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Page 1 sur 121, 2, 3, 4, 5 ... 12 SuivantDADVSI : le coin des juristes

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Lun 20 Mars, 2006 03:28

J'ai cru comprendre que nous étions quelques juristes à fréquenter le forum.

Je viens de me pencher sur le projet de loi relatif au droit d'auteur et aux droits voisins dans la société de l'information (DADVSI) tel qu'amendé par le Députés, et avant son examen par les Sénateurs (la "petite loi", donc).

Beaucoup de choses ont été dites, mais rien ne vaut la consultation de la source. Vous la trouverez ici. Le dossier complet des travaux à l'Assemblée est ici, y compris le lien vers la directive du 22 mai 2001 sur les droits d'auteurs dans la société de l'information (dite EUCD).

Le Code de la propriété intellectuelle avant modification est consultable ici.

Ce qui frappe à la lecture de ce texte, outre quelques incongruités (la création, à l'article 1 bis, d'une plateforme publique de téléchargement reservée au "jeunes" créateurs dont les oeuvres ne font pas l'objet d'une légale payante : l'adjectif semble s'être glissé là par erreur, je ne vois pas d'autres explications ; l'exonération, à l'article 5 quater, du paiement de la rémunération pour copie privée accordée aux professions de l'imagerie médicale : cette disposition traduit manifestement la dépendance du Législateur vis à vis de certains intérêts privés, ainsi que cela été dit lors des débats ; ou encore la protection des mesures technique "efficaces", adjectif dont on recherchera en vain l'intérêt), c'est sa mauvaise rédaction, à tel point que je m'épuiserai à en relever toutes les incohérences et maladresses.

Sur le fond, force est de constater que le texte a bien évolué et que, si celui-ci reste en très grande partie excessif, tout n'est pas noir.

Bien sûr la protection des MTP/DCU/DRM a été inscrite dans la loi (article 7) et c'est tout à fait dommageable. Mais pouvait-il en être autrement ? Ils sont déjà là en pratique et la directive commande leur protection juridique. Si le moyen de lutter contre les DRMs, en l'état des obligations internationales de la France, n'est pas juridique, il passe certainement par une action des consommateurs (voir le forum stopDRM.info) en attendant une mobilisation européenne

Sur d'autres points, en revanche, le projet de loi innove par rapport à la directive, spécialement lorsqu'il s'agit d'instaurer des mesures liberticides :

Ainsi on regrettera tout particulièrement :
- la création d'une présomption de culpabilité tirée de la seule détention et de la diffusion de moyens manifestement destinés à contourner les MTP, sans qu'il soit besoin de constater l'acte de contournement lui-même.
- la responsabilisation des éditeurs pour l'usage illicite que des tiers font de leur logiciel
Ces deux points sont abordés ci-après au 8°.

On regrettera aussi les limitations apportées à la copie privée. Le texte entérine au passage le test en trois étapes ("Les exceptions énumérées (...) ne peuvent porter atteinte à l'exploitation normale de l'œuvre ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l'auteur") et instaure le collège des médiateurs, instance inutile autant que dangereuse, chargée de déterminer la possibilité et les modalités d’exercice de la copie privée mais également d’arbitrer les litiges entre utilisateurs et fabricants de MTP.

On regrettera encore le silence du texte sur l'exception pédagogique devant permettre d’utiliser des oeuvres à des fins d’éducation et de recherche. Un "accord" trouble entre la SACEM et le Ministère de l’Education Nationale est censé y suppléer.

=> Délégation par le Législateur à un collège de médiateurs nommés du pouvoir de décider de la possibilité de réaliser ou non des copies privées ; choix délibéré de ne pas légiférer sur l'exception pédagogique au pretexte de l'existence d'un accord (né dans des conditions obscures, manifestement déséquilibré, coûteux et provisoire) ; instauration d'une juridiction d'exception pour juger des litiges relatifs à la copie privée (les fameux médiateurs) : trois exemples illustrant la démission de nos Députés au moment de faire respecter les règles de notre République (règles qui constituent pourtant nos garanties de Citoyen).

En revanche, de très importants assouplissements ont été apportés au dispositif, nous allons le voir.

Que le lecteur me pardonne, cette étude sommaire ne prétend pas à l'exhaustivité (la partie très importante relative à la prise en compte des handicaps ou des besoins spécifiques des bibliothècaires (v. à ce sujet l'article 1 bis 2° de la petite loi, qui ajoute un 8° à l'article L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle, issu du sous-amendement n° 311 - toutefois, dans sa rédaction actuelle, l'exception bilbiothèque semble insuffisante) ne sera ainsi pas traitée, faute de connaître suffisamment la matière, et, je l'avoue, de comprendre parfaitement cette partie de la loi).
Juste un mot concernant les besoins spécifiques des enseignants : l’exception pédagogique, essentielle, n'est pas reprise dans la loi (le Ministre de la Culture ayant jugé suffisant de se réferer à l’accord intervenu avec le ministère de l’Education nationale),

1° la création d'une plateforme publique de téléchargement reservée aux (jeunes) créateurs dont les oeuvres ne font pas l'objet d'une offre légale payante me semble une idée tout à fait rafraichissante et bienvenue (article 1 bis, issu du sous-amendement Dutoit n° 381 adopté à l'unanimité)

2° la limitation des droits voisins à 50 ans dans leurs aspects patrimoniaux (article 5)

3° la corrélation de la rémunération pour copie privée à l'exercice effectif de ce "droit" : ça semble couler de source, mais ça n'avait rien d'évident vu la tournure des événements! (article 5 bis)

4° la notion stricte retenue pour les MTP sans laquelle c'était la porte ouverte aux brevets logiciels (article 7)

5° l'instauration, dans notre corpus legislatif, à partir de la définition existante de "standard ouvert" issue de la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique, du droit à l'interopérabilité sans restriction (article 7)! Les modalités d'exercice de ce droit sont fermement encadrées : possibilité de saisir le Président du TGI statuant en référé, interdiction de facturer la fourniture des informations permettant l'interopérabilité sauf frais de logistique, possibilité de décompiler la MTP aux fins d'interopérabilité, autorisation de publier le code source d'un logiciel "indépendant" interopérant pour des usages licites avec une MTP.
Avec le recul, il apparait que le point central du projet à défendre (à partir du moment où on entérine les DRMs) était l'interopérabilité. On n'a pas encore bien saisi la portée de ce principe légalement affirmé (j'anticipe un peu, la loi n'est pas définitive...). Ses conséquences vont être infinies, au bénéfice des consommateurs et des citoyens. C'est une petite révolution, rien de moins, (pas encore appréciée à sa juste valeur dans notre pays, mais qui commence déjà à faire du bruit à l'étranger).
Lisez ici la réaction de l'acteur qui exerce une position dominante sur la vente de musique en ligne. Cette réaction a beaucoup amusé MM les députés Cazenave et Carayon qui sont venus s'exprimer sur ce forum, car pour eux cela montre l'efficacité de la disposition.
Mais cet acquis doit être préservé, ce qui implique de se faire entendre au Sénat (qui examinera le texte en mai), et à Bruxelles où la directive EUCD est en train d'être révisée. Il faut graver le droit à l'interopérabilité avec les mêmes garanties que celles résultant de DADVSI dans le marbre des directives européennes.

6° l'accès par l'Etat aux spécifications et code source des MTP pour garantir sa sécurité (article 7 bis) : ce souci de sécurité des systèmes informationnels de l'Etat est très récent (les rapports Carayon et Lasbordes sont passés par là) : son inscription dans la Loi est une bonne nouvelle (même si cela revient à reconnaître que les DRMs sont potentiellement nocifs. Toutefois, à l'image du P2P, on pourrait dire que la technique est neutre...).
La sécurité informatique est également présente dans le texte sous forme d'exceptions posées aux articles 13 et 14.

6° bis : le même article 7 bis (qui oblige les éditeurs à déposer le code source des MTP auprès du service compétent de l'Etat en matière de sécurité informatique) dispose également que les données personnelles traitées devront être suivies par la Commission Nationale Informatique et Liberté [CNIL], l'objectif du Législateur étant de garantir la non intrusion des MTP dans la vie privée. Dans ces deux cas, la question des moyens alloués à ces deux services (sécurité informatique, CNIL) sera déterminante pour que le souhait du Legislateur ne reste pas lettre morte.
Edit : La Cnil en panne de moyens pour mener à bien ses missions

7° la possibilité de réaliser au moins une copie privée : c'est très insuffisant évidemment, mais dans le cas d'un DVD Vidéo c'est plus que ne le semble l'autoriser la jurisprudence actuellement! Là il s'agit uniquement de mon avis, tiré de l'analyse de la loi (le rapporteur et le gouvernement ont visiblement une autre interprétation). Je m'explique :
l'article 8 pose le principe selon lequel le bénéfice de l'exception pour copie privée est garanti par les dipositions du présent article et des articles suivants, puis impose aux titulaires de droits d'auteurs de prendre les mesures permettant les copies strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective dès lors que le copiste a un accès licite à l'oeuvre et que cela ne porte pas atteinte à l'exploitation normale de l'oeuvre. Le texte ajoute que les titulaires de droit ont la faculté de limiter le nombre de copies, et que les modalités d'exercice de la copie privée sont fixées par le collège des médiateurs.
Un peu plus loin l'article 9 dispose qu'est créé un collège des médaiteurs chargé de réguler les MTP pour garantir le bénéfice de l'exception pour copie privée.
La jurisprudence avait estimé récemment (si ma mémoire est bonne) que la copie privée d'un DVD portait à l'exploitation normale de l'oeuvre et l'avait ainsi refusée.
Or la loi me parait, bien que le gouvernement ne l'ait pas voulu, beaucoup plus favorable. Certes, la condition de ne pas porter atteinte à l'exploitation normale de l'oeuvre est réaffirmée, mais l'ensemble du dispositif affirme le droit à la copie privée et son exercice, qui peut seulement être limité (mais non supprimé).

8° Et le P2P alors ? (ce point est largement débattu dans la suite du fil)
1. Pour ce qui est de la pénalisation (articles 12 et suivants) de la mise à disposition ou de la communication de moyens manifestement destinés à mettre des oeuvres protégées à disposition du public non autorisé, il ne faut pas être parano : la loi pénale est d'interprétation stricte.
L'infraction est constituée par la mise à disposition ou la communication volontaire de moyens manifestement destinés à diffuser des oeuvres protégées à un public non autorisé.
Concrètement il s'agit d'un logiciel permettant de neutraliser les MTP, ou d'un client P2P incluant un tel logiciel, ou d'un site répertoriant ou stockant des fichiers protégés dont les MTP auront été préalablement neutralisés.
Un client et un réseau P2P ne sont pas, en soi, manifestement destinés à diffuser des oeuvres protégées à un public non autorisé.
Par ailleurs, le contournement de MTP aux fins d'intéropérabilité pour un usage licite de l'oeuvre est admis (cf précédemment).
2. Au plan civil, en revanche, le texte prévoit la possibilité de saisir le président du tribunal de grande instance lorsqu'un logiciel est manifestement utilisé à une échelle commerciale pour la mise à disposition ou l'acquisition illicite d'œuvres protégées (article 14 quater).
C'est une disposition assez scandaleuse qui responsabilise l'éditeur d'un logiciel (commercial ou libre, dès lors que le but est lucratif) pour l'utilisation que des tiers en font.
Par rapport à son pendant pénal (ci-dessus), ce texte opère un glissement pernicieux de la notion de destination vers celle d'utilisation.
Non seulement l'effet de cette disposition contre le piratage est nul (les solutions non commerciales proposeront ce que les solutions commerciales ne peuvent pas proposer, alors que, pour ce qui est de contrôler les canaux commerciaux, d'autres dispositions prohibent toute publicité pour ce type de produits ce qui suffisait à écarter le risque d'une déferlante commerciale), mais elle va empêcher les entreprises française de créer des logiciels basés sur les P2P.
C'est à mon avis LA disposition à faire sauter au Sénat, les arguments de compétitivité économique peuvent tout à fait y trouver écho.

9° Concrètement, qu'en est-il de Linux ?
A mon avis, Linux peut donc désormais légitimement embarquer des logiciels contournant des MTP (DeCSS par exemple, s'il a été obtenu directement du fournisseur de la MTP, par exemple sur injonction du Président du TGI, ou par décompilation) à des fins d'interopérabilité et pour un usage licite de l'oeuvre (visionner le DVD acheté), tout en conservant son code ouvert (idem en cas décompilation des DRMs Microsoft Windows Media Player, Apple FairPlay etc.)
Bien sûr, si DeCSS peut être incorporé à un lecteur audio/vidéo, il ne faudra pas s'amuser à le proposer dans un logiciel permettant d'extraire le film du DVD pour le stocker sur son disque. L'usage est différent. Il ne s'agit plus d'intéropérer mais de copie privée (à condition qu'elle soit admise). Là, à ma connaissance, on peut pas décompiler ni contourner la MTP. Il y a un vide dans la loi car, si les titulaires des droits d'auteur doivent permettre sous certains conditions la copie privée en un certain nombre, et que les MTP ne peuvent empêcher ce droit, c'est au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel de veiller au respect de ce droit. Le bénéficiaire du droit à la copie privée peut-il saisir les tribunaux ?

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une bonne synthèse (centrée sur les logiciels libres : manque la problématique des exceptions bibliothèque et pédagogique) : DADVSI : avancées et reculs historiques (par l'Adullact, l'Aful, le Cetril, Mozilla Europe et Scideralle)

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Quelques rapports :

Peer-to-peer et propriété littéraire et artistique
Etude de faisabilité sur un système de compensation pour l’échange des oeuvres sur internet
Sous la direction du Professeur André Lucas.
Juin 2005
http://alliance.bugiweb.com/usr/Documen ... in2005.pdf

CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA PROPRIÉTÉ LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE
La distribution des contenus numériques en ligne
RAPPORT de la commission présidée par Pierre SIRINELLI
http://www.culture.gouv.fr/culture/cspl ... nusNum.pdf

CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA PROPRIÉTÉ LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE
Commission spécialisée portant sur la distribution des oeuvres en ligne
Avis n° 2005 – 2
http://www.culture.gouv.fr/culture/cspla/Avis2005-2.pdf

CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA PROPRIÉTÉ LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE
Commission sur la propriété littéraire et artistique et les libertés individuelles
PROPRIETE LITTERAIRE ET ARTISTIQUE ET LIBERTES INDIVIDUELLES DANS L’ENVIRONNEMENT NUMERIQUE
http://www.culture.gouv.fr/culture/cspl ... sindiv.pdf

MESURES TECHNIQUES DE PROTECTION DES OEUVRES & DRMS : UN ETAT DES LIEUX - JANVIER 2003
Étude établie par Philippe CHANTEPIE
http://www.culture.gouv.fr/culture/cspla/Mptdrms.pdf


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Parceque les DRMs ne concernent pas que la musique : Après la musique, la connaissance sous verrous

un peu de lecture, pour ceux qui veulent pousser la reflexion :
Le droit de lire : une courte histoire dystopienne (1997!) par Richard Stallman
Pouvez-vous faire confiance à votre ordinateur ? (2002) du même auteur
Livres électroniques : Liberté ou droit d'auteur (2000) du même auteur

edit : corrections de coquilles + rectification du 2° suite à la remarque de tof + mise à jour du lien vers la loi qui est désomrais consultable dans un format texte permettant la recherche en son sein + ajout du 8° 2. suite aux remarques de dede + remontée des remarques que j'ai developpées dans le fil + ajout des liens vers les textes de Stallman et différents rapports et vers le communiqué de l'Adullact, l'Aful, le Cetril, Mozilla Europe et Scideralle
Dernière édition par antistress le Mar 18 Avr, 2006 14:57, édité 88 fois au total.
antistress

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Géo : Ile de France

Lun 20 Mars, 2006 07:47

houaw ! Tu es capable de pondre des trucs comme ça à 3h00 du matin passé ??? ... Respect ...

Bref, dans le fond, beaucoup de gens font tout un plat de quelques points facheux d'un texte liberticide au possible mais personnellement, ce texte ne m'empêchera pas réellement de dormir tant sa mise en oeuvre risque d'être chaotique. Je vois mal comment l'état pourra mettre en place tout ce qu'il faut pour vérifier que M. Untel (et pas Intel, pas d'amalgamme !) à Trifouilli-les-oies au bout de Nul-Part n'a pas contourner de mesure de protection d'une oeuvre pour en distribuer des copies dans tout le village composé de 5 habitants (et encore, tous de la même famille donc ...).

Ce genre de texte n'est là finalement que pour faire peur, pour pouvoir avoir des moyens légaux de réagir lors d'une prise en flagrant délit et c'est tout.

ATTENTION : ces réflexions n'engagent que moi, me sont arrivées en pleine figure à 5h00 du mat pendant que je changeais ma fille de 2 mois qui me braillait dans les oreilles et donc risquent d'être ephémères dans mon espris. Ne pas s'arracher les cheveux ou devenir bélliqueux à leur lecture ! :)

Plus sérieusement ...
Certains points de ce texte étaient effectivement nécessaires, même s'ils n'avaient pas forcément besoin d'une usine à gaz autour pour être introduit dans le droit français. Pourtant le coup de l'interropérabilité risque de faire plus de mal que de bien tellement certaines entreprises vont préférer laisser tomber le marcher français plutôt que de se plier à la nouvelle loi. A terme, l'utilisateur lembda n'aura peut-être plus le choix de son matériel, de sa plateforme de téléchargement, de son ordinateur, etc ...
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Wolfen,
http://damien.mauran.free.fr
wolfen

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Lun 20 Mars, 2006 09:28

wolfen a écrit:le coup de l'interropérabilité risque de faire plus de mal que de bien tellement certaines entreprises vont préférer laisser tomber le marcher français plutôt que de se plier à la nouvelle loi. A terme, l'utilisateur lembda n'aura peut-être plus le choix de son matériel, de sa plateforme de téléchargement, de son ordinateur, etc ...


tiens, un utilisateur d'iPod qui apprécie sa cage dorée...
antistress

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Géo : Ile de France

Lun 20 Mars, 2006 09:42

Je ne suis pas juriste, mais je vais quand mème faire quelues remarques.

1 > en quoi il fallait une loi pour cela ? jamendo/musique-libre existe. L'état aurait pu aider un nouveaux site à se monter pour les artistes ne voulant pas mettre leur oeuver en cc.

2 > mouaif , non suffisant , mais c'est vrai que c'est dejas ca.

Concernant la non-interdiction d'outil de p2p. Puisque clairement les logiciels de p2p ne sont pas interdit (si j'ai bien lu) mais .
1 > leur développement
2 > l'information sur leur utilisation
3 > leurt utilisation à des fins de téléchargement et de partage illégal.
Mème si leur utilisation n'es pas interdite, ils sont tellement restreint en France, que celle-ci risque de prendre du retard technologique, et risque de Devoir utiliser une technologie étrangére (éventuellment développé par un Fra&ncais exilé)

non?
Shnoulle

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Lun 20 Mars, 2006 09:56

A lire également un autre étude :

http://www.itrmanager.com/article_tribune.php?oid=90


DADVSI : Nouveaux réseaux de surveillance et pirates technologiques
Par Jean-Marie Chauvet
Dimanche 19 mars 2006

Mettant fin à la confusion qui avait entouré sa discussion, les députés ont achevés au petit matin, vendredi dernier, l’examen en procédure d’urgence des vingt-neuf articles du projet de loi sur les droits d’auteur et droits voisins dans la société de l’information (DAVDSI). Le texte complexe, plusieurs fois remanié depuis les premiers débats à Noël 2005, doit encore faire l’objet d’un vote solennel à l’Assemblée nationale puis d’un examen par le Sénat en mai prochain.

Pour ce qui est de la partie visible de l’iceberg, la « licence globale » a été abandonnée. Point le plus controversé – ce grand titre barrait la une du Bulletin de la Société des gens de lettres de février : « Appel à tous les auteurs de l’écrit : la seule pétition pour nos droits sur l’Internet ! », rappelant les virulentes diatribes de Zola dans la presse quotidienne à la fin du XIXe siècle – la licence globale a profondément divisé les partis politiques, les acteurs de la distribution de biens culturels et les auteurs. Dans le même esprit, une autre proposition de l’opposition, taxer les fournisseurs d’accès à Internet pour le financement de la culture – comme la télévision doit investir dans le cinéma dans le régime actuel – a également été abandonnée.

Mais, en revanche, dans les autres articles moins mis en avant dans le tollé médiatique de ces derniers mois, certains points mériteraient commentaire. Des sanctions graduées et allégées pour les internautes nous dit-on pour faire bon visage. De fait, le ministre de la culture a considérablement allégé le régime de sanctions par rapport à la première mouture. Dont acte (ceci dit, comme le champ d’application est encore flou, si l’on multiplie les amendes par le nombre de fichiers téléchargés en moyenne, les montants peuvent devenir comparables…).

Par contre, ce qui est prévu c’est bien de sanctionner le contournement des mesures techniques de protection (dites « MTP ») contre le téléchargement illégal. Trois niveaux dans la riposte « graduée » : amende de 38 euros pour l’internaute fraudeur, 150 euros si l’œuvre téléchargée illégalement est mise en partage – ce qui est le cas commun aujourd’hui puisque le partage et l’échange est l’architecture même des logiciels P2P dont l’usage est ici explicitement visé –, 750 euros pour le détenteur d’un logiciel de contournement des MTP, 3.750 euros pour le « hacker » qui aurait décrypté ces MTP et conçu ces logiciels de contournement ; enfin, 30.000 euros et de la prison pour le diffuseur de ces logiciels de contournement.

Au-delà, éditer et mettre « sciemment » à disposition du public un logiciel de téléchargement illégal – lire sans MTP – d’œuvres ou d’objets protégés coûte 300.000 euros d’amende et 3 ans de prison. Une exception est faite pour les logiciels de travail collaboratif ou bien destinés à la recherche : il faut bien exclure du périmètre le logiciel libre dont l’Etat et ses administrations font en France eux-mêmes une consommation croissante (cf. les choix Open Source récents de Bercy) !

Arsenal répressif gradué, très bien, mais qui décide, construit et met en place ces fameuses MTP ? Les compagnies qui contrôlent aujourd’hui ces moyens techniques de protection se voient renforcées et légitimées dans la mise en place de ce que Sonia Katyal, avocate et professeur de droit à la Fordham University, appelle les « nouveaux réseaux de surveillance », protéiformes, privés et servant des intérêts commerciaux. Deux événements récents, aux extrémités du spectre des « accidents » possibles de ces nouveaux réseaux de surveillance viennent illustrer le propos.

L’affaire du « rootkit » de Sony avait défrayé la chronique il y a quelque mois : au motif de protéger la copie de ses CD sur disque dur, le DRM de certains CD édités par Sony installait, sans prévenir, un petit logiciel système masqué sur les PC/Windows des utilisateurs. En se réappropriant ce masquage, les pirates des réseaux aux intentions malveillantes pouvaient alors prendre à distance le contrôle du PC de l’involontaire victime – qui de plus n’avait pas pu écouter son CD sur son PC ! L’affaire portée devant les tribunaux signa une débâcle complète de Sony après que fut révélée l’infection de plus de 500.000 machines en quelques mois. Aujourd’hui, à nouveau, Time Magazine relate que la mise au point d’un DRM pour la nouvelle PlayStation 3 en retarde encore le lancement, permettant ainsi à Microsoft et à sa Xbox de caracoler en tête.

Autre cas : Google a résisté aux injonctions du gouvernement américain qui exigeaient la livraison d’information relative au trafic Web et aux requêtes des utilisateurs sur le moteur de recherche. La décision du juge James Ware, vendredi dernier à San Francisco, ordonne bien à Google de livrer 50.000 URL, au hasard, de sites Web indexés par le moteur de recherche, mais confirme le géant de Mountain View dans son refus de livrer les informations liées aux requêtes et à ses utilisateurs. La ligne de la protection des données privées est clairement tracée. D’un côté les abus possibles des MTP lorsque ses concepteurs ou ses distributeurs jouent les apprentis sorciers, de l’autre Google comme rempart de la protection de l’information privée, MTP bienveillant du grand public. (Aux USA en tout cas, parce qu’en Chine, au contraire, Google coopère avec les autorités dans la censure des résultats des recherches effectuées sur son site.)

En France, la Cour de cassation, suite au pourvoi du Syndicat de l’édition vidéo, a cassé un jugement de la Cour d’appel favorable au cinéphile, accompagné par UFC-Que Choisir , avait porté devant les tribunaux le fait que son DVD de « Mulholland Drive » était limité par un DRM l'empêchant d'exercer librement son droit à la copie privée. La nouvelle loi prévoit un collège de médiateurs pour décider du droit à la copie privée, qui règlera les litiges entre titulaires de droit et utilisateurs et fixera les modalités d’exercice de la copie privée – ça promet ! le collège disposera de quatre mois pour se prononcer dans chaque dossier et une procédure d’appel est prévue.

Les éditeurs de produits protégés devront également informer les utilisateurs des possibilités de lecture et de copie – cependant, dans le cas de Sony, les ingénieurs n’avaient probablement même pas imaginés que l’on puisse détourner à d’autres fins malveillantes leur logiciel de DRM. Une véritable transparence nécessiterait une compréhension approfondie des risques technologiques et de l’impact éventuel de tel ou tel système de DRM : on est loin du compte.

Alors, comme souvent, on conclura à un compromis évitant les excès et tentant de préserver au mieux les intérêts bien compris de tous les acteurs concernés, utilisateurs compris. Ne négligeons pas l’effet « prise de conscience » déclenché par ce débat et surtout par la mise en accusation, évidemment relayée par les médias, des « pirates » de biens culturels auxquels nous sommes en France si sensibles.

Dans un article récent Sonia Katyal et Eduardo Peñalver – « Property Outlaws » à http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm? ... _id=745324 – montrent que le rôle des « pirates » fut critique dans l’évolution de la doctrine sur le droit de propriété aux Etats-Unis. Leur étude historique distingue trois catégories de « pirates », ceux mus par l’appât du gain, ceux mus par le désir de s’exprimer pour le plus grand nombre, et enfin ceux qu’animent ces deux motivations ; chaque catégorie a joué un rôle dans les équilibres successifs de la distribution et de la répartition des droits de propriété dans les lois américaines. Les « pirates » sont là, concluent-ils, pour rappeler aux tenants du système des droits de propriété comme catalyseur de l’ordre et de la stabilité que ce système ne saurait rester figé et que la dynamique de son évolution doit refléter celle, plus vaste, des économies dans lesquelles il doit jouer son rôle.
par Jean-Marie Chauvet
©itrmanager.com
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Lun 20 Mars, 2006 10:01

Shnoulle a écrit:Je ne suis pas juriste, mais je vais quand mème faire quelues remarques.

1 > en quoi il fallait une loi pour cela ? jamendo/musique-libre existe. L'état aurait pu aider un nouveaux site à se monter pour les artistes ne voulant pas mettre leur oeuver en cc.

2 > mouaif , non suffisant , mais c'est vrai que c'est dejas ca.

Concernant la non-interdiction d'outil de p2p. Puisque clairement les logiciels de p2p ne sont pas interdit (si j'ai bien lu) mais .
1 > leur développement
2 > l'information sur leur utilisation
3 > leurt utilisation à des fins de téléchargement et de partage illégal.
Mème si leur utilisation n'es pas interdite, ils sont tellement restreint en France, que celle-ci risque de prendre du retard technologique, et risque de Devoir utiliser une technologie étrangére (éventuellment développé par un Fra&ncais exilé)

non?



en gros le seul P2P légal serait un P2P propriétaire, puisqu'il colle parfaitement a l'idée de fonctionner sans rien montrer de son fonctionnement... génial, vachalait power en France :twisted:
Sythuzuma-Ka

Messages : 1730

Lun 20 Mars, 2006 10:16

antistress a écrit:tiens, un utilisateur d'iPod qui apprécie sa cage dorée...


Utilisateur d'iPod, oui. Mais aussi d'un autre balladeur numérique Thomson plus ancien qui ne lit pas les fichiers protégés par DRM ou d'une platine CD de salon ancienne qui refuse de lire certains CD protégés, de même qu'un iBook qui n'accède pas aux autres plateformes de vente en ligne qu'iTunes et d'un PC portable sous Linux qui n'y accède pas non plus ... Bref, je n'ai que le choix de prendre un PC sous Windows avec un balladeur numérique compatible avec leur DRM et une nouvelle platine de salon. Je veux bien accepter le fait qu'il faut consommer pour pouvoir faire avancer l'économie de mon pays mais cette consommation ne doit pas être forcée.

Je n'apprécie pas forcément ma cage dorée qui n'est pas si dorée que ça. Mais j'aimerai pouvoir continuer à choisir mon matériel et ma façon d'alimenter ma médiathèque personnelle.

En gros, je ne défends pas forcément "mon cas" mais celui du citoyen Lembda. Mais ta remarque était un peu justifiée tout de même ... :)
**************************
Wolfen,
http://damien.mauran.free.fr
wolfen

Messages : 115

Lun 20 Mars, 2006 10:51

Apres un week-end a potasser le CPI et commencer a relire en detail les compte-rendus disponibles, voici mes reflexions sur les points souleves:

1/ Oh, une initiative du ministere de la Culture pour mettre en oeuvre sa mission de service public! C'est une excellente chose, et une bonne surprise

2/ Les changements par rapport a l'actuel CPI sont vraiment minimes: les droits d'exploitation sur les droits voisins etaient deja de 50 ans depuis la loi 97-283 du 27 mars 1997.

3/ Ok pour moi

4/ Le pire a ete evite, puisque cela n'ouvre pas la porte aux brevets logiciels (a ce propos, la lutte de la FFII continue a l'echelle europeenne, puisque les brevets logiciels risquent de refaire surface via le projet de brevet europeen)

5/ La meilleure nouvelle de ces sessions. L'interoperabilite, et la decompilation pour interoperabilite sont pleinement defendues et intouchables dans le cadre de la riposte graduee.

6/ Avis mitige. Certes je trouve tout a fait normal que l'Etat se preoccupe de la securite de ses systemes d'information, mais quid du particulier. Une petite exception lorsque la MTP est reputee dangereuse pour la securite de l'utilisateur aurait ete bienvenue (plus qu'a tenter de persuader les senateurs).

7/ La aussi avis mitige, car tres insuffisant. Seul l'amendement 326 permet a mon avis d'avoir une protection du droit d'auteur identique entre oeuvres protegees par MTP et oeuvres non protegees -> a faire voter par le Senat.

8/ Le "manifestement" est a mon gout trop vague (mais je ne suis pas juriste), et j'ai du mal a voir quand le delit sera concretement constitue. Suffirait-il de demontrer qu'un logiciel est aussi utilise pour telecharger des distributions Linux pour ne pas etre inquiete? L'interpretation d'antistress serait pour moi tout a fait acceptable, mais je ne serais pas contre un garde-fou pour assurer que ce sera bien celle qui sera choisie.
Sinon rien a dire sur le principe de la riposte graduee, qui me semble raisonnable a partir du moment ou interoperabilite et copie privee sont faisables.

N'ayant pas encore fini de relire tous les debats, je ne peux me prononcer pour l'instant sur les exceptions adoptees (enfin, celle sur les photograhies me parait etre un sacre retour en arriere pour les auteurs) et celles qu'on aurait souhaite voire adoptees, voire proposees (style une exception lorsqu'une oeuvre/un droit voisin passe dans le domaine public). Ce sera donc pour plus tard.
tof

Messages : 18

Lun 20 Mars, 2006 11:26

Bonjour et merci pour ces précisions techniques concernant l'aspect juridique de cette loi,

Ayant suivi hier soir une intervention du ministre sur EUROPE 1, je l'ai entendu réaffirmer que la copie privée de DVD était illégale..

Est-ce à dire que je ne peux encoder mes propres DVD en DivX par exemple sans être sous le coup de sanction?
La détention de logiciel tel FairUse ou DVD Shrink est-elle passible de sanctions pénales?
Et dans ce cas qu'est-ce que j'encours?

Merci
zerodarkstar

Messages : 43

Lun 20 Mars, 2006 11:53

Avec le projet de loi, s'il passait tel qu'il a ete vote par l'Assemblee, tu t'exposerais a une amende de 750 euros, vu que la copie privee n'est pas reellement assuree.

Actuellement, du fait d'une tres recente jurisprudence de la cour de cassation, cela doit etre 30000 euros.
tof

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