C'est vrai que ça semble une belle idée, un « service public de la pauvreté et de l'enfance ».
Alors, pour quoi est-ce que ça me dérange ?
Peut-être que c'est ça qui me dérange :
un programme visant à identifier, seize semaines après leur conception, les bébés les plus à risque en termes d'exclusion sociale et de potentiel criminel.
Ou peut-être ça :
Le programme ne concernera que les mères en difficulté financière dont c'est le premier enfant, et se fera sur la base du volontariat.
Je me demande si ce qui me pose problème c'est de vouloir identifier les futurs criminels quelques semaines après leur conception (l'étape suivante, c'est quelques semaines avant ?), le fait de ne rechercher ces futurs criminels
que parmi les pauvres, ou même le simple emploi de termes aussi anodins que « devenir de "bons parents" ».
J'ai bien peur que les futurs criminels de la haute finance, dont le butin ("légalement" acquis en général) se compte en millions, voire en milliards ; les futurs criminel écologiques qui sacrifient notre unique planète, la santé de leurs contemporains, ou même des générations futures, sur l'hôtel de la richesse de quelques uns ; ... j'ai bien peur que cette "délinquance" là ne se recrute pas parmi les enfants de « mères en difficulté financière ».
Je me demande si l'on doit considérer comme de "bons parents" les parents des soldats britanniques qui, en bons enfants, sages et obéissants, ont correctement fait leur travail, ont assassiné des dizaines de milliers d'irakiens, ravagé leur pays et leur société pour simplement voler leur pétrole, comme d'autres ravagent une voiture pour simplement piquer un autoradio.
Je me demande si les parents de ceux qui ont commendité cela étaient "de bons parents", ou si l'on aurait pu identifier ces futurs criminels seize semaines après leur conception.
Allez savoir pour quoi, "intéressante", "excitante" ou "passionnante" ne sont probablement pas les adjectifs que j'aurais choisi pour décrire cette expérience.
J'ai l'impression que nous n'avons pas tous les mêmes craintes ou peurs, ni la même perception de la délinquance ni de sa prévention.
A mon humble avis, une société qui considère la pauvreté et l'enfance comme un simple problème de délinquance, qui discute tranquillement de la nécessité d'identifier la future criminalité chez les foetus de seize semaines, pauvres bien sur, est une société qui a déjà un pied dans la tombe, qui prépare sa propre destruction, par le feu probablement.