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Avis aux universitaires qui frequentent ce forum

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Jeu 16 Mars, 2006 23:53

Bonjour,

si vous etes universitaire (au sens large), j'ai une idee bete a proposer.
A la lecture des accords Education Nationale et SACEM et Cie (voir cette petition) en plus de son aspect grotesque et kafkaien, il m'a saute aux yeux qu'il manque un accord : celui entre l'Education Nationale et nous-meme !

Car nous aussi, universitaires, passons une bonne partie de notre temps a ecrire des articles, et donc des oeuvres soumises aux
droits d'auteurs
et diffusees (toutefois, nous ne touchons en general pas d'argent dessus). Certes, il y a un point legal a verifier, car
nous sommes payes pour cela, et nos oeuvres ne nous appartiennent qu'en partie (et puis nous
sommes obliges de ceder le copyright aux societes editrices). Est-ce que quelqu'un connait le veritable statut d'un
article ?

Donc voici l'idee bete : pourquoi ne pas creer une societe privee "d'auteurs universitaires", dont le but serait la defense des
droits d'auteurs des universitaires, et quand je dis les droits, ce sont les droits, et non pas de l'argent, et a la
defense de la publication universitaire (je trouve ca assez dingue qu'un accord passe permettant de definir ce qui doit se trouver
dans une these ou sur qui a le droit de la publier electroniquement sans que les instances universitaires soient consultees, ou du moins, c'est visiblement le cas). Comme le gouvernement a choisi la defense des interets prives au detriment de l'interet public, il
sera peut-etre plus oblige d'ecouter les gens a ce titre qu'ecouter ses employes.
Et puis comme ca, on pourra demander a aller sur les ordinateurs de la SACEM et l'AVA pour voir s'ils respectent
bien les droits d'auteurs :)

Bon, peut-etre que c'est legalement foireux, inutile, peut-etre qu'il est tard, peut-etre que je suis fatigue et ecoeure par le
deroulement de ce debat...

Mais DADVSI va bien plus loin que le probleme de piratage, et le numerisation de la litterature universitaire et les DRM
risquent de causer bien des soucis d'acces au savoir. Il est donc temps de penser a s'organiser sans forcement
que cela passe par nos instances, car au sommet, il y a des gens qui nous voient plus en parasites qu'autre chose
("il ne faut pas apprendre aux eleves que la creation est gratuite" (dixit), comme si nous ne savons pas
ce qu'est la creation !)

Bon, c'est un retour au bon vieux syndicalisme/corporatisme, mais il faut bien le reconnaitre, de nos
jours, il n'y a visiblement que le lobbying qui marche :(
Qu'en pensez-vous ?


PS : il y a dans l'edition universitaire des pratiques et problematiques distinctes d'autres type d'edition/diffusion.
Bien sur, on peut aussi penser a une societe des auteurs qui publient sous Creative Commons et autres...
akabob

Messages : 63

Ven 17 Mars, 2006 00:46

Il est temps de s'organiser c'est vrai car le ministre a affirmé que son prochain projet serait de réglementer pas moins que la blogosphère et de n'autoriser que certains personnes à pondre des "articles" sur le net.
billou

Messages : 116

Ven 17 Mars, 2006 09:16

Si, à ma connaissance, il n'existe pas encore d'association d'universitaires de ce genre, il existe par contre des initiatives dans cette direction. En voilà deux exemples:

1) http://www.mathscipub.org/ :

MSP is a non-profit organization, run by and for mathematicians, which is dedicated to publishing journals and books at the lowest possible cost and distributing them to the mathematical sciences community as freely as possible.

2) http://www.doaj.org/ :

Welcome to the Directory of Open Access Journals. This service covers free, full text, quality controlled scientific and scholarly journals. We aim to cover all subjects and languages.

Par ailleurs, il est vrai que depuis quelques années, le "contrat social" qui liait les scientifiques et les éditeurs s'est beaucoup déterioré. Voir (en anglais) l'analyse de John Baez: http://math.ucr.edu/home/baez/journals.html
Bob84

Messages : 7

Ven 17 Mars, 2006 10:45

Supprimé par l'auteur
Dernière édition par gpl le Mer 31 Jan, 2007 12:47, édité 1 fois au total.
gpl

Messages : 226

Ven 17 Mars, 2006 11:38

ah ben voila on a les articles :) on va pouvoir discuter (cf Le Monde de ce jour)

A+ :|
jazzride2006

Messages : 206

Ven 17 Mars, 2006 18:51

gpl a écrit:Universitaire, je pense que l'idée est bonne. Je m'associe donc au projet de création d'une société des "auteurs - universitaires". Il faut aller jusqu'au bout de la logique. Une heure de cours, c'est bien souvent plusieurs heures de recherches, préparations, écritures...Une thèse c'est aussi un énorme travail, souvent plusieurs années...Protégeons nos droits. Nous sommes payés pour faire cours, mais nos cours nous appartiennent toujours en tant qu'oeuvre de l'esprit. J'imagine très bien un système ou l'étudiant qui copie mon cours ou me cite dans sa copie, se trouve contraint de me payer des droits d'auteur...Nous ne sommes plus à un délire près. Un photographe d'entreprise conserve un droit sur ses images même s'il est salarié de l'entreprise. Donc nous devrions pouvoir défendre cette revendication. N'étant pas juriste, je propose d'évoquer ces questions avec un prof de droit. Mais sur le principe...OK ! +1


En fait, le droit d'auteur ne se limite pas a la seule renumeration (ca implique aussi des droits moraux, etc.).
Ici, l'idee n'est pas de plonger le monde universitaire dans la logique DADVSI et co, mais au contraire,
de rappeler que nous existons en tant qu'auteurs et garantir un bon fonctionnement de la diffusion
de la connaissance : de lutter contre le cout exorbitant de certaines revues, alors que leur contenu
est ecrit, lu et evalue (ce qui garantit la qualite de celles-ci) par des universitaires qui ne gagnent
rien en le faisant, de limiter des interferences de societes privees dans la tradition universitaire (*),
d'aider les bibliotheques a negocier la sauvegarde de la litterature (la numerisation cree de nouveaux problemes,
car une fois l'abonnement a une revue diffusee electroniquement termine, que se passe-t-il ? Parfois,
on recoit un CD : qui a le droit d'y avoir acces, sous quelles conditions, qu'en sera-t-il lorsqu'il sera use ?). etc.
Et franchement, je n'ai plus confiance dans nos instances, qui ont prefere nous sacrifier au nom
du profit immediat de quelques multinationales, au cri de guerre de "la creation n'est pas gratuite".
Et puisque la creation n'est pas gratuite, ne feraient-ils pas mieux de plus financer la
recherche, plutot que de mettre toujours plus de structures technocratiques couteuses et
inefficaces pour la controler... En France comme dans d'autres pays riches, on vous demande de faire de la recherche
comme si justement la creation etait gratuite ! et ca ne va pas s'arranger :(

(*) je ne defends pas la tradition universitaire en soi, et elle a aussi des cotes extremement horripilants:
Simplement, un pays peut-il volontairement mettre les batons dans les roues des
ses chercheurs comparativement a ceux d'autres pays parce qu'il leur sera
interdit de mettre leur these sur le net, que les citations seront limitees (la notion de plagiat
et autre existe aussi au sein du monde universitaire, et elle est aussi sanctionnee), tout cela pour
faire plaisir a quelques uns. Enfin, rappelons que la police ne peut penetrer dans un campus que dans
certains cas et avec certaines autorisations, et tout d'un coup, des societes privees ont des droits de police.
akabob

Messages : 63

Ven 17 Mars, 2006 18:52

Bonjour ! c'est à la suite de ce post que j'ai décidé de m'inscrire !

En effet, je voulais juste rappeler que le problème des Universitaires (auxquels j'appartiens) est complexe ! Je voudrais essayer de le rappeler synthétiquement : notre carrière est basée sur un certain nombre de critéres dont l'IF ("Impact Factor"). Que signifie ce terme barbare ? C'est, en fait, trés simple ! Nous sommes tenus de publier et chaque publication est dotée d'un indice, "l'impact factor", basé sur un certain nombre de critères dont le but est de définir la qualité du journal dans lequel nous publions ! Notre évolution de carrière est basée sur le nombre de points ramenés par cet "Impact Factor" (sachant que les IF de revues françaises varient entre 0,01 et 0,9, du moins dans ma discipline, et que les IF des revues anglo-saxonnes varient entre 1 et 20 !!!!). Il nous est donc necessaire, si l'on veut faire carrière, de publier (d'autant que l'INSERM applique un barème supplémentaire......Et oui, l'exception française !.....le premier auteur a un coefficient multiplicatif de 1, le deuxieme auteur, un coefficient de 0,5, le troisième auteur, un coefficient de 0,25 et à partir du quatrième auteur, un coefficient de .........zero !!!!). Pour exercer une fonction professorale, par exemple, il faut un minimum de 20 points. Or, à partir du moment ou une publication est acceptée par la commission scientifique de la revue, nous devons signer une acceptation de Copyright au profit de l'éditeur de la revue dans laquelle parait notre article.

Quelles en sont les consèquences ? Trés simple !...Si nous voulons écrire un nouveau article dont les résultats ou la discussion dépendent d'un prècèdent article que nous avons publié, nous avons l'obligation de demander à l'éditeur l'autorisation de pouvoir utiliser ces résultats !!!! Autrement dit, c'est l'Editeur qui est seul propriètaire de nos résultats antérieurs !!!... Pouvons nous faire autrement ? Oui, évidemment !.....ne pas publier et stagner dans notre grade !!!!

Pire, nous n'avons pas le droit de diffuser nos résultats publiés !!!.....Fort heureusement, l'Editeur nous offre, gènèreusement, la possibilité d'obtenir des copies de nos travaux publiés......si nous payons ces copies, à un prix non concurentiel !!!!! Sans parler du droit de l'Editeur de nous faire payer des taxes supplèmentaires, s'il considère que notre article est trop long ou s'il considère que les schémas incorporés dans notre article necessitent un traitement !!!!!

Inutile de vous préciser que je suis un "pirate" ! Fort heureusement pour moi, j'utilise un outil qui n'est plus à la mode, la photocopieuse !!! Car, alors que les artistes musicaux touchent 8% des profits réalisés par les ayant-droits, nous scientifiques, non seulement ne touchons que 0,000000000000% de notre travail, mais nous sommes amenés à devoir payer des frais supplémentaires, en cas de rédaction non conforme de notre article !!!

PS : Bon, je vais aller me présenter, pour éviter l'Ire des modérateurs !!!
remora

Messages : 4

Ven 17 Mars, 2006 20:15

(je suis pas du tout universitaire, même si je bosse en université, mais je voulais juste signalé le fait que je trouve ce fil très interessant).
La proposition de monter une société privée de droits "d'auteurs universitaires" me parait interessante, mais ne craignez vous pas que ladite société soit vidée de son sens soit en n'ayant pas les moyens de son action, soit en "dérivant" et prenant les mêmes travers que le systeme actuel ?
La création d'une association regroupant un maximum d'auteurs universitaires se chargeant d'un lobbying à long terme aupres des revues et des instances fixant l'IF afin d'améliorer les conditions d'exploitation de vos droits n'est elle pas un objectif moins ambitieux, mais plus réaliste et efficace ? (je le répète, je connais mal le sujet)
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pyg

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Messages : 7858
Géo : Lyonnais

Ven 17 Mars, 2006 23:27

Via www.inlibroveritas.net cous pourriez une thése (par exemple) sans céder les droits et en choisissant une licence copyleft (LAL ou GFDL) ou l'un des six contrats CC.
Gérant & Fondateur de InLibroVeritas
www.inlibroveritas.net
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boogieplayer

Messages : 780

Ven 17 Mars, 2006 23:50

pyg a écrit:(je suis pas du tout universitaire, même si je bosse en université, mais je voulais juste signalé le fait que je trouve ce fil très interessant).
La proposition de monter une société privée de droits "d'auteurs universitaires" me parait interessante, mais ne craignez vous pas que ladite société soit vidée de son sens soit en n'ayant pas les moyens de son action, soit en "dérivant" et prenant les mêmes travers que le systeme actuel ?
La création d'une association regroupant un maximum d'auteurs universitaires se chargeant d'un lobbying à long terme aupres des revues et des instances fixant l'IF afin d'améliorer les conditions d'exploitation de vos droits n'est elle pas un objectif moins ambitieux, mais plus réaliste et efficace ? (je le répète, je connais mal le sujet)


Pour l'instant, a 4 ou 5, les risques de derives sont limites :D

Plus serieusement, il y a plusieurs problemes qui s'entremelent et il y a des risques de derive ou d'inefficacite comme
ceux que vous avez souligne, mais c'est valable pour toute organisation quel que soit son but. De plus, les usages sont differents d'un domaine de recherche a l'autre. Mais d'un autre cote, l'edition scientifique est maintenant concentree entre les mains de quelques grands groupes qui eut ont des revues dans tous les domaines (Elsevier par exemple a fait 7 milliards d'euros de chiffre d'affaire en 2005 et publie plusieurs centaines de titres de revues) et les activites d'edition (choix des textes, ...) et de publication sont en general completement separees. Il y a bien eu quelques initiatives pour "liberer" les scientifiques des problemes evoques dans un post precedent (cf posts de bob84 et de remora), a savoir qu'au final, nous devons plus ou moins racheter nos travaux (en France, la derniere initiative en date est l'initiative "archive ouverte" par le CNRS : HAL ), et certains editeurs ont bien voulu lacher du lest sur de tels sujets.
En ce qui concerne les impacts factors, nous ne pouvons nous en prendre a nous meme, car ce qui ne sont que des indicateurs statistiques ont ete transformes en moyen d'evaluation des gens, des equipes et des laboratoires. Ces indicateurs
n'ont d'effet parce que nous le voulons bien et que c'est plus facile de compter les articles que d'essayer d'evaluer serieusement un dossier. Et incidemment, comme le milieu devient de plus en plus competitif, on ne peut pas par exemple
ne pas conseiller a un jeune doctorant de chercher a etre publie dans une bonne revue, fut-elle chere (ici, le prix n'est pas forcement un facteur de qualite, qui est plutot lie au passe du titre).
Mais tous ces problemes sont plutot bien connus et, je le repete, nous avons une part de responsabilite la-dedans.

Cette loi tend a donner une preference au diffuseur plutot qu'a l'auteur en terme de droit de propriete intellectuelle (d'ailleurs, il semble que les journalistes ne soient pas content de l'accord sur la presse entre l'EN et les [s]ayants droits[/s] editeurs de presse), et le debat s'est concentre sur la musique et le film.
Et parmi mes objets d'inquietude, l'ecrit est passe completement a la trappe alors que cette loi concerne toute oeuvre, donc y compris l'ecrit, et que nous sommes et restons malgre tout une civilisation de l'ecrit (notre formation intellectuelle passe par l'ecrit essentiellement, pas par la musique et le cinema). Pour l'instant, le livre electronique n'a pas marche, mais la litterature universitaire
est elle tres presente sur le WEB, en plus des centaines de milliers de sites WEB, blogs et autres qui sont eux aussi automatiquement soumis au droit d'auteur du simple fait qu'ils existent. Et peut-etre que le livre electronique marchera un jour. Mais nos ministres et deputes ont choisi de tout subordonner aux demandes de deux industries : la musique et le cinema...

Pour faire un parallele, il me semble que la communaute du logiciel libre s'est au final federee autour d'un concept, celui
du partage de programmes soumis a des licences d'utilisation particuliere, ce qui est une reconnaissance de
l'importance du droit d'auteur, meme si dans ce cas, l'auteur choisit volontairement de rester en retrait.
Il me semble que seule une prise de conscience similiaire dans le domaine de l'ecrit peut eviter
une catastrophe culturelle, qui serait effectivement la domination des auteurs, quels qu'ils soient,
professionnels ou non, par les diffuseurs, avec tout ce que cela implique... D'ailleurs, l'un des prochains projets de RDDV concerne la presse sur le net (voir ce topic), qui selon lui, manque de plumes de qualite, ce qui est responsable de la mauvaise qualite de l'information sur le web (dixit) :shock:
akabob

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