Par rapport à l'article du Figaro
http://www.lefigaro.fr/magazine/20040827.MAG0073.html
J'ai été aussi agréablement surpris par l'orientation donnée à l'article. Concernant le p2p, je suis d'accord avec vous, on entend toujours le même type de discours dans les médias avec une surchage des mots
pirates,
téléchargement illégal,
manque à gagner... répétés continuellement.
Ici, les journalistes font le tour de la question.
Toujours sur le même sujet, à noter un
dossier "Musique en ligne" réalisé par le Journal du Net. Le développement des plates-formes de téléchargement de musique est en effet l'orientation prise par la "Charte d’engagements pour le développement de l’offre légale de musique en ligne, le respect de la propriété intellectuelle et la lutte contre la piraterie numérique". On peut la trouver dans le dossier du JDN ou dans celui un peu moins "neutre":wink: de Ratiatum
http://www.ratiatum.com/p2p.php?id_dossier=1622&page=1
"Vous disputez pas, yen aura pour tout le monde"
Par rapport à cette charte, je me plonge à peine dans le sujet, donc reprennez moi si certaines choses vous paraissent incorrectes. Mais j'ai l'impression que face au "problème" posé par le p2p la réponse est simplement le développement de téléchargement de musique en ligne. La Sacem et la SNEP sont notamment favorables à ces propositions.
Les FAI et les distributeurs s'étaient foutus sur la gueule sur la question du p2p, et cette charte à l'initiative des "pouvoirs publics" semble poser "officiellement" le fait que le gateau sera bien partagé.
Car ce qui compte est bien évidemment les dispositions prises par le législateur sur le sujet. Elles attendent bien sagement sous la forme d'un
"Projet de loi sur le droit d'auteur et les droits voisins dans la société de l'information".
Les tenants de la "Licence Légale"
L'
ADAMI, société d'auteurs, qui a refusé de signer la "charte de Bercy" s'oppose à la solution qui consister à ne faire que sanctionner le p2p, et développer des portails de musique en ligne. Elle serait plus favorable à l'instauration d'une "licence légale", un peu comme pour la radio/tv, avec forcemment une redevance sur l'abonnement. UFC Que choisir et Sideam se ralient à cette position, non sans pointer les gros inconvénients pour le premier, et avoir une divergence sur le mode de taxation pour le second (taxes sur le download ou l'upload)
Problème de tout manière : cela pénalise bien évidemment les personnes qui ne se servent pas de leur abonnement pour télécharger des "oeuvres copyrightées" *.
On aurait également un peu l'impression d'une "doublon" injustifié avec la "taxe sur la copie privée" (déjà pas tellement justifiée lol) existant sur les supports numériques, et réguièrement mis à jour (prise en compte de nouveaux supports) par la "Commission d'Albis"
(elle a changé de nom), en tout impartialité comme le prouve sa composition
C'est cependant ce doublon qui est revendiqué par l'ADAMI comme la moins pire des solutions. En fait, si j'ai bien compris, il s'agirait tout bêtement de faire entrer cette redevance sur les connexions internet dans le même cadre des dispositions de rémunération pour copie privée, prise par l'article L. 311-5 du CPI (tant qu'on peut gratter, on gratte hein)
Pour terminer du côté des propositions des producteurs et ayants-droit, l'UPFI signataire de la Charte de Bercy, propose un modèle payant du p2p comme par exemple Wippit. Bof bof bof...
Puisque nous sommes acoudés au "Comptoir du Libre", force est de constater qu'entre la solution "musique payante en ligne" et la solution "taxe sur les abonnements", la première serait plus avantageuse à ceux qui n'échangeraient pas d'oeuvres "copyrightées" comme les oeuvres "libres".
Bon, je retire néanmoins cette remarque

qui accepterait l'idée qu'une partie des internautes tire indirectement un bénéfice du désavantage d'une autre, et s'en moque éperduement.
En sortant de l'alternative "musique en ligne" / "licence légale" et en ne considérant que cette dernière, on pourrait penser néanmoins à une solution apparemment équitable : les personnes déclarant ne pas vouloir télécharger des oeuvres copyrightées bénéficieraient de tarif avantageux.
Il me semble cependant que le problème du contrôle est un obstacle à cette solution, sur les réseaux p2p et encore plus sur les autres réseaux d'échanges ("boards", FTP, newsgroups, IRC...)
Les distributeurs de musique crieraient au manque à gagner, tout comme les FAI, et ce malgré la baisse promise de la TVA sur les produits de ces deux acteurs.
No Future
Bref, mon tour d'horizon de la question se termine sur une note plutôt pessimiste...
Toutes les solutions envisagées, m'apparaissent soit :
- injustes et injustifiées = "taxes" sur les nouveaux moyens de copie et de diffusion qui ne sont plus sous le monopole des distributeurs
- comme le reflet de la seule question qui anime chaque responsable de "l'industrie culturelle" = comment maximiser par tous les moyens mes profits ? Bien entendu, toute considération envers la qualité et l'accessibilité des créations, ou les questions morales ou juridiques sont totalement exclues.
Le problème n'est pas tant que ces responsables font croire qu'ils s'y interressent par leurs campagnes de com', c'est que
nos "gouvernants" sensés défendre nos intérêts président à ce grand "partage du gateau". Et ce, au détriment de tous les internautes, mais aussi de tous les Français : n'oublions pas que les taxes que l'Etat semble vouloir déduire du prix des disques et des abonnements des FAI se retrouvera ailleurs sous la forme d'une autre imposition (et ne verront pas forcemment les tarifs baisser proportionnellement)
Mais le plus déprimant, c'est surtout que les questions de fond ne sont jamais abordées. Ce sont pour moi celles qui se préoccupent de :
- la manière dont on considère la culture (un produit comme un autre ?),
- la défense de la pluralité de ses formes d'expression et de diffusion,
- le sens et le véritable objectif du droit d'auteur
Lian
* excusez l'emploi de cet anglicisme, je l'emploie pour désigner les oeuvres dont la copie ou la diffusion sont soumis à l'autorisation des ayants-droit, qui en attendent rémunération