bien choisi leur exemple en prenant quelqu'un avec autant de CDs originaux

Cordialement,
Léviathan
Tous les propos n'appartiennent qu'à leur auteur et n'engagent personne d'autre.
La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté. (Max Stirner), donc 4 CC sur 6 ne sont pas libres :-)
leviathan

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Messages : 1415

Dim 03 Déc, 2006 05:01

Saint-Chinian a écrit:(...) tu sembles dans ton précèdent commentaire, totalement faire abstraction, de ce que "le bénéfice du doûte", doive toujours profiter à l'accusé.

Je te cite :
antistress a écrit:Tu ne m'as pas compris. Je n'ai pas dit qu'elle comprenait tout, je dis que ce n'est pas une excuse.
Nul n'est censé ignorer la loi.
Admettre l'excuse de l'ignorance une fois, c'est refuser de condamner tout le monde.

Pour te répondre, sur le fond, s'agissant d'une instit, donc avec un certain niveau d'éducation et d'intelligence supposé, j'ai du mal à imaginer qu'elle ne se soit pas étonné qu'elle puisse se procurer gratuitement par des moyens non officiels des choses qui étaient vendues par ailleurs.


Ce genre d'affirmation de ta part me paraît un peu excessif, et aller trop à l'encontre de la clémence dont les magistrats, me semble, très justement, avoir fait preuve à son égard, en prenant, sans doute, en considération, son manque d'expérience quant à l'usage de logiciels de P2P (qu'elle soit ou non enseignante, tout le monde étant égal devant la loi).

Désolé, mais je ne te suivrai pas dans cette voie, qui me semble dégager beaucoup trop d'intolérance et d'à priori, qui me paraissent être injustifiés.


Le bénéfice du doute c'est quand on n'est pas sûr qu'un acte illicite ait été commis par une personne, ça n'a rien à voir avec le fait de ne pas être sûr que la personne connaissait la loi.
Pour ce dernier cas, le bénéfice du doute n'existe pas en droit, car nul n'est censé ignorer la loi.
Justement ici les faits sont établis et, semble t-il reconnus, de sorte qu'il n'y a aucun doute permis.
NB : il s'agit là de la procédure juridique, non de mon avis, il n'y a rien à discuter à ce stade.

Après on peut trouver la loi mal faite, c'est un autre débat, mais il faut bien comprendre de quoi on parle.

Encore une fois, la clémence intervient au niveau de l'application de la peine, et non au niveau de la reconnaissance de l'infraction.

Je n'ai pas l'impression que ces points de procédure soient bien connus de tous ?
antistress

Messages : 3854
Géo : Ile de France

Dim 03 Déc, 2006 12:26

leviathan a écrit:
Saint-Chinian a écrit:- Que peux-on encore copier, et qu'est il interdit de copier ?

Sur Internet, la copie privé ne peut pas être invoqué lorsque l'oeuvre est mise illégalement à disposition, pour deux raisons:
- c'est le principe "fraus omnia corrumpit" qui contamine de fait le fichier téléchargé s'il le fichier source est illégal. Or le fichier source est illégal car l'article L335-4 interdit la mise à disposition d'une oeuvre sans l'autorisation de l'artiste.
- La mise a disposition constitue un acte de contrefaction, le téléchargement est donc un acte de recel

Le téléchargement d'une oeuvre sous copyright classique sur les réseaux P2P, bittorent ou sur les sites Internet autres que les plate-formes légales est donc illégal.
Mais l'enregistrement de musique sur des radios, des télés est légal au titre de la copie privée du fait de la légalité de l'oeuvre source.
Donc notre enseignante est donc bien coupable du délit qu'il lui est reproché, il est donc normal qu'elle soit condamné à ce titre.

sur ces questions, ce que j'en disais l'année dernière :
http://forum.framasoft.org/viewtopic.php?p=70733#70733
http://forum.framasoft.org/viewtopic.php?p=71767#71767

Depuis, il y a eu cet arrêt de la Chambre Criminelle de la Cour de cassation :

Attendu que, pour confirmer le jugement entrepris , l'arrêt retient qu'aux termes des articles L. 122-3, L. 122-4 et L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle, lorsqu'une oeuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ; que les juges ajoutent que le prévenu a déclaré avoir effectué les copies uniquement pour un usage privé et qu'il n'est démontré aucun usage à titre collectif ;

Mais attendu qu'en se déterminant ainsi , sans s'expliquer sur les circonstances dans lesquelles les oeuvres avaient été mises à disposition du prévenu et sans répondre aux conclusions des parties civiles qui faisaient valoir que l'exception de copie privée prévue par l'article L. 122-5, 2 , du code de la propriété intellectuelle, en ce qu'elle constitue une dérogation au monopole de l'auteur sur son oeuvre, suppose, pour pouvoir être retenue, que sa source soit licite et nécessairement exempte de toute atteinte aux prérogatives des titulaires de droits sur l'oeuvre concernée, la cour d'appel n'a pas justifié sa décision ;

D'où il suit que la cassation est encourue de ce chef


La Cour de cassation reproche donc aux juges du fond de n'avoir point répondu à cette argumentation de la partie civile et censure au visa de l'article 593 du code de procédure pénale :

Vu l'article 593 du code de procédure pénale ;

Attendu que tout jugement ou arrêt doit comporter les motifs propres à justifier la décision et répondre aux chefs péremptoires des conclusions des parties ; que l'insuffisance ou la contradiction des motifs équivaut à leur absence ;
leto_2

Messages : 2305

Dim 03 Déc, 2006 13:08

antistress a écrit:
Le bénéfice du doute c'est quand on n'est pas sûr qu'un acte illicite ait été commis par une personne, ça n'a rien à voir avec le fait de ne pas être sûr que la personne connaissait la loi.
Pour ce dernier cas, le bénéfice du doute n'existe pas en droit, car nul n'est censé ignorer la loi.

Je parlais de laisser à Anne-Sophie "le bénéfice du doute" quant à sa méconnaissance du logiciel kaaza, qui laisse par défaut à la disposition des autres les morceaux qui ont été téléchargés.

antistress a écrit:Encore une fois, la clémence intervient au niveau de l'application de la peine, et non au niveau de la reconnaissance de l'infraction.

Je n'ai jamais dit le contraire

antistress a écrit:Je n'ai pas l'impression que ces points de procédure soient bien connus de tous ?

Je ne suis ni pénaliste, ni spécialiste en procédure.

Au sujet du jugement d'Anne-Sophie, ma pensée est très proche des déclarations qui ont été faites par L'Association "UFC-QUE CHOISIR" à l'issue de ce procès.
Pour sa part, l'association de défense des intérêts des consommateurs UFC-Que Choisir, estime que la généralisation d'une pratique (comme le téléchargement illégal de musique en ligne) pose la question de la pertinence de la loi. « Par leur clémence, les juges ont montré aujourd'hui qu'ils étaient conscients de la difficulté de la situation », relève Julien Dourgnon, directeur des études et de la communication.



Ce qui me dérange dans ce jugement, ce n'est pas tant qu'Anne-Sophie ait été condamnée, car ce qu'elle a fait est illégal, mais que des millions de Français en ont fait et en font encore autant et ne sont pas poursuivis. Pire, il n'est pas possible de tous les poursuivre.
Anne-Sophie sert donc « d'exemple » inutile, elle est donc condamnée de manière qui me paraît injuste.
50 personnes arretées et jugées alors des millions de personnes font la même chose... Je me fais une autre idée de la justice. La justice n'est pas là pour faire des exemples mais juger tous les coupables.
D'autre part, une loi non respectée et non appliquée, non seulement ne sert à rien, mais en plus ça remet en cause l'ensemble du système légal.

Je te rappelle que :
- En avril 2004, le tribunal voisin de Vannes avait condamné six internautes à des peines d'un à trois mois de prison avec sursis et à des amendes entre 2.000 et 5.800 euros pour avoir [s]piraté[/s] téléchargé des films sur internet.
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Dim 03 Déc, 2006 14:25

leto_2 a écrit:sur ces questions, ce que j'en disais l'année dernière :
http://forum.framasoft.org/viewtopic.php?p=70733#70733
http://forum.framasoft.org/viewtopic.php?p=71767#71767

Depuis, il y a eu cet arrêt de la Chambre Criminelle de la Cour de cassation :

Attendu que, pour confirmer le jugement entrepris , l'arrêt retient qu'aux termes des articles L. 122-3, L. 122-4 et L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle, lorsqu'une oeuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ; que les juges ajoutent que le prévenu a déclaré avoir effectué les copies uniquement pour un usage privé et qu'il n'est démontré aucun usage à titre collectif ;

Mais attendu qu'en se déterminant ainsi , sans s'expliquer sur les circonstances dans lesquelles les oeuvres avaient été mises à disposition du prévenu et sans répondre aux conclusions des parties civiles qui faisaient valoir que l'exception de copie privée prévue par l'article L. 122-5, 2 , du code de la propriété intellectuelle, en ce qu'elle constitue une dérogation au monopole de l'auteur sur son oeuvre, suppose, pour pouvoir être retenue, que sa source soit licite et nécessairement exempte de toute atteinte aux prérogatives des titulaires de droits sur l'oeuvre concernée, la cour d'appel n'a pas justifié sa décision ;

D'où il suit que la cassation est encourue de ce chef


La Cour de cassation reproche donc aux juges du fond de n'avoir point répondu à cette argumentation de la partie civile et censure au visa de l'article 593 du code de procédure pénale :

Vu l'article 593 du code de procédure pénale ;

Attendu que tout jugement ou arrêt doit comporter les motifs propres à justifier la décision et répondre aux chefs péremptoires des conclusions des parties ; que l'insuffisance ou la contradiction des motifs équivaut à leur absence ;


Merci de nous rappeler ici les excellentes analyses, que tu avais fait sur cet épineux sujet l'année dernière, que je partage totalement.

Je suis, moi aussi, et le resterai, un farouche défenseur du droit à la copie privée.

Le "droit du copyright" n'existant toujours pas en France pour les fichiers musicaux.

C'est bon de le rappeler !


:wink:
Saint-Chinian, parti

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Géo : Paris

Dim 03 Déc, 2006 14:58

Merci. J'y dis également que la source (légale ou non) de la copie n'est pas indifférente.
leto_2

Messages : 2305

Dim 03 Déc, 2006 15:40

leto_2 a écrit:Merci. J'y dis également que la source (légale ou non) de la copie n'est pas indifférente.


Cela ne m'a pas échappé ! (notamment en ce qui concerne le téléchargement illégal sur internet... - DADVSI oblige -)

:wink:
Saint-Chinian, parti

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