Je me pose depuis longtemps toute une série de questions sur l'usage des formats propriétaires de fichier (de toutes sortes : textes, sons, images, tables de données) dans le domaine des sciences de la nature et de la société. Peut-être certains d'entre-vous ont-ils des réponses.
Le contexte.
Je suis universitaire. Cela signifie tout d'abord que je travaille pour une institution (dans mon cas, publique, ce qui n'implique pas que je ne sois pas fonctionnaire) qui a des droits sur mon travail de recherche et ses résultats. Sur le contenu, donc. Mais l'institution a aussi une politique, au moins par défaut, quant aux outils de traitement (systèmes d'exploitation, logiciels) et de stockage de l'information (formats de fichier). Dans mon université, comme dans beaucoup d'autres, nous sommes en partie libres de choisir le pool de nos ordinateurs et leur équipement logiciel et il est possible de faire des choix malgré une politique globale d'achat de licence qui dépasse les labos ou les équipes de recherche. Ce qu'on oublie souvent c'est que le choix d'un système de traitement de l'information oriente celui du format de stockage, temporaire ou permanent. C'est là que je veux en venir.
Le problème.
Supposons que j'ai enregistré sur support sonore une observation, le chant des baleines dans le Pacifique ou le récit des prisoniers pashtuns en Afghanistan, peu importe. Quelle est l'incidence du choix de tel ou tel format (Microsoft wave, Apple Aiff pour citer des formats raw utilisés par les équipes de recherche parce que sont ceux par défauts sur leurs machines sur le droit d'utilisation des données ?
Une autre question, mieux connue, est celle de l'avenir des formats propriétaires fermés. Si Microsoft, venait a disparaître ou décidait de ne plus poursuivre certains de ces formats propriétaires, comment lira-t-on les fichiers word dans dix ans ? Le problème que je soulève ici est différent : c'est celui du droit sur le contenu quand celui sur le format est limité.
Autre exemple, le problème des formats de données dans les systèmes d'information géographique. Là, le contenu et la forme sont complètement (ou très fortement) lié. De quoi suis-je (moi ou mon institution de rattachement) propriétaire en terme de droit d'auteur, si je n'ai pas les droits sur le format.
Le recours a des logiciels à licence ouverte (j'emploie le mot pour la plus grande généralité) n'est pas une solution complète au problème des données. Car bien souvent le formatage des données, ne serait-ce que pour l'échange, recourt à des formats propriétaires. En matière de système géographique, j'utilise pour ma part GRASS et OpenGIS mais dans certains cas le stockage des données est en format propriétaire (Esri). De même, la diffusion des fichiers ogg pose problème : si je veux diffuser le contenu audio d'une conférence à des collègues le plus souvent le recours au mp3 (pourtant moins bon) reste plus aisé. Et finalement on adopte, même pour le stockage permanent, un format sur lesquels on n'a pas droit. Alors que dans ce dernier cas le choix existe : la plupart de mes fichiers audio compressé sont en ogg.
Mais la vraie question qui se profile est celle des DRM. Si les systèmes de protection deviennent obligatoire alors aurais-je le choix ? Et qui aura les droits sur mes milliers d'heures d'enregistrements de terrain stocké en mp3 ou en wav ?
Je crois qu'il s'agit de questions fondamentales.
Merci d'avance pour vos réponses.
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i-blis
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