http://www.lexpress.fr/info/multimedia/ ... ida=437387
L'Express du 16/03/2006
Interview
«J'ai peut-être commis des erreurs...»
propos recueillis par Christian Makarian et Pierre Ganz (RFI)
Téléchargement, intermittents... Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture, s'explique sur des dossiers sensibles
Pourquoi est-il si difficile de légiférer sur le téléchargement?
On ne passe pas facilement de la culture de la gratuité à celle de la responsabilité. Internet est une grande chance, mais il faut fixer un certain nombre de principes pour qu'on puisse accéder à un maximum de musique et de cinéma en ligne, tout en respectant les droits d'auteur, la propriété intellectuelle, la capacité pour les artistes et les techniciens de vivre de leur travail.
Pourquoi n'avez-vous pas communiqué davantage à ce sujet?
J'ai peut être commis des erreurs, ce qui me servira d'expérience dans la perspective de la présidentielle et des législatives de 2007. Mais je tiens à souligner qu'ont circulé sur Internet toutes sortes de fausses rumeurs. Je n'ai jamais prévu de peines de prison comme sanction du téléchargement illégal, mais des mails d'avertissement. Je n'ai jamais été, non plus, l'otage des grandes sociétés. Une campagne passionnée a porté atteinte au sujet. Mais, au total, je pense qu'on sortira de cette polémique par le haut.
Comment expliquez-vous que le dossier des intermittents du spectacle ne soit toujours pas réglé?
Depuis plusieurs mois, ni le Medef ni les autres partenaires sociaux ne contestent le fait que ces catégories aient le droit à un régime spécifique; le combat idéologique est largement derrière nous. Les négociations ont repris et je souhaite qu'elles aboutissent à un accord définitif. En attendant, ce sont les dispositions du protocole de 2003, revues et corrigées par le Fonds de l'Etat en 2005, qui s'appliquent, ce qui offre une garantie aux personnes concernées.
Une convention internationale protège désormais la diversité culturelle. Quand est-ce que la France la ratifiera?
Le projet de loi de ratification passe au Conseil des ministres du 22 mars. Premièrement, les biens culturels, les œuvres de l'esprit, ne sont pas considérés comme des marchandises comme les autres. Deuxièmement, les Etats sont fondés à promouvoir la diversité des productions culturelles: nous nous rapprochons du moment où l'Union européenne va accepter, par exemple, le système français d'aide au cinéma. Concrètement, l'exception culturelle française, qui était considérée comme anachronique, devient la règle du jeu.
©lexpress.fr