Or, donc:
*genium* a écrit:Désolé de t'interperpeller sur ce point, mais pourrais-tu nous expliquer dans le détail tous les dangers pour les libertés du citoyen? Et quelles seraient pour toi les solutions politiques et juridiques pour y remédier?
"Le bon commerçant, le bon Etat ne traite pas son client, son citoyen comme un suspect.
C'est un argument fasciste.
On entre alors dans une logique de répression, pas de citoyenneté."
(Alain Weber)
Il ne s'agit pas seulement d'une question de droit d'auteur, mais de libertés individuelles.
Si il est normal que la loi prévienne les préjudices que l'on pourrait porter à autrui, il est inacceptable qu'elle dicte ce que l'on peut faire ou ne pas faire à titre rigoureusement privé, sur son ordinateur ou avec les informations qui y sont stockées, qui plus est lorsque ces informations sont des données(musiques, films) que vous avez acquises légalement, de vos deniers, ou que vous vous etes procurés légalement car vous avez fait usage de votre droit légitime à la copie privée.
De plus, d'autre pays européens ont eu une interprétation fort différente de la directive européenne 91/250 en droit national. Les servers eDonkey sont maintenant illégaux en France?
Youpi! Allons héberger en Espagne! Ou dans tout autre pays ou le P2P est assimilé au droit à la copie privée(droit pour lequel on continue en France à s'acquiter de la taxe sur les supports vierges, alors qu'il a, de fait, disparu).
En définitive, ces dérives législatives sont:
-Dangereuses et pavent le chemin vers un controle de l'information.
-Illégitimes car dictées par des pratiques de lobbying contournant le jeu démocratique.
-Inaplicables, internet n'étant assimilable au minitel que dans l'esprit malheureusement brumeux de certains de nos dirigeants et décideurs
-Injustes, dans la mesure ou le droit à la copie privée permettait une diffusion de la culture plus équitable ne reposant pas uniquement sur l'argent.
D'autre part, le véritable objectif de ces dérives est d'imposer d'une part le matériel et les logiciels de lecture et d'autre part de ne plus vendre des oeuvres, mais de les louer(et donc de ramasser plus de pognon.)
Ne croyez pas que c'est la mobilisation autour du projet dadvsi qui a fait reculer les majors à propos des DRM: c'est la chute des ventes.
Ils nous ont montré là ou il fallait taper.
Enfin,les décrets d'application du 30 Décembre 2006 prouvent que les déclarations angéliques de RDDVV ne sont que du vent.
Donc mon analyse est qu'en attendant (et meme apres) les législatives, moment ou nous pourrons régler nos comptes(Vanneste, RDDVV et toute la clique, attendez vous à des surprises.....), il faut créer le buzz autour d'une offre alternative crédible à la musique des majors et cette alternative c'est la musique dite libre.
Pourquoi?
-C'est gratuit
-les artistes qui ont eu les couilles de se mettre sous creative common méritent notre soutien en tant que partisans de la culture libre
-C'est une concurence implacable aux offres des majors(parce que gratos)
-C'est l'avenir, basé sur un modéle économique nouveau et viable, que ce soit Jamendo ou Magnatune, pour ne citer que ces deux exemples.
-Et surtout c'est une forme de protestation efficace: "Vous avez réussi a faire passer DADVSI grace à une inféodation des responsables politiques à vos intérets? Trés bien! Nous allons faire chuter vos ventes d'une manière encore plus radicale! Vous avez réussi à faire écarter la licence globale? Merveilleux! En lieu et place du produit d'un forfait versé aux auteurs et interprètes selon un système de péréquation vous aurez que dalle, walhou, que nib'!"
Ce qui n'empeche pas de soutenir financiérement les groupes sous creative common et les organisations diffusant la musique de ces groupes, comme nous le faisons pour Debian (en tout cas je le fais, et vous?;))
Rien n'empeche non plus d'acheter les cd de ces groupes si ils en vendent.
A propos de libertés individuelles, que pensez vous de la réforme de la CNIL?
Cette réforme, très discrètement préparée par le ministère de la justice prévoit, entre autre, que les services de police pourront répondre en sept mois(au lieu de quatre) a une demande de consultation des fichiers Stic et Judex qui recensent toutes personnes ayant eu affaire aux forces de l'ordre que ce soit comme auteurs, victime ou témoins.
Et alors?
Et alors, ces fichiers sont inexacts et la CNIL a comptabilisé 2000 dossiers de réclamations a propos du seul fichier Stic. Bonne chance pour les enquetes de moralité!
Mais c'est pas le plus interessant, avec cette réforme-un décret, en fait- la CNIL ne disposera plus que de deux mois pour se prononcer sur de nouveaux fichiers gouvernementaux, voire meme d'un mois dans certains cas spéciaux.
Ce délai passé, son avis sera automatiquement réputé favorable.
Ajoutons à cela l'alourdissement des procédures et le constat que la CNIL emploit quatre fois moins de personne que son homologue allemand.
Comme si tout était fait pour que la CNIL ne puisse répondre dans les délais impartis afin que son avis soit réputé favorable par dépassement de délai.
Imaginons par exemple, une petite manipulation analogue de celles qui ont précédé le vote de DADVSI, manipulation qui aurait pour but d'obtenir l'avis réputé favorable de la CNIL à cause du délai imparti de deux mois dépassé, en faveur...... disons.... d'un fichier automatisé des délinquants informatiques qui s'obstinent à ne pas respecterDADVSI, ou continuent à utiliser un logiciel de P2P.
Alors? A votre avis? Si ça arrivait, entrerait on dans une logique de citoyenneté, ou de répression?