dede a écrit:antistress a écrit:tof a écrit: Le "manifestement" est a mon gout trop vague
C'est une notion juridique courante, parfaitement claire, elle ne pose aucun problème à mon avis, au contraire. Ce simple mot, essentiel, permet d'éviter la chasse aux sorcières
Oui et non, on doit encore attendre les premières jurisprudences pour pouvoir connaitre la portée que donneront les juges au mot "manifestement"
Ca peut sembler aberrant d'écrire un amendement disant qu'il est illégal de vendre "un téléphone manifestement destiné aux gangsters et que ça ne s'applique pas aux téléphones destinés aux conversations innocentes", ce qui est à peu près le contenu de l'amendement 150. Quand on le leur a fait remarquer, les députés UMP ont eu l'air plus qu'embêtés et ont fait des mines de petites filles prises dans le pot de confiture, sans arriver à le justifier, tout en insistant pour le garder quand même. Bizarre ?
En fait, il est impossible d'écrire de manière défendable que les logiciels de télécom sont interdits. Alors on finasse.
Le but de la manip est quand même transparent. D'abord dissuader les éditeurs d'éditer justement parce que ce texte est incompréhensible et qu'ils ne peuvent mesurer les risques encourus.
Si cela ne suffit pas, la RIAA et la MPAA procèderont comme elles l'ont toujours fait aux US : attaquer les éditeurs en leur réclamant quelques milliards de préjudice et en alignant quelques centaines d'avocats. En général, les éditeurs jettent l'éponge à ce moment-là car ils ne peuvent payer leur défense. Voir par exemple eDonkey. Presqu'aucun procès n'a fini aux US.
Enfin, si par malheur il y avait un éditeur qui tenait bon, elles se débrouilleraient pour compliquer le dossier en ajoutant des tonnes de détails inutiles, de plaintes redondantes, de jeux de procédure. Soit l'éditeur jettera l'éponge en route, soit le procès trainera 7 ans, l'éditeur sera paralysé pendant ce temps, et on sera passé à autre chose. Pratique habituelle de Microsoft par exemple (cf. Netscape).
Ce texte a beau n'avoir aucun sens, il donnera aux majors ce dont elles manquent désespérément à l'heure actuelle : un motif, aussi surréaliste soit-il, pour attaquer en justice ceux qui leur déplaisent.
Il faut espérer - voire faire en sorte pour les spécialistes - qu'une horreur pareille soit déclarée inconstitutionnelle. Sinon, ce ne sera pas la justice qui apportera une solution. Le loup sera libre dans la bergerie libre.
Il faudrait alors tout mettre en oeuvre pour qu'une jurisprudence éclose très très rapidement, et tout faire pour le provoquer, y compris sur un cas d'école.
RDDVDV n'a pas tort quand il dit que cela fera école à l'étranger. Si un coup pareil passe en France, les majors s'appuieront tout de suite dessus pour exiger la même chose ailleurs.