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Page 2 sur 4Précédent 1, 2, 3, 4 SuivantPhilosophie libre, contenu physique

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Mer 14 Oct, 2009 19:23

A vrai dire je ne cherche pas du tout à transposer les quatre libertés telles quelles à du contenu physique, mais plutôt à apporter une dimension identique, identifiable, qui reprenne la philosophie dans son sens plutôt que dans sa forme.

Or, parmi les exemples qui m'ont été donné (merci :) ), j'en connaissais déjà certain et je trouve qu'on est plus proche d'une solution techniquement open source que d'une solution philosophiquement libre. C'est tout le sujet de ma réflexion justement. Si il est très simple de donner les spécifications techniques, les méthodes de fabrication, bref la "source" d'un objet matériel il est plus difficile de lui considérer une liberté de par la privation née de la propriété (l'objet ne se duplique pas à l'infini, donc son usage en prive un autre).

Or une grande partie de l'argumentation en faveur du libre provient justement, de cette liberté d'usage, qui n'est "qu'une" liberté légale puisque tout considéré une fois qu'on a le code, le reste ne relève techniquement que de l'envie et de la compétence de chacun. Cette considération de la liberté est donc inscrite dans le cadre légal de la société, chose qui ne peut pas exister en considérant le caractère limité d'un objet matériel.

Le raisonnement parait donc sans appel mais j'aimerai sonder les limites du modèle, parce qu'entre le logiciel et l'écrou il existe quantité d'objets qui sont caractérisés à la fois par leur valeur en tant qu'objet, mais également par leur valeur technique, technologique, esthétique ... bref qui relèvent à la fois d'un travail de l'esprit et d'un travail physique. Mais alors qu'on considère pour un logiciel qu'il puisse être libre en tant que tel, cette idée n'est pas appliquée à un objet puisque seul les processus de fabrication peuvent être identifiés, en tant que relevant purement de l'esprit, à un processus similaire à celui du logiciel. J'ai donc l'impression qu'on se limite de facto à une définition limité à ce type de processus.

Comme le souligne JosephK, on peut modifier le vivant :p Je n'ai cependant pas l'impression que ceci soit dans la même ligne que la philosophie du libre :p

Je cherche donc justement à définir d'autres règles qui pourraient amener à considérer qu'un objet est libre en tant qu'objet, si toutefois c'est possible :)
Shimegi

Messages : 524
Géo : Tours

Mer 14 Oct, 2009 19:52

La liberté du logiciel s'arrête face aux contraintes matériels tout autant.
Le logiciel ne s'exécute pas s'il n'a pas de machine pour être exécuté et pourtant le code peut toujours être disponible, étudié, copié sur format papier.
Le logiciel ne peut être diffusé sans support : accès internet, clé usb, CD, etc
Donc même la théorie du logiciel libre a des limites physiques.

Shimegi a écrit:Comme le souligne JosephK, on peut modifier le vivant :p Je n'ai cependant pas l'impression que ceci soit dans la même ligne que la philosophie du libre :p

Peut-être parce que souvent il s'agit de phénomènes naturels ("qui vont de soi" pas forcément "en relation avec la nature" :) ) et qu'il n'y a pas encore de modèle privateur bien établi contre lequel lutter (mais ça commence).
Le modèle du logiciel propriétaire s'est établi parce que les produits informatiques sont jeunes et qu'il n'y avait aucune référence analogue.
Maintenant le jour où l'ami Cro Magnon a découvert l'usage du feu en frottant des bout de bois, s'il avait exigé que ses congénères en paye une copie peut-être qu'on aurait vu le modèle du feu "libre" à silex apparaître.
JosephK

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Messages : 2221

Mer 14 Oct, 2009 19:55

Par définition, un objet n'est pas duplicable car il représente quelque chose de physique. Seules les choses qu'y n'ont pas de représentation physique sont duplicables.

Après, est-ce que le logiciel libre est vraiment duplicable ? Par définition, le fichier ou l'application est unique, il/elle n'est pas le même sur mon pc que sur le pc du voisin. Ce qui est duplicable, c'est la base, les dessins, les schémas. Par contre, dès la compilation, ce ne sont plus les mêmes. En effet il/elle a plusieurs représentations identiques mais ce ne sont pas les mêmes. Ou alors on peut considérer que deux Renault Mégane sont identiques, donc elles sont duplicable.

Tout le dilemne est ici.
cheval_boiteux

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Géo : Dole (39) - Strasbourg (67)

Mer 14 Oct, 2009 20:30

> Après, est-ce que le logiciel libre est vraiment duplicable ? Par définition, le fichier ou l'application est unique, il/elle n'est pas le même sur mon pc que sur le pc du voisin. Ce qui est duplicable, c'est la base, les dessins, les schémas. Par contre, dès la compilation, ce ne sont plus les mêmes

Duplicable == pouvoir en faire un double.

Si on duplique les archives pour les donner à son voisins, alors les fichiers qu'aura le voisins sont les même que l'on a sur son disque. Si je compile un programme avec un environnement A et que le voisin compile le même programme avec un environnement A, les fichiers obtenus par moi et ceux obtenus par le voisin seront les mêmes (tu peux faire le test). Ce ne sera cependant plus de la duplication, c'est de la magie... Non, c'est dû au caractère reproductible du fonctionnement d'un programme dans un environnement identique ou alors ton truc est buggé.

Les objets physiques, quant à eux, doivent être considérés sur deux plans :
- l'idée de l'objet
- l'objet physique qui découle de l'idée de l'objet.

Deux méganes sont deux méganes même si les objets physiques ne sont pas les mêmes et ne pourront jamais être les mêmes à l'identique.
Attentyon, ponaytte maychante !
Téthis

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Géo : De passage chez les cathares

Mer 14 Oct, 2009 20:45

J'ajoute un peu de bois à mon feu ;) (du brouillon... ma cheminée fume, j'y vois pas forcément très clair :) )
Le logiciel c'est :
- de l'électricité (tension/absence de tension)
- du concept (code source)
- de la réalisation (compilation)
- un exécutable
- dans un format (numérique ayant une dimension octale)
- reproductible

Le feu c'est :
- de l'oxygène en réaction
- du concept pour la production
- de la réalisation (action de frottement)
- un objet physique utilisable (difficilement palpable :) )
- dans un format (torche, bougie, foyer, etc)
- reproductible (dès lors qu'il y a un support)

A priori ça doit pouvoir se généraliser à tout les objets.
Après, ce qu'apporte la notion de libre c'est qu'à plusieurs étapes on n'est pas contraint ou alors on a des contraintes négligeables.

(Autre exemple les vêtements, ils peuvent être libres quand on a appris se servir d'un rouet)
JosephK

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Mer 14 Oct, 2009 21:20

> Autre exemple les vêtements, ils peuvent être libres quand on a appris se servir d'un rouet)

(ça m'énerve de quoter, il y a des périodes comme ça)

Le vêtement que tu fabrique n'est pas libre. Tu peux peut-être le donner à quelqu'un mais tu en seras dépourvu. Alors qu'un logiciel libre tu peux le distribuer, tu n'en sera pas dépourvu pour autant. Il n'y a pas « perte » de l'objet dans l'immatériel.

C'est l'idée du vêtement qui est libre, ainsi que la « recette » pour fabriquer un ou des exemplaires.
Attentyon, ponaytte maychante !
Téthis

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Géo : De passage chez les cathares

Mer 14 Oct, 2009 21:57

Je radote, encore et toujours. Mais je persiste à dire qu'on parle quand même de deux dimensions différentes.

JosephK, tu utilise des concepts de biens communs (qui appartiennent par nature à tout le monde) pour adapter le Libre à la réalité matérielle.
C'est un biais, puisque le bien commun (le végétal, le feu, l'eau, la chaleur, la terre, l'energie...) se reproduit naturellement sans que l'homme ait inventé une "recette exclusive" pour cela. L'idée du libre consiste bien à s'affranchir de barrières déjà existantes (code déjà compilé = barrière technique ; licence logicielle = barrière juridique).

Il ne me semble pas qu'il y ait vraiment l'idée du Libre pour des choses qui ne peuvent être enfermées par la main de l'homme (compilation, restriction de droits...) et donc libérées par sa main.

Je rejoins Thétis quand elle distingue l'idée d'un objet (intellectuelle, peut être soumise à contraintes juridiques comme à des contraintes techniques) de l'objet lui-même.
Cette distinction est particulièrement visible quand il s'agit de brevet :
-- les plans de fabrication appartiennent au fabricant (dimension intellectuelle) et ils ne me servent à rien si je ne sait pas fabriquer l'objet (je ne sais pas compiler.
-- l'objet que j'ai acheté en magasin m'appartient en propre. (dimension matérielle) et n'est pas reproductible sans l'obtention de l'idée (plan, code source) de l'objet.

Pour le biens communs, leur "idée d l'objet" appartient déjà à tout le monde, sauf qu'une foisma confiture de groseille fabriquée ou mon feu de bois allumé, ils m'appartiennent en tant qu'unité matérielle. Tout comme la version d'un logiciel libre que j'ai installé sur mon PC m'appartient, personne n'a le droit de me la désinstaller ou de me la modifier, ou alors c'est de la location ([troll] aussi appelé : acceptation de cluf de logiciels propriétaires[/troll])
Note à moi-même : réduire la longueur de mes posts et de mes commentaires... la prochaine fois.
Jorm

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Géo : Lyon

Jeu 15 Oct, 2009 09:26

Téthis a écrit:Le vêtement que tu fabrique n'est pas libre. Tu peux peut-être le donner à quelqu'un mais tu en seras dépourvu.

Je ne suis pas d'accord. Si je donne le logiciel à quelqu'un sans en faire de copie (parce que l'éditeur me l'interdit ou parce que je n'en ai pas la possibilité), j'en suis dépourvu.
Il n'y pas si longtemps, quand la personne avait un graveur de CD et pouvait copier le logiciel elle faisait payé le coût de la copie. Ce n'est pas parce que le coup de la copie est devenu au fur et à mesure vraiment négligeable (en électricité, en entretien de la machine, etc) que ça signifie qu'il n'y a pas de perte. L'immatériel est profondément lié au petit fil qui va de la prise de courant à la machine et à moins d'avoir une alimentation autonome, tu auras la plus grande difficulté à dupliquer ton logiciel juste par ta seule volonté en cas de panne du réseau EDF.

Les pertes sont certes négligeables (cela dit ça dépend où on vit aussi, en afrique, je doute que le réseau électrique et le réseau télécom aient un coût négligeables) mais imaginons que l'industrie du lin soit tellement perfectionnée que le coût de production soit négligeable et à porté de tout individu alors la duplication du t-shirt (de différente façon, par l'accès au code source ou par "rétro-ingénierie" (puis que c'est de cette manière, par exemple, qu'on duplique les logiciels de la framakey finalement))... alors on aurait deux options : donner la recette de production et donc faire de la couture libre ou breveter le concept, déposer une marque, etc
Et il y a des domaines ou le coût de production et reproduction d'un objet est négligeable ou peut être très fortement réduit.
JosephK

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Jeu 15 Oct, 2009 09:42

Téthis a écrit:Les objets physiques, quant à eux, doivent être considérés sur deux plans :
- l'idée de l'objet
- l'objet physique qui découle de l'idée de l'objet.

Deux méganes sont deux méganes même si les objets physiques ne sont pas les mêmes et ne pourront jamais être les mêmes à l'identique.


Je ne suis pas d'accord sur ce point, dire que deux méganes sont deux méganes suppose une considération pragmatique, une considération de l'objet hors de son contexte. C'est ce qu'est l'open-source au libre.

Pour ce qui est de considérer deux dimensions différentes, je pense également qu'il y a dans cette idée un biais assez typique dans notre société, qui consiste à séparer irrémédiablement matière et esprit : un objet est dans une mesure variable une production de l'esprit au même titre qu'un logiciel, seul le support change. Un tableau aura une "part d'esprit" plus importante qu'une mégane, mais la mégane est également issue d'un processus qui lie des savoirs faire à des niveaux différents (matière première, transformation, assemblage..)
De la même façon, cette vision des choses soustrait le principe de déclinaison d'un objet. Thunderbird 2 ou Thunderbird 3, ça reste Thunderbird, mais la forme, le code change. Alors qu'il y a plusieurs versions, parfois simultanées, le logiciel reste le même. La notion de logiciel libre englobe donc la définition qui en est faite par les quatre libertés, qui s'appliquent individuellement à chaque versions du code. Au final, les quatre libertés ne définissent pas le logiciel libre, mais le cernent de façon à le contenir dans une philosophie particulière.

Donc si on peut effectivement distinguer l'idée d'un objet de l'objet physique (pragmatisme), je pense pour ma part que l'objet qu'on achète est constitué des deux : l'objet porte l'idée de l'objet (le prix le reflète d'ailleurs, ou devrait le refléter) Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que les marques redoublent d'imagination pour introduire par la communication une identité spécifique à leurs produits.

Je ne dis pas ici qu'un objet peut être "libéré" selon les conditions de définition identiques à celles d'un logiciel. Mais les arguments en faveur d'un contenu numérique peuvent être renversé et utilisés pour un contenu physique, un seul ne correspond pas, la reproductibilité. Mais d'un certain point de vue, la limite n'est donc que matérielle et temporelle; Ce n'est donc qu'une question d'échelle (de coût et de temps, d'un rang élevé mais tout de même) par rapport à la duplication d'un code source.
Si on considère les choses de ce point de vue, la reproductibilité est la même quelque soit le support, puisqu'on considère depuis le début du discours l'échange du contenu numérique sous l'angle de la copie, et celui de l'objet sous l'angle d'un transfert.

Edit : JosephK pense globalement la même chose que moi, mais il devrait nettoyer sa cheminée avant l'hiver :p
Shimegi

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Géo : Tours

Jeu 15 Oct, 2009 09:54

> Je ne suis pas d'accord. Si je donne le logiciel à quelqu'un sans en faire de copie (parce que l'éditeur me l'interdit ou parce que je n'en ai pas la possibilité), j'en suis dépourvu.

On parle de logiciel libre là. À la rigueur tu es dépourvu du support physique que tu n'as plus mais pas du logiciel puisque tu peux le récupérer. Si tu perds ton logiciel libre que tu as écrit ou modifier alors tu n'as qu'à t'en prendre à toi. :)

Les backups c'est pour les fillettes, les vrais hommes mettent leurs données sur un serveur FTP et laissent le reste du monde créer des mirroirs - Linus Torvald.

> Ce n'est pas parce que le coup de la copie est devenu au fur et à mesure vraiment négligeable (en électricité, en entretien de la machine, etc) que ça signifie qu'il n'y a pas de perte.

Il n'y a pas de génération spontanée. Même une idée consomme quelques choses, du temps, du glucose, de l'oxygène,... On ne créer rien à partir de rien. C'est pour cela qu'on demande à la personne qui va recevoir l'information de participer avec son temps, son matériel, ses matériaux, tout ce qu'il faut pour que la « connaissance » puisse être transmise de celui qui sait à celui qui veut savoir.

Mais contrairement à un objet physique que tu transmets, une idée (objet immatériel) ne sera pas ôtée de la tête de celui qui la transmet. Il y aura des pertes inhérentes à la transmission de l'idée (par exemple, personne ne va me rembourser le temps passé) mais pas perte de l'idée.
Attentyon, ponaytte maychante !
Téthis

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