pieral a écrit:Pour le rapport avec les essais nucléaires, je demande à comprendre. Mais je n'ai pas fait de physique nucléaire, donc pet-être que quelque chose m'échappe.
Merci pour l'exquise politesse avec laquelle tu me dis « ferme-la, tu n'y connais rien », c'est touchant. Surtout que tu as bien raison, je n'ai pas non plus fait de physique nucléaire.
A vrai dire, je n'ai pas un seul doctorat, ni en biologie, ni en génétique, ni en physique nucléaire ni même en informatique.
Il n'y a évidemment aucun rapport entre le fait de disséminer dans la nature des organismes étrangers, bidouillés dans des but peu avouables, dangereux pour les espèces endémiques, pour le droit des agriculteurs de cultiver leurs champs sans payer des royalties à Monsanto, Syngenta, ou Bayer sous prétexte que des traces de leurs semences brevetées ont
contaminé ces champs (je n'invente pas cette absurdité !), ... et le fait de contaminer des zones et populations de la planète avec les résidus radioactifs des essais nucléaires.
Je n'ai pas besoin d'un doctorat en maths pour savoir que la catastrophe de Tchernobyl n'était pas plus un accident que Hiroshima ou Nagasaki, ou les contaminations de plantations traditionnelles, ou même les accidents de voiture ou d'avion ; ce sont des statistiques, des "désagréments" qui arrivent plus ou moins fréquemment, mais inévitablement.
Pieral, même les ignorants comme moi, qui n'ont aucun doctorat, peuvent être irradiés ou atomisés par les joujous des physiciens, contaminés par des chimères génétiques ou des brevets sur le vivant.
Souffre que du haut de mon ignorance scientifique et technique, autant que de la hauteur moyenne de mon bon sens et ma légitimité d'humain et citoyen, je me permette de me renseigner sur les risques et les conséquences des technologies, que j'en discute et même que je conteste le droit aux techniciens, industriels et autres politiques de confondre notre habitat avec une éprouvette en nous disant sur le ton du mépris ou de la force publique « fermez-la, vous n'y comprenez rien ».
pieral a écrit:La séléction variétale est une transgénèse non-spécifique, c'est à dire qu'on échange plus de gènes (et pas un seul) et de manière aléatoire, jusqu'à isoler le résultat voulu. Ce qui explique que le temps de création variétale en séléction classqiue soit très long.
Je suis impressionné par ton vocabulaire technique. Tous ces mots savants me seront bien utiles pour m'illustrer dans les conversations mondaines, même si, évidemment, j'en comprends mal les subtilités, voire le sens.
Question vocabulaire justement, serais-tu assez aimable de m'aider à comprendre cette
lettre ouverte d'un gars de l'INRA aux agriculteurs progressistes qui s'apprêtent à semer du maïs transgénique ?
Je bute bêtement sur des mots comme "hétérosis" par exemple, et c'est fort dommage car, malgré mon bagage scientifique limité, je crois y déceler des propos pleins de bon sens :
Pourtant ! Qui peut-être assez crédule, à part le Généticien et autres scientifiques, enfermés dans leur carcan disciplinaire et coupés de la vie pour croire cette énormité qu’améliorer un être vivant exigerait, en quelque sorte, de le stériliser ? Et Terminator ne révèle-t-il pas avec éclat que cette stérilité est l’objectif de tout sélectionneur/semencier ? Pour créer une nouvelle source de profit, ne faut-il pas séparer ce que la Vie confond, la production réservée à l’agriculteur et la reproduction confiée au semencier agrotoxique ?
J'ai l'impression qu'il explique un petit peu le rapport entre OGM et DRM. Non ?
Pour revenir sur le fond de ton message, tu cherches à nous expliquer (et tu n'es pas le seul) que le fameux Terminator de Monsanto, par exemple, est beaucoup moins dangereux que nos propres bébés, puisqu'il ne comporte qu'un gène étranger et savamment introduit dans son code génétique, alors que nos chères têtes blondes sont, depuis que le monde est monde, le résultat du mélange incontrôlé du patrimoine génétique des deux heureux parents. Mélange débuté dans un processus fort peu rigoureux (c'est le moins que l'on puisse dire), aux antipodes de l'ambiance stérilisée des laboratoires et des éprouvettes.
Tu m'excuseras de ne pas te suivre dans ton entreprise de banalisation des manipulations génétiques.
Introduire un gène et un brevet dans le code génétique d'un être vivant est tout aussi éloigné des processus de sélection et croisement d'espèces que la mise en oeuvre d'un détonateur avec une masse critique d'uranium ou d'hydrogène ne l'est de la métallurgie.
Milvus a écrit:Conclusion : Les OGM et les DRM ne sont donc pas des problèmes en soit, mais des symptomes d'une dérive profonde d'une société qui se prétend basée sur une concurrence juste...
...
Si j'emploie aussi beaucoup de termes emprunté au vocabulaire économique, ce n'est pas par hasard, c'est que notre société actuelle n'est quasiment basée que sur ça. En résumant à l'extrème, on peut dire que DRM et OGM sont dangereux à l'heure actuelle, car mal utilisés par certains dans des buts économiques. Donc, dire "La concurrence, je m'en bats les ...", c'est un erreur, car c'est nier une des parties les plus importantes du problème.
Non Milvus, notre société est basée sur la petite et fragile planète que l'on nomme terre, elle est basée sur les plus de six milliards d'êtres humains qui la composent, sur les règles et conventions permettant la cohabitation harmonieuse d'une si nombreuse population : déclaration des droits de l'homme, déclaration des droits des générations futures, conventions internationales, systèmes politiques, législatifs, sociaux, économiques, ...
Les règles de concurrence économique ne sont qu'une goutte d'eau parmi cette multitude de conventions et règles de cohabitation, même si la propagande voudrait nous la présenter comme la seule et unique loi universelle, celle sur laquelle « notre société est basée » (au point de claquer la « concurrence libre et non faussée » dés l'article 3 du torchon constitutionnel, au milieu de la paix et du bien-être des peuples d'Europe).
On n'est pas obligés de croire la propagande, ni de la diffuser.
La concurrence est un outil économique et social comme un autre, comme un tournevis, pas plus.
Qu'elle soit faussée ne signifie pas en soi qu'il y ait un problème grave pour la société, ce n'est qu'un symptôme, rien de plus.
Tu disais qu'il ne fallait pas confondre les symptômes et les problèmes.
Milvus a écrit:Je pense que le rapport est assez simple : le fantasme du savant fou. La peur des OGM comme celle du nucléaire vient essentiellement d'un effroyable manque de culture scientifique et technique dans le grand public. La faute aux scientifiques qui dédaignent la vulgarisation, aux journalistes qui font avant tout du sensationnel, à greenpeace et sa propagande douteuse...
Il y a aussi le phantasme du spécialiste qui se qualifie de savant.
Le phantasme du spécialiste, ou même du savant, qui se croit investi de la légitimité de décider à la place des millions d'"ignorants", voire des générations, qui subiront les conséquences de ses choix et expériences.
Il y a la peur irrationnelle que le spécialiste a de ces masses incultes et leur obscurantisme, la peur qu'elles ne remettent en cause sa légitimité de spécialiste si elles venaient à penser qu'elles ont compris les tenants et aboutissants de mécanismes bien trop complexes pour des esprits incultes, la peur de ne pas réussir à les contenir par le jargon technique.
La peur que quelqu'un se demande en quoi les connaissances scientifiques ou techniques garantissent la légitimité sociale.
La peur que quelqu'un s'exclame « le roi est nu »
« La peur des OGM comme celle du nucléaire vient essentiellement d'un effroyable manque de culture scientifique et technique dans le grand public. »
Pourrais-tu, s'il te plaît, me démontrer cette affirmation avec un minimum de rigueur scientifique ?
La peur n'est pas nécessairement du côté où on la voit, l'ignorance non plus, elles sont souvent dans les yeux de celui qui regarde.
Le numéro d'avril 2006 du Monde diplomatique comportait un mini dossier sur les OGM, il aide à comprendre en quoi ils sont dangereux, et aussi leur similitude avec les DRM.
Il parle entre autres du cas de l'Amérique du sud.