assez génial cet article suisse.
ça me rappele une anecdote lors d'une engueulade avec un musicien intermittent du spectacle. le sujet de la causerie était que je jouais gratos dans un bar (faut dire que c'était à côté de chez moi, donc y'avait pas de frais, et j'avais tout de même droit à un pack de 24 kro et des sandwiches

moi ça m'allait très bien..)
l'intermittent donc à l'issue du concert m'a fait tout un sketch parce que je tuais le marché (faut dire que le groupe, un duo, prenait 350 euros de cachet, et qu'il n'avait pas la moitié de ma notoriété alors juste naissante
Si tout le monde fait comme toi, alors on pourra plus faire de concerts rémunérés etc..
Ce à quoi j'avais répondu : si tu penses que tu mérites une rémunération, ben fais des concerts comme Jonnhy au parc des princes ou au zénith, pas dans des bars pourris.
(je précise que je n'ai rien contre les intermittents du spectacle hein ! C'est juste un exemple)
ça illustrerait assez bien la question soulevée au paragraphe 3 de l'article de P. Grosjean :
la gratuité liée aux amateurs (sauf que je n'aime pas le mot "amateurs", je préfère : "pratiques non commerciales")
Autre exemple, chez another record on a mis en place depuis quelques mois une compilation abandonnée . le principe : abandonner une compilation (de qualité, tout en creative commons NC ND) dans des endroits publics (bars, boulangeries, concerts, librairie, école, administrations etc..) en incitant explicitement les gens qui la trouvent à la copier, la graver, et l'abandonner à nouveau. Après un démarrage assez timide, le projet prend de l'ampleur, et on voit des centaines de disques qui sont abandonnés un peu partout en france et en, belgique. (précisons que la musique est évidemment téléchargeable online :
http://www.another-record.com/sitev4/fr ... ns3_fr.php
)
Ce projet ne nous coûte presque rien. En tant que label, on pouvait se permettre de faire quelques tirages de départ (une centaine) afin de démarrer l'opération... ¨Pour le reste, ce sont les mélomanes qui font circuler la musique (au coût d'un cdr vierge).
On peut voir quelques échos de la dissémination du disque ici :
http://www.another-record.com/sweets/
C'est non seulement un pied de nez aux débats en cours. Mais aussi la preuve que des choses sont possibles en dehors des circuits de diffusion commerciaux. Amateurs ? peut-être.. Mais, quand on écoute les oeuvres présentes sur le disque, je dirais que ce sont des amateurs qui n'ont rien à envier aux professionnels.
(je signale que j'en avais causé dans un autre post, qui n'a suscité AUCUNE réaction. C'est bien joli la militance pour la musique etc.. mais quand les gens FONT des choses, ça laisse sans voix on dirait :
http://forum.framasoft.org/viewtopic.php?t=14011
)
Représentons-nous un danger pour les modes de diffusion commerciaux traditionnels ? Certainement pas ! Nos investissements représentent à peine un millionième de ce qu'universal investit sur un disque de la star ac.. Et nos ventes sont dans les mêmes proportions (je parle des ventes des micro labels indé comme another record).
Est-ce viable ? OUi ! another record a désormais 5 ans d'existence, 20 sorties à son actif, et les artistes ont plein de projets, le label est débordé de propositions, et financièrement, c'est pas byzance mais on fait son chemin..
Bref : il existe une place pour la gratuité, c'est évident. Les logiciels libres, les projets alternatifs dans l'art, dans l'édition etc.. le prouvent tous les jours. L'idée n'est certes pas de concurrencer les sociétés à but commercial : et c'est pourquoi le débat "payant" versus "gratuité" n'a à mon avis de sens que pour certains industriels frileux et paranoiaques.
Par contre, la gratuité permet d'assurer la PLURALITE, de mettre en avant la SINGULARITE. Ce que la production de masse n'est pas toujours en mesure de faire (je n'ai pas dit qu'elle ne le fait jamais).
Que linux détrone ou pas Windows un jour.. bah cette question a à mon avis aussi peu d'intérêt que celle de savoir si another record va prendre la place de Universal. C'est une fausse question. La vraie question est : est-il souhaitable que continue d'exister à côté de microsoft des choses comme linux ou bsd ? Est-il souhaitable qu'à côté des majors existe une pléthore de microlabels, qu'à côté des grandes sociétés d'éditions existent des tas de maisons d'éditions de petite taille et indépendante des grands circuits de distribution ? Oui ! cela est souhaitable.
Gratuité ou autre buisness modèle pour ainsi dire (la gratuité n'étant qu'un raccourci pour décrire des buisness modèle différents de ceux qui gouvernent les politiques des grosses sociétés) : voilà ce qu'il faut maintenir à tout prix.
La gratuité ne tue pas l'économie : c'est encore de l'économie.