VirginMega veut vendre de la musique pour tous les baladeurs
EMMANUEL TORREGANO.
Publié le 18 octobre 2006
Actualisé le 18 octobre 2006 : 08h23
La plate-forme du groupe Lagardère veut proposer des fichiers sans protection.
UN PAVÉ dans la mare. VirginMega.fr, le site de vente de musique du groupe Lagardère, mène une réflexion sur l'opportunité de vendre de la musique sur Internet sans protection. La plate-forme proposerait alors des fichiers à un prix équivalent à celui pratiqué actuellement, soit 0,99 euro par morceaux, mais sans y adjoindre le code informatique - dit « DRM » - permettant de contrôler l'usage qui en est fait. Autant dire qu'une offre de ce genre lancée par un opérateur majeur de la distribution de la musique en France pourrait avoir un retentissement mondial, et faire trembler les bases de l'ensemble de l'industrie.
Des exemples de sites proposant à la vente de la musique sans protection existent déjà en France, aux États-Unis ou bien en Russie, mais ils sont pour la plupart issus de sociétés marginales exploitant légalement des catalogues de titres confidentiels. eMusic est l'un des pionniers. Le site vend à bas prix des chansons au format MP3, donc compatible avec l'ensemble des baladeurs du marché, y compris l'iPod. eMusic dispose d'un catalogue de près de 1,4 million de références musicales provenant de plus de 4 000 labels indépendants. Ce site occupe la deuxième place sur le marché de la musique dématérialisée aux États-Unis, derrière l'intouchable iTunes d'Apple. En France, le site Starzik s'est également lancé dans la vente de musique sans protection anticopie, avec succès. On peut ainsi télécharger les chansons de Ray Charles dans un format libre.
Une part de marché de 27 %
VirginMega, qui revendique une part de marché de 27 % en France, derrière iTunes (40 %), pourrait donc emprunter la même voie en livrant à ses clients de la musique sous un format compatible avec tous les baladeurs. Un revirement stratégique qui n'est pas pour plaire aux majors de la musique, mais que Jean-Noël Reinhardt, PDG de Virgin Stores, justifie : « La filière s'est battue pour remettre les droits d'auteur sur le devant de la scène. Avec un certain succès. Mais les récentes initiatives des uns et des autres rendent le message plutôt confus. C'est le cas des accords entre des maisons de disques et des plate-formes de distribution de musique gratuite qui se financent via la publicité. VirginMega a toujours estimé qu'il fallait mettre en place au contraire un marché de la musique en ligne économiquement viable. La gratuité n'est pas, à notre avis, la solution. L'avenir pourrait être un marché du téléchargement de musique mais sans système de protection (DRM). »
Pour VirginMega, cette perspective offre la possibilité de vendre sur son site de la musique lisible par l'ensemble des lecteurs numériques vendus dans le commerce.
L'ouverture sur Internet de plate-formes de vente proposant des formats sans verrous permettrait donc de résoudre ce casse-tête législatif et technique qu'est l'interopérabilité. Une notion défendue par le ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, qui est désormais inscrite dans la loi sur le droit d'auteur à l'ère numérique.
Réticence des majors
Reste à convaincre les ayants droit. Les majors de la musique accepteront-elles de livrer à VirginMega de la musique sans DRM, donc libre d'être copiée et de circuler sur les réseaux P2P, sans aucun contrôle ? Universal Music, EMI, SonyBMG ou Warner Music n'ont pas l'intention de se prêter aujourd'hui à l'expérience. Les artistes dont elles gèrent les ventes en France ont pour la plupart des contrats internationaux qui impliquent une protection anticopie. Pourtant, selon Jean-Noël Reinhardt, « les clients de VirginMega ne sont pas des pirates. Ils acceptent de payer pour acquérir de la musique en ligne ». Autrement dit, il y a peu de chance que ces utilisateurs réguliers soient tentés de mettre la musique qu'ils viennent d'acheter sur les réseaux pirates. Ces derniers sont tenus pour responsable par toute l'industrie de la musique de la baisse des ventes depuis quatre ans - une chute dramatique qui atteint les 50 % sur certains marchés. « Formellement, beaucoup de dirigeants de maisons de disques vont pousser des cris d'orfraie si on leur parle de fichiers sans DRM, mais de façon officieuse, leur position serait plus proche d'un «pourquoi pas ? », lance le PDG de Virgin Stores.
©LeFigaro
Serait-ce le début de la fin des DRMs ?

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