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Page 3 sur 8Précédent 1, 2, 3, 4, 5, 6 ... 8 SuivantLivre : Députés sous influence

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Mar 17 Oct, 2006 22:10

Et même si cette connaissance est plus intime, si elle n'a pas d'influence dans son domaine, alors pourquoi devrait-on écarter ce député? Il peut même avoir été "saisi" d'un dossier par cette connaissance, et donc commencer tout un travail de recherche et de réflexion dessus.


C'est bien le problème, et c'est là qu'on nous brandit le joker "ethique". Le fait que Mr dassault soit senateur et vote des lois qui ont attrait à ses sociétés est carrément pour moi choquant.

Comment prouver qu'il y a délit si la loi profite à un intime ? impossible et c'est derrière de tels arguments que se cachent nos députés pour nous dire que nous faisons des procés d'intentions. Le problème aujourd'hui est que nos institutions sont minées par de tels arguments et comportements. Comment redonner confiance dans notre classe politique lorsqu'elle nous dit "lobby ? mais il n'y a pas de problèmes avec les lobbys" alors que dans les faits ils font bien les lois et la DADVSI a bien été un révélateur des pouvoir des lobbys sur nos institutions.


On peut parler d'intéret général et d'intérets particuliers mais le constat est triste.
wiko

Messages : 728

Mer 18 Oct, 2006 14:39

wiko a écrit:C'est bien le problème, et c'est là qu'on nous brandit le joker "ethique". Le fait que Mr dassault soit senateur et vote des lois qui ont attrait à ses sociétés est carrément pour moi choquant.

La différence avec Monsieur Dassault c'est qu'il a un intérêt direct. C'est d'ailleurs pour cela qu'il y a eu décision du Conseil Constitutionnel.

La République est faite d'être humains, pas de machines. Vouloir lui appliquer des principes absolus c'est nier son humanité. On ne gère pas une société comme on fait un programme d'ordinateur, qui s'exécute parfaitement et sans surprise - du moins quand il est bien fait ;-)

Ce que je veux dire, c'est que les hommes et les femmes ont leurs forces et leurs faiblesses. Et pour que nos institutions puissent fonctionner, il faut tirer le meilleur parti de leurs forces et tenter de pallier leurs faiblesses. Quelqu'un qui connaît bien un dossier parce que ça fait dix ans qu'il y est investi, connaît forcément bon nombre de ses protagonistes, il travaille avec eux, il a souvent de la sympathie pour certains d'entre eux. Est-ce une raison pour l'évincer d'un projet de loi, alors qu'il a une expertise unique ?

Et au-delà des "connaissances", fréquentations et tout ça, doit-on interdire aux députés de prendre des positions sur des sujets auxquels ils sont sensibilisés, soit par leur environnement direct (collaborateurs, amis...) soit parce qu'il touche directement leur circonscription ?

Pour ma part je réponds non aux deux questions. Il faut certainement poser des règles plus strictes, ou en tout cas mieux adaptées aux pratiques de lobbying qui se sont développées en France alors que nous avons toujours pris soin de nier leur existence. Mais il ne faut surement pas que ces règles empêchent les gens de travailler, que ce soit pour la nation, pour un acteur privé ou pour une association. Car personne n'a la science infuse, personne n'est omniscient, et nous avons tous besoin les uns des autres pour avancer. Le tout est de parvenir à éviter les dérives que nous savons.

En fait, je crois que nous avons surtout besoin de reconnaître que le lobbying existe, de clarifier les rapports entre élus et acteurs privés, et ça nous aidera beaucoup à faire changer les mentalités et les comportements.
Alix Cazenave

Messages : 412
Géo : Paris

Mer 18 Oct, 2006 15:16

Comme d'habitude, sans vouloir être rabat joie c'est toujours le même argument.

bla bla un homme blabla bla ethique bla bla bla libre arbitre.
Et au-delà des "connaissances", fréquentations et tout ça, doit-on interdire aux députés de prendre des positions sur des sujets auxquels ils sont sensibilisés, soit par leur environnement direct (collaborateurs, amis...) soit parce qu'il touche directement leur circonscription ?


Personnellement je pense qu'appliquer plus de rigueur dans le choix des gens sur les dossiers devrait être nécessaire. Que si une personne dans le cercle familial est impacté par un projet de loi le député doit être dessaisi. Car comme vous le dites le député ou le senateur est un homme, et comme tous les hommes il a ses points faibles, autant ne pas les mettre à l'épreuve.


Les politiciens demandent de la probité à leur concitoyen pourquoi ne devrions pas leur demander la même probité ?
wiko

Messages : 728

Mer 18 Oct, 2006 17:12

wiko a écrit:Les politiciens demandent de la probité à leur concitoyen pourquoi ne devrions pas leur demander la même probité ?

Il me semblait que c'était plutôt le contraire :wink:
Dernière édition par Alix Cazenave le Mer 18 Oct, 2006 17:53, édité 1 fois au total.
Alix Cazenave

Messages : 412
Géo : Paris

Mer 18 Oct, 2006 17:53

Alix Cazenave a écrit:
wiko a écrit:Les politiciens demandent de la probité à leur concitoyen pourquoi ne devrions pas leur demander la même probité ?

Il me semblait que c'était plutôt le contraire



Ne crains-tu pas, Alix, de t'aventurer sur un terrain glissant, en faisant une telle réponse ?

:)
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Mer 18 Oct, 2006 17:54

Quel est l'intérêt de rester sur un terrain stable ?

:D
Alix Cazenave

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Géo : Paris

Mer 18 Oct, 2006 17:55

Alix Cazenave a écrit:Quel est l'intérêt de rester sur un terrain stable ?

:D


Certains, s'y croient plus en sécurité ...


:P
Saint-Chinian, parti

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Mer 18 Oct, 2006 18:03

Franchement, mon père est élu depuis 18 ans, et depuis 18 ans j'entends le même discours : tous pourris, langue de bois etc.

Donc, très naturellement je me demande si wiko ne s'est pas mépris sur le sens de sa remarque, que personnellement je raccourcirais à "les citoyens demandent à leurs élus de faire preuve de probité" - ce qui me paraît être une évidence cela dit...

Parce que je n'ai jamais entendu que ce soit le contraire, et je ne vois pas comment ce serait possible (les élus ont un devoir envers les citoyens, mais les citoyens n'ont aucun devoir envers les élus).
Alix Cazenave

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Mer 18 Oct, 2006 18:17

Alix Cazenave a écrit:Franchement, mon père est élu depuis 18 ans, et depuis 18 ans j'entends le même discours : tous pourris, langue de bois etc.

Donc, très naturellement je me demande si wiko ne s'est pas mépris sur le sens de sa remarque, que personnellement je raccourcirais à "les citoyens demandent à leurs élus de faire preuve de probité" - ce qui me paraît être une évidence cela dit...

Parce que je n'ai jamais entendu que ce soit le contraire, et je ne vois pas comment ce serait possible (les élus ont un devoir envers les citoyens, mais les citoyens n'ont aucun devoir envers les élus).


Très franchement, je ne pense pas que ton père n'ait jamais été concerné par ce type de discours . Alors que d'autres élus, l'ont très certainement été...

:wink:
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
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Mer 18 Oct, 2006 22:14

Tiens en passant:

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 021,0.html

60 % des Français jugent les élus corrompus
LE MONDE | 18.10.06 | 16h55 • Mis à jour le 18.10.06 | 19h37

Les crises politiques sont presque toujours précédées d'une période empoisonnée : la certitude, répandue au coeur même du peuple, que le système est corrompu et ses dirigeants "pourris".

Est-ce le cas de la France d'aujourd'hui ? L'émergence, depuis la fin des années 1980, des "affaires" et de scandales politiques impliquant la droite comme la gauche a renforcé une partie grandissante des citoyens dans leur défiance à l'égard du personnel et des institutions politiques. Cela paraît une évidence. Mais jamais, pourtant, on avait mesuré cette "sape" qu'exerce sur la démocratie le sentiment que ses représentants sont plus ou moins corrompus.


Le Centre d'études de la vie politique française (Cevipof) s'y est attelé et a réalisé, sous la direction de Pierre Lascoumes, une enquête, qu'il a choisi de rendre publique jeudi 19 et vendredi 20 octobre lors d'un colloque intitulé "Démocratie et corruption. Tous corruptibles ?". Mené sur un échantillon représentatif de 2 000 personnes et accompagné d'une enquête monographique dans la commune de Béthune (Pas-de-Calais) - dont le maire, Jacques Mellick, condamné pour faux témoignage dans l'affaire VA-OM a été ensuite réélu -, ce travail tente de "mettre en relation le système de valeurs des personnes enquêtées et leur conception de la politique avec leurs opinions sur la corruption et les atteintes à la probité publique".

Ce qui frappe, tout d'abord, c'est l'ampleur de la défiance. 60 % des personnes interrogées estiment en effet que "les élus et les dirigeants politiques sont plutôt corrompus", alors qu'elles n'étaient que 38 % en 1977 et 55 % en 1990. Les avis sont aussi plus tranchés qu'il y a trente ans. 30 % des sondés restaient "sans réponse" à cette question, en 1977, ils ne sont que 5 % aujourd'hui. Un tiers estiment aussi qu'il y a plus de corruption qu'auparavant. Plus de deux tiers considèrent que le niveau de corruption est élevé dans les principales institutions politiques : 77,9 % au gouvernement, 69,1 % à la présidence de la République et 68 % chez les députés.

Le reste de l'enquête montre cependant une relation bien plus ambivalente qu'il n'y paraît sur la définition même de la corruption. Ainsi, les jugements diffèrent largement selon que l'on est bien inséré ou pas dans la société. "Un niveau de diplôme élevé et une insertion professionnelle qualifiée se traduisent souvent par une moindre perception de la gravité des atteintes à la probité, constatent les chercheurs, et parfois par un niveau de tolérance plus élevé, et cela indépendamment de l'orientation politique gauche-droite."

En somme, plus on est inséré dans le système, plus on a confiance en lui, et plus on est tolérant à l'égard de ses dérapages, les attribuant à des accidents de parcours qui ne remettent pas en cause l'ensemble de la représentation démocratique. "Se retrouvent plus volontiers dans cette catégorie des électeurs de partis de gouvernement, souligne Pierre Lascoumes, quand les plus "défiants" ont tendance à choisir des partis protestataires ou à rester à distance de la politique."

Pourtant, d'une façon plus générale, les sondés ne réagissent pas en fonction d'une échelle de valeur strictement morale. Ainsi, elles sont sévères sur les élus en général et les comportements de corruption publique (un ministre faisant payer des frais de campagne par une entreprise). Mais elles montrent une grande tolérance pour ce qui relève du passe-droit utilisé par le citoyen lui-même. Deux tiers des sondés jugent peu grave d'obtenir d'un élu une place en crèche ou d'utiliser ses relations politiques pour trouver du travail ou un logement à un ami, l'accès à un bien rare (emploi, logement) constituant une justification forte.

Il existe par ailleurs des cas où la corruption est mieux tolérée : si le citoyen a le sentiment qu'elle répond aussi à un intérêt général. Une grande entreprise qui, pour obtenir le marché de construction d'un tramway, offre au maire une somme importante est ainsi réprouvée à 87,1 %. Mais si, en échange du marché, l'entreprise propose de rénover le stade municipal, alors la désapprobation baisse à 62,2 %.

Dès lors, la réélection de maires pourtant impliqués dans des "affaires" prend tout son sens. L'étude de cas menée à Béthune par Emmanuel Pierru, de l'université Lille-II, souligne ainsi ce que les sociologues américains ont appelé une "balance des intérêts" opérée par les citoyens. Ainsi, Jacques Mellick, pourtant condamné en 1997, a-t-il pu être réélu au premier tour, lors d'une municipale partielle en 2002. Car les citoyens distinguent à la fois ce qui relève d'une "affaire" nationale et ce qui relève de leurs intérêts locaux. Dans le cas de M. Mellick, "l'accumulation de loyautés hétérogènes", selon M. Pierru, son clientélisme serait-on tenté d'ajouter, l'a ainsi protégé électoralement, contrebalançant les jugements sévères de ses concitoyens sur la corruption en général.

Raphaëlle Bacqué
Article paru dans l'édition du 19.10.06
Roux

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