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Faut-il rémunérer la création culturelle et artistique ?

Quand l'esprit du libre pénètre le domaine culturel...

Mar 11 Juil, 2006 09:35

Ça ne concerne pas exclusivement la culture libre, mais ça n'est pas sans rapport :

Un petit article (de votre serviteur) intitulé Faut-il rémunérer la création culturelle et artistique ?, écrit en réaction à l'affirmation (impossible à manquer dans les débats sur DADVSI) selon laquelle « pas de création sans rémunération ».

Les afficionados du logiciel libre savent déjà que l'innovation logicielle ne demande pas forcément une rémunération, du moins pas une rémunération directe. Qu'est est-il de la culture ?

Début de réponse dans l'article. :D


PS : l'article est un poil long donc je ne l'ai pas reproduit ici.
mpop

Messages : 777
Géo : Lyon

Mer 12 Juil, 2006 01:28

Bravo pour ton article, je partage !

Même si la rémunération reste une perfusion nécessaire à un désir qui dépérit au fil des années
et si les contraintes du politique en matière culturelle ne dispensent pas les ministères de déclarations pertinentes sur
les limites du cadre de leurs actions ; l'honnêteté d'avouer ce qu'on ne peut pas gérer.

Enfin pour dire que je regrette juste un peu ta toute dernière phrase trop aimable et fade.
Le marché de la culture n'est qu'un espace de production et de formatage, à l'occasion quand il se retourne il distingue quelques créations.
Ni plus, ni moins, que le bouillonnement générale.

Mes propos n'apportent rien, mais je voulais saluer ton texte :wink:
Sesqui

Messages : 10

Mer 12 Juil, 2006 11:13

Chouette article, merci. Je pense que les mêmes questions se posent pour la création logicielle avec d'autres modalités certes (existence d'un marché des services très développé notamment).

Je pense qu'il serait intéressant aussi de rappeler :
- que le marché de la culture est simplement un marché des droits patrimoniaux i.e. un espace où on monnaye des privilèges économiques : une fois qu'on enlève le mot sacré culture, ça a tout de suite une autre gueule ;)
- que le métier n'est pas la même chose que la profession, et qu'on peut pratiquer un métier tout en n'étant pas professionnel (considération générale qui n'est pas spécifique à l'art ni à la situation actuelle)

Amicalement

Antoine.
AntoineP

Messages : 1038

Mer 12 Juil, 2006 21:36

J'ai eu du mal à déterminer ta position sur l'amateurisme vs professionalisme (c'est une impression que j'ai voulu vérifier juste avant d'ecrire mon post, mais bizarre, je ne sais plus trop quoi quoter :? ), sinon effectivement, la notion de temps passe complètement à coté des divers débats....

Sinon je vois bien une solution à cette question de rémunération, du moins un élargissement : un système de rémunération culturelle en p2p, ou un artiste, parce qu'il plait, fait en sorte d'amener 1000 personnes de son public à lui verser 2 euros par mois pour l'aider à continuer. Dans le contexte de diffusion actuel, ca ne me semble pas complètement farfelu...
Sans cohérence, l'intelligence n'est rien.
Sythuzuma-Ka

Messages : 1730

Jeu 13 Juil, 2006 14:25

je pense qsue malheureusement creation et remunération vont ensemble. Il n'est pas donné à tout le monde de créer puis comment voulez-vous que l'artiste quel qu'il soit crée librement et de belles choses si il doit tout le temps etre coupé pour aller travailler, si il ne peut pas suivre son inspiration ou tout simplement pour pouvoir continuer! c'est un sujet super intéréssant!
kay-jeanne

Messages : 8

Jeu 13 Juil, 2006 22:55

un truc qu'on oublie souvent de rappeler, c'est que theoriquement, le regime des intermittents du spectacle est censé etre la pour ca... meme s'il a des incoherence, et qu'il a ete massacré par les ministres successifs, il est quand meme assez bien pense a la base..

la culture se doit d'etre un bien collectif, et il me semble legiime qu'elle soit financé, au moins en partie, collectivement.
Je sais être bete, à mes heures, sans toutefois m'élever jusqu'à ces glorieux sommets d'où la tuerie vous apparait comme une solution acceptable

Romain GARY
jobherzt

Messages : 581
Géo : Caen

Ven 14 Juil, 2006 09:26

jobherzt a écrit:la culture se doit d'etre un bien collectif, et il me semble legiime qu'elle soit financé, au moins en partie, collectivement.


Ben oui mais la culture et l'art ce n'est pas exactement la même chose non plus.
Pourquoi (et comment) devrait-on rémunérer n'importe quelle création sous prétexte qu'un jour, celle-ci aura peut-être une place dans notre patrimoine culturel ?

S'il faut souvent des décennies (voire des siècles) pour que les meilleures oeuvres soient reconnues à leur "juste" valeur (et, inversement, que les navets soient oubliés après une éventuelle période d'état de grâce), comment justifier que des fonctionnaires de l'Etat - ou qui que ce soit d'autre - soient décrétés aptes à juger illico quelle "culture" doit être rémunérée, souvent même avant la création des oeuvres concernées ?

J'y vois quand même quelque chose d'intellectuellement très dérangeant.
AntoineP

Messages : 1038

Ven 14 Juil, 2006 09:30

tu penses au Frac en disant ça ?
wiko

Messages : 728

Ven 14 Juil, 2006 09:33

moi aussi, bien sur, mais le regime des intermittent a ceci d'interressant qu'il reconnait comme "artiste" quelqu'un qui a soit la reconnaissance d'un certain public (meme pas forcement tres large, un groupe qui fait des concerts par ex. ) OU la reconnaissance par ses pairs ( une piece de theatre audacieuse et derangeante, programmée dans un petit theatre, permet normalement a la troupe de toucher ensuite des indemnités.. )

apres, evidemment, un artiste qui n'est reconnu par personne de son vivant, ne gagnera pas de fric avec son art, mais ca c'est avec ou sans les intermittents, les fonctionnaires, les CD, le p2p..

apres, je pense aussi qu'on est artiste avant d'etre professionnel, meme si dans certain cas l'un implique l'autre.
Je sais être bete, à mes heures, sans toutefois m'élever jusqu'à ces glorieux sommets d'où la tuerie vous apparait comme une solution acceptable

Romain GARY
jobherzt

Messages : 581
Géo : Caen

Sam 22 Juil, 2006 11:59

à ce sujet je viens de terminer un texte assez long intitulé
"professionnels versus amateurs"
que vous trouverez sur cette page :
http://www.another-record.com/danahilli ... itings.htm
dans la section pompeusement intitulée : "écrits sur la dite culture", au format pdf, opendocument et htm

il a été largement inspiré par des tas de discussions tenues ici et aussi sur le site du foruma et musique-libre.org
et des conversations et expériences multiples et variées

en voici l'intro :

Dans le monde de la culture, il semble que les amateurs et les professionnels aient vécu en paix la plupart du temps. Brandir la menace, comme je m'y emploie dans le texte qui suit, d'une guerre possible entre les uns et les autres, c'est évidemment une provocation, une méchante idée. J'aime attiser les braises afin que le feu prenne et que de larges flammes soient visibles, plutôt que de laisser le feu couver discrètement sous les cendres - et quand l'incendie éclate, il est trop tard pour s'en prémunir. Une guerre larvée n'en reste pas moins une guerre, n'est-ce pas ?

Je voudrais dans les pages qui suivent décrire comment une situation particulière, le déploiement de vastes réseaux de pratiques artistiques en marge des circuits traditionnels de l'art (institutionnels et professionnels), a contribué à éroder le socle sur lequel reposait la culture autrefois dominante, à tel point que certains acteurs professionnels de la culture s'en inquiète, percevant à tort ou à raison, ces artistes alternatifs comme des concurrents potentiels1.

J'essaierai de lire à travers les lignes des discours et des textes produits au sujet des pratiques amateurs, l'ébauche d'une réaction face à ces menaces supposées : réaction incarnée notamment par le politique, sous l'égide du Ministère de la Culture. Nous verrons comment le concept, hautement discutable, d' « amateur », vient servir les intérêts conservateurs de la profession et devient une arme en vue de la domestication, de l'institutionnalisation, et, en définitive, du contrôle de pratiques qui, jusqu'à présent échappent aux pouvoirs institutionnels.

Enfin, nous nous efforcerons de sortir de l'opposition conceptuelle et administrative entre l'amateur et le professionnel, en proposant une vision pluraliste de la création et des créateurs.




et la :
Table des matières

1. Explorations sémantiques 4

1.1 Une distinction sociale 4

1.2. Une distinction morale 5

2. L' amateur, cet inconnu 7

2.1. Accompagner vers la professionnalisation : 7

2.2. L'impossible expertise des pratiques amateurs : 8

2.3. bilan provisoire : 10

3. Du conservatisme culturel 12

3.1. les pratiques amateurs : une aberration économique ? 12

3.1.1. un exemple : la scène des musiques actuelles 12

3.1.2 les resquilleurs : les licences de libre diffusion et la loi DADSVI 14

3.1.3. le conservatisme des professionnels 18

3.2. Un exemple de domestication des créateurs : le projet d'aménagement du décret de 1953 21

3.2.1. Le décret de 1953 21

3.2.2 L'avant projet de loi relatif à la participation des amateurs à des spectacles (15 mars 2006) 24

3.2.3. Administrer les amateurs pour renforcer la profession. 29

3.2.4 « Éduquer » les amateurs ? Ou bien... les « domestiquer » ? 32

4. Le sujet créateur 34

4.1. Le concept d' « amateur » ou le forçage de la réalité 34

4.2. Une histoire américaine 36

4.2. La création sans l'Etat 40

conclusion : annonce d'une guerre probable 46
dana

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Géo : uzbekistan

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