Dim 14 Sep, 2008 16:58
Bon j'ai tout lu, et si vous me laissez, je viens avec vous. J'vais faire une petite analyse désordonnée et commentée de ce que j'ai lu:
Dans ce débats, deux points de vue au moins s'opposent sur les termes d'une licence qui serait la meilleure Idem pour la plus libre
Pour moi, jusque-là, on reste dans la sémantique et le choix des mots, le débat le plus important semble provenir des implications des licences libres sur la place de leurs oeuvres dans la société et dans la vie des auteurs.
Certains envisagent les licences comme une façon de changer ou de s'exclure de la société de consommation. Parmis eux il y a des défenseurs et du copyleft , et du NC.
Certains mettent en avant les atouts pragmatiques des clauses, pour l'auteur (éviter la récupération mercantile) ainsi que pour l'utilisateur (éviter d'avoir à recontacter les N auteurs d'une playlist). De nouveau, parmis eux il y a des défenseurs et du NC et du copyleft.
Ici on peut faire la conclusion que NC et Copyleft ont tout deux des avantages pratiques et redéfinissent le principe de l'échange. Egalement, le NC semble être du côté de l'auteur et le Copyleft du côté de "l'utilisateur". Le premier pourrait donc être une transition vers le second, ce qui n'est pas réciproque. A mon avis, c'est pour cela que le NC semble l'emporter (en nombre) chez les auteurs.
En outre, il a été dit que le NC évitait qu'une entreprise vende de la lessive en profitant du travail sous copyleft si celui-ci fait un "buzz".
Pour le fait que des entreprises profitent d'un mouvement populaire, à mon avis ce serait difficile que la position de l'auteur sur ce que devrait être le libre n'ai pas d'écho positif. Les lessives "pouetpouetman" pourraient se vendre aussi bien qu'être boycottées. Dans les faits, en tant qu'auteur (sisi parfois), j'estime que le jeu en vaut la chandelle car je pense qu'il y a aurait dans cette situation, plus de bonnes initiatives que de néfastes. Je prends même le risque que ce soit une entreprise mercantile qui démarre le "buzz", ce qui serait impossible avec une NC. Dans les faits c'est improbable car les requins raisonnent toujours avec la concurrence (s'il y en a), et ne dépenserait pas un kopek dans une initiative qu'ils ne contrôllent pas, le coût d'achats des droits d'exclusivité sur un "buzz" non copyleft est certainement négligeable.
Enfin, en illustration des requins qui sévissent dans certains domaines comme le graphisme, on a eu le droit à un article d'oeuvres commerciales (si je ne m'abuse).
Dans ce cas, copyleft ou NC, le requin ne se serait même pas posé la question. Les plagieurs ne font pas l'effort de savoir les droits qui se rapportent à une oeuvre, je ne vois pas en quoi une licence de libre diffusion y changerait quelque chose. Là, le soucis c'est plutôt la facilité sur le net de trouver des oeuvres 'orphelines' qui est dérangeante, si les licences de libre diffusion sont bien respectées, ce cas ne se produit pas. Si vraiment on me plagiait un de mes travaux, alors je préférerais qu'une grosse boîte ait déjà repris mes travaux, même de manière "mercantile" en respectant la licence Copyleft, ça m'aiderait à prouver ma paternité (à noter que ça marche pareil avec le NC, mais avec un éventail plus restreint de personnes morales suceptibles de plaider en ma faveur).
Reste le cas des gens voulant vivre de leur oeuvre en se réservant une part sur les échanges commerciaux.
Là, ça se complique rudement car avec de la libre diffusion, on prend le risque de voir des personnes redistribuer gratuitement les morceaux. On se coupe donc de la vente à l'auditeur et on se rapproche plus du mécènat. Je m'explique : même si c'est l'acte d'achat qui sert de rémunération, l'idée sous-jacente est n'est pas d'acheter mais bien, en grande partie, de financer l'artiste.
Là où l'auteur peut gagner des sous, ce sera sur le fan club (ça rejoint l'achat à prix libre), mais également les utilisations dérivées commerciales (publicité, musique de films etc.) et enfin les apparitions publiques (concerts, émissions télés). Pour le fan-club et les prestations, NC et Copyleft ont les mêmes implications. Pour la publicité et les musiques d'ambiances (et autres), il faut encore séparer ce qui a vocation à son tour à être un produit et ce qui a vocation à être jetable. En effet, une publicité peut se permettre d'intégrer une musique en LAL ce qui n'est pas le cas pour des éditeurs de films / séries car la problématique de de vivre de leur oeuvre est la même (et donc, la viralité des licences copyleft leur pose la même problématique). Pour la pub, je suis plutôt d'accord que c'est dégradant, mais à mon avis le risque est à nouveau négligeable car dans une pub on veut vanter un produit, ce qui rend difficile une application rigoureuse des licences copylefts (qui demandent que la licence et l'auteur de l'original soient bien mis en évidence). Pour ça, il faudrait batailler ferme afin d'éviter les abus.
En gros, vivre de son art en faisant du libre c'est loin d'être simple (avec une licence globale, ce serait envisageable), mais il faut garder en tête que le libre n'est pas une fin en soi, mais également que ce n'est pas un "droit" que de tenter de vivre de son art, mais bel et bien une "liberté".
Vous l'aurez compris, je préfère utiliser la LAL (il y a tout plein de raisons pour la choisir mais on aura du mal à faire le tour de la question). Je ne pense pas que le gros profiteraient nécessairement du petit en donnant du cachet à une licence qui pose comme pierre angulaire l'égalité devant l'oeuvre. De plus en plus, les technologies de productions sont accessibles à moindre coût. Reste l'hégémonie d'une poignée d'éditeurs qui ne peuvent se permettre de lâcher du contrôle (et donc de libertés) pour garder un retour sur investissement vital. La NC est l'affirmation du besoin de contrôle, elle affirme que pour diffuser une oeuvre à la télé il faut casquer. Ce qui justifie l'existence des éditeurs. Les diffuseurs, maintenant, veulent-ils vraiment passer des contenus quasi-gratuitement (et en faire la promotion), au risque de ne pas avoir l'exclusivité (et que d'autres encore en fassent la promotion) ? Je pense que la LAL et ses implications d'égalités démontrent que les théories économiques (et peut-être même l'outil "argent") sont à revoir, l'échange non-rival non-exclusif est quelque chose d'encore très mal cerné et qui pourtant va prendre de l'ampleur à l'ère de l'information. Faire de l'argent avec, indubitablement c'est possible, mais être le seul à en faire, j'en doute.
edit: j'ai oublié de mettre dans ma conclusion l'idée que s'il y avait moins d'éditeurs etc. ce ferait autant d'argent qui irait dans le développement des technologies permettant aux artistes de s'émanciper un peu plus des outils alors réservés aux grosses industries (si concurrence il y a, mais ça c'est un autre soucis)