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Linux à l'université

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Ven 18 Nov, 2005 12:33

Je soumet cette réflexion personnelle : il manque sans doute des choses mais je compte sur vous pour m'enfair epart et critiquer (de manière constructive) mon propos :)
Et désolé pour la longueur

Comme le dit Jean Pierre Archambault (Google est votre ami) les logiciels libres trouvent tout à fait leur place dans le projet d'une économie en recherche d'équilibre. L'hégémonie de Microsoft est néfaste pour la diversité informatique et les formations proposées dans le secondaire comme dans le supérieur ont tendance à effacer cette diversité.
Il est tout à fait louable de promouvoir Linux dans ces secteurs mais les grandes sociétés de distribution souhaiteraient (et c'est légitime) obtenir des marchés auprès des administrations.
Le problème reste encore dans les pratiques : changer de logiciels demeure quasiment impossible à mettre en oeuvre si les pratiques l'usage de produits Microsoft sont installées depuis fort longtemps .
La première raison est celle des formats de fichiers, et donc celle de la compatibilité. On aura beau dire, un document enregistré sous Star Office au format MSWord ne sera pas impeccablement lisible sous Word, et inversement. Si l'on possède quelques compétences informatiques, le problème n'est pas insurmontable mais malheureusement, un(e) secrétaire Lambda n'a pas le temps ni l'envie de s'inquiéter d'un problème qui ne se posait pas pour lui (elle) auparavant. Pour cela il faut une politique planétaire forçant la mise en place de standards (le XML, par exemple) mais ce n'est pas demain la veille que Microsoft... Si bien que les administrations de bonne volonté, ecoutant les effets d'annonce des politiques (on décrète l'usage du libre d'un côté et on signe avec Microsoft de l'autre), se retrouvent avec davantage de problèmes liés aux changements de pratiques alors même qu'elle souhaitaient les résoudre par l'usage du libre.
La seconde raison est liée au pratiques de gestion d'un parc informatique. Concrètement, imaginons un laboratoire décidant de passer tout son parc informatique sous GNU/Linux. Pour le faire, le responsable informatique propose de signer un contrat avec une société offrant des services appropriés. Ce qui a motivé la décision tient en deux choses : une raison idéologique (la philosophie du libre) et une raison économique (en gros, GNU/Linux est censé être moins cher). Problèmes : il faut alors investir en formation du personnel, se trouver confronté aux souhaits de chercheurs qui, pour les besoins de certaines de leurs recherches spécifiques, sont plus ou moins contraints d'utiliser des logiciels propriétaires, et enfin, et surtout, l'administration d'un laboratoire ne peut pas fonctionner en vase clos et doit utiliser des logiciels (saisies de notes, comptabilité, etc) fonctionnant sous Windows. Certes tout changement de pratiques implique un coût mais passer de Windows à GNU/Linux, ou de logiciels propriétaires à des logiciels libres même en restant sous Windows, revient dans les faits à provoquer une dépense trop importante à court terme.
Troisième raison : dans les pratiques d'enseignement, par contre, on pourrait croire que l'usage de logiciels libres serait plus facile et surtout pédagogiquement très interressant. Au lycée comme à l'université un enseignant pourrait très bien utiliser des logiciels libres pour former les étudiants à leur usage. C'est d'ailleurs l'un des cheval de bataille de certains : "utilisez le libre car les étudiants pourront l'utiliser chez eux". Dans les faits, qu'arrive-t-il ? Les étudiants en question possèdent chez eux, lorsque c'est le cas, un ordinateur équipé de Windows. Pratiquement aucun n'utilisent de logiciels libres de manière spontanée. Dans l'établissement, c'est pire : comme il n'y a pas de budget pour une nouvelle formation du personnel, c'est bien souvent à l'enseignant d'assurer la mise en oeuvre de l'installation des logiciels libres, de se charger de la maintenance bref d'assumer le support matériel de son enseignement, sans obtenir d'heures supplémentaires ou de budget pour cela. Résultat : un flan.
Quatrième raison : le prosélytisme n'arrange rien. Au sein d'un laboratoire, par exemple, la décision est prise de limiter l'achat de licence Microsoft car, au final, si on utilise le libre, cela représente en économie plusieurs centaines d'euros (pour les petits labos) à plusieurs milliers (pour les gros labos). Problème : tout le monde ne désire pas changer d'habitude ! Les formations initiales depuis les 20 dernières années n'ont que très rarement familiarisé les utilisateurs avec les logiciels libres. Ceux qui utilisent GNU/Linux le font la plupart du temps à leur propre compte et en tirent des avantages qui n'ont parfois rien en commun avec d'autres utilisateurs de l'outil informatique. Là encore, le changement de pratiques, est un frein majeur.

En somme, vouloir harmoniser un parc informatique aux niveau collectif pour passer radicalement de logiciels propriétaires aux logiciels libres représente davantage d'inconvénients que de solutions, surtout si cette volonté est imposée. Le passage doit se faire pour répondre à un besoin communément et unanimement partagé par les utilisateurs et avec un budget de formation et d'installation conséquent. Si ce besoin n'est pas déclaré et si il ne répond qu'à un effet d'annonce de la part de hauts reponsables, c'est la catastrophe.

Alors que faire ?
On voit très bien qu'auprès des administrations qui passent des accords ou des marchés avec des entreprises offrant les services du libre, les difficultés se multiplient. D'une part l'intérêt pour ces entreprises est très limité : compte tenu des demandes de maintenance et de support qui vont croissant face aux problèmes énoncés ci dessus, l'effort fourni de la part de ces sociétés ne provoque guère de bénéfice sauf mettre la pression sur Microsoft.... qui d'ailleurs en rigole, puisque voyant ces difficultés pratiques, en profite pour augmenter ses prix (la commission logiciels des universités de l'Est de la France râle justement parce que l'accord signé il y a peu de temps entre l'INRIA et Microsoft implique des prix plus important qu'avant). D'où une certaine tendance des sciétés du libre à répondre aux abonnés absents dans ces cas là, du moins ne pas faire trop d'effort sur le support offerts aux collectivités publiques. D'un côté elles proposent un service mais ce service est limité et ce n'est pas de leur faute, si, après tout, le changement provoque tant de remous.
Le client qui achète une paire de lunette se voit proposé une paire de jumelles : on voit plus loin avec des jumelles qu'avec des lunettes.... en avait-il pour autant besoin?

D'après moi, le changement de pratiques du propriétaire au libre ne peut pas et ne doit pas dépendre d'une décision impliquant des répercutions sur l'ensemble d'une entité administrative (petit ou grande). Ce changement doit correspondre à une politique globale (nationale et internationale), avec un investissement sérieux (des moyens financiers, techniques et un accroissement des formations à tous les niveaux) et une volonté déclarée de formaliser des standards informatiques. Autant dire qu'on n'en est pas encore là.

EN ATTENDANT, il reste que les prises de décision au niveau individuel ou dans des communautés restreinte au sein des établissement peuvent très bien fonctionner sans implquer de nouvelles pratiques pour les autres.

Rien n'empêche un enseignant ou un chercheur d'installer une distribution GNU/Linux sur son propre poste. Il peut même, si il tient à acheter une distribution, en faire la demande aurpès du service informatique.
Lorsque, par exemple, sur le budget d'un contrat de recherche, on achète un ordinateur, il est tout à fait possible d'en acheter un avec GNU/Linux d'installé (il faut seulement justifier la demande de passer un marché avec une entreprise non listée, lorsque c'est le cas, sur les fiches de l'agence comptable - cette justification peut très bien etre justement le coût de la machine).
Enfin, au niveau individuel, lorsque vos collègues voient qu'utiliser Linux vous permet d'économiser et, de surcroît, ne vous pose pas de problème particulier, il font la même chose lorsqu'ils le peuvent. C'est ainsi que des communautés d'utilisateurs se créent sans pour autant être isolées : le démarche reste toujours personnelle et, au moins, une diversité informatique est présente.
Quand aux formations, elles doivent avoir lieu de manière plus fréquente, mais pour cela il faut qu'elles répondent à une demande effective. C'est là tout le défi de la "pédagogie du libre". En somme les utilisateurs de logiciels libres, lorsqu'il veulent faire passer le message, gagneraient davantage à s'adresser au large public et éveiller les consciences civiques plutôt que de s'adresser aux gestionnaires ou manoeuvrer pour créer des efets d'annonce.
La Mairie de Paris voulant passer aux logiciels libres a au moins soulevé le problème : vaut-il mieux assurer le coût du changement payé une fois pour toutes ou dépendre incessament du coût des licences Microsoft ? Eh bien, dans le cas d'une administration, la conjoncture joue malheureusement le jeu de Microsoft et focalise sur le coût au lieu des avantages à long terme.
Totophe

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Lun 21 Nov, 2005 10:59

Euh... tu voulais dire quoi exactement ? :D
playmobil

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Lun 21 Nov, 2005 11:20

Ouaih, avec le recul et au vu du texte je comprend qu'il paraisse un peu obscur :)

Je voulais expliquer les problèmes liés à l'aternative du libre dans l'éducation nationale et en particulier à l'université.
Beaucoup de gestionnaires de projet informatique se sont cassé les dents là dessus parce qu'il est utopique d'imposer une telel alternative dans l'administration si le projet ne relève pas d'une politique à l'echelle nationale. J'en explique un peu les raisons.
Par contre, un chercheur peut très bien adopter le libre sur sa machine à lui car son choix n'impose rien pour les autres.

Juste à titre d'exemple :
Dans le même batiment que moi, un centre de ressoruces informatiques gère la distribution et la vente de logiciels et des licences. Certainses untiés administratives ou laboratoires ont décidé de passer à Linux ou au libre de manière générale : résultat ils recoivent plein de commandes de logiciels propriétaires (windows et MsOffice, pour etre exact) indiquant un retour à la logique propriétaire. Pourquoi? Parce qu ceux qui se chargeaint des projets de passage au libre sont partis (mutés, ou leur contrat finissait) et que le mouvement du personnel faisait que les nouveaux arrivants "tombaient" sur des machines qu'ils ne connaissaient pas : manque de formation, manque de temps et manque d'argent.
Dan les lycées, un retour d'expérience m'a montré que les effets d'annonce du type "le libre pour tous" ne marchait pas si bien que cela, toujours parce que les effets d'annonces ne sont pas suivit dans les faits et que, au final, l'adoption du libre à haut niveau décisonnel repose toujours, dans la concrétisation des décisions, sur des bonens volontés qui, fatalement, s'amenuisent.

On ne peut pas changer les pratiques du jour au landemain si, en amont, et dans les formations en particulier, il n'y a pas déjà un terreau favorable chez chaque utilisateur. Les sociétés comme Mandriva qui ont des marchés avec certaines administrations, sentent bien ce problème : elles insistent d'un côté pour se placer sur ce marché mais ne peuvent résoudre le blocage dans les faits.
Résultat :
- Mandriva (et d'autres) profite de s'être placé sur ce marché pour faire un effet d'annonce et prétendre (plus ou moins à juste titre) que plusieurs adminsitrations sont "passées au libre".
- face aux difficultés, Mandriva ne veut pas non plus investir trop d'efforts pour soutenir (par un support en ligne ou sur site) le changement, d'une part parce que la société à d'autres chats à fouetter mais aussi parce que le suppport offert à l'achat de Mandriva est très rarement renouvellé à cause de son coût ET à cause d'un retour récurrent à Microsoft.
- Microsoft profite de cette situation et Augmente ses tarifs !
- L'accord passé avec l'AFUL en 1998 est toujours valable, mais ceci expliquant cela, le gouvernement (avec l'INRIA) vient de signer avec Microsoft des tarifs exhorbitants. Lorsque Archambault soutien que le libre doit se diffuser davatage dans l'Education NAtionale et la Recherche, il a entièrement raison, mais les gros projets de passage au libre ont peut de chance de se concrétiser dans l'etat actuel des choses.
Totophe

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Lun 21 Nov, 2005 12:43

Et oui, il faut passer l'épreuve de la dinde froide... :|
Nico

Messages : 841
Géo : Paris

Mar 22 Nov, 2005 00:28

Je suis conscient des difficultés du passage au libre dans les administrations, universités,etc; mais je voudrais juste faire un petit constat un peu plus optimiste. Il y a une constatation de plus en plus évidente à faire, c'est que la question de la migration est posée! Le fait qu'elle soit posée prouve la prise de conscience de l'existence d'une alternative. Il ya quelques années aucune administration ne passait ou n'envisageait passer au libre. Certe d'un point de vue technique il y a d'énormes difficultés à passer au libre: compatibilité, changement d'habitude, temps d'adaptation, etc... Mais de nombreux logiciels libres viennent aider à éviter un changement brutal. Le meilleur exemple est Openoffice.org, il est relativement aisé pour un établissement scolaire de remplacer M$Office par OOo sans provoquer de boulversement. Mais il est clair que de passer d'un tout proprio à un tout libre est trop brutal.

D'autre part si on regarde 3 ou 5 ans en arrière, on constate que la qualité des logiciels libre n'est pas la même. Quand sortait WinXP, à quoi ressemblait un bureau Linux? Quelle suite bureautique libre disposait-on quand sortait Office 2000? Le libre à fait un pas de géant en peu d'année, jamais autant de solutions libres n'ont été utilisées et le nombre de leurs utilisateurs ne cesse d'augmenter. On peut dresser un parallèle avec l'évolution des connections à l'Internet, très lentes pendant de longues années, et quand la technologie a été suffisament efficace on a connu le boom des années 1990.

Rome ne s'est pas construite en un jour et il faudra du temps à la génération Microsoft de sortir de son endoctrinement, commencé dès la maternelle. Mais les écoles devraient être les premières a se tourner vers le libre, et peut être verra-t-on apparaitre une GNU/Génération...
Cupiflo

Messages : 59

Mar 22 Nov, 2005 09:14

C'est pas faux, faux pas se montrer trop pressé, prendre nos habitudes, contribuer (si on le peux au développement de projets libres) et affuter nos arguments. Les changements se feront massivement lorsqu'ils seront devenus inéluctables.
playmobil

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