Jean-Pierre a écrit:...
Pour la symbolique:
- des chaines pour signifier l'emprise des logiciels propriétaires sur l'utilisateur
- des chaines brisées signifiant la liberté
- une porte, de style gothique pour arrondir les angles, à l'encadrement en pierres de taille pour signifier la force, la longévité, la sécurité, mais une porte grande ouverte qui invite à franchir son seuil, et sur son linteau un mot: Framasoft
Maintenant imaginons (car je suis mauvais dessinateur

)la scène suivante:
- Arrive un ordinateur enchainé (genre prisonnier de ses logiciels)
- Il franchit la porte décrite ci-dessus,
- Il ressort transformé en ordinateur libéré qui a rompu ses chaines.
Le slogan qui découle de cette scène?:
"Déchaine ton ordinateur"Le logo de Framasoft?:
"la porte bien dessinée,avec un avant plan sombre, austére, et un arrière plan, vu au travers de la porte, clair, du ciel bleu, le soleil, un manchot qui s'envole dans le lointain.":D
La devise des Framasoftiens (et -tiennes)?:
"Framasoft m'a dechainé, je me déchaine pour Framasoft!"Cordialement à tous, Jean-Pierre.
Joli fantasme ! Fantasme de naissance, et avec le manchot s'élevant dans le lointain, fantasme d'auto-engendrement, bien individualiste.
Jusqu'ici, l'individualisme a été l'allié des colonisateurs, notamment de l'empire Makro$$$. Regarde la publicité : elle exploite à fond le cynisme et l'individualisme, autrement dit l'égocentrisme de l'âge gangster, sept à dix ans.
Je voudrais pourtant recentrer les initiatives. Le Libre n'est pas une anarchie individualiste, sauf à mourir tout aussitôt. Le Libre a réussi à durer jusqu'ici, et continuera de se développer parce qu'il est une
république, avec des règles, une organisation, un
esprit républicain, des disciplines librement consenties par des citoyens libres. Il fait une large place à l'individualisme et aux initiatives, mais pas toute la place ; il place des règles, peu nombreuses et peu contraignantes, au dessus de chaque "
Moi Je" et de chaque fantaisie.
Regardez ce qu'était une trière athénienne. Voilà trois rangs de nageurs (= rameurs, précision pour les terrriens) au ras de l'eau, capables d'un sprint fulgurant pour foncer sur un navire ennemi et l'éperonner. Croyez-vous que des esclaves menés au fouet pourraient avoir cette synchronisation de nage et cette solidarité enthousiaste, là où une seule maladresse d'un des nageurs en tuerait six à dix autour de lui, fauchés par l'aviron (pris dans l'eau, qui file à toute vitesse) ? Sans parler du risque de chavirage de ce bâtiment léger, en cas de grave faute de pelle, où tout un bord serait engagé par la maladresse d'un seul nageur. La trière est un navire d'hommes LIBRES, des vrais citoyens, qui savent pourquoi ils combattent ensemble, et pourquoi il faut s'entraîner ensemble à une parfaite synchronisation d'équipe.
Le Libre fonctionne parce que les développeurs respectent une forte discipline d'équipe entre eux. Et pourtant chacun est souvent un individu plein d'originalités, et plutôt orgueilleux..
J'ai bien connu l'époque des fortes individualités, au temps de CP/M et de MS-DOS débutant, où tel logiciel semi-collectif était verrouillé par une forte personnalité, autocratique et narcissique. Il fallait l'insurrection d'un programmeur pour voir paraître telle page de code, puis la re-création complète d'un logiciel concurrent (je me souviens des épisodes autour des logiciels de communication, famille Xmodem, Qmodem, et tant d'autres que j'oublie, et d'un pilote de ligne prolifique et autoritaire, probablement Irving Hoff). N'oubliez pas l'enseignement de ce passé récent.
Dans une république, il existe une solidarité verticale entre générations, on reconnaît ses dettes envers ceux qui vous ont précédés, on reconnaît ses devoirs envers les générations suivantes. Ce n'est pas "
Moi je ! Moi je vole !". On se développe, mais on ne se développe pas seul. On se développe comme des humains, comme des citoyens responsables.
Bien entendu, que je critique la proposition de Jean-Pierre, n'est en rien une attaque contre Jean-Pierre. Je le remercie d'avoir pris le risque de s'exprimer : pour pouvoir faire des erreurs, encore faut-il avoir le courage de faire quelque chose. Je me sers de sa proposition pour tâcher de préciser mieux le cahier des charges.
Les valeurs du Libre dépassent de loin l'individualisme. Mettons ces valeurs explicites en avant.
Dernière édition par Lavau le Lun 10 Mai, 2004 14:09, édité 2 fois au total.