Mar 10 Jan, 2006 13:37
Article paru dans Libération le 10 janvier 2006 :
Un journaliste chinois censuré par Microsoft
Microsoft est de nouveau sous le feu de la critique en raison de sa décision de censurer le journal Internet d'un blogueur chinois, à la demande des autorités de Pékin. La compagnie américaine a admis vendredi avoir supprimé fin décembre le blog de Zhao Jing, un journaliste travaillant comme assistant au bureau du New York Times à Pékin, car son contenu déplaisait aux autorités communistes. Il y faisait état d'un mouvement de protestation de journalistes du Beijing News suite au limogeage de leur directeur de la rédaction.
«Conformément aux pratiques de Microsoft dans le monde, MSN s'engage à faire en sorte que ses produits et services respectent les lois, les normes et les pratiques professionnelles locales et internationales», s'est justifié dans un communiqué MSN Spaces, une filiale commune de Microsoft et de la société publique chinoise Shanghai Alliance Entertainment. Un argument difficilement recevable, d'autant que le blog de Zhao Jing n'utilisait pas le serveur chinois géré par Microsoft, mais le serveur international MSN.com. «Si Microsoft permet à chaque pays avec lequel il fait des affaires de contrôler le contenu de tous ses serveurs de blogs dans le monde, cela va devenir pour lui un travail à temps plein», ironisait hier Article 19, une ONG qui encourage la liberté d'expression, cité par VNUnet.com.
Reporters sans frontières, ainsi que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), se sont déclarés «alarmés» par cette censure radicale opérée par Microsoft, qui n'a pas permis à Zhao Jing de récupérer le contenu de son propre blog. Microsoft avait déjà donné en 2005 une triste illustration de son manque d'éthique en bloquant les mots-clés comme «manifestation» et «mouvement démocratique». Le CPJ rappelle en outre que 15 des 32 journalistes chinois emprisonnés écrivaient sur Internet. En 2004, Yahoo a suscité l'effroi en livrant à la police chinoise le courrier électronique d'un journaliste critique, Shi Tao, qui a ensuite été condamné à dix ans de prison.
Le 21ème siècle sera écologique ou il ne sera pas !