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Les fournisseurs d'accès entrent en scène

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Sam 06 Mai, 2006 12:54

Tout le monde se souvient des débats parlementaires, du vote historique des amendements du 21 décembre, ou la proposition de financer la culture par internet, créant ainsi une rémunération supplémentaire pour les artistes… Des députés de tout bord souhaitaient mettre à contribution les fournissueurs d'accès, les contenus étant depuis toujours financés par les tuyaux...Le débat de fond n'a pas eu lieu, et les fournisseurs d'accès absents. Très étrange ce silence.

Aujourd'hui, les fournisseurs d'accès appellent à modifier le projet de loi sur les droits d'auteur. Ils entrent enfin en scène! Mais voyons leur communiqué de presse (Source):

L'Association des fournisseurs d'accès et de services Internet (AFA) a écrit:Examen de la loi DADVSI au Sénat
L'Association des fournisseurs d'accès et de services Internet (AFA) souligne les limites et les dangers de faire porter la responsabilité du piratage d'oeuvres protégées sur les acteurs technologiques

A l'heure de la lecture au Sénat du projet de loi sur les droits d'auteurs et droits voisins dans la société de l'Information (loi DADVSI), l'AFA souligne les limites et les dangers de l'incrimination possible des éditeurs de logiciels telle que proposée par le projet de loi actuel. Ce recours possible à l'encontre des acteurs technologiques menace les fondements du réseau Internet en tant qu'espace d'échanges et plus directement le développement et la qualité de l'accès et des services sur Internet.

Une menace pour les principes et fondements du réseau Internet

En ouvrant la voie à une mise en cause possible des éditeurs de logiciels permettant à des utilisateurs de télécharger ou de s'échanger des oeuvres protégées, le projet de loi DADVSI menace les principes et fondements du réseau Internet. En effet, ces dispositions peuvent concerner à terme tout logiciel permettant de s'échanger des fichiers sur Internet. Avec ce projet de loi, un logiciel de messagerie pourrait par exemple être mis à mal car il permet le transfert de fichiers protégés. Les logiciels ne font en effet pas la différence entre des fichiers nécessitant des systèmes de protection et des contenus libres de droit.
"Si tout éditeur d'un logiciel d'échange de fichiers est susceptible d'être condamné en justice parce que son logiciel est utilisé à des fins malveillantes, quelle garantie avons-nous de pouvoir encore échanger des informations sur Internet à l'avenir ?" souligne Giuseppe de Martino, Président de l'AFA.
Ainsi, le texte de loi actuel menace le principe même d'Internet en tant qu'espace d'échanges de fichiers et d'informations sur les réseaux, en s'attaquant aux outils indispensables à son fonctionnement.

De l'impossibilité et de l'inefficacité de filtrer le réseau Internet

Outre le manque de pertinence de pouvoir sanctionner des éditeurs de logiciels endossant par là même la responsabilité de certains utilisateurs, le projet de loi actuel risque de déboucher sur le filtrage du réseau Internet.
En effet, le texte de loi vise implicitement des éditeurs de logiciels peer to peer qui sont tous principalement basés aux Etats-Unis et sur lesquels la justice française n'a pas d'emprise. Aussi, à défaut de pouvoir faire appliquer ses jugements relatifs à des contrevenants basés à l'étranger, la justice française risque de demander aux fournisseurs d'accès Internet français de filtrer l'accès à Internet. Objectif visé : filtrer Internet pour bloquer l'accès aux sites fournissant les logiciels ou, pire, bloquer au niveau des réseaux le fonctionnement des logiciels permettant d'échanger des fichiers.
Or filtrer les réseaux Internet ou peer-to-peer ne se révèle pas efficace et soulève trois grandes difficultés : Sur le plan technique, filtrer le réseau au niveau des routeurs pour bloquer des sites de contrevenants signifie aussi devoir bloquer des sites qui n'ont pas lieu d’être bloqués, menaçant notamment la liberté de communication.
Filtrer le réseau au niveau des échanges peer-to-peer menace la qualité de service sur Internet. En effet, si l'on place des barrages techniques sur le réseau pour déceler les échanges peer-to-peer, on limite le débit et dégrade la qualité des services de type téléphonie sur IP ou télévision sur ADSL. Comment accepter de ne plus pouvoir correctement regarder la télévision ou téléphoner grâce au réseau Internet parce que ce dernier est filtré ?
Un filtrage du réseau, outre une dégradation certaine de la qualité des services sur Internet, signifie aussi des dizaines de millions d'euros de développements techniques qui seront irrémédiablement supportés par les internautes. Comment demander aux internautes de payer plus cher leur accès à Internet parce que certains ont décidé de mettre en œuvre des mesures de filtrage inefficaces et dangereuses ?

Ainsi, contraints de filtrer Internet, les FAI condamneraient la qualité de leurs services causant ainsi des désagréments à tous les internautes. Une telle issue ne serait pas acceptable.
Le développement et la qualité de l'accès et des services sur Internet sont menacés. Tous ces risques avaient pourtant été dénoncés dans un rapport réalisé à la demande du Gouvernement l'année dernière (1).

Supprimer le recours contre les acteurs technologiques : une nécessité

Au vu des conséquences néfastes sur le réseau Internet et ses utilisateurs que peuvent avoir les articles rendant possible le recours contre les éditeurs de logiciels, l'AFA demande aux parlementaires que ces articles soient supprimés du texte de loi (2).



(1) Rapport d'étude de MM. A. Brugidou et G. Kahn sur les solutions de filtrage des échanges de musique sur Internet dans le domaine du peer-to-peer, 10 mars 2005 - http://www.afa-france.com/piraterienumerique.pdf
(2) articles 12 bis nouveau et 14 quater nouveau du chapitre 3 du projet de loi



Paris, le 4 mai 2006

Ce positionnement est une bonne nouvelle; on ne peut que s'en réjouir. Mais pourquoi rompre le silence maintenant? Les réponses se trouvent peut-être dans l'actualité. Pour tenter de comprendre, quelques chiffres trouvés sur un blog:

Voyons le nombre d'internautes, certainement tôt ou tard supérieur au nombre de téléspectateurs:
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Dans ce petit village global, trois géants se partagent 70% de la population mondiale:
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Dans cette guerre des médias, Google est le plus rentable. Les applications étant accessibles sous la forme de services, Microsoft va progressivement muter en société de média. 1,1 milliard de dollars d'investissements en recherche et développement prévus pour 2007!


Et en marge du projet de loi DADVSI, notre président a décrété un "plan Marshall" complètement déconnecté de la réalité.
Pierre Chappaz, (fondateur de Kelkoo, et porteur de projet Wikio"[/quote a écrit:...Rien de bouge? Ah! si! Chirac a confirmé cette semaine l'engloutissement de 250 millions d'euros de l'argent des contribuables dans un projet fumeux de moteur de recherche européen censé faire pièce à Google. Le hic, c'est que les entreprises sélectionnées pour bénéficier du robinet financier sont de vieilles boîtes dont le chef de file est Thomson, dont les préoccupations — et malheureusement aussi les compétences — se situent à des années lumières du Web. Ce projet chimérique illustre à nouveau l'incompétence du Président en matière de technologie (mais ça on le savait déjà). Là où c'est plus grave, c'est quand on pense qu'au lieu de gâcher une telle fortune au bénéfice de quelques mastodontes industriels du siècle dernier, Chirac aurait pu avec le même montant aider au financement de milliers de nouvelles start-ups, ce qui aurait transformé la France en véritable Silicon Valley 2.0 !

Mais le Président ne doit pas savoir que Yahoo! et Google ont tous deux été conçus dans une chambre d'étudiant par des entrepreneurs de 20 ans! Les mêmes qui ont ensuite trouvé auprès des capitaux-risqueurs les moyens de leur fantastique développement. Avec un nouveau Président (ou bien une) l'an prochain verrons-nous poindre cette France 2.0 seule capable de dépasser les blocages et de relancer la création d'entreprises tournées vers le futur?...


Les fournisseurs vont devoir batailler pour survivre dans cette révolution des médias. Ils vont souhaiter développer et vendre des services forcément en concurrence avec ceux des géants cités... L'amendement Vivendi menace leur modèle économique. Cette entrée tardive sur la scène DADVSI va t'elle relancer le débat?
*genium*

Messages : 382

Sam 06 Mai, 2006 14:44

intéressant
antistress

Messages : 3854
Géo : Ile de France

Sam 06 Mai, 2006 14:47

Il est temps en effet que les FAI se bougent un peu, mais comme le corbeau de la fable un peu tard ...

Pour ma part, la DADVSI m'a fait renoncer à augmenter le débit de mon accès ADSL (actuellement à 1 Mbs, on ne fait pas de p2p donc meme à 5 ca suffit largement).
Je redescendrai meme à 512 K lorsque les webradios seront interdites si c'était possible.

Quant a la télé, je préfere la TNT a une télé sur ADSL qui permet de savoir quelle chaine on regarde (et puis ma ligne est peut etre limite pour la TV).

Le filtrage évoqué par les FAI est en effet un risque, financier pour eux, car ils devront s'équiper d'appliances couteux vus les débits aggrégés (des millions d'abonnés à x Mbs ca chiffre). Risque-t-il de dégrader la qualité de service ? Le ping va un peu souffrir ce qui va gèner les joueurs et la VOIP. Par contre, la TV sur ADSL emprunte normalement des artères distinctes jusqu'aux DSLAMs. Mais il existe un banx d'essai grandeur nature, la Chine.
Patrick
Sub

Messages : 255
Géo : Ile de France

Sam 06 Mai, 2006 15:49

Très intéressante réaction de Pierre Chappaz. Evidemment, ça confirme que notre gouvernement, et pas seulement le chef de l'état, est complètement à côté de la plaque en matière de nouvelles technologies. Le problème est pourtant le suivant : en 2007, qui pourra prétendre à jeter un grand coup de pied dans ce bordel pour remettre les choses en place, à grand renfort de bonnes idées issues de ceux qui utilisent réellement les nouvelles technologies, pas de ceux qui en profitent.

Parce que je ne vois pas, personnellement, une figure politique qui ressorte suffisamment du lot pour prétendre être élu par la majorité des français, et donc une grande partie de personnes âgées plus soucieuses de l'insécurité grandissante que des restrictions sur le développement des nouvelles technologies dans notre pays. Ainsi, le moindre politicien qui mettra en avant son envie de redonner à notre pays sa chance de reprendre sa place dans l'ère numérique se verra balayer par ceux qui miseront sur l'insécurité grandissante, comme en 2002.

En gros, on n'est pas sorti de l'auberge, au sens propre du terme : on est loin de l'ère numérique tant promise et attendue, elle ne sera qu'un ère où quelques petits points seront numériques (les transactions administratives et la TNT ?), laissant de côté le reste ...

Pourtant, si les FAI sortent de leur létargie (étonnante létargie alors qu'ils sont les premiers maillons de la chaîne numérique de l'échange de culture), peut-être que les choses pourront bouger un peu, alertant peut-être un peu plus de monde. Mais encore faudrait-il qu'ils agissent pour qu'on remarque leur rejet de DADVSI ... A voir ...
**************************
Wolfen,
http://damien.mauran.free.fr
wolfen

Messages : 115

Dim 07 Mai, 2006 11:18

wolfen a écrit:Pourtant, si les FAI sortent de leur létargie (étonnante létargie alors qu'ils sont les premiers maillons de la chaîne numérique de l'échange de culture), peut-être que les choses pourront bouger un peu, alertant peut-être un peu plus de monde. Mais encore faudrait-il qu'ils agissent pour qu'on remarque leur rejet de DADVSI ... A voir ...


Mmmhh j'ai un peu moins d'espoir, le "alerte" est loin d'être éthique, il s'agit surtout de faire comprendre que ce n'est pas sur eux qu'il faut taper... :?
Sythuzuma-Ka

Messages : 1730

Ven 12 Mai, 2006 23:01

Après s'être attaqué à leurs clients, les majors s'attaquent pourtant maintenant aux fournisseurs d'accès internet.

A lire sur le Times on line : "Music body attacks ISPs"

Ca va venir en France ! C'est ici (En Anglais) :

http://www.timesonline.co.uk/article/0, ... 61,00.html

Music body attacks ISPs
By Michael Herman

A British music body has attacked internet service providers for their "indifference" to illegal music downloads by their customers and may consider taking legal action.

The Music Business Forum, an umbrella group that represents performers and record labels, wrote to ISPs including BT, Tiscali and NTL saying they have a "corporate responsibility" to discourage illegal downloading. The companies are "indifferent as to whether consumers' access to music is legitimate or illegitimate," the letter, seen by Times Online, said.
.../...


La suite est à lire en ligne.
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Sam 13 Mai, 2006 10:37

One lawyer said: "Internet companies are making so much money as a consequence of illegal downloading and music companies are losing so much, that the issue seems destined to head for the courts."


J'adore cette fin...
Comme d'hab, ils sont à jeter à la pourbelle... Le souci par contre, c'est de savoir quelle capacité ils auront pour tordre les lois de telles manières que les fournisseurs d'accès finissent par devoir s'attaquer, donc contrôler les utilisateurs.
1984.... qui a dit que c'était de l'exagération?...
Sythuzuma-Ka

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