linol a écrit:Bien-sûr qu'elle l'était : et tout comme (ou plutôt contre) ta réaction est morale (de la morale d'une liberté individuelle à la non-mesure) ma remarque était morale (d'une morale de l'obligation collective à la mesure)...
Mais la mesure est relative alors que ta remarque avait une prétention absolutiste (X dollars, dans l'absolu, c'est trop (ici X = 10000)).
La mesure varie selon les êtres, les âges, les situations.
Pour un homme de droite du dix-neuvième siècle, la mesure du travail laborieux était de travailler douze heures par jour ou plus, sept jours sur sept. Imposer une réduction de ces durées était de l'outre-mesure.
Dans tous les domaines de la vie (et pas seulement financier), la mesure dépend le plus souvent des possibilités offertes à l'instant immédiat ou dans un futur proche. Ce qui a amené Houellebecq, par exemple, à parler de "capitalisme sexuel" - analogie plus ou moins justifiée, mais au sous-entendu fallacieux. Il n'y a pas de mesure absolue, de référentiel figé des besoins humains (au-delà de la survie biologique).
Je sais bien que le libéralisme "philosophique" a la prétention de ne pas être moral mais c'est un leurre (et une tromperie) un peu grossiers pour oublier et faire oublier que c'est une morale de la prédation sans entrave.
Pour paraphraser un certain cinéaste, je trouve que tu confonds lutte contre la richesse et lutte contre la pauvreté.
Or l'immoral est bien dans la misère et dans la prédation, pas dans le fait d'avoir une aisance matérielle. Sinon ne serait-il pas aussi immoral de vouloir lutter contre la prédation afin d'améliorer ses conditions de vie ? Tancerais-tu quelqu'un qui ne voudrait pas se contenter du RMI, ou de tout autre montant ? Sur quel critère raisonnable peut-on imposer sa propre mesure aux autres ? (j'en vois peut-être un : écologique... mais alors il faut une meilleure métrique que les dollars)
Il ne s'agit pas de plaider la cause du laisser-faire économique, mais de ne pas confondre les objectifs. Par exemple, si l'impôt sur le revenu est progressif, ce n'est pas pour punir les riches d'être riches : c'est pour assurer une solidarité via la redistribution.
(enfin, ton argument initial partait aussi d'un a priori sur l'utilisation qui est faite de cet argent, puisque gagner 10000 dollars par mois de travail, cela peut servir à diverses choses, par exemple : travailler moins, ou bien financer des projets manquant d'argent)
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