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Page 1 sur 21, 2 SuivantL'interopérabilité à la française

Le Libre soulève de nombreuses questions, notamment sur la vente liée, les verrous numériques, les libertés numériques.., Parlons-en avec écoute et respect de l'autre.

Dim 25 Juin, 2006 16:55

Voici un avis intéressant sur le texte DADVSI après CMP, dans la mesure où il est relativement neutre bien qu'issu de l'industrie de l'informatique et des médias : DRMWatch. Le chapô du flux RSS est un excellent résumé incisif :

Chapô DRM Watch a écrit:DRM interoperability rules are gutted while a regulatory body is created.


Traduction imparfaite :

Les règles d'interopérabilité entre DRM sont vidées de leur sens tandis qu'une autorité de régulation est créée.

Note : « gutted » est plus fort encore puisque le sens premier est « éviscéré ».

Et après cela on va nous expliquer que l'interopérabilité a été confortée, mais visiblement personne n'est dupe.

Je trouve cet éclairage instructif ; il explique peut être en partie pourquoi la France est si mal perçue à l'étranger. Le coq est vraiment l'emblème de la France mais, faut-il le préciser : monté sur une girouette :(
François Battail

Messages : 337

Dim 25 Juin, 2006 22:20

François Battail a écrit: Le coq est vraiment l'emblème de la France mais, faut-il le préciser : monté sur une girouette :(


Et même monté sur une girouette, il reste les 2 pieds dans la merde :D
arfelas

Messages : 383

Lun 26 Juin, 2006 10:16

Que reste-t-il aujourd'hui de cette fameuse interopérabilité, tant vantée comme étant une des grandes innovations françaises ? Ce n'est pas une question rhétorique car j'avoue avoir du mal à suivre entre toutes ces versions de la loi (qui avaient normalement toutes atteintes le "parfait point d'équilibre dans un esprit d'écoute, de dialogue et de démocratie...)

- Qu'est-ce que l'interopérabilité ? Jusqu'où va-t-elle ? Pourrais-je toujours écouter mes WMA DRMisé sur ma vieille platine CD qui ne sait pas ce qu'est un DRM ? La possibilité, donnée aujourd'hui par les sites de vente en ligne, de graver un CD audio non protégé, va-t-elle persister (après tout, ce n'est rien de plus qu'un moyen de neutralisation des DRM) ?

- La nouvelle instance de régulation, quels pouvoirs juridiques a-t-elle pour IMPOSER ces décisions ? Pour la version Sénat, il me semble qu'elle n'avait aucun pouvoir, après la CMP, on dirait qu'elle peut imposer des sanctions financières... J'ai bon ou pas ?

- Qui peut saisir cette instance ? Certainement pas les consommateurs d'après ce que j'ai compris. Et les fabricants de matériels seront -ils vraiment libres de la saisir, sachant que les DRMs sont définis au sein de consortium indsutrielles, auxquels il font appartenir pour avoir droit à les technologies et aux clés d'authentification/décryptages (clés qui peuvent être révoquées à distance dans les nouveaux DRM). Et sans les consommateurs, qui va aller vers cette autorité pour les questions de vie privée / sécurité informatique / sécurité juridique ?

- Cette autorité va-t-elle dès le départ posé les règles du jeux ou cela va-t-il se régler au cas par cas, en fonction des plaintes ? Faudrat-il-attendre 5 ans les résultats de procédures juridiques hasardeuses pour savoir où est le droit, de la même manière que les récentes décisions de la cour de cassation ont rendus impossible l'appréciation à-priori de ce qu'est une copie privée et de ce qui ne l'est pas ?

- Par rapport au CSA ou au BVP (qui me ne semble pas faire du trop mauvais travail), que peut-on attendre, nous les consommateurs de cette autorité ?

- Au delà de l'interopérabilité, qu'en est-il de la pérennité des oeuvres ? A l'heure où l'on quitte un régime de "droit de propriété sur une copie d'une oeuvre" à celui d'une "licence d'utilisation volatile", qu'est-ce qui me protége contre :
* iTunes, Fnac.com, Valve/Steam (ou n'importe quel distributeur digital DRMisé) qui ont les moyens techniques, à tout moment, de bloquer l'accès aux produits culturels achetés chez eux, et qui affirment dans leurs contrats d'utilisation, pouvoir utiliser de ce droit à tout moment sans justification ?
* Hollywood de désactiver à distance la capacité des mes équipements Haut-Définition à exploiter des signaux HD, grâce au sytème de révocation des clés mis en place dans la norme HDCP et consorts ?
* Microsoft, HP et Acer de vendre des PC Média-Center qui ressemble à des super-enregistreurs DVD, sans préciser qu'ils ne peuvent lire le contenu enregistré que sur la machine qui a fait l'enregistrement, et encore, à condition de garder le disque dur d'origine, même si on y grave sur un DVD ?

Face à ce flou désespérant de la loi ET des informations fournis par les éditeurs sur leurs DRM, ma méfiance en l'économie numérique culturelle va continuer. Mon budget culture a baissé de -60% depuis 2 ans, sans téléchargement d'aucune sorte. Ma foi, la situation est parti pour durer, et avec une partie du temps libre dégagé, je continuerais à m'informer et à informer... Contre-productif, tout ça...
dupont54

Messages : 104

Lun 26 Juin, 2006 10:36

+1

il est désolant de voir que le passage au numérique, au lieu d'ouvrir de nouvelles possibilités à l'utilisateur ne va finalement lui apporter que des restrictions d'usage.

Que va-t-il se passer si pour exercer cette intéropérabilité que la loi est sensée garantir ("effective") je dois contourner une MTP car cette MTP empêche (par exemple) le CD que j'ai acheté d'être joué sur mon équipement ? Je dois demander au fabriquant de saisir l'Autorité de régulation des MTP ? N'importe quoi !! Soit je tente de trouver un moyen de contourner (rippage sauvage ou que sais-je) pour créer une copie lisible, soit je n'achète plus (c'est évidem\ment cette solution que j'ai choisie), et maintenant j'enregistre à la radio (comme dans le bon vieux temps) ou la TNT). Hé hé, ça rajeunit ...

Je ne possède qu'un seul CD protégé contre la copie. (Enfin pas par la voie analogique). Mais c'est le dernier, je n'en aurai pas d'autres.

Quant à la HD, là je pense qu'on va vraiment rigoler. je n'aimerai pas bosser au SAV d'un grand distributeur de ces matériels et recevoir les plaintes des clients ("j'ai un message qui dit que mes certificats sont révoqués et j'ai un écran noir" "Ah, Monsieur, vous devez contacter le fabriquant qui devra introduire un recours auprés de l'Autorité de régulation. c'est la loi".
Patrick
Sub

Messages : 255
Géo : Ile de France

Lun 26 Juin, 2006 11:00

dupont54 a écrit:- La nouvelle instance de régulation, quels pouvoirs juridiques a-t-elle pour IMPOSER ces décisions ? Pour la version Sénat, il me semble qu'elle n'avait aucun pouvoir, après la CMP, on dirait qu'elle peut imposer des sanctions financières... J'ai bon ou pas ?

La CMP a écrit:« L’autorité a le pouvoir d’infliger une sanction pécuniaire applicable soit en cas d’inexécution des injonctions, soit en cas de non-respect des engagements qu’elle a acceptés. Chaque sanction pécuniaire est proportionnée à l’importance du dommage causé pour les intéressés, à la situation de l’organisme ou de l’entreprise sanctionné et à l’éventuelle réitération des pratiques contraires à l’interopérabilité. Elle est déterminée individuellement et de façon motivée. Son montant maximum s’élève à 5 % du montant du chiffre d’affaires mondial hors taxes le plus élevé réalisé au cours d’un des exercices clos depuis l’exercice précédent celui au cours duquel les pratiques contraires à l’interopérabilité ont été mises en œuvre dans le cas d’une entreprise et à 1,5 million d’euros dans les autres cas. »

à vous de juger...
Alix Cazenave

Messages : 412
Géo : Paris

Lun 26 Juin, 2006 14:41

Les sanctions s'appliquent au défaut d'intéropérabilité des DRMS (à supposer que l'Autorité soit saisie). par contre, si une MTP empêche la lecture sur un équipement donné (par exemple une micro-chaine ou un lecteur CD portable) et que cet équipement n'a pas de dispositif de mise à jour du firmware pour supporter la MTP, que se passe-t-il ? Le client se retrouve le bec dans l'eau et son lecteur n'est plus utilisable, or il respectait les specifications Cd digital Audio, standard assurant l'intéropérabilité, et ce sont les MTP qui détruisent cette interopérabilité.

Il ne faut pas se leurrer, la véritable interopérabilité est incompatible avec les DRMS. Celle que la loi prétend faire respecter n'est QUE l'intéropérabilité des DRMs, ce n'est que baisser de quelques degrés la température de l'enfer...
Patrick
Sub

Messages : 255
Géo : Ile de France

Lun 26 Juin, 2006 18:13

Sub a écrit:Il ne faut pas se leurrer, la véritable interopérabilité est incompatible avec les DRMS. Celle que la loi prétend faire respecter n'est QUE l'intéropérabilité des DRMs, ce n'est que baisser de quelques degrés la température de l'enfer...


Je crois que l'enfer va être pour tous les "marchands de musique", auteurs, compositeurs, majors, vendeurs, musiciens, etc... car avec toutes ces contraintes, j'en connais beaucoups qui vont cesser d'acheter des produits numérique DRMisés, à commencer par moi même, car je préfère me passer d'un produit quelqu'il soit, plutôt que d'en subir toutes les contraintes techniques de protections.

Chez moi cela produit un effet dissuasif, un phénomen de rejet en quelque sorte.
« Ils voudraient qu’on soit intelligents et Ils nous prennent pour des cons, mais comment qu’il faut qu’on fait…?! ». [ Coluche ]
Linux Ubuntu 8.04, Firefox, OOo, Thunderbird, etc...
Pat95

Messages : 236

Lun 26 Juin, 2006 20:31

Pat95 a écrit:
Sub a écrit:Il ne faut pas se leurrer, la véritable interopérabilité est incompatible avec les DRMS. Celle que la loi prétend faire respecter n'est QUE l'intéropérabilité des DRMs, ce n'est que baisser de quelques degrés la température de l'enfer...


Je crois que l'enfer va être pour tous les "marchands de musique", auteurs, compositeurs, majors, vendeurs, musiciens, etc... car avec toutes ces contraintes, j'en connais beaucoups qui vont cesser d'acheter des produits numérique DRMisés, à commencer par moi même, car je préfère me passer d'un produit quelqu'il soit, plutôt que d'en subir toutes les contraintes techniques de protections.

Chez moi cela produit un effet dissuasif, un phénomen de rejet en quelque sorte.



Certes mais en attendant, qu'est ce que cette loi DADVSI cela va polluer la vie quotidienne de Mme Michu, de sa famille et de ses copines, qui ne pourront plus lire leur CD sur leurs lecteurs anciens, ou sur l'autoradio de la voiture ; sans pour cela, obtenir aucun effets de baisse concrète du piratage sur internet...
Saint-Chinian, parti

Messages : 2239
Géo : Paris

Mar 27 Juin, 2006 11:42

dupont54 a écrit:Que reste-t-il aujourd'hui de cette fameuse interopérabilité, tant vantée comme étant une des grandes innovations françaises ? Ce n'est pas une question rhétorique car j'avoue avoir du mal à suivre entre toutes ces versions de la loi (qui avaient normalement toutes atteintes le "parfait point d'équilibre dans un esprit d'écoute, de dialogue et de démocratie...)

- Qu'est-ce que l'interopérabilité ? ..



pour moi:

- l'intéropérabilité, c'était jusqu'au 24 Juin, l'engagement du gouvernement selon lequel un acheteur français de la copie numérique d'une oeuvre intellectuelle restait bien "propriétaire" de cette copie, au sens classique du terme, même si la loi en projet apportait quelques restrictions éventuelles (il n'y en a aucune aujourd'hui...) sur son droit à contourner d'éventuelles mesures techniques de protection des droits des éditeurs ou des auteurs de cette oeuvre. Les utilisateurs actuels n'ont bien entendu pas le droit d'enfreindre les droits des éditeurs ou des auteurs, mais la loi actuelle ne leur interdit nullement de contourner les "mesures techniques de protection" à partir du moment où ils respectent ces droits sur le fond....
- depuis le 24 Juin, il y a un revirement énorme de la substance du projet, qui revient à supprimer ce droit de propriété de l'usager sur la copie qu'il a acheté et à le remplacer par une "licence d'utilisation" révoquable à tout moment par l'éditeur selon des modalités arbitraires. On notera que le projet de loi ne définit aucune limite, et aucune obligation d'information prélable, quand au droit de l'éditeur à limiter, ou à révoquer, cette licence.


A ma connaissance, cette "perte de droits" des citoyens français, qui ne sont plus propriétaires de ce qu'ils ont achetés, et ce "gain de droits" des éditeurs, qui peuvent refacturer indéfiniment les mêmes choses aux mêmes personnes, est sans équivalents dans aucune législation étrangère et montre bien la capacité historique de nos dirigeants à considérer leurs administrés comme taillables et corvéables à merci, y compris par, et pour, des multinationales américaines, à partir du moment ou les dirigeants français en poste y voient un avantage ponctuel....
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laurent2

Messages : 37

Mar 27 Juin, 2006 11:55

laurent2 a écrit:A ma connaissance, cette "perte de droits" des citoyens français, qui ne sont plus propriétaires de ce qu'ils ont achetés, et ce "gain de droits" des éditeurs, qui peuvent refacturer indéfiniment les mêmes choses aux mêmes personnes, est sans équivalents dans aucune législation étrangère et montre bien la capacité historique de nos dirigeants à considérer leurs administrés comme taillables et corvéables à merci, y compris par, et pour, des multinationales américaines, à partir du moment ou les dirigeants français en poste y voient un avantage ponctuel.....

Je comprends que l'on puisse s'inquiéter de cette évolution des choses.
Mais ça n'a malheureusement rien de propre au droit français. Le modèle du pay-per-use est celui de la directive de 2001 qui, notamment, prévoit un régime hyper privlégié en matière de services interactifs à la demande (ex.: les plateformes de téléchargement, la vod etc.), avec possibilité de tout contrôler par des mesures techniques et de priver les utilisateurs, par contrat, du bénéfice des exceptions (article 6.4, al. 4 de la directive).
Etrangement personne n'a fait de lobbying contre cette disposition (peut-être parce que la directive est très claire sur ce point et qu'il n'y a pas grand chose à faire au niveau national), sensiblement plus menaçante que l'Autorité de régulation.
desesperatly

Messages : 625

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