(j'avais publié un billet sur une question assez proche il y a quelque temps : La pertinence de l'usage des licences libres à l'égard des œuvres non logicielles)
Bon, je crois qu'il y a déjà nombre de réponses à ce débat qui parsèment le forum, mais je vais tâcher de regrouper ici ma vision :
1) licences libres / libre diffusion / ouvertes
Le principe du libre, et ce qui assure son succès, c'est que l'auteur "partage" les prérogatives liées à l'exploitation de son oeuvre. S'il se réserve des droits, il crée une inégalité qui délégitime toute contribution extérieure (ou même participation : on est moins tenté de faire une nouvelle pochette pour un CD lorsque seul le premier artiste pourra l'utiliser pour la vente). On rentre alors dans la liberté qualifiée d'asymétrique (Mélanie Clément Fontaine, le rapport du CSPLA sur les œuvres ouvertes)
2) de la CC-By-NC comme licence collaborative :
Juste en guise de remarque, il est assez intéressant de constater que la plupart des personnes qui mettent leurs oeuvres sous NC ne pourraient pas la réutiliser si elles souhaitaient inclure les contributions qui lui sont faites sous la même licence.
Ainsi en est-il des sociétés qui publient des études/ouvrages sous NC, des artistes qui publient leur musique sous NC, etc. Rien que là, on dénote une certaine hypocrisie et surtout une impossibilité de construire ensemble.
3) La licence empêche/n'empêche pas la diffusion commerciale
Dans la continuité de ce que je viens de dire et pour réagir sur la remarque d'aKa :
Et elle n'empêche pas non plus la commercialisation de l'oeuvre comme j'ai pu le lire ci-dessus. C'est juste qu'il faut demander à chaque fois l'autorisation à l'auteur sachant que ce dernier peut accepter ou non.
[list|=1]
[*]Je ne peux pas être d'accord. On rentre ici dans de la pure démagogie : forcément la licence ne va pas interdire à l'auteur de donner plus de droits par ailleurs :
puisqu'elle ne lie pas l'auteur
[*]puisqu'il peut consentir autant de licences qu'il le souhaite (principe de non-exclusivité).
Ainsi, de fait, toutes les licences n'empêchent pas l'auteur de donner plus de droits. Mais se baser sur cette vérité pour dire que la licence n'interdit pas la commercialisation, non : la licence empêche bien, et, comme pour toute licence libre (ou non), l'auteur peut lever cette interdiction.
D'ailleurs, ce schéma (j'interdis, mais j'autoriserai éventuellement au cas par cas) confirme le caractère tout à fait classique de ce type d'exploitation : il ne marche qu'avec un seul auteur, voire éventuellement un petit comité et enlève le principal intérêt des LL qui est de rendre l'œuvre autonome (où plus personne ne la contrôle).
4) Des problèmes liés à l'interdiction de la diffusion commerciale :À mes yeux, il s'agit bien du principal problème. Ainsi, quand je lis
joan a écrit:Peut-être qu'au contraire il souhaite assurer la diffusion au plus grand nombre de son oeuvre, sans qu'il n'y ai jamais besoin pour personne de débourser quoi que ce soit.
les deux sont pour moi antinomiques. Empêcher l'usage commercial (et on ne sait même pas ce qu'est un usage commercial -- plusieurs interprétation en ayant été faite) est toujours au final un frein à la diffusion de l'oeuvre : ce n'est d'ailleurs pas un hasard si tant In Libro Veritas que Dogmazic demandent automatiquement aux auteurs d'ajouter une exception à leur égard.
Le "don" est d'autant plus perverti que l'on oblige uniquement les utilisateurs de l'œuvre à ne pas en vivre ou à se mettre en marge de la société. Par exemple : je crée une musique, je la mets sous LAL : n'importe qui peut le reprendre, la jouer dans la rue, etc. Je la mets sous CC-By-NC et alors je vais autoriser quoi : éventuellement des manifestations qui ne fonctionnent que sur les subventions publiques (génial, on imagine qu'il n'y aura aucun parti pris -- est-ce que la publicité indirecte dont bénéficieront les mécènes n'est d'ailleurs pas commerciale ?), éventuellement à l'école et d'autres situations à examiner au cas par cas. Mais personne ne pourra jouer ma musique dans la rue, sauf à refuser toute pièce qui lui serait donnée, personne ne pourra diffuser ma musique, sauf à ce qu'il n'ait aucune visée commerciale (bar, salon de coiffure, etc.).
Voilà mes deux cts, un dimanche matin (oui, je me suis levé tard

).
Là-dessus, chaque auteur est libre de faire ce qu'il souhaite de son œuvre (mais que l'on ne me dise pas que c'est mieux pour les autres).