Vous me direz si ce n'est pas à ce drame que vous faisiez allusion, mais s'agissant de questions de santé publique, la référence à des "erreurs" qu'aurait commises Laurent Fabius ne peut pas ne pas faire penser au drame du sang contaminé, régulièrement évoqué ces derniers jours - y compris de façon ignoble (mais bien sûr de façon totalement spontanée) par un auditeur de France Inter mercredi matin.
Il me semble important de ne pas laisser des allusions insidieuses et calomnieuses sans réponse. Voici donc ce qu'a répondu Laurent Fabius à l'auditeur, qui défendait manifestement Ségolène Royal :
PATRICK
Je voudrais savoir, pourquoi vous chargez souvent Madame Ségolène ROYAL en lui reprochant son manque d’expérience politique en haut de l’Etat, alors que j’ai bons souvenir quand même – votre présence depuis trente ans dans la vie politique française n’a pas laissé que de bons souvenirs, il y a même eu une période scandaleuse, je parle surtout de votre gestion désastreuse, du grave problème du sang contaminé il y a quelques années.
LAURENT FABIUS
Merci de votre question objective. D’abord, je ne charge pas, pour reprendre votre terme, tel ou tel autre candidat, parce que ce n’est pas mon style. Simplement, nous avons eu des débats télévisés, peut-être les avez vous vus, où un certain nombre de questions ont été posées et on y a répondu. Parce que, être président de la République c’est une charge quand même immense, c’est très difficile. Je vais vous prendre un exemple qui vous aura peut-être frappé, sur la façon d’aborder les questions de l’Iran et le nucléaire, qui n’est quand même pas un petit détail, qui menace, qui peut menacer la paix du monde. J’ai fait part de mon expérience, comme vous dites, ce n’est pas un handicap, à condition qu’on en tire les leçons et j’ai eu l’impression que ma compétitrice sur ce point, je n’ai pas été le seul à avoir cette impression, faisait preuve d’un certain flottement. Or ce sont des matières où il vaut mieux ne pas flotter. Maintenant, puisque vous avez la délicatesse et après tout c’est votre droit, d’aborder la question dite du sang contaminé, je vais vous répondre très clairement. C’est un drame qui effectivement remonte à plus de 20 ans, j’en parle et j’en ai parlé peu souvent, parce que la souffrance que j’ai connue moi-même pendant dix ans de ma vie, n’a évidemment rien à voir avec la souffrance des personnes qui ont été touchées et auxquelles je n’ai jamais cessé de penser. La Justice a été très longue à se prononcer, finalement, elle s’est prononcée, et elle a reconnu, Monsieur, elle a reconnu Monsieur, non seulement mon innocence totale, mais le fait que j’avais été l’un des plus rapides chef du gouvernement à agir à travers le monde et que cela avait épargné de nombreuses vies. Voilà ce que je veux vous dire, et j’en tire une conséquence, si vous le voulez bien. C’est que parmi tous ceux et toutes celles qui pourraient se présenter à la candidature suprême, en tout cas, s’il y a une personne, c’est la leçon du malheur, qui aura l’expérience qu’il faut, si jamais un drame sanitaire devait se représenter, je serais parmi ces personnes, vous le comprenez. Simplement je souhaiterais que la campagne présidentielle, si je suis candidat se développe sur la réalité des positions, la réalité des faits, la réalité des projets et non pas sur des accusations.
Je me permets de renvoyer, en complément, et pour donner des éléments de réponse qui ne proviennent pas de Fabius lui-même, et sont donc peu suspect de partialité, à un article de L'Express : http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/fabius/dossier.asp?ida=425665 dont je conseille vivement la lecture à Saint-Chinian et à tous les autres.
Ca commence par : «Mais Laurent... Tu es pédé ou quoi?» Juin 1985. Laurent Fabius déjeune avec Serge Moati. Dans la conversation, le Premier ministre explique à son ami qu'il va rendre systématique le dépistage des dons du sang. Le cinéaste n'en revient pas, un instant il s'amuse. (...) . Un même souci comptable agace d'ailleurs le journaliste François-Henri de Virieu, qui interpelle Laurent Fabius pendant son Heure de vérité, le 4 septembre 1985: «La question que les Français se posent: est-ce que c'est un travail de Premier ministre [...] dans ce pays de, finalement, prendre la tête de la bataille contre le sida, qui fait 80 morts en France, alors que l'infarctus fait 50 000 morts?».
Pour les plus rigoureux et les plus précis, je renvoie à ce lien http://fabius2007.typepad.com/laurent/2006/05/extrait_de_larr.html qui présente des extraits de l'arrêt de la Cour de Justice de la République, qui déclare notamment : "Qu'il apparaît dans ces conditions, compte tenu des connaissances de l'époque, que l'action de Laurent Fabius a contribué à accélérer les processus décisionnels"
En espérant que ces éléments convaincront Saint-Chinian, qui prend beaucoup de plaisir à répandre dans ses messages cette icone

Désolé pour la longueur de ce message, mais il est toujours plus difficile de répondre sur le fond à une allusion...
Ce n'est pas moi qui ai fait dériver le présent fil de discussion vers du HS et en ce qui me concerne je considère désormais que le sujet de ce fil et des dérives HS est clos, même si bien sûr je lirais avec attention les éventuelles réponses à ce post.
Cordialement,
Denis Gettliffe
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Denis Gettliffe
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