Ce n'est pas la première maladresse du Snep dont on se souvient de la désastreuse "campagne du doigt" et puis j'imagine que cette écoute informatisée doit elle aussi être à base de formats fermés et de DRM (?).
Ceci dit présenter la dualité "album sur CD vs postes fixes sur le lieu de travail du public" est un peu réductrice et ne tient pas compte du phénomène iPod.
Messieurs,
Nous avons pris connaissance, par une lettre du Snep de votre intention de ne plus adresser de disques à la presse écrite. Outre qu' une telle décision, qui prétend mettre fin à un usage aussi ancien en France que le disque lui-même, aurait mérité un minimum de dialogue, elle nous étonne en ce qu'elle met en danger notre liberté d'exercice de ce métier et le devenir de vos artistes.
En ce qui nous concerne, nous consacrons tous depuis longtemps une part énorme de notre temps à l'écoute de disques, temps qui déborde très largement nos horaires de présence fixe devant un ordinateur en marche. Nous écoutons des nouveautés partout et tout le temps - dans les transports, chez nous ou en vacances, lieux où vos fichiers d'écoute ne pourront guère nous suivre, puisque, en l'état, ils ne seront écoutables que sur un poste fixe. Les pigistes devront s'équiper d'un matériel compatible, et ceux qui travaillent dans les rédactions devront abandonner la plus élémentaire courtoisie vis-à-vis de leurs confrères journalistes qui défend d'écouter de la musique pendant leurs heures de présence au journal.
En ce qui concerne votre métier, nous avons cru comprendre, d'après certaines de vos déclarations, que vous teniez à la défense de l'objet « disque » et à l'apparition de nouveaux artistes.
Croyez-vous sérieusement que ce soit sur un ordinateur, devant son bureau et pendant les horaires de travail, que l'on découvre un nouvel artiste, son audace et sa singularité ? Croyez-vous que, dans ces conditions, nous serions entrés facilement dans l'univers de Björk, Sanseverino ou Jean-Louis Murat, artistes qui comptent aujourd'hui parmi vos légitimes fiertés? Sincèrement, nous pensons tous le contraire.
Si vous souhaitez - mais le souhaitez-vous ? - que la notion d'oeuvre reste centrale dans les musiques actuelles, que puissent émerger avec le même dynamisme qu'aujourd'hui des formes et des sensibilités musicales nouvelles, que l'information du public reste diverse et ouverte, vous comprendrez dès lors facilement que notre position soit à la fois vive et unanime : tant que les artistes souhaiteront enregistrer des albums, nous écouterons et défendrons des albums dans les journaux qui nous emploient. S'il vient un jour que les artistes préfèrent que leurs oeuvres soient écoutées uniquement sur des postes fixes au lieu de travail de leur public, alors - et alors seulement - nous consentirons à écouter vos fichiers.
Nous tous avons la même position, dans laquelle nous sommes soutenus par les directions de nos journaux respectifs : nous refusons d'écouter la musique autrement que de la manière dont elle est diffusée majoritairement auprès du public et autrement que de la manière dont elle est désirée et imaginée par les artistes. Non, nous n'écouterons pas vos fichiers. Nous n'écoutons que des disques.
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aKa
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