Internénette.
J'ai laissé tomber le bistrot du coin
Afin d’me lancer dans un tête à tête
Seul, en connexion avec le lointain
J'ai découvert ce que c’est qu’internet.
C’est l’ami Nestor qui m'a dit : Garçon,
C'est pas tout à fait normal à ton âge
D'avoir conservé autant de passions
Et pourtant d’rester toujours aussi sage.
On ne peut vraiment que te motiver.
T'as qu'à essayer un jour de t’brancher
Tu verras, il y en a plein qui cherchent.
A celles-là, tu n'as plus qu'à tendre la perche.
C'est bien ce refrain là qu'on m'a conté.
Il me fallait alors tout essayer.
Je suis venu me perdre en connexion,
A la recherche de grandes émotions.
De chat en chat je me suis baladé.
Pas vu la moindre petite princesse paumée.
J'ai rencontré rien que du classé X.
A croire qu’là-dessus c'est une idée fixe...
J'ai passé sérieusement une annonce.
J’n'ai toujours pas eu de sérieuse réponse.
J’ai encore et encore récidivé,
En m’disant qu’ça finirait par payer.
A la bonne heure ! J'ai fait quelques rencontres
Je passais l’temps à regarder ma montre.
On ne peut pas dire que c'était l'échec,
Mais plutôt dans le genre tragédie grecque.
Pour finir, je suis toujours aussi seul...
J'ai décidé de me bourrer la gueule.
Mon modem était justement en rade.
J'ai filé pour rejoindre mes camarades.
C'est au moment que j'étais pas très net,
Que j’me suis dit : au diable internet !
J’me suis perdu en bêtises virtuelles,
M’suis fait passer pour un Polichinelle.
La porte du bistrot s’est ouverte et la voilà.
Elle était plantée là tout devant moi,
D’autant plus jolie c'est ce qui me trouble
Que mes yeux ébahis la voyaient double.
J’lui ai souri l'air de pas y toucher.
Sans d'aut’souci qu’des yeux la dévorer.
Bêtement, gauchement, je lui ai dit trois mots.
Si je pouvais l’aider… La phrase bâteau.
Au bistrot du coin, elle était venue,
Toute timide, le regard un peu perdu,
Un plan à la main, chercher son chemin,
Ne trouvait pas son bus pour le lointain.
A croire que les soirs de triste beuverie,
Coté chance on dirait qu’je suis verni.
Elle… Elle habitait pourtant à deux pas
Moi… J’parcourais le monde de haut en bas.
Sur son visage, ses yeux, couleur vermeil,
En écho reflétaient mes nuits de veille.
J’avais le disque dur tout embrouillé,
Pardon ! L’cerveau plutôt mal réveillé…
Mes trois mots ne sonnaient pas si idiots,
La suite a fusé dans un crescendo.
Telle une vraie muse, elle m’avait captivé.
Tout le soir, on s’est écouté parler.
On a parlé, oui… parlé tant et plus !
Depuis longtemps elle avait raté l’bus.
Elle avait enfin trouvé son chemin,
Et j’crois bien que c’était aussi le mien.
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Ce poème est sous licence "j'men fiche", c'est-à-dire que vous pouvez le distribuer, le recopier, le grapher, le déclamer à votre geekette préférée en lui faisant croire qu'il est de vous : il n'y aura pas de procès de ma part...
Bonne journée à tous.
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kaneda_aka_tetsuoka
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