Bonjour,
Je lis quelques débats par-ci par là sur cette partie du forum et je me permets de vous faire part d'une reflexion qui me tarabiscote depuis un bout de temps.
Je vais devoir raconter ma vie mais si vous me lisez peut-être verrez vous la même chose que moi. C'est sur l'analyse que je pêche.
Je suis né en 1975, je n'ai fait aucune étude en informatique (même pas un module libre choisi à la fac), une formation initiale en philo et je travaille comme historien. Ce n'est pas pour vous raconter ma vie, mais j'essaye d'élaborer ici une hypothèse à partir de ma propre expérience... va-t-elle se transformer en théorie généralisable? à voir.
Or donc, compte tenu de mon age, de ma formation et de ma profession, rien ne prédispose à ce que je sois un utilisateur de Linux si je me réfère à quelques réflexions de ce forum où on aurait tendance à affirmer que Linux est a) soit réservé à une sorte d'élite informaticienne (position "dure") ou b) réservé à des gens capable de passer du temps à l'apprentissage de Linux (position "molle").
Je me demande si tout cela n'est pas une affaire de génération et je m'explique.
J'ai été à l'ecole où j'ai pu fréquenter des MO5, des TO7. Ensuite au collège on nous faisait faire du Basic puis en seconde les enseignements techno nous permettaient de faire du Pascal.
A la maison j'ai eu la chance d'avoir des parents assez fortunés pour m'acheter, dans l'ordre : un TO7, un Atari, un Macinstosh SE et un PC 486 (et pendant ce temps Linus Torvald créait Linux). A mon arrivée à la fac, j'ai acheté un PC equipé d'un Pentium 1 et je n'ai pas cessé de m'arranger pour avoir un ordi potable chez moi.
A mon niveau personnel, j'ai alors constaté que :
- ceux de mes amis qui n'ont pas eu d'ordi à la maison avaient toutefois une certaine aisance devant une machine car il avaient tous plus ou moins profité de la politique de l'education nationale et de ses effets d'annonce dans les années 1980 : un éleve = un ordi. Même si dans les faits toutes les écoles n'ont pas eu cette chance, il reste qu'il y peu de mes conscrits qui n'ont pas touché un ordi à l'école ou au collège. Jusque là, c'est encore le cas, je pense dans les écoles d'aujourd'hui.
- lorsque je parlais d'informatique avec mes amis, ils se souvenaient, par exemple du langage Basic. Ils avaient (et ont encore, je pense) en tête une certaine conception (même simpliste) de la logique du langage informatique.
- certains de ces amis (nombreux) ont eu aussi la chance d'avoir fréquenté les premiers jeux d'arcades sur ces vieilles machines mentionnées, et il était fréquent de se remémorer "l'aventure" informatique à laquelle nous avons assisté, à celui qui racontera le mieux comment il se servait de la machine la plus ancienne que les autres ("moi j'ai eu un Atari", "moi j'ai eu un amstrad", "non, mieux, moi je faisais plein de truc avec un MO5!"....etc.
En somme pour ceux qui ont vécu les premiers âges de "l'informatique pour tous", ont eu en quelque sorte la chance de se confronter aux changements de toutes sorte présidant à l'aventure informatique : apparition de nouveaux langages et protocoles, succession des bureaux virtuels, nécessité de vraiment apprendre à se servir d'un tableur et d'un traitement de texte (compte tenu de la manière dont étaient présentés ces programmes à l'époque), savoir faire tourner des jeux avec des cassettes et des disquettes 5,5', etc.
Bref, une certaine connaissance de l'informatique, tant au niveau du matériel (on nous apprenait comment fonctionnent ensemble différentes pièces informatiques avant d'exploiter le système en faisant du Basic, par exemple), qu'au niveau de la logique qui nous a permis, je pense, de s'armer face aux changements : cela ne me pose guère de problème de passer de Windows à Mac ou de Windows à Linux car je comprend que la logique n'est pas la même mais je dispose d'une sorte de "vision commune" à l'ensemble de ces sytèmes.
Sortant du monde Mac, j'ai utilisé et aimé Windows, puis j'utilise aujourd'hui uniquement Linux.
Donc : est-ce que "en venir à Linux" n'est pas plus facile pour les gens de mon âge ? Je veux dire à mes conscrits : n'est-on pas mieux réceptifs de manière générale, que d'autres plus agés ou moins agés à la question des logiciels libres et de Linux en particulier?
Autres constatations, en vrac, dans "mon" monde professionnel et familial d'aujourd'hui :
Les fameuses "formations à l'informatique", sont des formations continues d'une ou plusieurs journées où le personnel apprend à se servir de logiciels (le plus souvent propriétaire). Tous les âges sont concernés à toutes les étapes de la vie professionnelle mais j'ai remarqué ceci alors que j'allais chercher mon épouse à l'une de ces formations : les groupes de niveaux, lorsqu'ils sont formés, sont le reflets des âges : les plus âgés sont majoritairement dans le groupe de bas niveau et les plus jeunes tapent souvent dans le second groupe d'"initiés". Normal, vous allez me dire.... MAIS parmis le groupe de bas niveau, les plus jeunes sont en majorité plus jeunes que le second groupe. Comme si la génération intermédiaire était privilégiée (ce qu'elle est je pense).
Les formateurs qui fréquentent ce forum me diront sans doute que ce n'est pas le cas, mais lors de cet épisode c'est vraiment l'impression que j'ai eu.
Mes collègues plus agés ont du mal à changer de système d'exploitation ou prendre un nouvelle version de celui qu'ils utilisent. Ils ont pris des habitudes (souvent mauvaises) en apprenant à se servir d'une machine par nécessité. Ces vilaines habitudes sont beaucoup moins fréquentes chez ceux de mon âge.... mais je les retrouve en pire chez les plus jeunes. Exemples : gérer ses fichiers et dossiers sous Windows, ouvrir et fermer intempestivement des applications, etc....En moins d'un mois mon petit cousin de 14 ans a réussi à planter la machine neuve qu'il avait entre les mains (je ne veux pas me prendre la tête, mais je suis etonné lorsque je n'arrive plus à ouvrir mes fichiers... on connait la chanson: windows fait du mauvais assistanat...). Qu'a-t-il appris au lycée? réponse : "à me servir d'internet". Le terrain intellectuel est resté quasiment vierge chez lui alors qu'à son âge je savais créer un petit programme capable changer 3 fois la couleur de mon écran si je répondais "blanc" à la question posée !! Il a poliment souri lorsque je lui ai sorti cette dernière reflexion.
Dernier souvenir :
Lorsque j'ai eu pour la première fois un PC equipé de windows, je me suis demandé : "comment on programme des trucs avec ce machin là?", comment on fait du Pascal (c'est à peu près tout ce que je connaissais car je voulais refaire des exercices qu'on nous avait appris au lycée). Le premier logiciel que j'ai demandé au vendeur ne fut donc pas MS Word. On peut dire je crois aujourd'hui, que cette attitude sort de l'ordinaire vécu par les vendeurs informatiques, non?
Tout cela est confus mais je m'arrête là, pour récapituler :
Faire le choix entre différentes versions de Linux, ne pas hésiter à passer un peu de temps pour savoir comment compiler un programme, savoir rendre adéquate la configuration d'une machine aux tâches que l'on souhaite effectuer, avoir en tête un système de fichiers et ne pas se trouver complètement paumé devant du code HTML (par exemple)... finalement, tout cela n'est-il pas plus facile pour moi que pour mes aînés ou mon petit cousin ? Parce que j'ai eu la chance de me trouver baigné dans "l'informatique pour tous", ne suis-je pas plus sensible aux idéaux du logiciels libres et à l'apprentissage de Linux?
..... Ou alors je ne suis qu'un nostalgique et réac de sucroît ?
Je lis quelques débats par-ci par là sur cette partie du forum et je me permets de vous faire part d'une reflexion qui me tarabiscote depuis un bout de temps.
Je vais devoir raconter ma vie mais si vous me lisez peut-être verrez vous la même chose que moi. C'est sur l'analyse que je pêche.
Je suis né en 1975, je n'ai fait aucune étude en informatique (même pas un module libre choisi à la fac), une formation initiale en philo et je travaille comme historien. Ce n'est pas pour vous raconter ma vie, mais j'essaye d'élaborer ici une hypothèse à partir de ma propre expérience... va-t-elle se transformer en théorie généralisable? à voir.
Or donc, compte tenu de mon age, de ma formation et de ma profession, rien ne prédispose à ce que je sois un utilisateur de Linux si je me réfère à quelques réflexions de ce forum où on aurait tendance à affirmer que Linux est a) soit réservé à une sorte d'élite informaticienne (position "dure") ou b) réservé à des gens capable de passer du temps à l'apprentissage de Linux (position "molle").
Je me demande si tout cela n'est pas une affaire de génération et je m'explique.
J'ai été à l'ecole où j'ai pu fréquenter des MO5, des TO7. Ensuite au collège on nous faisait faire du Basic puis en seconde les enseignements techno nous permettaient de faire du Pascal.
A la maison j'ai eu la chance d'avoir des parents assez fortunés pour m'acheter, dans l'ordre : un TO7, un Atari, un Macinstosh SE et un PC 486 (et pendant ce temps Linus Torvald créait Linux). A mon arrivée à la fac, j'ai acheté un PC equipé d'un Pentium 1 et je n'ai pas cessé de m'arranger pour avoir un ordi potable chez moi.
A mon niveau personnel, j'ai alors constaté que :
- ceux de mes amis qui n'ont pas eu d'ordi à la maison avaient toutefois une certaine aisance devant une machine car il avaient tous plus ou moins profité de la politique de l'education nationale et de ses effets d'annonce dans les années 1980 : un éleve = un ordi. Même si dans les faits toutes les écoles n'ont pas eu cette chance, il reste qu'il y peu de mes conscrits qui n'ont pas touché un ordi à l'école ou au collège. Jusque là, c'est encore le cas, je pense dans les écoles d'aujourd'hui.
- lorsque je parlais d'informatique avec mes amis, ils se souvenaient, par exemple du langage Basic. Ils avaient (et ont encore, je pense) en tête une certaine conception (même simpliste) de la logique du langage informatique.
- certains de ces amis (nombreux) ont eu aussi la chance d'avoir fréquenté les premiers jeux d'arcades sur ces vieilles machines mentionnées, et il était fréquent de se remémorer "l'aventure" informatique à laquelle nous avons assisté, à celui qui racontera le mieux comment il se servait de la machine la plus ancienne que les autres ("moi j'ai eu un Atari", "moi j'ai eu un amstrad", "non, mieux, moi je faisais plein de truc avec un MO5!"....etc.
En somme pour ceux qui ont vécu les premiers âges de "l'informatique pour tous", ont eu en quelque sorte la chance de se confronter aux changements de toutes sorte présidant à l'aventure informatique : apparition de nouveaux langages et protocoles, succession des bureaux virtuels, nécessité de vraiment apprendre à se servir d'un tableur et d'un traitement de texte (compte tenu de la manière dont étaient présentés ces programmes à l'époque), savoir faire tourner des jeux avec des cassettes et des disquettes 5,5', etc.
Bref, une certaine connaissance de l'informatique, tant au niveau du matériel (on nous apprenait comment fonctionnent ensemble différentes pièces informatiques avant d'exploiter le système en faisant du Basic, par exemple), qu'au niveau de la logique qui nous a permis, je pense, de s'armer face aux changements : cela ne me pose guère de problème de passer de Windows à Mac ou de Windows à Linux car je comprend que la logique n'est pas la même mais je dispose d'une sorte de "vision commune" à l'ensemble de ces sytèmes.
Sortant du monde Mac, j'ai utilisé et aimé Windows, puis j'utilise aujourd'hui uniquement Linux.
Donc : est-ce que "en venir à Linux" n'est pas plus facile pour les gens de mon âge ? Je veux dire à mes conscrits : n'est-on pas mieux réceptifs de manière générale, que d'autres plus agés ou moins agés à la question des logiciels libres et de Linux en particulier?
Autres constatations, en vrac, dans "mon" monde professionnel et familial d'aujourd'hui :
Les fameuses "formations à l'informatique", sont des formations continues d'une ou plusieurs journées où le personnel apprend à se servir de logiciels (le plus souvent propriétaire). Tous les âges sont concernés à toutes les étapes de la vie professionnelle mais j'ai remarqué ceci alors que j'allais chercher mon épouse à l'une de ces formations : les groupes de niveaux, lorsqu'ils sont formés, sont le reflets des âges : les plus âgés sont majoritairement dans le groupe de bas niveau et les plus jeunes tapent souvent dans le second groupe d'"initiés". Normal, vous allez me dire.... MAIS parmis le groupe de bas niveau, les plus jeunes sont en majorité plus jeunes que le second groupe. Comme si la génération intermédiaire était privilégiée (ce qu'elle est je pense).
Les formateurs qui fréquentent ce forum me diront sans doute que ce n'est pas le cas, mais lors de cet épisode c'est vraiment l'impression que j'ai eu.
Mes collègues plus agés ont du mal à changer de système d'exploitation ou prendre un nouvelle version de celui qu'ils utilisent. Ils ont pris des habitudes (souvent mauvaises) en apprenant à se servir d'une machine par nécessité. Ces vilaines habitudes sont beaucoup moins fréquentes chez ceux de mon âge.... mais je les retrouve en pire chez les plus jeunes. Exemples : gérer ses fichiers et dossiers sous Windows, ouvrir et fermer intempestivement des applications, etc....En moins d'un mois mon petit cousin de 14 ans a réussi à planter la machine neuve qu'il avait entre les mains (je ne veux pas me prendre la tête, mais je suis etonné lorsque je n'arrive plus à ouvrir mes fichiers... on connait la chanson: windows fait du mauvais assistanat...). Qu'a-t-il appris au lycée? réponse : "à me servir d'internet". Le terrain intellectuel est resté quasiment vierge chez lui alors qu'à son âge je savais créer un petit programme capable changer 3 fois la couleur de mon écran si je répondais "blanc" à la question posée !! Il a poliment souri lorsque je lui ai sorti cette dernière reflexion.
Dernier souvenir :
Lorsque j'ai eu pour la première fois un PC equipé de windows, je me suis demandé : "comment on programme des trucs avec ce machin là?", comment on fait du Pascal (c'est à peu près tout ce que je connaissais car je voulais refaire des exercices qu'on nous avait appris au lycée). Le premier logiciel que j'ai demandé au vendeur ne fut donc pas MS Word. On peut dire je crois aujourd'hui, que cette attitude sort de l'ordinaire vécu par les vendeurs informatiques, non?
Tout cela est confus mais je m'arrête là, pour récapituler :
Faire le choix entre différentes versions de Linux, ne pas hésiter à passer un peu de temps pour savoir comment compiler un programme, savoir rendre adéquate la configuration d'une machine aux tâches que l'on souhaite effectuer, avoir en tête un système de fichiers et ne pas se trouver complètement paumé devant du code HTML (par exemple)... finalement, tout cela n'est-il pas plus facile pour moi que pour mes aînés ou mon petit cousin ? Parce que j'ai eu la chance de me trouver baigné dans "l'informatique pour tous", ne suis-je pas plus sensible aux idéaux du logiciels libres et à l'apprentissage de Linux?
..... Ou alors je ne suis qu'un nostalgique et réac de sucroît ?
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Totophe
- Messages : 250
)
Peut être que l'icône avait bougé (hihi)
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