Tout pour les marchands de disque, des miettes pour les artistes, rien pour les internautes. Le tout sur fond de vide économique et d’écoutes intrusives.
Mandater le PDG de la FNAC pour proposer des mesures destinées à réprimer les échanges PeerToPeer relevait déjà du choix assumé de faire du « marché » le juge et partie de l’intérêt collectif. Le gouvernement choisit la fuite en avant plutôt que d’assumer l’échec de DADVSI.
Il est ainsi préconisé la création d’une police privée de l’internet, qui pourra saisir les fournisseurs d’accès à internet afin que ces derniers prennent des sanctions contre les internautes, allant jusqu’à la résiliation du contrat. Plus besoin de juge, d’avocat, de tribunaux, les intérêts privés diront le droit et appliqueront les sanctions, appuyés par la délation grâce à un vaste système d’écoute électronique. Pour cela, le filtrage de l’internet est envisagé à grande échelle. Par l’alliance du répressif et du marketing, la société de Nicolas Sarkozy enfante un monstre liberticide.
Les artistes et les internautes, donc leur public, sont tous les deux perdants. Il est temps de dissiper l’amalgame entretenu par les industriels entre leur propre intérêt et celui de la création culturelle. L’intérêt des artistes est le dernier soucis des majors, qui se partagent à cinq 80% du marché de distribution de musique, et qui gonflent leurs marges avant tout par la diminution de la part reversée aux artistes : sur les 99 centimes du prix de vente d’un morceau sur une plate-forme commerciale en ligne, les ayants-droits en touchent moins de 3.
Dans son dernier livre, M. Olivennes déclarait : « la culture est un objet de commerce ». Cette conception doit cesser de guider l’action publique. Il faut bouleverser les fonctionnements archaïques de l’industrie culturelle remis en cause par la dématérialisation des supports. On ne peut continuer à stigmatiser les internautes comme autant de délinquants numériques en puissance, on ne peut abandonner la rémunération juste des artistes aux lois du marché.
Réaffirmons les biens culturels comme des biens communs et non des marchandises. Réaffirmons le rôle de la puissance publique comme vecteur décisif de la circulation des oeuvres culturelles et de la juste rémunération des artistes : créons une plate-forme publique du téléchargement !
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Natitou
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